Le Parlement européen,
consterné par les rumeurs selon lesquelles des soldats indonésiens ont tiré dans la foule des participants à une cérémonie funéraire à Dili, à Timor-Est, le 11 novembre 1991, faisant de nombreuses victimes,
considérant que les ministres des Affaires étrangères des Douze, réunis en conclave aux Pays-Bas le 13 novembre 1991, ont condamné avec véhémence les massacres,
rappelant qu'Amnesty International avait déjà demandé une enquête sur l'assassinat par la police de l'homme dont c'était précisément les funérailles, à savoir M. Sébastio Rangel,
considérant les informations selon lesquelles, après le massacre perpétré lors des funérailles, les militaires indonésiens ont sorti de prison entre 70 et 100 témoins du massacre, les ont alignés devant une tombe avant de les exécuter,
considérant que les militaires indonésiens ont attaqué récemment des églises catholiques où se réfugiaient des jeunes, provoquant des morts, des blessés et la prise de prisonniers politiques qui ont été torturés de manière barbare afin qu'ils dénoncent des évêques et des prêtres éventuellement collaborateurs avec la résistance,
rappelant que le projet d'une visite de parlementaires portugais vient d'être reporté, les autorités indonésiennes ayant refusé la présence d'un journaliste aux côtés des députés portugais,
rappelant les meurtres en série et la répression brutale exercée par le gouvernement indonésien depuis l'occupation de Timor-Est en 1975,
rappelant ses résolutions sur Timor-Est,
condamne l'assassinat de ces personnes qui sont les dernières victimes de l'occupation illégale de Timor-Est par l'Indonésie et dénonce et condamne les très graves offenses aux droits de l'homme les plus élémentaires;
adjure le gouvernement indonésien de faire en sorte que l'armée d'occupation (forces de sécurité et militaires) cesse sur-le-champ de recourir à la violence et que les responsables du massacre soient traînés en justice;
demande que les circonstances de la tuerie fassent l'objet d'une enquête immédiate, complète et impartiale, sous contrôle international;
demande que les personnes arrêtées pour s'être livrées à des activités politiques non violentes ou avoir exprimé leurs opinions soient libérées et exige des garanties sur le traitement humain à réserver aux personnes incarcérées et sur le droit de visite à accorder à leurs avocats, à leurs médecins et aux membres de leurs familles;
demande à la CPE d'intervenir aussi fermement que possible auprès du gouvernement indonésien et demande à la Communauté européenne et aux Nations unies de prononcer un embargo sur les ventes d'armes à l'Indonésie;
appelle le Conseil afin qu'il prenne au plus vite une position claire sur cette situation et qu'il révise les accords de coopération passés entre l'Indonésie, la Communauté européenne et les Etats membres, aussi longtemps que la situation n'aura pas évolué;
charge sa délégation pour les relations avec les pays de l'ANASE de soulever la question des graves violations des droits de l'homme à Timor-Est dans les meilleurs délais;
tenant compte de la décision de la sous-commission des droits de l'homme de réaliser à Lisbonne une audition sur Timor-Est, décide aussi d'envoyer à Timor-Est une mission afin de rencontrer des dirigeants de toutes les parties au conflit;
charge son Président de transmettre la présente résolution à la Commission, au Conseil, aux ministres des Affaires étrangères réunis dans le cadre de la coopération politique européenne, au gouvernement de l'Indonésie, au Secrétaire général des Nations unies et au Secrétaire général de l'ANASE.