La nécessité d'une action internationale contre le
SLORC
Le Parlement européen,
A. consterné par les informations faisant état de la
persécution de minorités en Birmanie (Myanmar),
laquelle a amené des dizaines de milliers de
Rohingyas (musulmans birmans de l'Arakan) à se
réfugier au Bangladesh et plusieurs centaines de
Nagas à fuir en Inde, ainsi que par les attaques
massives des militaires contre la minorité karen à
proximité de la frontière thaïlandaise,
B. attirant l'attention sur la mise en garde lancée
par le Secrétaire général des Nations unies selon
laquelle la politique répressive du SLORC menace
de déstabiliser l'ensemble de la région, et
constatant que le premier voyage du coordinateur
de l'aide humanitaire des Nations unies qui vient
d'être désigné mènera celui-ci à Rangoon puis à
Dacca,
C. choqué par les témoignages indiquant que l'armée
birmane s'est vue autorisée à tuer, à torturer et
à violer,
D. rappelant que le SLORC continue à ignorer les
résultats des élections de 1990, à maintenir en
détention le vainqueur de ces élections, à savoir
Aung San Suu Kyi, lauréate des prix Nobel et
Sakharov, et à persécuter et incarcérer ses
partisans, notamment Tin U, cofondateur avec elle
de la Ligue nationale pour la démocratie,
E. préoccupé par les informations selon lesquelles
800 étudiants sont toujours détenus pour avoir
célébré en décembre 1991 l'attribution du prix
Nobel à Aung San Suu Kyi,
F. craignant vivement que la dictature militaire
birmane ne continue à profiter d'agences des
Nations unies comme le PNUD, qui envisage de
fournir à la Birmanie un total de 180 millions de
dollars entre 1992 et 1997,
G. vu la résolution de la Commission des droits de
l'homme des Nations unies dans laquelle est
déploré le fait que le SLORC ne respecte ni les
droits de l'homme ni les résultats des élections,
H. rappelant ses résolutions antérieures sur la
Birmanie,
1. estime que la politique actuelle des autorités
birmanes constitue une menace pour la stabilité
régionale et se félicite de la déclaration faite
le 6 mars 1992 par le Secrétaire général des
Nations unies;
2. estime qu'il est temps à présent que, face aux
violations flagrantes des droits de l'homme en
Birmanie et au défi lancé par le SLORC à l'opinion
internationale, la Communauté et ses Etats membres
prennent l'initiative d'infliger des sanctions;
3. demande aux Etats membres qui font partie du
Conseil de sécurité des Nations unies de proposer
un embargo obligatoire sur les livraisons d'armes
à la Birmanie;
4. demande à la CPE d'examiner avec le gouvernement
du Bangladesh l'opportunité de créer des "havres
de sécurité" pour les Rohingyas au Bangladesh;
5. souligne qu'il importe que la Communauté et ses
Etats membres fournissent une aide maximale au
gouvernement, élu démocratiquement, du Bangladesh
pour l'aider à secourir ces réfugiés, compte tenu
de l'extrême pauvreté du Bangladesh ainsi que des
terribles catastrophes naturelles que ce pays a
subies récemment;
6. invite le Conseil et la CPE à envisager de prendre
des mesures visant à exercer de nouvelles
pressions sur les autorités birmanes, y compris
d'éventuelles sanctions commerciales dans un cadre
multilatéral;
7. demande aux Douze de s'employer à différer la mise
en oeuvre des programmes d'aide des agences des
Nations unies, à l'exception de l'UNICEF, qui est
toujours présente en Birmanie et exerce ses
activités de manière relativement autonome vis-à-
vis du SLORC;
8. demande à la CPE de chercher à obtenir la
coopération de l'ANASE et de ses Etats membres,
ainsi que du Japon pour mettre fin aux
importations de bois tropicaux en provenance de
Birmanie, lesquelles, en contribuant à la
destruction des forêts tropicales, ont une
incidence potentiellement dévastatrice sur
l'environnement du globe et fournissent au SLORC
les moyens d'acheter des armes;
9. invite le coordinateur de l'aide humanitaire des
Nations unies à se rendre à Bangkok et sur la
frontière entre la Birmanie et la Thaïlande pour
se faire directement une idée de la situation qui
règne dans ces régions; engage la Thaïlande à ne
pas rapatrier les Birmans qui ont trouvé refuge
sur son territoire et invite la communauté
internationale à aider les autorités thaïlandaises
dans l'accueil des réfugiés;
10. demande la libération immédiate de Mme Aung San
Suu Kyi et de tous les autres prisonniers
politiques;
11. charge son Président de transmettre la présente
résolution au Conseil, à la Commission, et à la
CPE, ainsi qu'aux gouvernements du Bangladesh, de
l'Inde, du Japon et de la Thaïlande, aux
secrétaires généraux de l'ANASE et des Nations
unies et au SLORC.