Madame le Président, avant de commencer mon explication de vote, et en tant que président de groupe, je voudrais protester contre la façon dont se déroulent ces explications de vote. C'est indécent! Nos collègues n'ont même pas la courtoisie de rester pour entendre nos explications. Si notre groupe n'avait pas demandé un certain nombre d'appels nominaux sur des sujets fondamentaux, il n'y aurait eu aucune transparence dans ce vote budgétaire, c'est-à-dire qu'on aurait pu déléguer à la commission des budgets le vote du budget.
Je suis consterné pour le public qui nous regarde aujourd'hui et qui ne peut pas avoir une bonne image de ce Parlement.
J'en viens maintenant à mon explication de vote. Le groupe du rassemblement des démocrates européens n'a pas voté le rapport de M. Wynn, car nous ne voulons pas nous associer à ce que nous considérons comme un véritable coup d'état institutionnel, fomenté par la commission des budgets. Ce coup de force vise, d'une part, à geler, non pas à bloquer, mais à geler près de 600 millions d'écus sur les fonds structurels afin de faire pression, je dis bien "pression", sur les parlements nationaux pour qu'ils ratifient la décision "ressources propres" et, d'autre part, à changer la nature juridique des dépenses agricoles.
Sur le premier point, le gel des fonds structurels, chers collègues, croyez-vous qu'il soit politiquement opportun, alors que l'image du Parlement européen est souvent détestable -je lis les journaux- auprès d'un certain nombre de parlements nationaux, d'en rajouter alors que ces parlements nationaux auront à se prononcer sur une éventuelle extension de nos pouvoirs, si la conférence interinstitutionnelle, prévue en 1996, le propose. Ce n'est pas seulement une maladresse, je considère que c'est une faute politique grave!
Sur le second point, le changement de nature juridique de la dépense agricole, je n'ai rien à ajouter à ce qu'a déclaré le président de la commission de l'agriculture, de la pêche et du développement rural, mais là le grotesque, si j'ose dire, rejoint et dépasse l'irresponsabilité. En diminuant les restitutions à l'exportation, sauf le whisky, vous avez ouvert de nouvelles parts de marché aux Américains, dont vous assurez ainsi davantage l'hégémonie alimentaire mondiale. Mais dans un bel élan de générosité vous augmentez les crédits pour la prime aux chèvres! Merci pour les chèvres, mais quel symbole pour l'agriculture européenne! J'imagine qu'en ce moment nos collègues du Congrès américain, qui ratifient les accords du GATT, doivent se gausser de nous.
Je suis consterné par les votes qui ont été émis et je tiens à dire qu'ils desservent la crédibilité de ce Parlement!