Monsieur le Président, chers collègues, d'origine insulaire, je suis sans doute, un peu plus que d'autres, sensible à cette question de la sécurité des transports maritimes.

La mort d'un homme est un drame. La mort de milliers d'hommes doit être autre chose qu'un événement médiatisé qui réveille, pour un temps, nos consciences. Le naufrage de l'"Estonia" est une tragédie et toutes ces vies brisées en quelques instants sont un drame - ou plutôt des centaines de milliers de drames.

Cet événement nous concerne directement. Demain, n'importe quand, n'importe où, dans les eaux européennes ou ailleurs, un accident semblable à celui de l'"Estonia" peut se reproduire.

Combien de naufrages seront encore nécessaires pour que des initiatives appropriées, rigoureuses, en vue du renforcement des mesures de sécurité sur les car-ferries soient enfin prises? Combien de victimes faudra-t-il encore, avant de prendre des mesures pour garantir la protection des passagers des paquebots transbordeurs? N'attendons pas que cela se reproduise pour prendre des dispositions.

Qu'il s'agisse de la mauvaise conception de certains navires ou de l'absence effective de différentes mesures de sécurité, notamment en ce qui concerne l'arrimage des véhicules, ne permettons pas à quelques enjeux économiques de jouer avec nos vies. La vie n'a pas de prix.

Il est vrai que la définition d'un compromis adéquat entre la facilité d'exploitation des car-ferries et une meilleure sécurité des passagers peut être un exercice difficile. Dans ce domaine, le Conseil a la lourde tâche, d'établir, dans le respect du traité sur l'Union européenne, les mesures permettant d'améliorer la sécurité des navires.

Que cette tragédie ne demeure pas sans suite. Que ces morts ne soient pas absurdes. Qu'elles soient, par l'exemple et la leçon, un don de la vie nous conduisant à tirer tous les enseignements utiles et à appliquer intelligemment et rapidement les solutions qui s'imposent. Que les intérêts économiques se taisent. Que les oppositions et les dissensions entre les États au sein du Conseil se transforment en union pour la préservation de la vie, pour la sécurité renforcée des passagers des car-ferries, ou de tout autre navire moderne. Je pense aux catamarans, dont la conception vise à améliorer les performances et la rentabilité, précisément peut-être au mépris ou au détriment de cette sécurité que nous réclamons avec vigueur.