Monsieur le Président, mes chers collègues, je reprends là où mon collègue Jean Gol vient de terminer, puisqu'il s'agit d'une position commune de la part des divers groupes qui signent cette proposition de résolution.
En effet, nous avons appris, à l'instant, que la position du Conseil allait, peut-être, en réalité, dans le même sens que nous, mais après l'adoption, ici- même, d'une résolution, il y a déjà bien longtemps, à la suite d'un premier voyage, puis d'un deuxième voyage de la troïka, nous étions tous d'accord dans ce Parlement pour dire qu'il faut aider techniquement, administrativement, politiquement, humainement ce qui reste du Rwanda.
Qu'a-t-on fait depuis? Rien. Je demande pourquoi. Nous savons maintenant, après la résolution du Conseil de ministres, que cette aide doit répondre à trois conditions, résumées en trois mots: réconciliation, assise élargie du gouvernement, condition de retour. Mais les conditions du retour et de la réconciliation ne se réaliseront que si nous sommes présents pour aider ces gens sur place. Nous avons demandé 200 observateurs. Tout le monde a dit oui, pas un n'est sur place. De qui se moque-t-on? Comment peut-on réconcilier les gens s'il y a des massacres? Car forcément il y a désir de revanche, il y a des massacres, mais pour les arrêter il faut envoyer des observateurs, il faut être présents, et nous tournons en rond!
Dans ces conditions, je demande, de façon extrêmement insistante, au Conseil et à la Commission, d'aller vite. Je sais combien cela coûte. Ce n'est rien par rapport à l'argent que nous dépenserions si nous avions à intervenir trop tard. Envoyer 200 observateurs, ce n'est quand même pas un effort considérable pour les douze pays qui constituent pour le moment l'Union! Et si l'on veut la réconciliation, que je souhaite infiniment, et que tous les auteurs de cette résolution commune approuvent, il faut absolument que techniquement, administrativement, le gouvernement actuel du Rwanda puisse fonctionner.
On me dit aussi qu'il doit s'ouvrir. Mais regardez les faits. Dans les camps où se trouvent près de 2 millions de réfugiés rwandais, ce sont les anciens, et toujours présents, auteurs du génocide qui règnent. La distribution de la nourriture se fait par leur intermédiaire. Dans certains camps, la nourriture est détournée complètement, pour aller vers les familles des auteurs du génocide. Lorsqu'un des membres d'une autre famille décide de revenir dans son pays, ce sont les responsables du génocide qui le lui interdisent, lorsqu'ils ne l'assassinent pas.
Cette situation ne peut se débloquer que par une présence et par une aide accrues, pas par un isolement. Je sais, par exemple - et cela me paraît très dommageable - qu'à la Conférence des pays francophones à Biarritz, mon gouvernement n'a pas jugé bon d'inviter le gouvernement du Rwanda. Je trouve cette omission particulièrement fâcheuse quand l'on prétend réconcilier les gens. Et puis je sais aussi que ce gouvernement, que nous avons visité et qui a approuvé toutes les résolutions internationales, veut se montrer très coopératif et ne nie pas que des revanches existent, ni que des familles dont des membres ont été massacrés, en effet, cherchent à se venger. Ce qui est condamné est condamnable.
Il faut, pour que cessent ces malheurs, qu'on assiste et qu'on soutienne ce pays. C'est le sens de notre résolution.