Le Parlement européen,
A. rappelant sa résolution du 13 février
1992 sur la situation précaire des
populations de la Corne de l'Afrique
et la guerre civile en Somalie
et tenant compte des résolutions de
l'Assemblée paritaire ACP-CEE à Saint-
Domingue sur la dette et la pauvreté,
B. constatant une nouvelle aggravation
sévère de la situation alimentaire
dans la Corne de l'Afrique et dans
l'ensemble de l'Afrique australe,
C. considérant que la sécheresse qui
touche l'Afrique et qui trouve son
origine dans des causes naturelles et
humaines a aggravé la situation de
famine et les menaces de famine dans
la Corne de l'Afrique et en Afrique
australe et que la Commission a estimé
que "60 millions de personnes au moins
sont menacées de famine" en Afrique et
que les besoins sont évalués à
6,5 millions de tonnes de céréales,
dont 1,6 million de tonnes en produits
céréaliers pour la Corne de l'Afrique
et le double pour l'Afrique australe,
D. choqué par les informations selon
lesquelles des centaines de milliers
de personnes ont été déplacées au
Soudan contre leur gré, à bref délai
et en recourant à la force militaire,
et faisant observer que la majorité
des personnes déplacées dans les camps
proviennent du sud du Soudan où la
majorité de la population est
constituée par des animistes et des
chrétiens,
E. eu égard aux informations selon
lesquelles les autorités tentent de
canaliser à leur gré l'aide
humanitaire internationale fournie,
par le seul truchement des ONG, ce qui
limite fortement l'efficacité de cette
aide,
F. protestant contre le remplacement de
médecins et d'administrateurs
compétents d'agences internationales
et soudanaises, parmi lesquels
certains étaient de religion
islamique, par des gens dont les
qualifications professionnelles
laissent à désirer mais qui ont le
mérite d'être des intégristes,
G. rappelant que la Communauté européenne
a suspendu ses programmes d'aide au
Soudan prévus dans le cadre de
Lomé IV, à l'exception de l'aide
humanitaire, à cause de présomptions
de violations des droits de l'homme,
H. regrettant la décision du Conseil de
renvoyer la proposition de la
Commission au Coreper I et d'attendre
sa réunion du 5 mai 1992 pour prendre
position,
1. soutient la proposition de la
Commission de mettre en oeuvre un
programme spécial d'aide alimentaire
de 800.000 tonnes de céréales à
ajouter aux aides alimentaires déjà
programmées pour l'année en cours de
1,4 million de tonnes de céréales;
2. constate que cette aide alimentaire et
humanitaire ne couvre qu'un tiers des
besoins et lance un appel aux
gouvernements des Etats membres et à
la communauté internationale pour
qu'ils apportent une réponse à cette
situation dramatique afin de secourir
et sauver des millions de vies
humaines, en associant étroitement
l'action de la communauté
internationale et les efforts des
Etats concernés;
3. attire l'attention de la communauté
des donateurs sur la nécessité de
tenir dûment compte des limites de
l'infrastructure de certaines régions,
qui entrainent une augmentation des
frais de transport;
4. rappelle à la Commission ainsi qu'aux
Etats membres le principe de
privilégier chaque fois que possible
les aides triangulaires;
5. demande à la Communauté et aux Etats
membres de prendre l'initiative de
demander au gouvernement soudanais
qu'il mette fin à sa politique de
transfert forcé de personnes
déplacées;
6. demande au gouvernement soudanais de
respecter la Charte des Nations unies
sur les droits de l'homme, la Charte
de l'OUA sur les droits de l'homme et
des peuples et l'article 5 de la
Convention de Lomé;
7. demande au gouvernement soudanais de
faciliter le travail des organisations
humanitaires qui ont le devoir de
secourir les populations en détresse
sans discrimination de race, de
religion ou de position politique;
invite la Commission à fournir une
aide alimentaire d'urgence aux
populations soudanaises en détresse et
à assurer la distribution de cette
aide par le canal des ONG exerçant
leurs activités librement au Soudan;
9. charge son Président de transmettre la
présente résolution au Conseil, à la
Commission, aux ministres des Affaires
étrangères réunis dans le cadre de la
CPE, aux coprésidents de l'Assemblée
paritaire ACP-CEE, aux secrétaires
généraux des Nations unies, de
l'UNICEF, de l'OUA et de la Ligue
arabe ainsi qu'au gouvernement
soudanais.