Opinions sur le congrès:
UN MOMENT DE CLARIFICATION ET DE CONNAISSANCE
Fausto Antonini
SOMMAIRE: Tout en exprimant des réserves sur la possibilité d'une évolution libertaire sensiblement rapide des moeurs en Italie, Fausto Antonini reconnaît que le Congrès peut représenter une étape importante dans le lent chemin pour la libération de l'émotivité individuelle et pour une diffusion plus ample d'éléments de connaissance sur le rapport entre les structures politiques-sociales et les dynamiques liées aux relations affectives et sexuelles.
(Agence Radicale, n. 145 - 13-1-1968)
En général, je suis plutôt prévenu sur la possibilité d'une évolution libertaire sensiblement rapide des moeurs en Italie. Les forces qui empêchent non seulement l'expression, la libération de l'émotivité plus profonde, mais jusqu'à la discussion ouverte de ces thèmes sont en effet institutionnalisées dans de puissantes organisations de pouvoir. Ceci, d'autre part, ne serait pas par soi-même suffisant à représenter un obstacle efficace si la sensibilité d'une grande partie de l'opinion publique n'était pas, comme elle l'est au contraire, assez limitée si ce n'est narcotisée ou même récalcitrante face à ce qui concerne les problèmes de l'émotivité, de l'affectivité plus profonde.
En général j'ai l'habitude de dire que les problèmes qui se réfèrent à la vie sexuelle et qui concernent l'autorité sont ceux qui déchaînent, même indépendants les uns des autres, les courts-circuits les plus colossaux dans la raison humaine: figurons-nous ensuite quand ils sont reliés entre eux! D'autre part chacun de nous amène, de façon plus ou moins importante, sa propre contribution limitée à l'évolution de la société; essayer de faire avancer ses propres idées, surtout quand elles sont fruit d'une longue étude et d'amour, est un devoir moral auquel on ne peut se soustraire sans manquer au sens propre de la vie.
Ce Congrès, à mon avis, peut représenter une étape importante dans la voie, malheureusement lente et fatigante, vers une conscience adéquate de ce que nous désirons le plus profondément dans notre vie individuelle et sociale. La discussion peut amener à un public plus vaste des éléments de clarification et de connaissance sur les points suivants:
I. Le rapport entre structures politiques-sociales et caractérologiques individuelles;
II. La conception scientifique de la vie sociale intégrée de façon harmonieuse avec les nécessités affectives les plus profondes;
III. L'élimination des préjugés et des banalités avec lesquels on essaye de réduire l'éros à de véritables besoins physiologiques;
IV. La relativité historique-anthropologique de nos moeurs;
V. L'analyse des dynamismes psycho-sociologiques du pouvoir, une analyse déjà commencée depuis près d'un demi siècle dans d'autres pays occidentaux et presque inconnue chez nous;
VI. La connaissance des dynamismes profonds de l'autoritarisme, entendu pas tant comme une méthode superficielle de pouvoir, mais plutôt comme une tendance psychologique profonde;
VII. La formation d'une psychologie concrète, historique, existentielle, réaliste, engagée;
VIII. La priorité politique aussi des questions de moeurs, de morale, de culture, sur lesquelles existe une vraie conjuration du silence de la part des plus grandes forces politiques;
IX. Le contraste avec la culture plus vivante d'autres pays et la promotion d'analyses scientifiques analogues sans préjugés des vraies forces sociales et psychologiques qui travaillent actuellement dans notre pays;
X. La synthèse harmonique scientifique, philosophique profonde entre ce qu'il y a de mieux dans notre tradition spiritualiste et ce qui a été conquis de plus valable par les enquêtes des sciences humaines.