SOMMAIRE: Le P.R. propose aux laïques, aux républicains et aux socialistes une alternative claire à la Démocratie Chrétienne.
Le texte intégral de la résolution approuvée par le comité central du parti, réuni le 7-8 décembre.
Cette résolution a marqué le début de la bataille radicale dans le pays pour une alliance entre les forces démocratiques, laïques et socialistes.
(LE RADICAL N. 1, 2 mars 1957)
"Le Comité Central du Parti Radical, réuni à Turin le 8 décembre 1956,
remarque qu'une nouvelle situation politique est en train de se dessiner dans le Pays. Suite à une évolution rapide des événements internationaux, et face au trouble des consciences et à l'incertitude des opinions, toutes les vieilles coalitions politiques sont en crise. Le long et irréfrénable tourment communiste, l'indépendance proclamée du Parti Socialiste Italien, la désagrégation des formations politiques de droite, ont cassé l'équilibre immobile des dernières années; des masses toujours plus nombreuses de citoyens de toute perspective de liberté et de progrès ne sont attachées qu'à ces forces non communistes et non cléricales, vouées - dans toute vexation des privilèges minoritaires - à la défense des intérêts généraux, de la Constitution républicaine et du caractère populaire, libéral et laïque de l'Etat italien.
A l'angoisse de renouvellement général, qui coïncide avec l'écroulement du système communiste, qui confronté à la réalité s'est démontré incapable de comprendre les exigences profondes de liberté et de démocratie des masses populaires, les groupes privilégiés opposent une défense toujours plus insidieuse de leurs propres intérêts, s'abritant derrière la politique conservatrice de la Démocratie Chrétienne et préparant pour le futur les nouveaux remparts à travers les forces conjointes de la droite monarchiste, fasciste et pseudo-libérale. A cette fermeture politique de classe il est une erreur d'opposer une autre coalition fermée de classe en position de révolte potentielle contre le système démocratique. Seule une collaboration entre la classe moyenne, libérée de la subordination vis-à-vis des groupes monopolistes, et des forces ouvrières, peut redonner stabilité et vigueur à notre démocratie.
Le Parti Radical est convaincu que les temps soient mûrs pour une clarification des forces de la gauche démocratique italienne. L'unification socialiste elle-même, qui a soulevé tant d'espoirs, ne peut résoudre à elle seule les problèmes du renouvellement de notre Pays. Il faut élargir les frontières à un champ plus vaste de forces et d'expériences. Sur toute la vie nationale plane la menace d'une involution. Une poussée décisive vers une nouvelle politique ne peut être entreprise que par l'effort commun de toute la gauche démocratique qui entraîne - quand bien même dans la pleine autonomie d'idéaux et de traditions - les partis socialistes et les partis, mouvements et groupes d'inspiration laïque et démocratique, capables de représenter les intérêts et les aspirations de millions d'ouvrier, de paysans, d'artisans, de chefs de petites et moyennes entreprises, d'employés, de membres des professions libérales, d'homme de culture.
Afin d'entamer la discussion pour une large entente, le Parti Radical indique quelques points pour une action commune autour de laquelle les forces démocratiques et socialistes peuvent se rencontrer:
1) Pleine réalisation des droits de liberté énoncés par la Charte Constitutionnelle et élimination des résidus de législation fasciste qui soumettent encore aujourd'hui les citoyens aux volontés du pouvoir exécutif;
2) Opposition à l'empiétement clérical dans les secteurs les plus délicats de la vie du Pays; défense du caractère laïque de l'Etat; sauve-garde des minorités religieuses.
3) Réalisation d'une législation moderne anti-monopole qui place tous les opérateurs sur des positions de départ équivalentes pour la production du revenu et l'acquisition de la richesse; nationalisation des sources d'énergie.
4) Politique économique de plein emploi et d'augmentation du revenu, particulièrement dans les zones sous-développées du Pays, à réaliser moyennant la compression des dépenses superflues, l'élimination des surplus de bénéfices de monopole et de conjoncture, la politique de blocage des augmentations de revenu et des mesures providentielles pour les travailleurs déjà occupées, en faveur de ceux qui ne sont pas occupés ou qui sont sous occupés.
5) Politique étrangère européenne visant au renforcement et à l'élargissement de la solidarité occidentale.
Le Comité Central considère qu'à travers l'entente de toutes les forces de la gauche démocratique, et en particulier des partis Radical, Républicain, Social-démocrate et Socialiste Italien, on puisse parvenir à une action politique concrète capable de répondre aux attentes que l'opinion publique manifeste toujours plus clairement.