SOMMAIRE: Tract diffusé pour soutenir le jeûne entamé par Marco Pannella et la campagne radicale visant à obtenir des Présidents des deux Chambres, Fanfani et Pertini, que soit fixées les dates de discussion et de votation des lois sur le vote à dix-huit ans, sur la réforme du droit de famille, sur la réforme législative pour l'avortement. On rappelle les initiatives radicales de 1970 et 1972 pour que soit fixée la date du débat sur le divorce et on souligne comment, alors qu'à l'époque les radicaux étaient isolés, aujourd'hui ils travaillent à l'intérieur d'une grande coalition de forces. L'initiative radicale tend encore une fois à faire en sorte que "le prestige et le travail du parlement" ne soient pas affectés par la crise de crédibilité qui atteint "l'ensemble de la classe dirigeante". On annonce que les délégations des mouvements des droits civils "ne bougeront pas de l'intérieur du Parlement, où elles sont entrées", tant qu'elles n'obtiendront pas une réponse, positive ou négative. On sollicite des
adhésions, un soutien, etc.
(TRACT POLYCOPIE, 10 août 1974)
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CITOYENS
En 1970 et 1972, le Président du Sénat, Fanfani, (1) et le Président de la Chambre, Pertini (2), uniquement à la demande et après une sollicitation nonviolente du PR et de la LID (3), s'employèrent pour fixer un délai maximum avant lequel on aurait voté les projets de loi sur le divorce, et ensuite sur l'objection de conscience et sur la "loi Valpreda". Cette simple initiative procédurale de type informel a garanti le vote de réformes dans des délais encore plus courts que les prévisions les plus optimistes. Le prestige du Parlement fut loin d'en être diminué, comme la vérification du 13 mai le prouve amplement, en ce qui concerne le divorce. A l'époque aucun parti et aucun groupe parlementaire n'ont soutenu ou n'ont partagé officiellement l'initiative radicale et l'oeuvre des Présidents des Chambres. Mais Pertini et Fanfani jugèrent manifestement nécessaire et utile pour le prestige et la fonction parlementaire d'accueillir l'invitation qui leur était faite par des forces qui pourtant n'étaient pas saisies
de responsabilités particulières parce qu'elles n'étaient pas représentées.
Depuis trois mois, encore une fois, le Parti Radical, la LOC, le MN, le MLF luttent pour que le prestige et le travail du Parlement ne soient pas affectés ultérieurement par la crise très grave de crédibilité et de confiance qui atteint dangereusement toute la classe dirigeante, en se soustrayant à la paralysie croissante de la fonction législative, surtout si elle se rapporte à l'approbation de réformes essentielles pour la vie civile, avec des requêtes analogues.
Depuis des semaines désormais, une vaste coalition significative de partis et de groupes parlementaires ont adopté ces requêtes. Les secrétariats nationaux du Parti communiste, du Parti socialiste, du Parti social-démocrate, du Parti républicain ont notamment affirmé publiquement l'opportunité ou la nécessité que pour l'extension du droit de vote à dix-huit ans on prévoit comme délai maximum la fin de l'année en cours; pour le droit de famille le même délai ou, tout au plus celui des premiers mois de l'année prochaine; pour l'avortement le printemps prochain, en ce qui concerne uniquement le débat en assemblée consultative à la Chambre.
Cet objectif qui aurait pu se configurer comme étant technique et procédural, qui a des précédents tellement positifs, qui est si précis et amplement partagé et qui n'a enregistré aucune opposition formelle de la part de quiconque, continue à ne pas être atteint. C'est pour cela, surtout, que Marco Pannella poursuit son jeûne et que des centaines de militants sont engagés.
Pourquoi? La question est désormais scandaleuse. Dans quelques jours le Parlement achève cette session. En automne le risque existe d'une crise de l'exécutif. Sans cette garantie que nous demandons que le Parlement fournisse à lui-même, il n'y aura pas de vote à dix-huit ans l'année prochaine, la réforme du droit de famille pourrira dans une discussion manquant de la moralité de sa conclusion naturelle, comme c'est le cas depuis sept ans, et des millions de femmes seront contraintes dans le silence officiel à avorter clandestinement. Nous exigeons, pas conséquent, une réponse responsable. Que les Présidents des deux Chambres déclarent officiellement qu'ils refusent de suivre les précédents créés par Fanfani et Pertini et qu'ils expliquent pourquoi. Nous poursuivrons alors, dans la clarté, notre lutte à outrance contre cette forme pure et simple d'inconscience. Et le pays et l'opinion publique jugeront entre ceux qui essayent de soutenir et ceux qui essayent d'enterrer la fonction démocratique et le prestige
des institutions républicaines.
A PARTIR D'AUJOURD'HUI, LES DELEGATIONS DES MOUVEMENTS POUR LES DROITS CIVILS NE QUITTERONT PAS L'INTERIEUR DU PARLEMENT, OU ELLES SONT ENTREES, TANT QUE CETTE REPONSE NE SERA PAS FOURNIE. Et ils ne s'en iront pas tant que la Présidence du Conseil et les autres autorités auxquelles s'adressent certaines de nos requêtes pour destituer les responsables de la situation inconstitutionnelle et fasciste à la RAI-TV n'auront de toute façon pas répondu, mettant un terme à leur silence anti-démocratique et arrogant.
Nous vous demandons de vous associer à notre requête et à notre protestation. Téléphonez au Parlement pour demander des renseignements, allez devant les Chambres, manifestez votre approbation. Cette action directe nonviolente doit être elle aussi achevée mettant fin aux risques dramatiques que notre camarade Marco Pannella continue à courir avec son jeûne pour un minimum de conscience et de sérieux de la part de la classe dirigeante.
Rome, 10 août 1974
PARTI RADICAL
LIGUE DES OBJECTEURS DE CONSCIENCE
MOUVEMENT NONVIOLENT
MOUVEMENT DE LIBERATION DE LA FEMME
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N.d.T
1 - FANFANI AMINTORE. (Arezzo 1908). Homme politique italien, professeur d'histoire de l'économie, personnalité éminente de la Démocratie chrétienne, dont il fut secrétaire de 1954 à 1959 et ensuite de 1973 à 1975, en lui donnant une forte empreinte corporative avec l'utilisation de l'industrie publique comme volant du développement économique. Chef du gouvernement (1958-59); 1960-62; 1982-83), ministre des Affaires étrangères à plusieurs reprises, président du Sénat de 1958 à 1973 et ensuite de 1976 à 1982.
2 - PERTINI SANDRO. (Stella 1896 - Rome 1990). Homme politique, italien. Socialiste, il fut emprisonné et exilé par le fascisme. De 1943 à 1945, il participa à la Résistance. Secrétaire du Parti socialiste, député, président de la Chambre (1968-76), Président de la République (1978-1985).
3 - LID. Sigle de la Ligue Italienne pour le Divorce. Fondée en 1965 par Marco Pannella, Mauro Mellini, Loris Fortuna (député socialiste) et Antonio Baslini (député libéral), elle organisa les forces en soutien de l'introduction de la loi présentée par les deux parlementaires, en misant surtout sur les énergies des séparés et de ceux qui avaient la nécessité de résoudre leurs problèmes familiaux. Elle joua un rôle essentiel dans la mobilisation des divorcés et des militants qui permirent l'introduction de la loi en Italie. Ce fut le premier exemple, en Italie, d'une organisation née autour des thèmes des droits civils. La LID était fédérée au Parti radical.