LE TEXTE DE LA MOTION SUR LA LIBERTE SEXUELLE PRESENTEE AU QUATRIEME CONGRES NATIONAL DU PARTI RADICAL (FLORENCE, NOVEMBRE 1967) PAR MAURO MELLINI, MARIA RICCIARDI RUOCCO, GABRIELLA PARCA, CLAUDIO MOFFA ET D'AUTRES. APPROUVEE AVEC 3 VOIX DEFAVORABLES ET TROIS ABSTENTIONS.
SOMMAIRE: Après avoir constaté que le Parti radical, grâce à sa conception anti-idéologique de la politique, se distingue nettement des autres forces de la gauche par sa capacité de placer au centre de son engagement la liberté individuelle comme prémisse pour l'émancipation de la société, la motion indique les objectifs concrets et les initiatives spécifiques à travers lesquelles le PR peut contribuer au franchissement de ces obstacles qui empêchent au citoyen l'affirmation des libertés sexuelles.
(Agence Radicale, n. 145 - 13-1-1968)
Si l'on admet que:
a) une vision politique moderne de la société ne peut faire abstraction de la considération attentive de la vie sexuelle de l'homme, laquelle influence profondément l'organisation sociale, tout en étant elle-même conditionnée à son tour.
b) une véritable politique sexuelle est pratiquée sans aucun doute, de façon conservatrice et répressive par le pouvoir clérical qui tire d'une telle fonction et des instruments avec lesquels il la poursuit, un aliment ultérieur pour son renforcement sur d'autres terrains aussi de la vie politique et sociale. Ni que l'apparition dans certains milieux catholiques d'un langage et de nouvelles conceptions par rapport aux traditionnelles, ne s'est jamais traduit par une diversification concrète par rapport à une telle politique.
c) une politique sexuelle des forces laïques et de la gauche est absolument insuffisante, et que le refus d'affronter un tel aspect de la vie humaine se traduit en pratique par une acceptation passive du monopole clérical de la politique du secteur et de la formation de l'opinion publique à cet égard.
Si l'on constate que:
1) Dans l'arc des forces politiques de la gauche, le Parti radical, dans une conception anti-idéologique de la politique, est engagé dans la défense des droits civils, considérés instrument pour la réalisation d'une liberté concrète du citoyen - et qu'en outre le PR se distingue des autres forces de la gauche italienne particulièrement par sa matrice laïque et libertaire.
2) La liberté sexuelle - entendue non seulement en sens négatif, c'est à dire comme liberté d'une organisation rétrograde, aggravée dans son ensemble par la dictature fasciste; mais aussi dans sa fonction positive d'instrument non-exclusif mais certainement indispensable pour la poursuite du bonheur de l'individu - est un droit fondamental de la personnalité humaine, étant donné que chacun doit pouvoir disposer librement de sa propre liberté sexuelle selon ses propres principes moraux, qui peuvent ne pas coïncider avec ceux de la "moralité" officielle et de la majorité.
3) Tout en ne se basant pas sur une nouvelle idéologie "fermée" pan-sexuelle, on doit reconnaître que, comme l'expérience historique et sociologique nous l'apprend, dans la plupart des cas l'autoritarisme dans ses différentes manifestations à tout niveau (famille patriarcale, école autoritaire, état de police) s'est accompagné et s'accompagne d'une éducation répressive de la sexualité, qu'il existe, en définitive, une relation évidente entre toutes les formes d'oppression sociale et la répression sexuelle.
4) Enfin, que sur un plan plus concret et actuel, en Italie, la législation traditionnelle fondée sur les conceptions d'"honneur", de "famille indissoluble", etc, l'absence d'une politique démographique, le manque d'éducation sexuelle (avec le danger imminent que l'introduction de cet enseignement dans les écoles, d'ici peu, plutôt qu'un facteur d'émancipation devienne un nouvel instrument de pouvoir des cléricaux), l'empoisonnement actif et quotidien du développement naturel des enfants, la persécution des rapports amoureux qui n'aient pas reçus l'approbation d'une autorité, les "scandales" périodiques de la vie italienne (des différents épisodes de censure aux 20 années de sabotage de toute forme de divorce, aux différents épisodes de censure) sont tous des phénomènes qui révèlent eux aussi, le caractère non seulement individuel mais social du problème sexuel.
Le Congrès engage chaque instance du Parti à créer les prémisses et le développement d'initiatives concrètes pour le franchissement de ces obstacles qui empêchent de fait au citoyen l'affirmation des libertés sexuelles.
Ces initiatives devront viser à:
a) diffuser une conscience sexuelle, laïque et libertaire, pour surmonter tabous et inhibitions dont l'église dans sa tradition historique millénaire, est la plus grande porteuse;
b) déterminer et combattre les centres de répression sexuelle que les forces politiques dominantes exploitent à des fins électorales (comme, par exemple, les grandes organisations catholiques de masse - en particulier celles de la jeunesse et celles féminines - ou le monopole clérical-canoniste du mariage ou de la famille ou certains grands réseaux d'édition de la presse féminine);
c) à promouvoir et soutenir des réformes de la législation en vigueur en grande partie en contraste avec la réalité du monde contemporain. (Que l'on voie à ce propos les articles concernant le soi-disant "délit d'honneur", le "mariage réparateur" des délits de violence sexuelle, la "corruption" des mineurs, même si l'on ignore l'âge de la "victime", la notion d'acte "obscène", selon laquelle est obscène tout ce qui offense une notion de "pudeur" tout aussi imprécise, l'interprétation de "lieu public"; que l'on voie les articles concernant l'avortement et le contrôle des naissances, considérés des "crimes contre l'intégrité et la santé de la descendance", la punissabilité de l'adultère, et même le refus d'un des conjoints de s'accoupler, l'"abus" des moyens de "correction", etc.).