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- 26 maggio 1998
Drogue/ONU: appel à Kofi Annan (rédigé par Nadelmann)

M. Kofi Annan

Secrétaire Général, Nations Unies

Le 1 juin 1998

Monsieur le Secrétaire Général,

A l'occasion de la Session Spéciale sur les drogues de l'Assemblée Générale des Nations Unies qui se tiendra à New York du 8 au 10 juin 1998, nous comptons sur votre statut de dirigeant pour favoriser une évaluation franche et honnête des efforts menés au niveau mondial pour contrôler les drogues.

Nous sommes tous profondément concernés par la menace que représentent les drogues pour nos enfants, nos concitoyens et nos sociétés. Il n'y a pas d'autre solution que de travailler ensemble, tant à l'intérieur de nos pays qu'au-delà des frontières, afin de réduire les dommages provoqués par les drogues. Les Nations Unies ont un rôle légitime et important à jouer à cet égard - mais seulement si elles se montrent disposées à s'interroger et à poser les véritables questions sur le succès ou l'échec de ses efforts.

Nous croyons que la guerre mondiale à la drogue cause plus de dommages que l'abus de drogue lui-même.

Chaque décennie, les Nations Unies adoptent de nouvelles conventions internationales, essentiellement axées sur la criminalisation et la punition, qui restreignent la capacité des états-nations à concevoir des solutions efficaces aux problèmes locaux posés par la drogue.

Chaque année, les gouvernements élaborent des mesures de contrôle des drogues toujours plus punitives et toujours plus coûteuses. Chaque jour, les politiciens adoptent de nouvelles stratégies de guerre à la drogue toujours plus dures.

Quel est le résultat? Les agences des Nations Unies estiment que le revenu annuel généré par l'industrie illégale des drogues s'élève à 400 milliards de dollars, soit l'équivalent d'environ huit pour cent de l'ensemble du commerce international. Cette industrie a renforcé des organisations criminelles, corrompu des gouvernements à tous les niveaux, érodé la sécurité intérieure, stimulé la violence, et miné tant les marchés économiques que les valeurs morales.

Telles sont les conséquences non pas de l'usage de drogues en soi mais de décennies de politiques de guerre à la drogue ruineuses et futiles.

Dans beaucoup de parties du monde, la politique de guerre à la drogue entrave les efforts menés en matière de santé publique pour endiguer l'expansion du HIV, des hépatites et autres maladies infectieuses. Les droits de l'homme sont violés, des atteintes à l'environnement social sont perpétrées, et les prisons sont inondées de centaines de milliers d'individus en infraction avec la loi sur la drogue. Les faibles ressources qu'il vaudrait mieux consacrer à la santé, à l'éducation et au développement économique sont dilapidées dans des efforts prohibitionnistes plus coûteux que jamais. Des propositions réalistes visant à réduire la criminalité, la maladie et la mort causées par la drogue sont abandonnées au profit de propositions rhétoriques en faveur de sociétés sans drogue.

Persévérer dans nos politiques actuelles ne conduira qu'à aggraver l'abus de drogue, à renforcer la puissance des marchés et des criminels de la drogue et à accroître la maladie et la souffrance. Trop souvent, ceux qui en appellent à l'ouverture du débat, aux analyses rigoureuses des politiques actuelles, et à la véritable prise en considération de politiques alternatives à celles en vigueur sont accusés de "démission". Pourtant, la vraie démission a lieu quand la peur et l'inertie s'allient pour censurer le débat, supprimer les analyses critiques et abandonner toute alternative aux politiques actuelles.

M. Le Secrétaire Général, nous vous demandons d'entamer un débat véritablement ouvert et honnête eu égard au futur des politiques de contrôle des drogues au niveau mondial - un débat où la peur, le préjugé et les interdits punitifs cèdent le pas au bon sens, à la science, à la santé publique et aux droits humains.

 
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