A l'attention de M. Abdelaziz Bouteflika
Président de la République d'Algérie
Bruxelles, le 10 octobre 2000
Monnsieur le Président,
Comme vous vous en souviendrez peut-être, nous nous étions entendus en juin dernier sur la question de la demande de suspension du statut d'ONG auprès des Nations Unies de mon parti, le Parti Radical Transnational.
Fin juillet, le Comité ONG de l'ONU chargé d'instruire le dossier avait renvoyé sa décision à une nouvelle réunion en septembre. Au cours de cette réunion, bien que certains Etats, à la tête desquels l'Allemagne, les Etats-Unis et la France, aient contesté avec force l'absence totale de preuves aux accusations diffamatoires et infamantes portées par la Russie à mon parti - rien moins que complicité avec les trafiquants de drogue, de soutien au terrorisme et à la pédophilie (sic) - le Comité a décidé de confirmer sa décision initiale de suspendre pour une durée de trois ans le statut d'ONG du PRT.
Il appartient désormais à l'Assemblée de l'ECOSOC de ratifier ou d'invalider le 18 octobre prochain cette recommandation du Comité ONG.
Il va sans dire que nous considérons que la confirmation d'une telle décision représenterait un très grave précédent : d'une part elle sanctionnerait une faculté, absolument arbitraire, des Etats de limiter le droit d'expression des ONG, de l'autre elle confirmerait l'impossibilité pour celles-ci de bénéficier du droit - fondamental - à un procès juste et équitable.
Selon mes informations, certains Etats tendent à privilégier le respect de la » réputation du Comité ONG au détriment du respect des droits fondamentaux dont je viens de vous parler. C'est une position que je peux comprendre mais que je ne peux, pour les raisons que je vous ai exposées, partager.
Voilà, Monsieur le Président de la République, les raisons qui m'amènent à m'adresser à vous à nouveau, avec l'espoir que nous pourrons compter sur l'appui de votre pays pour garantir le respect des droits fondamentaux que sont le droit à un procès juste et équitable et la liberté d'opinion au sein des Nations Unies.
Vous remerciant d'ors-et-déjà, je vous prie d'agréer, Monsieur le Président de la République, l'expression de ma plus haute considération.
Emma Bonino