Radicali.it - sito ufficiale di Radicali Italiani
Notizie Radicali, il giornale telematico di Radicali Italiani
cerca [dal 1999]


i testi dal 1955 al 1998

  RSS
dom 09 feb. 2025
[ cerca in archivio ] ARCHIVIO STORICO RADICALE
Archivio Partito radicale
Rossi Ernesto - 31 maggio 1966
ERNESTO ROSSI: AU P.R. UN VOTE ANTICLERICAL
par Ernesto Rossi (1)

SOMMAIRE: Dans les élections administratives de juin 1966 le Parti radical conclut une alliance électorale avec le PSIUP (Parti socialiste italien d'unité prolétaire) pour une liste commune à Rome, à Gênes et dans d'autres centres mineurs sur la base d'une opposition commune à la Démocratie chrétienne et au centre-gauche (le PSIUP était né début 1964 de la scission de la gauche socialiste contraire à l'entrée du Parti socialiste dans un gouvernement avec la DC). Du numéro électoral du journal "Agence radicale", Ernesto Rossi déclare qu'il votera pour le PSIUP "uniquement parce que ce parti a inclus dans ses listes les candidats du Parti radical qui, dans leur manifeste, ont fait une nette déclaration d'anticléricalisme".

(AGENCE RADICALE n. 121, 31 mai 1966)

Dans les dernières élections politiques, malgré le peu de confiance de ma part pour le "centre-gauche", j'ai donné mon vote au Parti socialiste. Ce qui s'est passé par la suite a dépassé de loin mes prévisions les plus pessimistes. Le "centre-gauche" - qui avait pris l'engagement de faire sortir la politique italienne de l'immobilisme centriste et de combattre la corruption - s'est assis confortablement au banquet du sous-gouvernement; il est devenu le porte-parole des plus sales intérêts de ses clientèles; il a prouvé qu'il était totalement incapable de faire ne fut-ce que les réformes qui n'auraient pas demandé une augmentation de dépense (Federeconsorzi, sociétés pour actions, zones à bâtir, élimination des codes des dispositions "clairement fascistes"); il a mis au grenier ses thèses neutralistes; il s'est totalement alligné au Parti social-démocrate (PSDI) pour servir de chaussette russe à la DC et il a cédé à toutes les prétentions du Vatican; il a même envoyé son leader en Amérique pour faire de la pr

opagande pour la politique du Saint-siège.

Je ne vote pas pour le PSI

C'est pourquoi je ne donnerai plus mon suffrage au PSI.

Je ne vote pas pour les communistes parce que je sais que sur toutes les questions essentielles, leur parti attend que le gouvernement soviétique lui souffle ce qu'il doit faire; parce qu'il m'est impossible de croire à la sincérité des professions de foi démocratique des communistes qui continuent à exalter les régimes à un seul parti; parce que les communistes en demandant, incessamment eux aussi, de monter sur la barque gouvernementale, n'ont jamais pu faire une opposition sérieuse; parce que les communistes ont toujours soutenu, même contre l'intérêt général, les requêtes les plus injustifiées de tous les mécontents, quelle que fut la catégorie à laquelle ils appartenaient (employés de banque qui voulaient réduire l'horaire de travail, employés surnuméraires qui prétendaient entrer dans l'administration sans concours, commerçants qui s'opposaient à l'abolition des licences, conducteurs de taxi qui réclamaient le respect du numerus clausus, etc.); et surtout parce que (après l'approbation de l'art. 7 de l

a Constitution) les communistes ont accentué de plus en plus leur cléricalisme, et - derrière l'écran du "dialogue" avec la gauche démocrate-chrétienne - ils sont en train d'atteindre le modus vivendi le plus confortable avec les hiérarchies ecclésiastiques.

Et je ne peux même pas voter pour les républicains: leur représentant au gouvernement n'a pas brillé davantage que les ministres socialistes. Je suis convaincu du reste qu'un parti minuscule, tel que le Parti républicain, n'a une fonction de stimulation et de critique que s'il reste à l'opposition: en collaborant avec les partis de masse, dans une coalition gouvernementale, il ne peut servir à rien d'autre qu'à rendre un peu plus appétissante la tarte cuisinée par ces partis, en y ajoutant un nuage de sucre à la vanille.

Je n'aurais même pas voté pour la liste du PSIUP parce que le PSIUP n'a jamais assumé une position anticléricale. C'est là le point où je vois la ligne de partage entre les progressistes et les réactionnaires. La nature des rapports entre l'Etat italien et l'Eglise catholique (puissance étrangère, avec des intérêts souvent en contraste avec les intérêts nationaux) conditionne aujourd'hui la solution de tous nos plus grands problèmes de politique étrangère, de politique économique, de politique scolaire, du système familial, des droits de liberté des citoyens. Nous savons tous que la DC, en Italie, n'est que le "bras séculier" de l'Eglise; on ne peut pas combattre sérieusement la DC sans marcher sur les pieds des monseigneurs du Vatican. Celui qui n'ose pas prendre la défense de l'Etat laïque contre les ingérences indues de l'Eglise dans la vie politique de notre pays et contre tous les privilèges qu'elle a hérité du fascisme, comme récompense de sa collaboration loyale avec le régime; celui qui ne se propose

pas, comme un objectif à atteindre même à longue échéance, l'abolition du Concordat (2), signé par Benito Mussolini au nom de la Très Sainte Trinité, est fondamentalement, à mon sens, un réactionnaire, quel que soit le programme de réformes économiques qu'il dit, en paroles, vouloir soutenir. Aucun rajustement tributaire ne peut être réalisé tant que le Saint-Siège jouit des exemptions fiscales actuelles et qu'il a intérêt à ne pas faire fonctionner le fichier des titres nominatifs. La lutte contre les monopoles n'aura aucun espoir de succès tant que les énormes richesse du Saint-Siège seront placées dans les actions des principaux groupes monopolistes. La Federconsorzi continuera à ne pas présenter les comptes des milliers de milliards qu'elle a géré pour le compte de l'Etat tant qu'elle constituera la source principale de financement pour les initiatives politiques du Saint-siège. Et ainsi de suite.

En cohérence avec mes idées, dans les prochaines élections administratives à Rome, je voterai pour le PSIUP uniquement parce que ce parti a inclus dans ses listes les candidats du Parti radical, qui, dans leur manifeste, ont fait une nette déclaration d'anticléricalisme. Dans la situation actuelle le vote pour les radicaux a, à mon sens, surtout une signification de protestation contre les partis de gauche pour leurs complaisances honteuses à l'égard de la république pontificale.

------

N.d.T.

1 - ROSSI ERNESTO. (Caserta 1897 - Rome 1967). Homme politique et journaliste italien. Leader du mouvement "Justice et Liberté", arrêté et condamné en 1930 par le fascisme, il resta en prison ou en exil jusqu'à la fin de la guerre. Il écrivit avec A. Spinelli le "Manifeste de Ventotene" et fut à la tête du Mouvement Fédéraliste Européen et de la campagne pour l'Europe unie. Parmi les fondateurs du Parti radical. Essayiste et journaliste, il lança des colonnes du "Mondo" des campagnes très vives contre les ingérences cléricales dans la vie politique, contre les grands états économiques, contre le protectionnisme industriel et agraire, les concentrations de pouvoir privées et publiques, etc. Ses articles furent rassemblés dans des livres fameux ("Les maîtres de la vapeur", etc). Après la dissolution du Parti radical en 1962, et la rupture conséquente avec le directeur du "Mondo" M. Pannunzio, il fonda "L'Astrolabe" des colonnes duquel il continua ses polémiques. Dans ses dernières années il se rapprocha et s'i

nscrivit au "nouveau" Parti radical avec lequel il lança, en 1967, l'"Année Anticléricale".

2 - CONCORDAT. L'art. 7 de la Constitution italienne reconnaît et "constitutionnalise" le Concordat entre l'Etat et l'Eglise signé en 1929. Il fut voté à l'Assemblée Constituante par Togliatti et le Parti communiste avec l'opposition des socialistes, du Parti d'action, etc. Le Concordat fut renouvelé, sous une nouvelle formulation, en 1984 (gouvernement Craxi).

 
Argomenti correlati:
stampa questo documento invia questa pagina per mail