Le Parlement européen,
A. bouleversé et indigné par la mort du chef d'entreprise Libero Grassi, assassiné à Palerme le 29 août par des agents de la mafia,
B. rappelant que Libero Grassi avait à plusieurs occasions ouvertement refusé et invité à refuser de payer les prélèvements exigés par le racket de la mafia et que, de ce fait, il était devenu un symbole public de rébellion à l'oppression de la criminalité,
C. considérant que Libero Grassi est le onzième chef d'entreprise assassiné dans des circonstances analogues en Sicile depuis 1982,
D. considérant la situation précaire de l'économie et des investissements effectués dans des entreprises dans le Sud de l'Italie, où le racket rapporte environ 200.000 Mécus par an, le nombre de chefs d'entreprise siciliens victimes d'extorsions ayant augmenté de 14,7 % entre 1989 et 1990,
E. considérant que ce phénomène de la délinquance organisée, qui se répand dans l'île comme dans l'ensemble de l'Europe, entraîne de graves répercussions économiques, politiques et sociales,
F. considérant qu'une telle explosion de violence criminelle, de plus en plus incontrôlable, pourrait faire obstacle à une intégration totale de la Sicile en Europe ainsi qu'à sa participation concrète au marché unique ;
G. constatant que les profits très élevés réalisés par les organisations criminelles, en premier lieu avec le trafic de drogue, empêchent la pratique normale d'activités économiques, découragent les investisseurs et entraînent la fermeture d'activités productives,
H. soulignant que les fraudes commises par des associations criminelles amputent le budget communautaire d'environ 10 % pour l'ensemble de l'Europe,
1. exprime ses condoléances émues à la famille de Libero Grassi et sa solidarité à tous ceux qui luttent contre la criminalité organisée;
2. formule le voeu que les autorités italiennes et communautaires encouragent tout soutien qui pourrait être apporté aux chefs d'entreprise en Sicile, sont exposés à des intimidations violentes dans l'exercice de leurs activités professionnelles, avec de graves conséquences pour l'emploi, situation qui, malheureusement, est aussi de plus en plus fréquente dans d'autres régions de la Communauté;
3. invite la Commission à adopter, en accord avec le gouvernement italien et les autres gouvernements concernés, les mesures nécessaires pour combattre efficacement la criminalité organisée et, notamment, à obtenir la levée du secret bancaire de manière à pouvoir faire obstacle au blanchiment des fonds d'origine frauduleuse et à le maîtriser;
4. demande à toutes les institutions italiennes et communautaires de prendre une initiative extraordinaire pour faire face à la recrudescence du phénomène mafieux en Sicile;
5. demande que la Communauté et le gouvernement italien, en particulier, interviennent, dans le respect des règles de l'Etat de droit, pour garantir l'intégrité des institutions politiques menacées et de la vie économique;
6. demande à sa commission d'enquête sur la criminalité organisée liée au trafic de drogue d'intensifier ses travaux afin que des résultats tangibles puissent être traduits au plus tôt en dispositions législatives;
7. charge son Président de transmettre la présente résolution à la Commission et au Conseil, ainsi qu'au gouvernement italien et aux membres de la famille de Libero Grassi.