L'Espace économique européen
Le Parlement européen,
- vu le projet d'accord portant réalisation d'un Espace
économique européen (EEE) dans sa version du 24 octobre 1991,
- vu l'avis rendu, le 14 décembre 1991, par la Cour de justice
des Commununautés européennes,
- vu ses résolutions des 14 décembre 1989, 5 avril 1990,
14 mars 1991 et 14 juin 1991 sur l'Espace économique
européen,
1. réitère son attachement à l'instauration d'un Espace
économique européen, qui doit entrer en vigueur à la date de
l'achèvement du marché intérieur, soit le 1er janvier 1993;
2. s'inquiète du calendrier retenu pour l'entrée en vigueur de
l'accord, que l'avis de la Cour de justice des Communautés
européennes et les négociations supplémentaires rendues
nécessaires remettent en cause; estime que la Commission est
responsable des retards survenus, qu'une consultation de la
Cour de justice en temps opportun aurait permis d'éviter;
3. demande à la Commission et aux gouvernements des pays de
l'AELE de surmonter toute hésitation et de parvenir à un
nouvel accord sur le point qui a fait l'objet d'un avis
négatif de la Cour de justice et estime utile que celle-ci
se prononce sur la solution qui sera trouvée en la matière;
4. demande qu'une solution soit rapidement apportée à tous les
problèmes qui demeurent en suspens, afin que l'on soit en
mesure de parapher l'accord sans plus de retard et de
présenter le texte dans toutes les langues requises;
5. rappelle à la Commission que l'avis conforme qu'il est appelé
à émettre sur l'accord en vertu de l'article 238 du traité
CEE ne doit pas être considéré comme une simple formalité de
procédure et que, au contraire, le projet doit être soumis
à un examen approfondi effectué dans le respect des
dispositions des traités et des compétences des institutions
communautaires;
6. demande que, compte tenu de la gravité des critiques de la
Cour, qui sont de nature constitutionnelle, la Commission
soumette également le projet révisé d'accord à la Cour de
justice en vue de recueillir un nouvel avis, conformément à
l'article 228 paragraphe 1 du traité CEE, et s'assure de la
compatibilité de ce nouveau projet avec le traité;
7. fait savoir à la Commission qu'il n'approuvera pas un accord
qui affaiblirait les institutions communautaires, et
notamment le Parlement européen, dans leur fonction
législative;
8. demande à participer pleinement à toutes les phases
d'élaboration et de mise en oeuvre des dispositions relatives
à l'EEE; demande notamment - conformément à l'article 110,
paragraphes 2 et 3 du projet de traité - que les documents
transmis par la Commission au Conseil et aux pays de l'AELE
soient communiqués simultanément au Parlement européen et que
cette simultanéité soit également d'application pour la
"procédure d'information et de consultation permanente"
prévue concernant les différents documents entre la
Commission et les représentants de l'AELE, pour éviter que
le Parlement ne se trouve devant des faits accomplis ou
n'examine des textes dépassés par les accords intervenus
entre les deux parties;
9. réitère son engagement à agir en sorte que l'EEE soit soumis
à un contrôle démocratique du Parlement européen et des
parlements des Etats adhérant à l'AELE; rappelle, à cet
égard, sa résolution précitée du 14 juin 1991 dans laquelle
il demande qu'un comité parlementaire mixte dont les
attributions sont exposées dans ladite résolution soit chargé
de faciliter le contrôle démocratique;
10. invite la Commission à se prononcer clairement sur le point
de savoir si l'article 106 du projet de traité et le
protocole no 36 y annexé sont compatibles avec ses demandes
s'agissant de:
- fixer dans le protocole le nombre de membres du comité
parlementaire mixte en sorte que celui-ci soit viable et
puisse accomplir les multiples tâches qui lui incomberont
(article 2),
- stipuler que le comité parlementaire mixte arrête lui-même
le calendrier de ses réunions en fonction des besoins
(article 4);
11. estime que, étant donné que deux ou plusieurs pays de l'AELE
adhéreront probablement à la Communauté en qualité de membres
à part entière, il faudrait insérer dans l'accord une clause
prévoyant la révision de l'accord au 1er janvier 1996 au plus
tard;
12. charge son Président de transmettre la présente résolution
à la Commission, au Conseil et au Comité des parlementaires
de l'AELE.