par Leopoldo PiccardiSOMMAIRE: Le texte de l'intervention faite par l'avocat Leopoldo Piccardi au cours du dernier Conseil National du Parti Radical (14/15 décembre 1957) sur les sujets suivants: la résistance; le danger clérical; reconstruire l'Etat; l'abolition des préfets; la lutte contre les monopoles; le problème agraire; le sous-gouvernement.
(Opuscule du PARTI RADICAL, imprimé le 22 mars 1958)
C'est un discours improvisé que je vous ferai et qui a pour objet le programme du parti, mais qui n'a naturellement pas l'ambition d'épuiser le sujet. Je me contenterai de vous fournir des renseignements, au nom aussi du Comité d'Etudes, sur la progression de nos travaux dans ce domaine, ainsi que des indications sur les lignes de programme de notre parti dans la prochaine bataille électorale, suivant ce qui me paraît être l'opinion générale et concordante de tous nos adhérents.
Comme vous le savez, notre projet était plutôt ambitieux: autrement dit nous voulions faire un programme qui ne se conclue pas en quelques points énumérés sous des numéros ou des lettres, comme on a l'habitude de faire, mais un programme rationnel qui traitât point par point, problème par problème, les principaux aspects de la vie politique et économique du pays. Comme vous voyez, c'était une grande ambition: et vous vous en êtes déjà rendus compte lorsque nous vous en avons parlé la dernière fois. Il s'agissait en définitive, dans nos prévisions, de faire quelque chose qui pouvait ressembler, pour nous référer à un exemple connu, aux essais "fabiens" (1). Nous nous sommes préparés à ce travail avec un grand nombre de collaborations venant aussi de personnes qui n'appartiennent pas à notre parti, mais qui sont en quelque sorte dans la sphère, je ne veux pas dire idéologique, mais d'idées et d'opinions dans laquelle notre parti agit. Les difficultés que nous avons rencontré sont celles que nous avions prévues
et elles furent peut-être même majeures. Dernièrement des rapports nous sont toutefois parvenus, et je crois qu'ils ont déjà été distribués à toutes les Sections pour qu'elles rassemblent les opinions et les observations de tous nos membres: je ne sais pas si ce rassemblement a déjà eu lieu et je voudrais faire un appel pour qu'il ait lieu sans retard. Il nous paraît de toute façon extrêmement invraisemblable, qu'en l'espace de temps très court qui nous sépare encore des élections nous puissions mettre au point le volume pour qu'il soit imprimé et publié en temps voulu. Car nous voulons que le volume soit une expression d'opinions qui, tout en étant formulées à titre personnel pour ne pas trop engager le parti, aient une certaine correspondance avec la façon de penser de la totalité de nos adhérents.
Nous devrons donc, probablement, affronter la lutte électorale sans cet instrument de lutte, qui nous aurait été très utile. Naturellement nous ne nous cachons pas que les élections ne se font pas avec les volumes. Même si nous avions eu ce volume, il aurait pu fournir un matériel de propagande à tous ceux qui devront participer à la lutte électorale, mais son utilisation n'aurait pas pu dépasser certaines limites. Ceux qui connaissent les élections savent bien quel est le degré d'approfondissement des problèmes dans les meetings. Nous considérons donc que la chose la plus importante soit de signaler certaines grandes directives de notre propagande, des directives autant que possible concrètes: et je crois que nous obtiendrons ce résultat en obéissant tout simplement à notre tempérament, qui est peut-être plus concret que celui de ceux qui militent dans d'autres partis politiques. En plus de ce caractère concret, ce qui nous distinguera des autres ce sera l'absence de démagogie: et à ce propos aussi nous ne
devrons rien faire d'autre que d'obéir à notre tempérament, qui n'est pas démagogique. Nous finirons donc par entrer déjà dans les détails beaucoup plus que ne le tolère normalement un public qui se rassemble sur une place lors d'une compétition électorale.
Il n'est pas facile de dire en quelques mots quelles peuvent être les grandes directives de notre propagande électorale. Mais ma tâche est facilitée si l'on tient compte du fait que, pour autant que notre parti soit un parti de problèmes, pour autant que nous voulons traduire notre action politique dans l'indication de solutions possibles, nos projets n'ont une validité qu'en vertu du fait qu'ils se rattachent à une ligne politique. Par conséquent vous trouvez déjà les indications fondamentales du programme dans la relation de notre secrétaire, l'ami Olivetti, qui, en vous rappelant les grandes directives du parti, vous a aussi dit quelles devront être les lignes de notre propagande électorale.
La Résistance
Je dirais, pour résumer notre position en quelques mots, que notre parti part de la conscience de l'état de ruine totale dans lequel se trouve notre pays au moment de l'arrivée du fascisme. Ne nous faisons pas d'illusions sur le fait que la dictature fasciste ait été un événement occasionnel: tous nous nous rendons compte que si le fascisme a pu arriver au pouvoir c'est parce que le vieil Etat italien était désormais totalement usé et détruit. Nous savons que le fascisme n'a rien fait pour la construction d'un nouvel Etat italien. Nous avons tous cru que la fin du fascisme, la lutte de libération, la Résistance, et la reprise d'une vie démocratique auraient rendu possible la reconstruction de l'Etat italien. Mais malheureusement cette action a été empêchée par des forces puissantes et elle a trouvé en Italie aussi peu d'énergies pour la réaliser. Donc notre position est celle d'un parti qui n'est pas révolutionnaire, parce que nous sommes convaincus qu'il n'y a pas en Italie une situation révolutionnaire; un
parti qui n'est pas fondé sur la lutte des classes car, faisant abstraction de nos idéologies, nous ne croyons pas qu'il existe en Italie une classe capable de créer toute seule une nouvelle organisation sociale et d'état; c'est la position d'un parti qui considère qu'il faut rassembler toutes les énergies disponibles dans la tentative désespérée de reconstruire l'Etat italien.
Par conséquent notre lutte politique et notre lutte électorale vont dans deux directions: rassembler toutes les énergies qui existent encore en Italie pour la réalisation de notre objectif fondamental; contraster les forces qui s'opposent à la reconstruction de l'Etat italien. Le premier problème nous met face à cet aspect de la lutte politique actuelle dont vous-mêmes avez eu conscience avec les manifestations les plus récentes, je veux dire le problème de réunir encore les forces déchaînées de la lutte contre le fascisme et les forces de la Résistance, de les valoriser, de les ramener au premier plan: cette lutte pour la défense des valeurs de l'antifascisme et de la Résistance qui a eu justement ces temps-ci des moments assez significatifs. Et vous avez vu que le PR a été parmi les premiers dans cette lutte, car il considère qu'elle est fondamentale.
Nous sommes pleinement co-responsables de ce qui est en train de se passer, nous participons à toutes les réunions dans lesquelles une politique se dessine qui tend justement à rehausser les valeurs de la Résistance. Nous continuerons avec la clarté habituelle, car nous n'avons pas l'habitude de faire des confusions: nous avons dit et nous continuerons à dire que nous sommes prêts à célébrer à chaque instant les valeurs de la Résistance avec tous ceux qui y ont participé, mais qu'avec certains d'entre eux nous ne sommes pas disposés à faire un pas de plus, après cette juste célébration de la lutte commune.
Je dirais, à ce point, que la responsabilité appartient au Gouvernement. Et il sera bon que nous fassions tous un discours clair au Gouvernement. Nous considérions que les tâches de la lutte antifasciste et de la lutte de libération étaient terminées avec la chute du fascisme et avec la libération du sol national. Nous sommes surpris et attristés de voir que ces problèmes sont encore vivants et qu'aujourd'hui il faut reprendre la lutte; et le fait de devoir participer à une coalition qui ne correspond pas à nos positions politiques actuelles nous met tous dans une situation de malaise. Que le Gouvernement et la Démocratie chrétienne jugent s'ils ont avantage à ramener la lutte politique italienne à une phase désormais dépassée, alors qu'il y a bien d'autres problèmes pressants.
Excusez-moi cette digression inspirée par les passions qui nous animent en ce moment, mais il est certain que l'un des aspects les plus importants de notre campagne électorale devra être l'appel constant aux forces de l'antifascisme et de la lutte de libération, dans lesquelles nous reconnaissons les seules forces avec l'aide desquelles on peut essayer de construire un nouvel Etat démocratique en Italie. La partie positive de notre programme ne s'achève pas dans cette campagne pour la défense des valeurs de l'antifascisme et de la Résistance, mais elle trouve assurément dans celle-ci son pilier principal.
Le danger clérical
En plus de ce travail visant à stimuler et rassembler les forces qui peuvent participer à la reconstruction de l'Etat, il faut défendre cet Etat renaissant contre les forces qui lui tendent des pièges. Une tâche qui semblerait comporter deux aspects, mais qui a lieu en réalité dans une seule direction. On pourrait penser à l'exigence de défendre notre démocratie contre les attentats du fascisme renaissant; mais à vrai dire, je n'ai pas de grandes inquiétudes à ce sujet, et je voudrais espérer que vous n'en ayez pas vous aussi. Nous ne devons pas nous inquiéter aujourd'hui d'une lutte contre le fascisme: la lutte positive pour la revalorisation de l'antifascisme et de la Résistance comprend en elle-même le peu de réaction qu'il peut y avoir aux provocations insensées venant de groupes qui n'ont pas d'importance de par eux-mêmes et qui servent des intérêts contre lesquels nous devons réagir sous d'autres formes. Mais le profil le plus important de notre lutte, de la défense de cet Etat italien qui renaît contr
e les dangers qui le menacent, le seul qui compte, c'est la lutte contre le danger clérical. Ne nous fatiguons pas de combattre cette bataille. J'ai devant moi notre ami Ernesto Rossi (2) qui pourrait résumer sa vie de la façon suivante: jusqu'à un certain point lutte contre le fascisme, et ensuite lutte contre le cléricalisme. Une vie bien vécue. Nous ne devons pas avoir peur de nous entendre dire, ni par des adversaires, ni par des amis, que nous sommes des gens arrêtés sur des positions désormais dépassées depuis un siècle, que nous sommes des gens à l'ancienne, que nous sommes des gens qui ne comprennent pas les problèmes du jour. Le problème du laïcisme c'est le problème du jour, quoiqu'en disent ces "modernes": car il ne suffit pas que les prêtres aillent en mobylette et que les religieuses conduisent une voiture multiplaces pour être modernes; il faut bien autre chose. Nous sommes persuadés que nous sommes les "modernes", parce que le problème de la défense de l'Etat démocratique contre toute concepti
on théocratique et surtout contre cette ancienne conception théocratique qui inspirait le pouvoir temporel de l'Eglise, est une lutte qui est toujours plus actuelle. C'est la lutte qui est à la base de toute la situation italienne. Ces jours-ci, je parle ici et là du problème du meeting de la Résistance et au fur et à mesure que je parle je me convainc toujours plus qu'il est inutile de faire un procès à Zoli (3) parce qu'il n'autorise pas ce meeting. Le fait que Zoli n'autorise pas le meeting signifie qu'il est esclave des hiérarchies ecclésiastiques. Personne ne peut dire en bonne foi que Zoli est un fasciste: ce sont des idioties que l'on peut dire dans un but polémique et avec bien peu de résultats. Si M. Zoli, Président du Conseil, ne peut pas laisser la bride aux sentiments qu'il a toujours éprouvé, s'il est cloué sur une position qui de toute évidence ne lui plaît pas, c'est parce qu'il est esclave de forces face auxquelles la distinction entre fascisme et antifascisme est insignifiante. L'histoire de
l'Eglise - et l'ami Rossi nous en a fourni un ample démonstration - n'est pas notre histoire: elle n'a pas été la nôtre lorsque l'Italie s'est faite, car l'Italie a dû être faite contre l'Eglise; et le fascisme n'a pas trouvé un adversaire dans l'Eglise, qui au contraire l'a amplement favorisé. Ce serait vraiment trop prétendre que l'Eglise se mette à présent sur une position d'antifascisme rigoureux, de défense de l'Etat contre le fascisme. Evidemment pour ce secteur de la vie italienne, fascistes et antifascistes sont tous égaux pourvu qu'ils soient prêts à s'agenouiller au moment voulu. Et comme cette propension à la génuflexion se trouve aujourd'hui davantage dans ce secteur que dans le nôtre, ou dans d'autres secteurs qui nous sont proches, nous ne sommes pas du tout surpris par la préférence de la Sainte Mère Eglise et du parti qu'elle a inspiré, pour certains milieux qui ne sont pas les milieux qui nous plaisent.
La lutte anticléricale doit être menée jusqu'au bout. Je crois que dans la campagne électorale ce sera vraiment notre note distinctive, parce que nous parlerons franchement, sans aucune crainte, disant tout ce que nous pensons du parti qui représente le secteur clérical de la vie italienne et de ce qu'il y a derrière lui. L'alliance que nous faisons avec le PRI ne nous empêche pas cette action, et elle pourra même la rendre plus efficace, j'en suis certain. De toute façon, qu'il soit bien clair que c'est notre position et que rien ne pourra nous y faire renoncer.
Pour une campagne électorale, je crois que cette indication soit suffisante. Nous avons des idées en ce qui concerne les rapports entre l'Etat et l'Eglise; vous connaissez tous le volume qui contient les actes du Congrès des "Amis du Mondo" (4), dans lequel beaucoup d'entre nous ont eu l'occasion d'exprimer leur pensée. Vous connaissez par conséquent les orientations de notre groupe quant à une solution possible à caractère permanent des rapports entre l'Eglise et l'Etat. Mais vous aurez difficilement l'occasion de vous engager dans la campagne électorale sur des aspects plus concrets du problème, si l'on doit garder une attitude rigoureusement anti-concordataire, si l'on doit pousser le séparatisme à l'extrême, ou bien si l'on doit accepter les solutions qui représentent un compromis entre pouvoir juridictionnel et séparatisme, et ainsi de suite. Tout cela se perd dans une campagne électorale. Ce qui est important c'est de ne pas perdre la caractéristique de la défense de l'Etat, de l'anticléricalisme qui n
'est pas entendu comme une antipathie pour un certain secteur de la vie italienne, mais comme une exigence élémentaire de la reconstruction de l'Etat. Comme nous verrons, tous les autres problèmes se reconduisent à celui-ci.
Reconstruire l'Etat
Lorsque nous parlons de l'école, le problème des rapports entre l'Etat et l'Eglise est au tout premier plan: le droit de l'Etat d'éduquer est l'une des prérogatives qui ne peuvent être contestées à l'Etat si on veut vraiment le reconstruire. Le droit de l'Etat d'assister les citoyens est une autre prérogative fondamentale de l'Etat moderne; si nous sommes prêts à céder l'assistance à l'Eglise, pour qu'elle la fasse avec notre argent, la réduisant à une simple charité, l'Etat est fini. Comme je disais, c'est vraiment la caractéristique fondamentale de chacun de nos discours. Lorsque nous parlons de défense de l'Etat démocratique contre les forces qui l'attaquent, nous ne pouvons pas oublier cependant un autre de nos thèmes favoris, qui se trouve sur le même plan, bien qu'il semble appartenir à un monde différent, c'est-à-dire au monde de l'économie: je veux parler de la lutte contre le monopole. L'Etat italien ne naîtra pas vraiment tant qu'il existe des forces, qu'on les appelle spirituelles ou économiques,
capables d'empêcher sa naissance ou de démolir ses structures au fur et à mesure qu'elles sont construites timidement. La lutte contre les monopoles sera une autre grande directive de notre propagande électorale.
Partant de ces prémisses, nous pourrions arriver à des problèmes plus concrets qui sont toujours les problèmes de la reconstruction de l'Etat. Parce que nous devrons tendre, faisant levier sur les forces que nous essayons de raviver grâce à la propagande renouvelée de l'antifascisme et des valeurs de la lutte de libération et avec une lutte implacable contre toutes les forces qui s'opposent à la renaissance de l'Etat démocratique, à l'affirmation de nos vues sur la structure et sur le fonctionnement de l'Etat. Ici, naturellement, les problèmes se pressent: et ce n'est que bien difficilement que dans la propagande électorale nous pourrons descendre en profondeur dans la manière de les traiter. Nous devrons plutôt nous concentrer pour fournir certaines grandes indications. Reconstruire l'Etat signifie relever une administration qui soit digne de ce nom. Cependant j'ai fait tant de fois cette expérience: lorsque vous parlez des problèmes de l'administration d'état, le public commence tout de suite à avoir l'imp
ression de se trouver face à un grand sujet technique, qui ne l'intéresse pas. Nous devrons donc savoir nous contenter de faire un travail de critique - et nous pouvons la faire en bonne conscience - à l'égard de tous les gouvernements qui se sont succédés depuis la libération: parce qu'ils ont tous prouvé qu'ils ignoraient totalement ces problèmes; et lorsqu'ils ont voulu faire semblant de les affronter, ils ont monté cette comédie que l'on a appelé réforme bureaucratique. Vous n'aurez pas tous eu la patience ou l'intérêt de l'étudier en détail, mais si vous l'avez fait, vous vous serez rendus compte que c'est vraiment l'escroquerie la plus ignoble que l'on ait commis dans cette période. Les gouvernements qui se sont succédés depuis la libération non seulement n'ont pas réussi à mettre de l'ordre dans la situation chaotique de notre administration et de l'organisation de l'Etat en général, mais ils l'ont laissée continuellement décliner et empirer. C'est la raison pour laquelle nous pouvons affirmer que jam
ais l'Etat italien n'est tombé si bas, jamais ça n'était arrivé, pas même sous le fascisme. C'est donc une bataille que nous pouvons faire la conscience tranquille, parce que tous les gouvernements qui se sont succédés jusqu'à présent nous en ont donné amplement l'occasion et une ample justification.
L'abolition des préfets
Dans cette matière il y a peut-être certains points que nous ne pourrons pas nous dispenser de traiter, car ce sont des points qui ont un certain écho aussi dans le grand public. J'entends faire allusion surtout au problème des régions. C'est un problème délicat sur lequel peuvent exister des opinions partiellement divergentes: avec cet avertissement, je ne voudrais cependant pas renoncer à dire que les régions, selon moi, sont l'un des instruments essentiels de l'Etat démocratique italien. D'autant plus essentiel que la région est la condition nécessaire à l'abolition des préfets, sur laquelle nous devrons nous battre sans aucune hésitation. Même le fait que les communistes en aient fait leur propre mot d'ordre ne saura nous faire hésiter; hélas il arrive souvent que de ce côté-là on essaye de voler notre métier, mais cela ne doit pas nous arrêter. L'institution de la région et l'abolition des préfets sont deux problèmes intimement liés: plus on y réfléchit et plus ça paraît évident.
L'Etat moderne est devenu une chose tellement compliquée qu'il justifie à la fois deux exigences opposées: celle d'une centralisation maximale et celle d'une décentralisation maximale. Dans la fonction qu'exerce un Etat moderne il y a place aussi bien pour une tendance que pour l'autre. Mais pour nous, démocrates sincères, la seule décentralisation qui mérite d'être défendue est celle qui se base sur la réalité d'une communauté locale; la vraie décentralisation est celle des communes, je ne dis pas des provinces, car si nous arriverons aux régions nous nous rendrons compte que notre organisation n'aura pas besoin des provinces. Les communes et les régions sont la base naturelle de la décentralisation; pas les préfets. La décentralisation qui se base sur l'institution du préfet est une fausse décentralisation, elle n'est pas démocratique, elle ne fonctionne pas d'un point de vue technique. Tant que l'on reste dans le domaine des fonctions administratives attribuées à des organes bureaucratiques de l'Etat, la
centralisation est inévitable: les administrations de l'Etat obéissent aux lois qui sont celles de tout organisme moderne, de toute entreprise, et elles tendent donc fatalement à la centralisation; l'attribution de fonctions à des organes bureaucratiques, comme les préfectures, signifie les rendre plus arbitraires, et pas les décentrer dans le seul sens qui peut répondre à des exigences de démocratie. Donc, en ce qui me concerne, je crois que cette lutte contre les préfets nous pouvons la faire ouvertement et pas de façon démagogique comme la font les communistes, qui se battent pour l'institution de nouvelles provinces tout en proclamant, s'appropriant du slogan de Luigi Einaudi (5), qu'il faut chasser les préfets. Hier encore ils ont donné bataille pour la province d'Isernia; en ce moment, où on a raison d'adresser tant de critiques au Gouvernement, le Gouvernement est sous accusation pour ne pas avoir créé une nouvelle province dans le Molise: la province d'Isernia. Mais, naturellement, ce n'est pas notre
terrain. Je ne sais pas si le thème des provinces entrera dans le jeu mais ce qui est sûr c'est que, coûte que coûte, nous ne favoriserons aucune de ces petites ambitions ou vanités locales, qui tendent à rendre notre Etat toujours plus conservateur et toujours plus réactionnaire. Les organisations provinciales ne sont qu'un des nombreux instruments dont se sert une classe moyenne habituée à l'exploitation des classes inférieures pour se créer de toutes petites places confortables, dont la portée économique est modeste, mais suffisantes toutefois à satisfaire les aspirations limitées d'une classe moyenne de peu de ressources comme celle est qui est caractéristique de certaines régions italiennes. Sur ce terrain aucune indulgence. Mais la bataille pour les régions et l'abolition des préfets doit être faite. Il est inutile que je fournisse des éléments pour cette bataille. Vous savez tous ce qui est en train de se passer dans le secteur des administrations locales; vous connaissez la fonction actuelle du préf
et, de cet agent électoral qui se présente sous le faux drapeau de l'administration impartiale et qui, couvert par celui-ci, commet les abus les plus innommables, allant jusqu'à oublier les raisons les plus élémentaires de l'honneur et de la dignité. Je dirais que l'institution du préfet devrait être supprimée ne fut-ce que pour la raison morale que l'Etat n'a pas le droit d'abaisser la fonction publique à un tel niveau de dégradation.
La lutte contre les monopoles
Je crois, en ce qui concerne l'organisation de l'Etat, qu'il ne soit pas facile de dire autre chose dans une campagne électorale. Naturellement il y aura beaucoup à dire dans le secteur économique. Dans ce domaine nous devrons continuer, avant tout, la bataille dont je vous ai parlé, la bataille contre les monopoles. Pour cette lutte nous possédons déjà un instrument efficace avec les projets de loi présentés par notre ami Villabruna et par des membres d'autres partis, avec lesquels on tente de donner une solution au problème. Je crois qu'à l'occasion de la campagne électorale il faudra faire davantage. Dans la réunion sur les monopoles nous avions dit clairement quelle était notre position: nous ne méconnaissons pas les exigences de l'économie moderne, qui amènent souvent à de grandes concentrations de moyens financiers et matériels, mais nous considérons que toutes les mesures nécessaires doivent être adoptées pour éviter qu'elles fassent peser sur l'Etat le poids d'une influence excessive, empêchant son f
onctionnement démocratique; et dans l'hypothèse extrême, au cas où il n'y aurait pas d'autres possibilités de défense, nous sommes prêts, nous qui ne sommes pas socialistes, à en arriver aussi à la nationalisation de certains secteurs. Dans notre congrès nous avions soutenu la nationalisation des téléphones, un problème qui arrive maintenant à solution, et nous avions indiqué clairement, comme prochain objectif, la nationalisation de l'énergie électrique. C'est un sujet qui, à mon avis, doit continuer à être débattu dans le pays. C'est un sujet qui viendra à échéance assez vite parce que les gouvernements de l'époque pré-fasciste avaient déjà eu conscience de la direction dans laquelle se dirigeaient les sociétés modernes, et ils avaient préparé les choses de façon telle qu'à un certain moment, grâce au rachat des concessions, l'Etat pouvait prendre le contrôle de ce secteur de production fondamental. A présent, nous nous rapprochons rapidement de l'expiration des concessions pour les eaux publiques, un mome
nt vraiment déterminant, dans lequel le problème de la nationalisation de l'énergie électrique doit être posé clairement. Et nous devons le faire avec la conscience qu'en posant ce problème, nous ne nous présentons pas comme partisans d'idées qui ne nous appartiennent pas, nous ne nous laissons pas guider par le mimétisme de positions socialistes. La nationalisation de l'énergie électrique a été réalisée dans la plupart des pays modernes, y compris les pays où il n'y a pas une prévalence des idées socialistes, c'est une mesure imposée par le développement actuel de l'économie, et c'est donc une chose que nous pouvons demander sur la base d'une application rigoureuse de nos principes. Et je crois qu'il s'agit aussi d'un sujet qui ne pourra pas ne pas avoir un écho chez nos électeurs, car nous ne nous adressons pas au petit nombre de personnes qui ont des intérêts liés à ceux des groupes électriques, mais nous nous adressons à un public indifférent au montant de la facture qu'on lui présente à la fin du mois.
Ce public de la moyenne bourgeoisie, d'artisans, de petits commerçants, ne peut pas ne pas être sensible à ce problème: un problème auquel, d'autre part, s'il avait un niveau supérieur d'intelligence politique et économique, un vaste secteur industriel, qui n'est pas avantagé par les monopoles électriques, devrait prêter intérêt. Le monopole de l'énergie électrique dans l'intérêt des producteurs et dans l'intérêt de ce petit secteur de la grande industrie qui s'identifie dans ces grands patrons dont Ernesto Rossi nous a tracé un tableau inoubliable.
Mais en matière d'économie nous devrions profiter des élections pour mener deux batailles qui malheureusement sont des batailles défensives. La première nous ramène à celle de la nationalisation de l'énergie électrique. Car la nationalisation de l'énergie électrique qui aurait peut-être pu, quant à elle, être renvoyée de quelques années, devient difficile à ajourner face à l'entrée en jeu de l'énergie nucléaire. Je me souviens qu'en parlant avec des représentants de ce parti social-démocrate qui se vante toujours de sa politique de classe et de son marxisme, nous nous entendions dire: "Vous êtes des lambins parce que vous mettez sur le tapis un problème qui est désormais dépassé: bientôt nous aurons l'énergie nucléaire, on la nationalisera, et le sujet sera clos". L'énergie nucléaire est arrivée, et ce parti a trouvé satisfaisant le projet Cortese, qui n'a aucune parenté avec la nationalisation. Il s'agit, comme je le disais, d'une bataille défensive, car si l'Italie perd la bataille de l'énergie nucléaire,
qui a hélas un caractère suffisamment technique pour échapper à l'attention de la masse, le destin politique et économique de l'Italie sera marqué pendant un certain temps. Je crois beaucoup à l'importance de ces faits concrets. Nous nous perdons souvent à discuter d'idées générales et de principes, pendant que quelqu'un accomplit des actes qui ne s'effacent plus. Le jour où en Italie les monopoles auront été rétablis pendant 50 ans encore - ne nous faisons pas d'illusions - la bataille pour la démocratie sera une bataille, je ne dis pas perdue, mais beaucoup plus difficile qu'elle n'aurait du être.
Une autre bataille défensive que nous devons faire est celle des titres nominatifs. Les gouvernements qui se sont succédés jusqu'à présent, en se comportant de cette façon habituelle qui n'est certainement pas un exemple de clarté cristalline et qui rappelle des écoles qui ne sont pas celles que nous aimons, ont toujours essayé d'agir la main cachée. On a toujours dit: mais bien sûr! les titres nominatifs vous les avez; mais qui veut les abolir? et ainsi de suite. Pendant qu'on disait tout cela il y avait un ministre ou l'autre qui agissait dans le sens contraire, qui prouvait ses sympathies pour ceux qui s'agitent pour la destruction du système. Nous sommes parvenus de cette façon au point que l'on a eu le courage d'avoir recours à la Cour Constitutionnelle avec des arguments que les collègues avocats ici présents auront même jugé dérisoires; et lorsque la Cour Constitutionnelle a rejeté le recours, nous avons lus dans les journaux les commentaires sévères et durs contre cet organe suprême de l'Etat qui s'e
st permis de liquider, en quelques heures de séance, une question si importante. Sur ce problème des titres nominatifs on a fait tout le possible pour rendre la solution inévitable: avec l'agitation tolérée des agents de change, qui continue encore aujourd'hui, avec les déclarations d'hommes politiques, de membres du gouvernement, on a préparé une situation dans laquelle, bien qu'on ne le dirait pas, l'état d'âme de la grande masse est déjà résigné. Il suffit parfois de sonner le glas pour que la chose dont on souhaite la fin cesse vraiment d'exister. On voulait la fin des titres nominatifs: on a continué pendant des années à sonner le glas et elle est morte désormais dans l'opinion de la plupart des italiens. Nous devrons donc faire cette bataille défensive et nous pouvons encore une fois le faire d'une manière efficace parce que nous avons comme amis des gens qui se sont occupés de ce problème avec une grande compétence: de Bruno Visentini (6) qui combattit vaillamment pour les titres nominatifs pendant de
s années, à Tullio Ascarelli qui a apporté au problème une contribution originale, reconnaissant les défauts du système actuel et suggérant la façon de les éviter, tout en ne renonçant pas au caractère nominatif pour ce qu'il a d'essentiel, en premier lieu la progressivité tributaire. Un autre sujet d'actualité est celui de l'organisation des entreprises industrielles de l'Etat, du Ministère des Participations d'Etat, de la libération des entreprises de l'Etat vis-à-vis de la Confindustria (7): une matière que vous connaissez bien et sur laquelle nos positions sont claires. Nous n'avons jamais été favorables à une socialisation de l'économie du pays, mais nous avons toujours reconnu que l'Etat moderne tend fatalement à exercer, dans le domaine économique, des fonctions importantes: à cette tendance répond, bien que de façon occasionnelle, la formation de l'ensemble de ce que l'on appelle les participations d'Etat. Le Ministère des Participations représente une première tentative grossière de donner à ce sect
eur une certaine organisation qui permette à l'Etat de se servir de ses positions de contrôle pour ses propres objectifs. Notre propagande ne pourra pas ne pas être favorable à cette libération des entreprises publiques vis-à-vis de la Confindustria, sur lequel notre ami Scalfari (8) a écrit encore récemment sur l'Espresso (9) des choses extrêmement sensées et sur lequel nous devrons continuer à nous battre, car il s'agit d'un sujet sur lequel une partie de la société italienne, les détenteurs du pouvoir économique, sont en train de prouver toute leur arrogance. Je me souviens avoir entendu un haut fonctionnaire de l'Etat déclarer: "ces messieurs tutoient l'Etat". Si ce n'était que tutoyer! Désormais on dit à l'Etat: tu n'as pas le droit de disposer de tes entreprises; tes entreprises nous servent, elles doivent faire partie de nos organisations, elle doivent nous fournir les moyens de faire nos campagnes politiques, pour faire la même campagne contre les industries de l'Etat. On dit tout cela en parant le d
iscours d'exceptions de constitutionnalité, de défenses passionnées de la liberté, qui sonnent faux dans la bouche de ceux qui en profitent à des fins personnelles.
Le problème agraire
Autre sujet de grande importance c'est celui sur lequel depuis des années le Prof. Antoni attirait notre attention: le problème de l'agriculture. Notre ami Carandini en a parlé avec son expérience il y a quelque temps, faisant une critique sacro-sainte de l'action que l'Etat a accompli ces dernières années; tout ce qu'il a écrit sur les systèmes absurdes et contradictoires adoptés par l'Etat dans ses interventions dans l'économie agraire est sacro-saint; sacro-saintes sont les critiques adressées à la réforme foncière, même si en définitive, du point de vue politique, nous pouvons ne pas la condamner pour ses répercussions politiques et sociales. Le défaut principal de la réforme foncière reste la conception qui l'a inspirée et qui est propre du milieu clérical, la conception d'une petite propriété qui permet à peine à une famille de paysans de subvenir à ses besoins, qui la garde dans un isolement forcé, loin du milieu social: et donc en condition de ne pas nuire. La réforme foncière est l'expression d'une
politique qui ne tend pas à élever les masses à un niveau supérieur de culture et à un niveau économique supérieur, mais elle vise uniquement à les garder bien sages: et ce n'est certainement pas notre politique, parce que nôtre politique tend à susciter des énergies, même lorsqu'il s'agit d'énergies qui peuvent présenter des dangers. Nous sommes un parti qui prend des risque: c'est la caractéristique de la position radicale. Nous pourrons donc faire utilement notre critique de la politique agraire du gouvernement et nous pourrons, dans ce domaine aussi, élever une voix de protestation contre l'exploitation des réformes à des fins politiques. Car nous savons tous que les organismes de réforme, qui devraient surtout exercer une fonction technique, ne sont eux aussi rien d'autre que des instruments électoraux, qui font leur politique de parti de la façon la plus honteuse, faisant des discriminations parmi les paysans suivant leurs opinions politiques et imposant les systèmes du sous-gouvernement.
Je crois, en matière d'agriculture, que ces sujets peuvent suffire aux objectifs d'une propagande électorale.
Il y a un autre gros sujet, qu'il n'est pas facile d'affronter ni à la fin d'une séance ni même lors d'un longue réunion: celui de la politique étrangère. Un sujet sur lequel nous sommes d'accord sur les grandes lignes. Personne d'entre nous n'a de doutes sur la position qui doit être la nôtre dans le monde. Sur ce point nous sommes tous d'accord. Si nous allons examiner ensuite les problèmes du jour, Moyen-Orient, Suez, etc., il peut y avoir des divergences. Mais ce ne sont pas là les thèmes propres à la propagande électorale. L'important c'est de tracer une ligne. Nous dirons combien nous nous sentons loin des communistes, qui voudraient appliquer chez nous des méthodes qui ne sont pas les nôtres, nous attirer dans un système qui n'est pas notre système. Nous le dirons de la façon la plus claire possible. D'autre part nous ne pourrons pas ne pas déplorer toutes les tergiversations et les contradictions de ce Gouvernement, qui aujourd'hui fait une chose et qui demain en fait une autre, qui invente une fois
le néo-atlantisme, une autre fois une théorie pour le Moyen-Orient, qui revient une autre fois encore sur tout ce qu'il avait dit, obéissant aux inspirations passagères des différents groupes qui dominent au sein de la DC et hors de la DC. Cette critique de la politique gouvernementale pourra être faite de façon extrêmement utile et avec pleine conscience de son bien-fondé.
Le sous-gouvernement
Un sujet fondamental de propagande sera ensuite ce gros problème moral de l'Italie d'aujourd'hui que j'ai laissé en dernier, car je crois qu'il donnera une caractéristique à tous nos discours. Nous ne sommes pas des gens habitués à ce que l'on appelle, par un nom très laid, les spéculations politiques, mais ce n'est pas notre faute si nous devons faire une polémique morale contre les gouvernements démocrates chrétiens qui ont continué à donner toujours plus raison à cette triste polémique. L'état de corruption de la classe politique, de la classe bureaucratique, de l'administration, est arrivé à quelque chose d'indescriptible. Un catholique français a déclaré que la démocratie chrétienne a orientalisé l'Italie, en entendant par orient les pires exemples qui venaient autrefois du levant. Voici la situation actuelle et nous devrons en parler très amplement. De même que nous devrons parler amplement de l'abus de pouvoir à des fins de parti: je crois que c'est une de nos batailles. Nous pourrions peut-être essay
er de formuler des propositions concrètes qui servent parfois à fixer l'attention sur l'essence d'un problème et sur les façons qui peuvent permettre de le résoudre. Aujourd'hui en Italie nous sommes arrivés à ce point: l'abus de pouvoir à des fins de parti est la seule source de ressources financières des partis. Etant donné qu'un parti est resté au Gouvernement depuis très longtemps, c'est ce parti-là qui coupe pour lui-même la plus grosse tranche de la tarte. Le parti mineur ou le parti d'opposition, qui n'a pas la chance de faire partie du Gouvernement, tire de son ingérence dans des administrations locales des bénéfices plus limités. Désormais tout cela fait partie de nos habitudes; je dirais que c'est presque admis. Lorsque Zoli a déclaré au Parlement, avec son scepticisme courtois, qu'un parti, sorti du Gouvernement, avait dû suspendre la publication de son journal, il n'a fait que constater le point auquel nous sommes parvenus. Un parti comme le nôtre, qui n'a jamais été au pouvoir, et qui, s'il s'y
trouvait, aurait certainement les mains propres, se trouve aujourd'hui dans cette condition d'infériorité que vous connaissez tous. Mais avoir les mains propres signifie avoir le courage de dire des choses que personne d'autre ne peut dire.
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N.d.T
1 - de FABIAN SOCIETY. Association politique anglaise d'orientation socialiste progressiste fondée en 1844 par plusieurs intellectuels (S. et B. Webb, G.B. Shaw). Elle contribua à la naissance du Parti travailliste.
2 - ROSSI ERNESTO. (Caserta 1897 - Rome 1967). Homme politique et journaliste italien. Leader du mouvement "Justice et Liberté", arrêté et condamné en 1930 par le fascisme, il resta en prison ou en exil jusqu'à la fin de la guerre. Il écrivit avec A. Spinelli le "Manifeste de Ventotene" et fut à la tête du Mouvement Fédéraliste Européen et de la campagne pour l'Europe unie. Parmi les fondateurs du Parti radical. Essayiste et journaliste, il lança des colonnes du "Mondo" des campagnes très vives contre les ingérences cléricales dans la vie politique, contre les grands états économiques, contre le protectionnisme industriel et agraire, les concentrations de pouvoir privées et publiques, etc. Ses articles furent rassemblés dans des livres fameux ("Les maîtres de la vapeur", etc). Après la dissolution du Parti radical en 1962, et la rupture conséquente avec le directeur du "Mondo" M. Pannunzio, il fonda "L'Astrolabe" des colonnes duquel il continua ses polémiques. Dans ses dernières années il se rapprocha et s'i
nscrivit au "nouveau" Parti radical avec lequel il lança, en 1967, l'"Année Anticléricale".
3 - ZOLI ADONE. (1887-1960). Homme politique italien. Président de la Démocratie chrétienne (54-60) et Président du Conseil (57).
4 - IL MONDO. Hebdomadaire de politique et culture, fondé à Rome en 1949 par Mario Pannunzio. Pendant dix-sept ans il fut l'expression et le symbole de la meilleure tradition laïque, libérale, radicale et démocratique italienne. La plupart de ses journalistes participèrent à la fondation du Parti radical. Il cessa ses publications en 1966, et fut repris par Arrigo Benedetti en 1969. Il s'est transformé par la suite en hebdomadaire à caractère économique.
5 - EINAUDI LUIGI. (1874-1961). Economiste et homme politique italien. Professeur de sciences des finances à Turin (à partir de 1907). Exilé en Suisse en 1943, à son retour il fut nommé Gouverneur de la Banque d'Italie (1945). Vice-président du Conseil et ministre du budget, en 1947 il freina l'inflation de l'après-guerre par une politique monétaire sévèrement restrictive. Président de la République de 1948 à 1955.
6 - VISENTINI BRUNO. (Trévise 1914). Economiste, ancien président de la Olivetti. Exposant du Parti républicain italien, dont il est président depuis 1979, ministre de l'industrie (1974-76).
7 - CONFINDUSTRIA. Confédération Générale de l'Industrie Italienne. L'équivalent de la "Confédération Nationale du Patronat Français".
8 - SCALFARI EUGENIO. (1924) Journaliste italien. Directeur de "L'Espresso" (66-68), fondateur et directeur du quotidien "La Repubblica" depuis 76.
9 - L'ESPRESSO. Hebdomadaire politique/culturel romain, fondé en 1955 par Arrigo Benedetti avec une empreinte radicale. Il conduisit, dans ses premières années, des célèbres campagnes de moralisation.