par Marco Pannella SOMMAIRE: Après l'arrestation à Milan des militants radicaux Lorenzo et Andrea Strik Lievers, qui avaient distribué, durant les célébrations du 4 Novembre, un tract antimilitariste, et l'incrimination, de la part des juges milanais, des responsables de l'imprimerie où ce tract avait été imprimé, Marco Pannella annonce qu'il veut rediffuser le contenu de ce tract au cours d'une manifestation pacifiste unitaire qui se déroulera à Rome.
(Agenzia Radicale N· 119, 18 Mars 1986).
Lorenzo et Andrea Strik Lievers, âgés respectivement de 23 et 19 ans, ont rencontré sur leur chemin de jeunes militants du PR, des lois et des hommes de l'Etat fasciste.
Et c'est aussi parce qu'ils croyaient à la possibilité, peut-être même à la nécessité de cette rencontre, que leur choix radical s'est fait et s'est même renforcé.
Je ne connais ni les salons, ni les "jeunes loups" de l'industrie - autrefois radicaux - de leur ville; ni l'alléchante rédaction de l'"Espresso", où ces jours derniers, un directeur leur a même refusé même le droit à leur propre identité politique; ils n'étaient pas non plus personna grata dans les cercles "culturels" de l'establishment de la ville; sérieux, studieux, intransigeants, ils appartiennent à une génération radicale qui sait qu'elle doit construire ex-novo, pour elle-même et pour les autres, des méthodes et des instruments de lutte civile. Ils ont, avec d'autres camarades, leur propre journal, "Libera Critica", et ils ont leur travail et leur responsabilité de militants. Je ne crois pas qu'ils ont besoin, durs comme ils sont, de soutien et d'encouragement.
Le problème nous concerne nous, il concerne les démocrates. Ils sont en prison depuis douze jours: ça n'est pas leur place, mais c'est probablement la place de ceux qui les ont condamné. En tant que démocrate, je n'arrive pas à penser autrement.
Le 4 Novembre 1965 ils ont distribué un tract de la Section Milanaise du Parti Radical, de tendance nonviolente et pacifiste; celui-ci parlait de paix et d'armées, de service civil obligatoire à instaurer pour tous les citoyens; un témoignage civilisé le jour d'une "fête nationale".
Mais même s'ils avait distribué l'affiche, d'inspiration différente, des quatre jeunes marxistes-léninistes, les données de fond seraient les mêmes; elles seraient aussi les mêmes si nous considérions la position des deux autres personnes arrêtés: deux imprimeurs qui avaient crû éloignée, même pour leur travail, l'époque fasciste.
Il n'y a qu'à faire comprendre aux magistrats milanais, et aux forces desquelles elles se sont inspirées, que leur action est de toutes façon inutile, dangereuse à cause des buts qu'ils poursuivent; mais si l'on devait refuser leurs droits de citoyens et de démocrates aux frères Strik-Lievers, je ne puis dire combien de radicaux ne devraient pas être immédiatement arrêtés, jugés et condamnés.
Pour commencer, je n'ai qu'à diffuser à nouveau le tract à cause duquel nos jeunes camarades milanais ont été inculpés: aujourd'hui, dans "Agenzia Radicale", aux cours des prochains jours, dans les rues de Rome. J'en ferai une lecture publique au terme de la marche de la paix programmée à Rome cet après-midi, et où un représentant radical prendra la parole.