RESOLUTION A3-0122/92
sur la reconversion, à des fins civiles, de la base
de lancement de Comiso (Sicile)
Le Parlement européen,
- vu la proposition de résolution déposée
conformément à l'article 63 du règlement par M.
Lo Giudice sur "l'utilisation, à des fins
civiles, de la base de lancement de Comiso" (B3-
0621/90),
- vu ses résolutions du 14 mars 1989 sur les
exportations européennes d'armement, du 13
juillet 1990 sur le désarmement, la reconversion
de l'industrie de l'armement et les exportations
d'armes et du 18 avril 1991 sur le commerce
des armes,
- vu le rapport de la commission des affaires
étrangères et de la sécurité (A3-0122/92),
A. rappelant qu'au cours de la dernière décennie de
la "guerre froide" entre les deux blocs de l'Est
et de l'Ouest, l'OTAN avait décidé, à la suite
de l'installation en 1977 par l'URSS de missiles
SS-20 sur le territoire européen, de déployer,
par le biais de sa dite "double décision" prise
en décembre 1979, un certain nombre de "missiles
à moyenne portée" en Europe (INF, Intermediate
Range Nuclear Forces) et d'engager des
négociations visant à réduire le nombre de
missiles en Europe,
B. rappelant qu'il avait été convenu au sein de
l'OTAN que certains des Etats alliés
accepteraient l'installation sur leur propre
territoire de missiles "Pershing II" et
"Cruise", et que cette décision avait été
progressivement mise à exécution,
C. considérant que l'installation à Comiso, en
Sicile (Italie) d'une base de lancement du
"487th Tactical Missile Wing" de l'"US Air
Force" a été à ce titre décidée et mise en
oeuvre à l'époque par le gouvernement italien
qui affirmait de façon explicite devant le
Parlement que l'objectif réel devait être de
renoncer à ce système d'armement dès que
seraient réunies les conditions politiques et
militaires définies par la "double décision de
l'OTAN",
D. rappelant que cette base de lancement avait été
installée sur l'aéroport "Vincenzo Magliocco" à
Comiso pour le déploiement de 108 missiles
Cruise (GCLM, Ground launched Cruise Missiles),
E. considérant que l'accord historique du 8
décembre 1987 conclu à Washington entre les
Présidents Reagan et Gorbatchev, et qui
prévoyait également le démantèlement des
missiles "Cruise" à Comiso, avait ouvert la voie
à une réduction importante des missiles en
Europe,
F. considérant que l'administration Bush avait
décidé en janvier 1990 de fermer une série de
bases américaines à l'étranger parmi lesquelles
la base de Comiso, et que les derniers
"euromissiles" à tête nucléaire encore déployés
en Europe avaient été retirés de Comiso, en mars
1991, avec deux mois d'avance sur l'échéance
prévue, pour être renvoyés aux Etats-Unis avant
leur destruction,
G. considérant que la Sicile se voit imposer la
présence sur son territoire d'un grand nombre
d'établissements et d'installations militaires,
abrite également, abstraction faite de Comiso,
d'autres bases américaines et de l'OTAN en
activité, situation qui entraîne un facteur de
risque appréciable si l'on considère le nombre
d'accidents effectifs enregistrés chaque année
(avions s'écrasant au sol, collisions navales,
catastrophes aéronavales évitées de justesse,
accidents mortels, etc.),
H. considérant que les différentes autorités
régionales et locales (région de Sicile,
province de Raguse, communes de Vittoria et de
Comiso) se sont clairement prononcées en faveur
de la reconversion, à des fins civiles, de
l'ancienne base de lancement de Comiso et que le
gouvernement italien s'est en outre
explicitement engagé devant le parlement italien
à effectuer cette reconversion,
I. sachant que le Parlement italien et l'assemblée
régionale sicilienne ont été saisis de diverses
questions et ont élaboré maintes propositions de
loi et résolutions visant à assurer à bref délai
une reconversion civile et à garantir la
destination civile la plus appropriée pour
l'ancienne base de lancement de Comiso,
J. sachant qu'à l'heure actuelle, de multiples
propositions concernant l'affectation civile de
l'ancienne base de lancement de Comiso ont été
soumises et discutées auprès de différentes
instances et administrations, que ces
propositions vont de la création de centres
internationaux d'études et de recherche sur la
paix, le désarmement, les droits civils et
l'amitié entre les peuples du pourtour
méditerranéen, à la création d'un aéroport
civil, d'un centre de recherche, et
éventuellement d'un centre opérationnel pour la
protection des populations civiles en cas de
catastrophes naturelles, d'un centre d'étude et
de recherche sur l'utilisation à des fins
pacifiques des technologies de pointe ou d'un
centre de recherche sur "les énergies propres",
d'un "centre polytechnique de la zone
méditerranéenne" et que certaines propositions
vont même jusqu'à prévoir une utilisation
purement commerciale (stockage et
commercialisation de produits maraîchers et
fruitiers),
K. conscient que de nombreux Etats membres ou pays
tiers sont désormais confrontés à des problèmes
d'emploi et s'interrogent sur la nouvelle
affectation à donner aux sites et installations,
à la suite du processus attendu et enfin
réalisable de désarmement et de reconversion
civile des structures militaires,
L. fermement convaincu que les autorités
nationales, régionales et locales concernées par
ce problème doivent l'affronter de façon résolue
et prioritaire, et qu'elles doivent pouvoir
compter sur l'appui de la Communauté, en
particulier dans le cadre des programmes
existant déjà ou à créer, relatifs aux fonds de
développement régional et aux fonds spécialement
destinés à la reconversion civile des
installations et structures militaires,
M. fermement convaincu que la conversion à des
objectifs civils de structures ayant servi
jusqu'alors à des fins militaires est un
problème paneuropéen qui nécessite une
coopération de plus en plus étroite entre
l'Europe de l'Ouest et l'Europe de l'Est,
N. sachant que des aides destinées dans 25 cas (et
avec un engagement financier de 21 millions
d'écus en 1991) à la reconversion de bases
militaires en République fédérale d'Allemagne,
au Royaume-Uni, en France, en Espagne, aux Pays-
Bas, au Danemark et en Belgique, ainsi qu'à la
reconversion des industries d'armement au
Royaume-Uni, en France et au Portugal ont été
accordées dans le cadre du programme PERIFRA
("Régions périphériques et activités fragiles"),
O. estimant en outre que le Fonds européen de
développement régional (FEDER), dont le rôle est
de réduire les disparités, en matière de
développement et de richesse, des régions de la
Communauté, et qui accorde déjà ses concours au
Mezzogiorno, pourrait être également utilisé de
façon judicieuse pour soutenir les programmes de
reconversion, à des fins civiles, des activités
et installations militaires, dans le cadre de
l'assainissement et de la relance économique de
la région,
1. se félicite du retrait, enfin effectif, des
derniers "euromissiles" à tête nucléaire de la
base de Comiso en Italie;
2. souhaite, tout comme les autorités locales et
régionales concernées, que l'ancienne base de
lancement connaisse promptement une reconversion
civile, ce qui permettra de lever en partie la
lourde hypothèque que de nombreuses
installations et structures militaires font
peser sur la Sicile;
3. estime qu'en raison de sa situation
géographique, de ses traditions historiques et
culturelles et de son passé récent, le
territoire sur lequel se situe l'ancienne base
de lancement de Comiso peut avoir une vocation
de paix de dimension européenne et
méditerranéenne dotée d'une forte valeur
symbolique, pour autant qu'il dispose de bonnes
infrastructures opérationnelles;
4. est conscient qu'il incombe avant tout aux
populations directement concernées et aux
institutions démocratiques issues du suffrage
populaire de faire un tel choix;
5. se déclare disposé à contribuer, de la façon la
plus appropriée, à la recherche de la meilleure
utilisation civile de l'ancienne base, en
soulignant le vif intérêt que porte l'Europe à
la vocation internationale que la zone de Comiso
pourrait avoir dans le cadre des efforts de
désarmement, de dialogue entre les peuples et
les cultures et de la pacification durable de la
région méditerranéenne;
6. estime que la Communauté devra désormais faire
face au problème de la reconversion, à des fins
civiles, des installations et des
infrastructures militaires par le biais d'une
politique systématique visant à définir les
recherches et les ressources appropriées dans le
cadre de l'engagement de ses propres fonds
structurels et régionaux et d'une augmentation
appropriée des moyens financiers prévus à cet
effet;
7. invite la Commission à effectuer dès que
possible, et en collaboration avec les autorités
nationales et régionales concernées, une étude
visant à évaluer les moyens nécessaires à cet
effet et à en informer le Parlement pour
permettre de chiffrer les besoins et de
déterminer les priorités;
8. charge son Président de transmettre la présente
résolution au Conseil, à la Commission, au
Parlement et au gouvernement de la République
italienne ainsi qu'à l'Assemblée et au Conseil
régional de la Sicile.