Opinion sur le congrès:

NOUVELLES ET VIEILLES POLITIQUES DE REPRESSION

Mauro Mellini

SOMMAIRE: Le Congrès fera scandale, affirme Mauro Mellini, pas tant parce qu'on parlera de sexe que parce qu'on amènera à la lumière les rapports entre contrôle des moeurs sexuels et organisation sociale, entre répression sexuelle et pouvoir clérical. Les responsabilités des forces laïques qui ont toujours accepté le monopole de l'Eglise catholique sur la morale sexuelle et familiale.

(Agence Radicale, n. 145 - 13-1-1968)

Ce Congrès fera scandale. Pas parce qu'on parlera de sexe. Désormais même les cardinaux et les jésuites, les inspecteurs d'Académie et les diaconesses, parlent de sexe. La raison du scandale sera le rapport qui ressortira du débat entre les problèmes du sexe et les problèmes de l'organisation sociale, entre la réaction politique et la répression sexuelle. Le scandale viendra surtout de ce qu'on dira de la machine de pouvoir cléricale, qui trouve dans la répression sexuelle, dans la conservation, avec quelques retouches inoffensives, de moeurs sexuels inférieurs, un de ses instruments les plus efficaces de pression et de contrôle des masses et sa justification apparemment bien valable.

Nombreux sont ceux qui croient et qui font semblant de croire que tout ce qu'il y a de nouveau aujourd'hui dans les positions de l'église catholique représente une donnée de progrès et d'émancipation. Je crois que c'est justement en analysant certaines attitudes de la nouvelle politique sexuelle de l'église, que l'on peut reconnaître la capacité indiscutable d'adaptation du côté clérical, aux nouvelles exigences de conservation et de répression, dans une société qui est désormais la société des consommations, du "bien-être", mais qui a toujours plus besoin, dans sa logique, du conditionnement des choix des masses.

Le monopole de la morale sexuelle et familiale a été le principal instrument de la reconquête catholique du pouvoir temporel après la "catastrophe" de la Renaissance italienne. La timidité, l'inertie, le manque d'une vision claire et commune du problème de la part des forces laïques a sans aucun doute facilité une telle politique cléricale.

Aujourd'hui, alors que l'église est obligée de modifier profondément son attitude traditionnelle, les forces laïques persévèrent dans leur inertie se limitant à souhaiter des "ouvertures" de la part des catholiques, sans même essayer de déterminer quels objectifs plus larges et plus différents l'église se promet, étant donné certaines de ses attitudes actuelles.

Le Congrès du 21 janvier sera une occasion, qui espérons-le sera suivie par plusieurs autres, pour affronter ces problèmes et dissiper de nombreux équivoques.

Si nous saurons tenir compte de l'aspect central du thème du Congrès et que, tout en ne négligeant pas les aspects scientifiques extrêmement intéressants de la question, nous saurons nous rendre compte qu'une action commune, au niveau non seulement scientifique, doit nécessairement toucher aux aspects sociaux et politiques du problème, le Congrès pourra donner une importante contribution au développement d'un nouveau thème social, outre qu'à l'enrichissement de la sphère des libertés et des droits civils.