La sécurité nucléaire dans les pays de
l'Europe centrale et orientale et de la
Communauté des Etats indépendants
Le Parlement européen,
A. considérant que les événements
survenus le 24 mars 1992 à la
centrale nucléaire
"Leningradskaya-3", à Sosnovy
Bor, près de Saint-Pétersbourg,
constituent un rappel des
problèmes de sécurité nucléaire
dans les pays de l'Europe
centrale et orientale, y compris
ceux de la Communauté des Etats
indépendants,
B. considérant que l'Agence
internationale pour l'énergie
atomique estime que les
conditions de sécurité des
réacteurs du type RBMK
(Tchernobyl, Sosnovy Bor, etc.),
et VVER-440/230 (Bohunice,
Kozlodouy, etc.) sont très
dangereuses, et que des problèmes
préoccupants demeurent encore
dans les réacteurs du type VVER-
440:213; et considérant
l'impossibilité matérielle pour
ces réacteurs d'atteindre au
moins les standards de sécurité
exigés actuellement dans les pays
de la Communauté européenne,
C. considérant que la production
d'électricité d'origine nucléaire
est un élément revêtant une
importance majeure dans
l'économie des pays de l'Europe
centrale et orientale et de la
CEI,
D. considérant que les conclusions
de la Conférence internationale
sur la sécurité de l'énergie
nucléaire (Vienne, 1991)
appellent à une convention
internationale sur ce sujet; que
la coopération internationale
constitue un précieux instrument
en vue de la mise en place d'une
approche concertée de sécurité
nucléaire, ce qui vaut
particulièrement pour aider à la
solution des problèmes liés aux
installations implantées en
Europe centrale et orientale et
dans la CEI,
E. considérant le programme
communautaire d'aide technique
aux pays de l'ex-URSS, et les
possibilités que pourraient
présenter pour ces pays des
programmes communautaires tels
que THERMIE, SAVE et JOULE, dont
le niveau de financement doit
être garanti,
F. considérant qu'il est possible
d'atteindre avec des technologies
avancées un niveau élevé
d'efficacité énergétique en
exploitant les grandes ressources
de gaz naturel, de pétrole et de
charbon, mais qu'il est néanmoins
nécessaire de prévoir une période
de transition d'au moins cinq ans
afin de disposer des instruments
appropriés et d'entreprendre des
actions pour éviter des incidents
à l'avenir,
G. considérant que sa commission de
l'énergie, de la recherche et de
la technologie, et celle de
l'environnement, de la santé
publique et de la protection des
consommateurs sont en train
d'examiner les questions y
afférentes,
1. constate que la solution des
problèmes posés par les centrales
nucléaires les plus dangereuses
des pays de l'Europe centrale et
orientale exigerait de dépenser
des sommes qui dépassent, en
ordre de grandeur, le montant de
l'aide technique actuellement
engagée dans le cadre des
programmes PHARE et d'aide
technique pour l'ex-URSS, dont
les priorités devraient être
réexaminées complètement; que la
désintégration du tissu
industriel et le découragement
des techniciens dans ces pays
mettent en difficulté la
rénovation des systèmes du parc
nucléaire dans son ensemble;
2. rappelle le besoin de concentrer les efforts
communautaires sur les installations nucléaires
dont les caractéristiques permettraient d'assurer
un niveau de sécurité similaire au moins à celui
des centrales à eau ordinaire occcidentales,
installations à inclure dans une liste élaborée
par la Commission dans le cadre d'un rapport sur
ce sujet qui devra être soumis au parlement
européen dans les meilleurs délais; et, en
corollaire, le besoin parallèle d'encourager, par
le biais d'un programme énergétique à moyen et
long terme, doté d'un financement adéquat, la
fermeture progressive des centrales nucléaires les
plus dangereuses, mettant sous contrôle le
matériel nucléaire impliqué, et leur remplacement
par d'autres formes de reproduction d'électricité,
en mettant l'accent sur les économies d'énergie,
la production décentralisée, les énergies
renouvelables, l'utilisation rationnelle de
l'énergie, et en recourant à des conceptions de
haute efficacité énergétique;
3. demande à la Commission de poursuivre les efforts
de coopération avec ces pays tendant à
l'établissement de normes de sécurité et de
méthodes de mesure d'épidémiologie et d'analyse
harmonisées pour la conception, l'exploitation, le
déclassement et la gestion des déchets des
installations nucléaires, et ayant pour but la
limitation des risques pour les travailleurs, la
société dans son ensemble et l'environement, et de
proposser des recherches éco-radiologiques
urgentes dans les régions de Tcheliabinsk,
Semipalatinsk et Novaya Zemlya, ainsi que les
éventuelles mesures appropriées d'aide et de
réhabilitation en coopération avec les pays de
l'OCDE;
4. déplore que l'AIEA n'ait pas fait dans le passé
des recherches et des rapports clairs sur la
sécurité des centrales dans l'ex-URSS et demande à
l'AIEA des explications complètes sur le non
respect de ses obligations;
5. demande à la Commission de renforcer les mesures
complémentaires d'information urgente sur les
incidents nucléaires, de promouvoir les échanges
entre les opérateurs des centrales nucléaires des
pays de l'Europe centrale et orientale, et la
Communauté, faisant appel à la collaboration des
experts de la CE, de l'AIEA et WANO, et d'impulser
des mesures d'accompagnement pour éviter
l'épuisement du capital humain dans ce secteur;
6. demande au Conseil d'encourager l'application de
l'expérience acquise par la Commission dans le
domaine du contrôle de sécurité d'Euratom à la
coopération internationale avec les pays de
l'Europe centrale et orientale souhaitant établir
un système de vérification sur les matières
nucléaires qui, aujourd'hui, représentent un
élément déstabilisateur dans la scène mondiale;
7. charge son Président de transmettre la présente
résolution à la Commission, au Conseil, à la CPE
ainsi qu'aux gouvernements et parlements des Etats
membres, à l'OCDE, à l'AIEA, et aux autorités des
pays de l'Europe centrale et orientale, et de la
Communauté des Etats indépendants.