»Le radicaux croient que la fonction des partis politiques est principalement une fonction de production idéologique .

Editorial

Jean-François Hory

Président du MRG - Député au Parlement Européen

Une certaine conception de l'action politique à gauche a sans doute sombré lors des récentes élections législative.

Le résultat des élections a été très largement analysé et commenté. Mais les raisons de fond qui ont causé la désaffection des électeurs n'ont été qu'effleurées.

Ces dernière années ont certes été marquées par un déficit social mais les Français pouvaient comprendre et admettre les contraintes économiques, de nature internationale, qui limitaient l'exercice de la solidaritè. Les médias ont beaucoup insisté, à partir de quelques affaires, sur le déficit moral qu nous avait frappé; sans nier le trouble des Français, convenons que cette difficulté là n'a été que marginale et n'a agi que comme le révélateur d 'un manque plus profond.

Le véritable déficit était ailleurs. Déficit d'idées, puisque, à la faveur de l'écroulement des grandes idéologies globalisantes, on a renoncé à penser, à élaborer des projets, à assembler des idées politiques pour en faire les repères de l'action. Le mot idéologie sonne désormais de façon péjorative. Le radicaux refusent de céder mode là et croient, au contraire, que la fonction des partis politiques est principalement une fonction de production idéologique.

Ce qui ne signifie pas que nos idées devraient se figer en dogme. Elles doivent être remises sans cesse à l'épreuve de la réalité sociale. Rien ne peut etre aujourd'hui postulé, pas même l'idée de progrès. Cette idée est d'ailleurs très vivement attaquée par une pensée médiévale qui accompagne la montée de l'irrationnel et le retour de la religiosité; les post modernes attaquent le progrès tandis que ses défenseurs se contentent d'en énoncer le principe sans en démontrer l'actualité. Simultanément, une grande partie de l'humanité vit, sans référence à cette idée, d'une existence qui se confond avec une fatalité où la résignation quotidienne n'est dépassée que par des transcendances magiques marquées d'obscurantisme. Il est devenu capital que ceux qui croient à la raison, à la liberté critique, à l'esprit scientifique, exposent comment la notion peut structurer des projets politiques, opérer des rassemblements et répondre aux interrogations concrètes de nos concitoyens. Pendant les quarante dernières années,

années de triomphe du productivisme, le progrès a été identifié à la croissance quantitative en tous domaines. Il est temps de contester cette équation et de rappeler que le progrès est ce qui rend l'homme plus libre.

Nous avons connu un déficit démocratique aussi. Notre classe politique nos organisations partisanes, notre pratique quotidienne ont accaparé le pouvoir pour l 'exercer comme s'il était en lui meme la justification de l'action politique. Rouvrir le dialogue avec la société, inventer des formes nouvelles d'organisation, faire vivre une démocratie de proximité, restituer le pouvoir à des citoyens actifs, tel cloit être notre objectif aujourd'hui. Et si nos partis-institutions y font obstacle par leurs statuts, par leurs structures, par leurs habitudes, il nous faudra transformer ces outils vieillis et peutêtre meme les abandonner au profit de cadres nouveaux qui seraient véritalblement au service de I'homme.

D'abord travailler sur les idées, analyser la demande sociale, et et ensuite seulement proposer nos réponses, nos formes d'organisation et notre stratégie politique, telle est la démarche choisie par les radicaux qui se mettront à l`ecoute de tous lors de leur Convention Nationale du 19 juin. Radicaux de toutes origines, socialites, écologistes, communistes, reformistes, syndicalistes, universitaires, militants associatifs, ecrivains, et tous les citoyens qui ne sont pas conservateurs seront bienvenus pour nous aider a penser le progrès.

La méthode de travail est simple: les radicaux ne proposent pas une réunion liturgique, au programme bien ficelé, aux interventions par avance policées et aux conclusions sans surprises. lls vous proposent une Convention Nationale à la carte qui sera ce que vous en ferez. Le dossier de travail que nous présentons n'a comme ambition que d'ouvrir des pistes et de poser quelques-unes des questions qui se rencontrent sur ces pistes. Le dossier n'est ni complet ni parfaitement "lubrifiè"; il n'y pretend pas. La gouche et tous le gens de progrès ont aujourd'hui plus d'interrogations que de certitudes. C'est ce que traduit un dossier de travail qui parie cependant résolument sur l'actualité de l'idée de progres.