SOMMAIRE: La II Cour d'Assises jugera le 3 mars le journaliste Marco Pannella pour avoir instigué les militaires à désobéir aux lois, comme on le déduit de certaines phrases d'un de ses articles contenu dans un supplément de "Lotta Continua". Certains parlementaires avaient déjà pris position face au Président de la II Cour d'Assises en soulignant qu'il n'est pas possible dans un régime républicain de voir condamné un journaliste qui exerce un droit légitime. Le PR adresse un appel aux associations nationales des journalistes pour qu'elles agissent dans ce sens.
(NOUVELLES RADICALES N. 153, 15 mars 1972)
Rome, 1 mars - La II cour d'Assises de Milan jugera le 3 mars le journaliste Marco Pannella, du Conseil National Exécutif du P.R., pour instigation des militaires à désobéir aux lois. S'il sera retenu coupable, il risque de trois à cinq ans de prison.
Le Substitut du Procureur de la République de Milan, Alma, qui mit il y a quelques années en état d'arrestation des étudiants radicaux, Lorenzo et Andrea Strik-Lievers, accusés du même crime et acquittés après quarante jours de prison, a assigné Pannella en jugement pour certaines phrases contenues dans un article d'un supplément de "Lotta Continua" (1).
Pannella a désigné comme défenseurs les avocats Franco De Cataldo, Domenico Contestabile et Dino Bonzano.
Les députés Fortuna (2), Scalfari et Bonea ont déjà envoyé au Président de la II Cour d'Assises des télégrammes dans lesquels ils soulignent qu'il n'est pas possible dans un régime républicain de considérer comme un crime la défense rigoureuse et claire des droits constitutionnels sanctionnés par l'art. 21 de la Constitution, et de voir condamné un journaliste et un citoyen qui accomplit un acte juste visant à rendre vaine une interprétation autoritaire et inconstitutionnelle de la loi.
L'Ordre des journalistes d'Emilie-Romagne a lui aussi télégraphié sa solidarité à Marco Pannella.
Le Parti Radical adresse un appel public à l'Ordre National des journalistes, à la Fédération Nationale de la Presse, au Mouvement des journalistes démocratiques pour qu'ils prennent rapidement et clairement position, sans attendre encore une fois une condamnation pour intervenir. Le P.R a demandé à ces organismes de désigner des observateurs qualifiés au procès.
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N.d.T
1 - LOTTA CONTINUA. Un des mouvements politiques les plus importants de l'extrême gauche italienne, fondé à Turin en 1969. En 1971, LC créa le journal du même nom, qui eut tout de suite une ample diffusion. Il libéra la gauche extraparlementaire de la préjudicielle ouvrière, pénétrant dans le monde de la jeunesse et des étudiants, parmi les appelés au contingent, dans les prisons, etc. Parmi ses leaders, le journaliste et écrivain Adriano Sofri se distingua.
2 - FORTUNA LORIS. (Breno 1924 - Udine 1985). Homme politique, italien. Présentateur, en 1965, du projet de loi sur le divorce approuvé au parlement, après des années d'initiatives et de batailles menées aux côtés du Parti radical, en 1970. Présentateur aussi de projets de loi sur l'avortement et sur l'euthanasie passive (mais ce dernier n'est pas passé). Ministre de la Défense civile et des affaires communautaires.