II COMMISSION - RAPPORT D'ANGIOLO BANDINELLISOMMAIRE: Rapport sur les travaux de la Commission de congrès pour les droits civils. Le rapporteur observe qu'en commission il y a eu un accord substantiel pour reconnaître la valeur de l'approche radicale par rapport à l'approche des gauches traditionnelles. La bataille pour les droits civils est importante en Italie où, aux problèmes des sociétés modernes, s'ajoute celui de la pression cléricale exercée "jusque dans les moeurs quotidiennes". Il faut renverser les schémas de la sociologie catholique et imposer des transformations qui amènent à de "nouvelles libertés" et à une société qui demande d'ailleurs, dans cette direction, une nouvelle forme de politique en rejetant celle qui se manifeste de plus en plus comme "ennemie de la liberté". Le débat a vu ceux qui ont soulevé le thème des rapports avec la gauche, et d'autres qui ont revendiqué le caractère originalement expérimentateur des radicaux. La distance pourra être surmontée uniquement sur le terrain concret des luttes. Il faut organiser "les partic
uliers", sans fléchissements frontistes: et pour cela il faut conquérir tout de suite la possibilité de renforcer la dissension et une nouvelle information, à partir de la RAI-TV. En ce qui concerne l'enseignement, il faut entamer un processus de développement anti-autoritaire; pour la politique étrangère il faut agir dans la direction de l'abolition des armées.
Suivent enfin des batailles à promouvoir et à développer.
(III CONGRES NATIONAL - BOLOGNE 12-13-14 MAI 1967)
La commission de travail sur les droits civils, en indiquant une gamme assez riche de contenus, d'objectifs et de luttes du Parti radical, s'est trouvée fondamentalement unanime pour reconnaître la valeur de la position radicale eu égard aux priorités à accorder à ce type d'engagement par rapport à la position traditionnelle de la gauche. Cette bataille est importante en Italie, où aux problèmes communs à toutes les sociétés modernes s'ajoute, particulièrement lourde, la pression cléricale exercée principalement à travers l'outil diplomatique qu'est le Concordat fasciste, qui permet au cléricalisme de défendre une position hégémonique, jusque dans les moeurs quotidiennes des citoyens, depuis l'enseignement jusqu'au droit de famille, et ainsi de suite.
Il existe aujourd'hui une nouvelle proposition de la sociologie catholique, ou plutôt cléricale, adoptée par Rumor (1) et Piccoli (2), qui entend imposer, jusque dans la phase actuelle de transition et de modernisation sociologique, fondamentalement la même conception et la même gestion du pouvoir; Il faut lui opposer une évaluation différente de la signification des transformations sociologiques en cours. Celles-ci proposent, pour les structures où elles se manifestent, une volonté d'affirmation de nouvelle liberté. Dans l'ensemble du monde moderne s'opposent une société qui tend à s'articuler sur de nouveaux intérêts et de nouveaux rapports et les vielles structures autoritaires, bureaucratiques, centralisatrices qui remontent au dix-neuvième siècle; jusque dans le nouvel urbanisme - qui demande une structure de la ville au service du bien-être physique et psychique et qui ne favorise pas les formes connues par tous du paupérisme citadin, des nouvelles maladies sociales qui tendent à devenir un fléau très
grave - la nouvelle société exprime la volonté de s'autogérer, de créer des formes expérimentales et toujours nouvelles de contrôle du bas. Cette société découvre, et elle s'y rebelle, que la politique, entendue comme structure en soi, peut devenir elle-même "ennemie de la liberté", elle peut créer un diaphragme entre la volonté, les intérêts profonds de renouvellement, et l'expression, et donc l'organisation, de ces mêmes volontés. Cette société, par conséquent, mûrit en son sein une nouvelle conception de l'action politique, elle exprime des ferments qui se posent le problème de l'activité publique en essayant de surmonter avant tout en eux-mêmes la dissension entre la vie privée et l'action politique, et revendiquent déjà quelque part à ce moyen d'expression de la volonté civile le nom de nouveau radicalisme.
Ces ferments mettent justement en lumière l'importance de luttes de libération qui se développent avant tout sur l'individu. Mais ils refusent de s'opposer aux idéologies traditionnellement marxistes, car ils considèrent justement que dans la société moderne les problèmes de liberté de l'individu sont étroitement liés à des problèmes de transformation des structures et d'assujettissement de ces dernières à un plus large contrôle démocratique, basé sur le principe de l'autonomie. Et on a rappelé, ici, le problème de la liberté de presse et plus en général d'information, comme un problème qui ne se résout qu'en l'affrontant au niveau des structures.
On a eu l'impression à un certain moment dans la commission que deux lignes d'action étaient en train de se délinéer pour le PR, pour intervenir concrètement sur le plan politique sur tels ou tels autres problèmes. D'une part il y a eu ceux qui ont manifesté leur perplexité pour une action qui, se disant empiriste, oublierait de coordonner les diverses initiatives vers un but indiqué précisément dans la perspective. Ceux qui ont manifesté ces doutes ont également soulevé la question des rapports avec les autres forces politiques de la gauche, notamment les forces socialistes, en revendiquant au Pr dans le contexte de la lutte unitaire des gauches la tâche de se faire promoteur de la lutte, notamment, des nouvelles classes. De l'autre, on a confirmé avec vigueur le caractère expérimentateur de notre parti qui, jusqu'à présent, à travers ses actions, a prouvé qu'il savait atteindre (avec précision) des résultats conformes au renouvellement concret de la société. Il se peut que ce débat, auquel on refuse de tou
te façon un caractère abstraitement culturel et qui doit trouver, on le reconnait, une dimension effectivement politique, reflète les difficultés d'organisation du parti aujourd'hui qui peuvent être surmontées en élargissant et en précisant l'initiative politique.
Mais on a observé d'autre part que la confrontation entre les deux moments doit être dépassée, dans notre société contemporaine, à travers l'organisation, poursuivie certainement avec des méthodes expérimentales, là où s'en offrent l'opportunité et la possibilité à chaque fois, de structures de gestion démocratique du pouvoir: dans la société moderne, aux classes qui possèdent et gèrent le pouvoir s'oppose la bien plus vaste classe de ceux qui en sont gardés à l'écart, dans leur qualité d'individus, ou de travailleurs, ou de consommateurs des loisirs, ou de promoteurs de leurs propres valeurs humaines, individuelles, éthiques. Le problème du socialisme aujourd'hui est donc le problème de la gestion démocratique des centres décisionnels.
Nous devons donc organiser le pouvoir des particuliers. En Italie la gauche aussi a déjà réalisé dans le passé des formes d'organisation organiques à sa propre expérience politique. Mais nous devons refuser le modèle frontiste d'organisation dans lequel au moment de l'unité a toujours été sacrifié le moment de l'autonomie. L'UDI, l'ADESSPI, etc.
L'organisation des particuliers ne doit pas nous intéresser comme un instrument pour la conquête du pouvoir, de ce pouvoir tel qu'il est aujourd'hui, mais pour qu'elle soit déjà un but en soi; en définitive l'organisation des particuliers est et doit être, comme organisation de la dissension, l'organisation de structures de contre-pouvoir (Ombudsman, Comités mixtes entre citoyens et administrateurs pour le contrôle de la police, et, dans une autre mesure, Ligue des femmes chefs de famille; en perspective, la Ligue des droits civils). les moyens doivent donc coïncider avec la fin.
Dans cette perspective deux droits fondamentaux appartiennent aux citoyens (comme on voit, ce sont des indicateurs de méthode et donc des politiques, qui se projettent comme telles vers la construction d'une société socialiste démocratique: car on a observé en commission que nous considérons la société du bien-être avec inquiétude en ce qui concerne les structures qu'elle met sur pied aujourd'hui dans les sociétés capitalistes comme dans les sociétés socialistes). Les deux droits fondamentaux sont celui de l'organisation de la dissension partout - de l'école à l'Administration publique, aux structures de production, aux syndicats eux-mêmes - et celui à l'information: nous sommes contre le financement des partis mais nous voulons que l'Etat mette à disposition de tous ceux qui ont quelque chose à communiquer les moyens nécessaires de transmission de l'information: depuis la RAI-TV jusqu'à des salles publiques ou tout autre moyen analogue.
La société vers laquelle nous tendons est une société laïque, anti-autoritaire. A partir - et je le rappelle pour l'engagement que nous radicaux consacrons au problème - de l'école où le rapport autoritaire, la culture imposée par des organismes de type ecclésiastique et par le pouvoir bureaucratique centralisé et autoritaire doit disparaître, pour donner lieu à une école comme centre d'activité culturelle, sociale, politique, sportive sans aucune prévention pour l'exercice de rapports humains qui soient riches. Dans cette école doit avoir lieu une première instruction sur les problèmes délicats comme les problèmes sexuels, mais nous sommes contre une éducation sexuelle, car aujourd'hui cela signifierait remettre concrètement au pouvoir clérical un nouvel instrument de conditionnement. (Je rappelle ici aussi la nécessité d'abolir en général toute forme de législation contraire à la propagande anti-contraceptive et à toute autre manifestation de la liberté de moeurs, à laquelle doit présider uniquement la con
science individuelle). Dans ce sens la commission a confirmé son opposition à la proposition de loi Reale (3) qui - on l'a dit - "légalise l'illégalité" et un large soutien à la proposition Fortuna (4).
La société vers laquelle nous tendons est une société pacifiste. Elle doit parvenir, à travers un désarmement unilatéral et graduel, à l'abolition des armées. Aujourd'hui les armées sont, concrètement, des instruments d'oppression intérieure et extérieure. Les techniques de la bataille antimilitariste sont la nonviolence, l'objection de conscience, le service militaire alternatif, jusqu'à la limite de la désobéissance civile (droits fondamentaux de l'homme, ONU).
Comme on voit, la commission a atteint certaines définitions organiques. Des exigences et des requêtes particulières se posent aussi dans ce cadre: il faut rappeler les droits pour les minorités religieuses, celles des anciens prêtres, des handicapés civils dont les organisations sont aujourd'hui des instruments anti-démocratiques liés à un concept paternaliste de l'assistance publique: l'abolition des articles 452 et 453 sur l'outrage au Chef de l'Etat, un nouveau règlement militaire qui élimine entre autres l'absurdité selon laquelle le séjour sous les drapeaux de ceux qui ont eu des problèmes de punitions de rigueur doit être prolongé d'une période temps équivalente en violation ouverte des libertés constitutionnelles, la réforme du code pénal et du texte unique des lois de sécurité publique.
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N.d.T
1 - RUMOR MARIANO. (Vicenza 1915). Secrétaire de la Démocratie Chrétienne (1964-1969), Président du Conseil (1968-69; 1969-70; 1970; 1973-74; 1974).
2 - PICCOLI FLAMINIO. (Kirchbichl, Autriche 1915). Homme politique, italien. Il a été secrétaire de la Démocratie Chrétienne (DC) (1969; 1980-82). Il a été aussi président de la Commission Affaires étrangères de la Chambre.
3 - REALE ORONZO. (Lecce 1902 - Rome 1988). Un des fondateurs du Parti d'Action (1942), secrétaire du parti républicain (1949-1964), député, ministre de la justice à plusieurs reprises. La "Loi Reale" est une loi d'urgence qui confère des pouvoirs spéciaux aux forces de police, qu'il a présenté pour combattre le terrorisme (1975). Dans le référendum de 1988 organisé par le Parti radical pour abroger la "Loi Reale", 76% des votants se déclarèrent favorables au maintien de la loi.
4 - FORTUNA LORIS. (Breno 1924 - Udine 1985). Homme politique, italien. Présentateur, en 1965, du projet de loi sur le divorce approuvé en 1970 au parlement, après des années d'initiatives et de batailles menées aux côtés du Parti radical. Présentateur également de projets de loi sur l'avortement et sur l'euthanasie passive (mais ce dernier n'est pas passé). Ministre de la Défense civile et des affaires communautaires.