Monsieur le Président, chers collègues, les collègues de la précédente législature se souviendront de la dispute parfois très vive qui nous a opposés à M. Bangemann sur la question de l'acier. J'avais formellement, et à plusieurs reprises, prévenu M. Bangemann que son plan de restructuration ne serait jamais accepté, parce qu'il était basé sur un accord volontaire des producteurs. Parmi ceux-ci, certains sont soutenus et subventionnés par leur gouvernement et d'autres ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour se maintenir. Ces derniers ont fourni des efforts de restructuration d'une ampleur que les autres n'ont pas voulu accepter. Un accord était donc difficile, sinon impossible. M. Bangemann, d'un geste impérial, a balayé toutes ces argumentations et m'a dit: "Vous verrez qu'avant la fin de l'année 1993, cet accord sera réalité". Je l'ai mis au défi. J'ai même fait un pari avec lui. Aujourd'hui, il déclare forfait et il n'est pas là pour s'expliquer.
Ce qui est dramatique dans toute cette affaire, c'est que M. Bangemann, qui croit, comme plusieurs de ses collègues de la Commission, que le marché arrange tout, n'a pas osé utiliser les instruments qui sont à la disposition de la Commission, qui les a hérités de la haute autorité CECA et dont aujourd'hui elle se défait avec une légèreté qui frise l'inconscience. Je voudrais donc dire à la Commission qu'au lieu, aujourd'hui, d'en appeler à la responsabilité des industriels, nous, Parlement, nous rappelons à la Commission qu'elle a failli à ses responsabilités. Et si nous n'étions pas si près du terme de votre mandat, nous demanderions une censure. Si vous voulez sauver la face, il vous reste deux choses à faire: maintenez le volet externe du plan, qui n'a rien à voir avec les problèmes de réduction de capacité, et maintenez les accords d'aide actuellement en cours pour les entreprises qui opèrent les réductions.