réalisées par "ADP - Archives de documentation politique"SOMMAIRE: Sans la prétention de vouloir offrir une analyse historique et politique, les fiches sur le Parti radical réalisées par l'ADP fournissent, bien qu'avec quelques imprécisions, une base de documentation utile pour situer chronologiquement les principaux événements qui concernent le Parti radical, de 1955 à 1975. Pour une analyse approfondie de cette période d'histoire radicale il faut utiliser de toute évidence les autres documents qui se trouvent dans les ARCHIVES DU PARTI RADICAL, et notamment "Les nouveaux radicaux" (1318 > 1327).
(ADP - Archivi di documentazione politica - La documentazione italiana editrice, 1975)
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1969
Le 16 avril, au cours d'une conférence de presse, Mellini proposa un référendum national pour l'abrogation du Concordat entre l'Etat italien et l'Eglise catholique. Le leader radical annonça à ce propos que cette initiative aurait été prise dés que la Chambre aurait approuvé la loi de mise à effet de l'article 75 de la Constitution sur le référendum abrogatif, déjà votée par le Sénat. Mellini annonça en outre que la récolte des signatures nécessaires aurait commencé "tout de suite" de la part des "organisations populaires qui partagent certains jugements sur le cléricalisme de notre pays". Mellini conclut en affirmant que la position anti-concordataire était partagée par diverses forces politiques.
Les 1, 2 et 3 novembre se tint à Milan le VI Congrès du Parti radical, auquel participèrent de nombreux inscrits et représentants du PCI et du PSIUP. Au terme des travaux on approuva à grande majorité la motion politique illustrée par Marco Pannella, laquelle confirmait la nécessité de continuer l'action pour l'abrogation du Concordat entre l'Etat et l'Eglise et le développement des initiatives antimilitaristes, ainsi que la relance de l'action pour le divorce. Elle confirmait ensuite la condamnation définitive du centre-gauche et toute forme de collaboration avec la DC, définie parti "clérical et faisant une politique de classe", et concluait en soulignant l'importance des batailles pour les droits civils visant à abolir l'oppression et l'exploitation. Angelo Bandinelli fut élu Secrétaire du parti; Roberto Cicciomessere, trésorier; et membres de la Direction, Teodori, Pannella, Mellini, Ramadori, Strik Lievers, Del Gatto, Rendi, Pesci, Spadaccia, Landi, Sabatini, Pergamo, Dessy.
Le Secrétaire du Parti radical Angiolo Bandinelli confirma le 15.11.1969 que dès que la loi instituant le référendum aurait été approuvée, le Parti radical aurait présenté une demande de référendum abrogatif du Concordat. Et il ajouta que cet acte voulait signifier une alternative populaire aux négociations diplomatiques avec le Saint-Siège, destinées à se conclure par un renforcement du système concordataire instauré par les fascistes et par le pouvoir clérical qui se fondait sur eux.
Suite au suicide de Giuseppe Pinelli durant un interrogatoire au Parquet de Milan, alors qu'on l'accusait des attentats à la dynamite du 12 décembre, le Secrétaire du PR Bandinelli demanda que toute la lumière soit faite outre que sur les attentats et sur les mandants également sur les méthodes de la Police au cours des interrogatoires, des gardes à vue et des perquisitions et il critiqua les déclarations faites par le fonctionnaire du parquet Calabresi, d'après lequel le geste de Pinelli équivalait à une confession de culpabilité.
1970
Dans une déclaration successive, faite le 7 janvier 1970 avec les anciens secrétaires du Parti Pannella et Spadaccia, Bandinelli, à propos des détentions prolongées des responsables présumés des attentats susdits, affirma que l'on continuait "manifestement à dégrader les accusés à pur objet passif d'une manipulation objective même si non intentionnelle de la vérité", renforçant ainsi tous les doutes sur le travail de la police et de la magistrature. Le Parti radical - concluait la déclaration - demandait par conséquent officiellement "que les droits de la défense soient immédiatement et fondamentalement respectés, au-delà de toute tactique qui risque de devenir une connivence inacceptable avec un système qui va par contre résolument dénoncé et remplacé par une légitimité constitutionnelle et républicaine plus claire".
Un communiqué du Secrétariat national du parti annonça que, répondant à un appel reçu par le Parti radical et par l'Association italienne pour la liberté religieuse (ALRI), le 11 février 1970 s'étaient déroulées pour la première fois dans près de 30 villes italiennes des manifestations anti-concordataires auxquelles avaient adhéré, en plus du syndicat national de l'école CGIL, les fédérations de la jeunesse du PSI et du PRI, des groupes et des revues catholiques comme 'Questitalia' et de nombreux cercles et associations de base dans toute l'Italie.
Trois jours plus tôt, en outre, le Parti avait affirmé que, au moment où les négociations aurait été ouvertes pour la formation d'un gouvernement quadripartite (le 7 février le gouvernement 'monoparti', la DC avec Rumor, avait en effet démissionné), il aurait demandé l'approbation rapide du référendum populaire pour arriver par conséquent à l'abrogation du Concordat entre l'Etat et l'Eglise.
Avec une autre note du 9 mars le Parti radical, après avoir dénoncé la "pressante action vaticane de chantage" sur la constitution du nouveau gouvernement et sur la question du divorce (voir: Activité politique), soutenait que le plus grand soutien et la plus grande stimulation devaient être donnés à la bataille quotidienne de la Ligue italienne pour le divorce (LID) à laquelle il appartenait, en dernière instance, d'apprécier "n'importe quelle solution à laquelle pourraient aboutir, sur ce sujet fondamental, les négociations pour le gouvernement". Mais si résister était un "fait nouveau" pour la classe dirigeante italienne - poursuivait la note - pour l'opinion publique il s'agissait désormais de passer à la contre-offensive, en contestant au Saint-Siège "d'avoir abusé de la juridiction ecclésiastique en matière de mariage, instaurant de fait une gestion cléricale du divorce à travers la multiplication des annulations".
A propos de la formation du nouveau gouvernement Rumor annoncée la veille, le Secrétaire du Parti Bandinelli relâcha le 28 mars une déclaration dans laquelle on disait que la crise "qui s'était heureusement conclue avec le nouveau quadriparti avait été plus qu'autre chose la crise d'un équilibre politique vicennal qui avait eu comme axe fondamental la DC et ses méthodes de gestion, fondées sur la politique de classe et surtout cléricales, de la société italienne. La constitution du nouveau groupe - ajoutait-il - représentait seulement un moment d'arrêt dans la crise du régime démocrate chrétien car il aurait été chaque jour plus difficile de réprimer, avec la violence ou dans les procès, les mouvements de renouvellement et de lutte qui secouaient le Pays et dont la LID, mouvement unitaire de masse, était "un exemple vraiment extraordinaire". Les 9 et 10 mai se déroula à Rome le VII Congrès extraordinaire du Pari radical, convoqué par décision unanime de la Direction dans le but d'examiner la situation en vue
des élections régionales et administratives du 7 juin. La relation fut faite par Marco Pannella qui, après avoir critiqué le fait que dans la campagne électorale en cours, les moyens d'information de masse étaient réservés uniquement aux partis représentés au Parlement, avec l'exclusion conséquente des autres forces politiques, analysa l'attitude des différents partis sur les thèmes de l'engagement radical et évalua positivement l'attitude du PSI à l'égard du Concordat. Après un débat intense de deux jours, le Congrès décida de ne pas présenter ses propres listes, ni des candidats dans celles d'autres partis, et de faire voter bulletin blanc. Cette décision, on le soulignait, ne devait absolument pas être interprétée comme une prise de position anti-électorale et anti-parlementaire, mais comme la preuve que le Parti radical entendait lutter politiquement aussi pour l'affirmation de règles démocratiques effectives et pour le respect des droits constitutionnels et civils des citoyens. La motion conclusive du
Congrès, votée à très large majorité, décida cependant, en considération de la position assumée par le PSI sur les problèmes du divorce, de l'abrogation du concordat et de l'objection de conscience, que le secrétaire national radical proposerait au PSI "une plate-forme de requête qui, si elles seront accueillies, autoriseront la Direction du parti lui-même à engager les radicaux à côté et pour le PSI, durant la présente campagne électorale". Le Congrès, pour que se vérifie cette hypothèse subordonnée, établit pour délai la date du 15 mai. Le congrès vota aussi pour finir une motion de dénonciation pour l'exclusion de la propagande électorale à la radio et à la télévision de toutes les forces politiques autres que les partis représentés au Parlement.
Ce document fut illustré le 12 mai au Président de la Chambre Pertini par une délégation du PR qui - précisait un communiqué du PR - souligna aussi que l'action entreprise par le parti, "contre ce qui est désormais un véritable syndicat des partis", visait à défendre les fonctions potentielles du Parlement "contre l'avilissement de la cristallisation du pouvoir dans un équilibre corrupteur et fondamentalement de régime". Comme l'avait décidé le Congrès, le 16 mai fut conclu l'accord pour les élections régionales et administratives du 7 juin entre les Secrétariats politiques du PR et du PSI. Celui-ci - rendu possible par la convergence sur certains points qualifiants, bien que dans l'autonomie et la différence des positions politiques respectives - se traduisit par le soutien du PR à la campagne électorale du PSI et par une indication de vote pour les listes socialistes. Les deux partis s'étaient en effet accordés sur les nécessités suivantes: 1) mener rapidement à terme le cheminement parlementaire de la loi
pour le divorce avec l'inscription de la loi elle-même au premier point de l'ordre du jour du Sénat et avec la poursuite du débat jusqu'au vote conclusif, sans interruptions et avant la suspension des travaux pour les vacances d'été; 2) contraster toute hypothèque sur l'autonomie et la laïcité de l'Etat et développer en ce sens le débat dans le pays; c'est dans ce cadre que se situait aussi bien l'adhésion donnée depuis longtemps, à titre personnel, par plus de 30 parlementaires socialistes au "Comité de soutien à la campagne pour un référendum abrogatif du Concordat" promue par le PR, que la campagne pour la récolte des signatures lancée dans ce but par la LID d'entente avec les radicaux; 3) proposer la révision immédiate des critères d'accès aux émissions politiques de la RAI-TV pour assurer une confrontation démocratique entre toutes les forces politiques; dans ce but les deux partis auraient pris toutes les initiatives nécessaires pour qu'avant le 7 juin une émission fut réservée aux forces extraparleme
ntaires; 4) arriver avec urgence à la reconnaissance législative de l'objection de conscience avec l'engagement conséquent, de la part des groupes parlementaires socialistes, d'accélérer la discussion en commission et de faire discuter par le Parlement les projets de loi sur l'"objection" avant fin septembre.
Sur la signification de l'accord, Pannella déclara à l'ADN-Kronos qu'avec lui on affrontait "les contenus les plus authentiquement socialistes et unitaires des deux partis et l'apparition de perspectives alternatives au vieil équilibre de régime". Sur le divorce, sur le Concordat, sur l'objection de conscience, "sur la correction du jeu démocratique" - ajouta-t-il - cette rencontre allait au-delà, pour toutes les forces de mouvement et de réforme radicale, d'un échange limité de collaboration électorale.
Le 5 juin le PR adressa un appel aux Directions nationales du PCI, PSIUP, PSI, PRI, PLI et PSU pour que dès ce moment-là - indépendamment du résultat des élections - ils s'engagent à une "trêve laïque" pour l'approbation du projet de loi sur le divorce. Le Parti radical, en effet, reconnaissant dans une crise de gouvernement l'arme principale qui restait aux forces anti-divorce pour essayer d'empêcher la conclusion du débat et le vote du projet, invitait le mouvement laïque et pro-divorce à "lutter" contre la perspective d'une telle crise après le 7 juin et avant que le divorce ne soit approuvé.
Et la crise gouvernementale fut effectivement ouverte le 6 juillet 1970 par les démissions de Rumor. Le même jour le représentant de la Direction radicale, Marco Pannella, commentant les démissions soudaines du gouvernement, déclara qu'"une froide et folle détermination" semble avoir réuni "ceux qui exigeaient de toute façon une satisfaction anti-socialiste" et ceux qui, quelques jours après le vote sur le divorce au Sénat, pouvaient "offrir au Vatican un espoir raisonnable d'enterrement" de cette réforme laïque. Les radicaux, qui avaient combattu la campagne électorale avec le PSI, trouvaient une confirmation - d'après Pannella - de l'exactitude de leur choix, car le PSI, outre que les masses populaires et la nouvelle gauche extraparlementaire avait "une responsabilité centrale" pour toute la gauche italienne.
Le Pr adressa un appel aux partis laïques pour qu'à l'occasion du 20 septembre et en vue du débat sur le divorce on précise les objectifs essentiels et l'on corrige la méthode avec laquelle de la Résistance jusqu'alors on avait affronté la confrontation avec le "parti Vatican". Dans l'appel le Secrétaire Bandinelli proposa: le renforcement de l'initiative pour le référendum abrogatif du Concordat; la présentation au Parlement d'une loi de révision constitutionnelle pour l'abolition de l'art. 7 et une demande à l'Exécutif avec une motion au Parlement de dénonciation unilatérale des Pactes de Latran parce qu'ils ne répondaient plus aux exigences et aux nécessités de l'Etat. Mauro Mellini et Marco Pannella illustrèrent ensuite le 7 octobre les raisons de leurs démissions, respectivement de président et secrétaire de la LID, affirmant que la bataille pour le divorce était désormais conclue dans sa phase de masse et que la parole était donc passée à la classe politique et au Parlement. N'appartenant donc pas eux-
mêmes ni à l'une ni à l'autre, il n'y avait plus les conditions objectives qui les avaient amenés à exercer une activité d'initiative pour la LID, avec d'autres amis de la Présidence et du Secrétariat national.
Une déclaration à propos de l'accord atteint entre les différents politiques sur le thème du divorce fut signée par le Secrétaire général du PR et par les membres de la Direction le 8 octobre. Après avoir rappelé que les députés contraires au divorce ne pouvaient pas ne pas craindre un résultat négatif après le vote du 1 octobre, la déclaration affirmait que l'accord atteint par les partis laïques, même s'il ne résolvait pas le grave inconvénient de laisser le problème en suspens, pendant des semaines et des mois, sans vraie nécessité, et même s'il rompait en quelque sorte avec la clarté et la publicité exemplaire avec lesquelles avait été menée jusque-là la bataille pour le divorce, permettait même toutefois d'espérer un vote positif de la part du Sénat. Toujours à propos du problème du divorce, la Direction radicale, réunie le 12 octobre, confirma son jugement sur la nécessité d'une reprise immédiate au niveau populaire de la lutte pour le divorce et contre le Concordat.
Le VIII Congrès du Parti radical s'ouvrit le 1 novembre à Naples en présence de près de 80 délégués et de représentants des mouvements laïques qui identifiaient leur politique avec celle du PR: le Secrétaire national Bandinelli déclara, parlant sur le thème "Le divorce et les initiatives laïques et libertaires pour 1971", qu'au moment où la bataille pour le divorce arrivait à son terme, la bataille pour l'abrogation du Concordat comptait déjà sur le soutien de soixante-dix parlementaires et de 23 mille citoyens qui avaient signé la demande d'abrogation des Pactes de Latran.
Dans la matinée du 2 on proposa que l'initiative de la récolte des 500 mille signatures pour le référendum abrogatif fut menée par la LID en collaboration avec les syndicats sur les lieux de travail, tandis que dans l'après-midi une commission présidée par Mauro Mellini, président de la LID, examina le problème de l'abrogation des Pactes de Latran. Pour finir la discussion s'axa le lendemain sur la révision du Concordat et sur la libération de la femme, encore objet de conditionnements inacceptables. La motion conclusive, approuvée à l'unanimité dans la nuit du 3, indiqua les objectifs suivants à réaliser en 1971: 1) poursuivre l'organisation du référendum abrogatif du Concordat; 2) promouvoir la contestation et l'abrogation des fêtes du 11 février et l'action pour le refus de l'enseignement confessionnel dans les écoles; 3) renforcer l'engagement antimilitariste du parti en patronnant la cinquième marche antimilitariste (et considérant l'éventualité de transférer l'itinéraire de Milan-Vicenza préférablement
en Sardaigne eu égard à la lutte antiautoritaire du groupe radical sarde), convoquant le 3ème Congrès antimilitariste et assurant l'engagement pour la liaison avec les organisations internationales et étrangères; 4) imposer la discussion devant les Chambres des projets de loi sur l'objection de conscience, faisant introduire l'amendement qui sanctionnait la déduction des frais pour le service civil du budget du Ministère de la Défense; 5) assurer la publication d'un "Libre blanc" sur les structures militaires et les procédés colonialistes de la région sarde; 6) organiser des instruments précis d'action commune avec les groupes politiques à l'extérieur du parti, comme la LID, l'ALRI, la gauche libérale, la FGR et les groupes libertaires. Au terme des travaux le Congrès élût les nouveaux organes dirigeants: secrétaire national, Roberto Cicciomessere; trésorier, Marco Pannella; Direction nationale, Bartoletti, Sabatini, Pannella, Spadaccia, Mellini, Bandinelli, Sircana, Rendi, Cancellieri, Lancini, Pesci, Cors
ale, Spaccialbelli, Turone, Landi, Teodori, Pergamento, Dessy, Spadaccia. Le nouveau secrétaire national Cicciomessere proposa ensuite les noms du nouveau comité exécutif, qui fut en effet ratifié par le Congrès: Bandinelli, Mellini, Spadaccia, Sabatini, Pesci, Cancellieri, Rendi.
Le 3 décembre une délégation du Parti radical adressa au Parquet général de la République un mémoire contre la CEI (1) et les évêques qui en faisaient partie pour l'intervention sur la question du divorce (Cf.: CEI et Divorce). Dans un des ses communiqués, la LID affirmait que dans la plainte on soulignait la violation manifeste de l'art. 43 du Concordat, second alinéa (qui interdisait aux ecclésiastiques non seulement de s'inscrire mais aussi de militer pour n'importe quel parti politique) et aussi de l'art. 327 du C.P. (car on incitait au mépris des institutions parlementaires).
1971
Toujours dans le cadre de la lutte en faveur du divorce et de la révision du Concordat, le 7 janvier 1971 la Direction du PR, réunie à Sulmona, décida de convoquer une assemblée permanente de base qui à partir du 18 janvier aurait assuré "une contribution essentielle à la lutte pour la révision du Concordat".
"L'unité laïque - précisait un communiqué rédigé à cette occasion - est une arme irremplaçable de cette bataille. Le front laïque parlementaire des forces démocratiques traditionnelles est ce que celles-ci ont le devoir d'assurer, comme cela s'est déjà passé pour le divorce".
Encore en matière de référendum anti-divorce, le PR réagît promptement à la nouvelle selon laquelle les dirigeants de la CEI, au terme des travaux du Conseil, auraient décidé d'appuyer, fondamentalement même si non officiellement, les groupes qui étaient en train de se battre pour le référendum abrogatif. Marco Pannella déclara en effet le 8 février que tout engagement en ce sens de la part des "organisations confessionnelles, ecclésiastiques, d'assistance et d'action catholique devait être considéré comme une violation manifeste et une dénonciation pratique du Concordat". Pannella ensuite, se référant notamment à la partie du communiqué de la CEI qui accusait la loi Baslini-Fortuna d'être parmi les pires lois au monde et de provoquer la catastrophe de la famille italienne, annonça qu'il avait envoyé ce document au Parquet général de la République de Rome car ces interventions pouvaient représenter des violations manifestes de la loi. A la même occasion le représentant radical rappela que le 14 février à Mil
an aurait lieu une grande manifestation anti-concordataire qui aurait été "une première réponse objective aux évêques italiens, s'ils s'engageront vraiment sur le chemin téméraire de l'illégalité et de la prévarication".
Dans un communiqué émis le 16 mars. le PR annonça qu'il aurait adressé dans les plus brefs délais au Procureur général de la République de la Cour d'Appel de Rome "un mémoire contre le président de l'ONMI (2) , Angela Gotelli et contre les préfets de Rome qui dans les années 60 ont couvert de façon systématique l'exploitation honteuse de la maternité et de l'enfance, ne manquant pas aussi de souligner le comportement tout à fait particulier du Parquet de la République de Rome durant période en question". Après avoir exprimé ensuite sa protestation pour la façon dont était en train de se conclure le procès Petrucci (sur lequel le PR avait attiré ensuite l'attention du Parquet général), le communiqué faisait remarquer le fait que l'OMNI ne s'était même pas constitué partie civile et que le député Gotelli à partir du jour de son élection avait "systématiquement ignoré et couvert les plus graves accusations faites à divers dirigeants cléricaux et divers instituts sous-traitant l'assistance.
Les raisons qui avaient poussé le Secrétaire du Parti radical italien, Roberto Cicciomessere et Mauro Mellini de la Direction nationale du parti, à adresser un mémoire au juge Infelisi et, pour connaissance, au Parquet général de la République sur le scandale de l'assistance publique, furent expliquées dans un communiqué du Parti radical, émis le 16 avril. A ce propos le communiqué, après avoir affirmé que "l'attitude provocatrice" du député Gotelli, président national de l'OMNI qui, "appuyé en cela par les notes du Vicariat de Rome et par "L''Osservatore Romano" lui-même, se disait persécuté par le juge Infelisi, "doit être fermement repoussée et contrebattue", dénonçait "les graves crimes de ces gangsters de l'assistance qui sévissent dans toutes les structures d'assistance, non seulement de Rome, effectuant une spoliation de centaines de milliards aux dépends de l'Etat et de la collectivité, sur le dos des classes les plus pauvres et ayant le plus besoin d'assistance, dans le seul but évident de garantir
la gestion d'une machine de pouvoir nécessaire à la DC et au Vatican".
Le fait que la base et le fondement de ce véritable racket clérical de l'assistance appartenaient dans son utilisation, à des fins de pouvoir, à la DC et au monde ecclésiastique, ressortait très clairement - toujours d'après le communiqué du PR - de la lettre, rapportée elle aussi dans le mémoire, envoyée par le maire Darida au député Fanfani (3), au député Forlani (4) et au député Jervolino en mars 1963 où, se référant à des voix parvenues concernant un éloignement possible de Dario Morgantini du poste de commissaire extraordinaire de la fédération romaine de l'OMNI, il affirmait que cela sous-entendait une attaque d'un autre courant de parti contre les "positions électorales" du groupe de Fanfani et une tentative évidente de prendre possession d'un organisme défini, sans périphrases, "un instrument trop important" en vue des imminentes élections politiques.
"Dans la même lettre - concluait enfin le communiqué - on affirmait ensuite que la fédération "est un organisme politiquement très important, dirigée par un ami de notre courant" et que "à la veille des élections politiques tout le monde s'est rendu compte de l'importance de cet instrument et qu'une lutte furibonde est née pour en prendre possession. La tentative a été facilitée par la nomination récente, à la présidence centrale de l'OMNI, du député Gotelli".
Le lendemain un communiqué du PR exprima la satisfaction du parti pour le jugement de la Cour constitutionnelle qui légitimait la propagande anticonceptionnelle. Dans les déclarations du secrétaire national Roberto Cicciomessere et du trésorier Marco Pannella on affirmait que le jugement était une grande victoire des masses et que le Parti radical aurait appuyé le projet de loi unique pour une nouvelle discipline dans l'éducation démocratique et pour la discipline et l'assistance clinique de l'avortement, présenté par le Mouvement de libération de la femme.
Le PR annonça le 23 mars de ne pas avoir été invité à participer au congrès du PSIUP, "parti avec lequel il y a eu autrefois des moments d'étroite collaboration", et indiqua parmi les raisons possibles de la non-invitation la participation au congrès social-prolétaire, en tant que chef de la délégation tchécoslovaque, de Jean Havelka, un des plus durs adversaires du printemps de Prague. Selon le communiqué radical, tous ceux du Pr qui auraient été désignés pour participer au congrès du PSIUP, n'auraient pas manqué de dénoncer "la présence indigne" de Jean Havelka.
A propos de l'ordre du jour voté par la Chambre le 7 avril 1971, selon lequel le gouvernement italien était invité à promouvoir les négociations bilatérales avec le Saint-Siège pour la modification du Concordat, Roberto Cicciomessere déclara que "l'approbation de la motion qui défère au gouvernement l'instauration des négociations pour la révision du Concordat, au mépris de la requête légitime d'un examen constitutionnel préalable, de la part du Parlement républicain, est une confirmation scandaleuse des contenus illibéraux de la répartition du pouvoir en acte entre cléricaux démocrates chrétiens et bureaucrates du Parti communiste". Le secrétaire national du PR confirma à cette occasion que l'objectif qui aurait été poursuivi avec intransigeance par le PR, de façon profondément unitaire et de base, aurait été le référendum abrogatif des lois de réalisation du Concordat, même si elles étaient revues et corrigées.
En définissant comme "une initiative juste et nécessaire" la présentation de la demande de référendum abrogatif des lois relatives aux délits d'opinion et syndicales, une demande souscrite aussi par le Pr, le secrétariat et la direction du parti dénoncèrent cependant âprement l'absence totale en Cour de Cassation de représentants du PCI et des syndicats.
Selon les radicaux, la non-adhésion des communistes était une confirmation très grave de l'aversion de la direction communiste pour n'importe quelle initiative qui comportait et s'en remettait à une mobilisation non subalterne et d'exploitation, et à la participation et à la gestion responsable des grandes masses populaires à la construction d'une alternative démocratique et socialiste. La non-adhésion à l'initiative des magistrats démocratiques était en effet, et explicitement, due à la méfiance pour l'utilisation de l'instrument du référendum, c'est-à-dire pour une participation moins déléguée à la fonction législative de la part du peuple. Pour la même raison le PCI se serait opposé à la campagne pour un référendum abrogatif des lois de réalisation du Concordat (que des dizaines de milliers de communistes avaient signé), il aurait interdit et empêché des grandes manifestations populaires sur les thèmes de l'internationale socialiste et prolétaire; et pour les mêmes raisons, c'est-à-dire pour les exigences
d'une politique qui avait de plus en plus besoin d'assumer des caractéristiques de direction et oligarchiques, le PCI se serait alligné, récemment, sur la position "de ceux qui ont voulu liquider avec un débat parlementaire fantôme et honteux l'affrontement entre laïques et cléricaux sur le thème du Concordat, c'est-à-dire sur le thème des rapports entre les grandes masses démocratiques, socialistes d'extraction catholique et d'extraction laïque". Quant aux syndicats, le communiqué radical affirmait que leur absence ne pouvait être attribuée qu'à des sujétions persistantes à l'égard de la direction du PCI ou de la DC".
Le 10 mai le Secrétaire du PR porta plainte pour faux témoignage contre le vice-questeur de Rome Giovanni Zampano, "parce que ce dernier avait affirmé - au cours d'un procès qui se déroulait à la quatrième section du Tribunal de Rome - que le PR est responsable des incidents qui ont eu lieu à un meeting du général Di Lorenzo au cours des dernières élections politiques".
En signe de protestation contre les positions de désintéressement que les partis laïques parlementaires avaient assumé à l'égard des groupes qui recueillaient les signatures pour la demande de référendum abrogatif de la loi sur le divorce, des représentants du PR brûlèrent le 11 juin sur la Place Navona leurs propres certificats électoraux. Par la suite, pour commenter la déposition auprès de la Cour de Cassation des signatures d'adhésion au référendum anti-divorce, Pannella confirma en premier lieu que le référendum contre le divorce était inconstitutionnel car il était inadmissible que l'on soumette à la loi du nombre des droits fondamentaux de conscience, religieux et civils; et en second lieu que le référendum, ainsi qu'il avait été demandé, était vicié à la base par des illégalités énormes, par des violations du Concordat, et souvent aussi par des délits précis.
A propos de l'intention de l'Eglise de "promouvoir, organiser, gérer un référendum abrogatif de la loi Fortuna-Baslini", le secrétaire national du PR avait déjà souhaité de son côté (ADN-Kronos 8.6.1971) que le Sénat ne fut pas exclus de la "responsabilité d'un débat sur le thème fondamental des rapports entre l'Etat et l'Eglise" et avait jugé "impensable" que le Parlement permette au gouvernement, dans de telles conditions, d'entamer des pourparlers avec le Saint-Siège pour la confirmation du Concordat et du Traité.
Le 27 juillet un communiqué annonça que le PR aurait promu toute initiative ultérieure pour que la loi Anderlini sur l'objection de conscience soit repoussée par la gauche au Parlement italien, car cette mesure appartenait à la sphère "des bonnes intentions que la gauche italienne affirme désormais depuis des années alors que les situations, les événements, la logique des choses la dépassent et en rend vain les efforts". Le communiqué annonçait d'autre part que les radicaux et les groupes antimilitaristes auraient continué à se battre pour une vraie loi antimilitariste pour l'objection de conscience, conforme aux exigences et aux luttes démocratiques, qui demanderait, au moins et en même temps, la réduction des allocations de la défense d'un montant équivalent aux objections.
Successivement (22/09), à l'occasion du débat à la Chambre sur la loi Anderlini, la Ligue pour la reconnaissance de l'objection de conscience organisa un débat au siège du Parti radical. Marco Pannella définît absurde et illogique la faculté que l'on voulait attribuer au Ministère de la défense d'évaluer, grâce à une commission, l'authenticité des raisons présentées par les objecteurs; il en serait né des enquêtes à caractère punitif et une non-reconnaissance des objecteurs.
Le 21 août le PR organisa une manifestation de protestation pour le troisième anniversaire de l'invasion de la Tchécoslovaquie; elle était annoncée par un communiqué du parti dans lequel, en plus de critiquer durement l'action "des armées unifiées des pays socialistes", on exhortait l'opinion publique démocratique italienne à demander la libération des prisonniers politiques tchécoslovaques et à dénoncer "la dure politique anti-populaire de répression mise en acte par Husak et ses complices".
Au début du mois d'octobre (7.10.1971), suite aux déclarations (Il Messagero, 8.10.1971) du président du groupe parlementaire DC, Andreotti (5), et du Communiste Natta sur le référendum pour le divorce, la polémique se ralluma sur ce problème délicat. Le Parti radical pris position en dénonçant "l'opération clérico-fasciste sur le divorce et le référendum, qui prouve comme l'accord historique entre catholiques et communistes, c'est-à-dire entre cléricaux et bureaucrates du PCI, peut être réalisé uniquement au plus bas niveau de la négociation de pouvoir avec le désaveu définitif des valeurs laïques et démocratiques". Ayant remarqué que la thèse selon laquelle on pouvait améliorer la loi Fortuna était fausse, le PR rappelait qu'empêcher la réalisation d'un référendum signifiait abroger la loi qui devait faire l'objet de la consultation populaire (selon l'art. 39 de la loi instituant le référendum), dans ce cas la loi Fortuna. Selon le PR, les négociations en cours entre la DC et le PCI confirmaient l'hypothès
e du référendum comme instrument de chantage qui devait servir à l'Eglise pour annuler la conquête du divorce et négocier sur des positions de force la révision du concordat. Dans cette situation le PR s'en appelait au PSI, le considérant comme l'élément décisif pour empêcher de telles manoeuvres. Un article paru sur L'Unità du 9 octobre, définissait "un épisode de canaillerie politique les calomnies de certaines personnes qui savent parfaitement que sans le PCI et sa politique, capable d'amener à un dialogue et à une entente avec les catholiques démocratiques, il n'y aurait pas eu de divorce en Italie". De son côté, le Pr confirma sa conviction que le PCI menait sur le divorce, sur le référendum et sur les rapports entre l'Etat et l'Eglise, "une politique opportuniste et aventureuse" qu'aucun congrès ni Comité Central n'a autorisé".
Le 13 octobre se réunît la Direction du parti qui décida de convoquer le X Congrès pour le 31 octobre sur le thème "sans le parti laïque on ne construit ni une alternative de gauche, ni la société socialiste et libertaire". Au congrès auraient participé aussi des représentants laïques non radicaux, des militants et des représentants du Mouvement de libération de la femme (MLD), de la LID et de l'Association pour les libertés religieuses en Italie (ALRI).
Au cours de la réunion, Mellini soutint la nécessité d'un congrès visant à renforcer le PR et à permettre à l'opinion démocratique et aux milieux militants laïques et libertaires de prendre conscience de l'exigence de donner au PR leur soutien et leur pleine et responsable adhésion. La prise de position de Mellini se référait notamment à un article paru sur "Nouvelles Radicales" et signé Marco Pannella dans lequel on proposait au Congrès de prendre en considération l'hypothèse de la dissolution du parti. Selon Pannella le PR risquait d'être renversé par le succès, inattendu pour la plupart, de sa proposition et de ses méthodes politiques, et de devenir, à cause de l'insuffisance des énergies qui actuellement y confluent, "un doseur involontaire des revendications alternatives contre le régime, et un alibi de son involution corporative, autoritaire, populiste et philo-cléricale".
Le X Congrès radical commençait le 31 octobre ses travaux à Rome. Dans la relation d'introduction de Marco Pannella, après avoir proposé de considérer dépassées les raisons et les possibilités d'existence du parti, on faisait un bilan de près de dix ans d'activité en affirmant qu'il se terminait en actif. Pannella rappelait les nombreuses initiatives des radicaux, de celles pour le divorce à celles contre le Concordat, à la formation des premiers "noyaux importants" d'une politique antimilitariste "qui n'existe plus depuis le début du siècle". Parlant des attaques faites au PR et à la LID par la presse communiste, il affirmait: "Nous avons été favorables ces années-ci, après le message de tolérance de Jean XXIII, à la république conciliaire, si celle-ci, comme nous le pensons, voulait dire la conquête, également pour les catholiques, des valeurs de liberté et de laïcisme. Celle qui par contre nous est proposée aujourd'hui est en fait une république néo-concordataire, fondée sur la rencontre de pouvoir avec l
es plus hautes autorités de l'Eglise et de la Démocratie chrétienne". Intervenant dans le débat qui avait suivi la relation de Pannella, Fortuna soutint la nécessité de mener à fond la bataille laïque pour éviter la dénaturation de la loi sur le divorce. Dans la seconde journée des travaux le débat continua sur la relation de Pannella et sur celle de Cicciomessere; l'hypothèse d'une dissolution du parti fut repoussée par la majorité des délégués. Notamment, l'ancien secrétaire national Mellini affirma que le PR exprimait désormais des positions enracinées dans le pays, de résistance et d'opposition à la résignation de la gauche à l'égard du pouvoir clérical. "Il est donc impossible - ajouta-t-il - ne serait-ce que de penser à une dissolution, parce que ces positions continueraient à résister de toute façon, mais sans les structures du Parti radical, elles seraient affaiblies et perdantes". Un seul délégué, Antonio Tamburlini, concorda avec la thèse de la dissolution, invitant le Congrès à prendre en considér
ation la proposition d'adhésion au PSI.
Au terme des travaux (3.11.1971) on rendit publique le texte du document conclusif qui, après avoir repoussé toute hypothèse de dissolution du PR, annonçait l'engagement de mettre à effet la charte statutaire et le renforcement politique et d'organisation du parti; après une allusion positive à la LID pour le travail qu'elle avait accompli contre le référendum, le Congrès prenait acte de l'attitude prise par les partis laïques et parlementaires, en premier lieu par le PCI, qui s'est révélé avoir une importante co-responsabilité dans l'initiative; par conséquent le Pr considérait que le référendum, abstraction faite de la prononciation de la Cour Constitutionnelle, devait avoir lieu et être affronté. Pour finir le document confirmait l'urgence du renforcement du parti, comme condition essentielle de lutte, sans quoi sa bataille n'aurait pas été autre chose que pur témoignage ou fait moral, "politiquement et irrémédiablement perdue".
Le Congrès veilla aussi au renouvellement des charges directives de la manière suivante: Angelo Bandinelli fut élu nouveau secrétaire politique; Ramadori fut élu trésorier; et on élût les neuf membres du Comité et ceux de la Direction.
Le 22 décembre, à l'occasion des élections présidentielles, le PR diffusa un communiqué où il accusait les partis laïques d'être discordants uniquement dans le choix des hommes et des courants de la DC, comme points obligés de leur initiative, alors qu'ils apparaissaient unanimes pour considérer non-proposable toute ligne politique clairement et publiquement laïque pour l'élection du Président de la République. Le communiqué concluait en invitant à voter Nenni, Pertini (6), La Malfa ou Branca.
1972
Du 4 au 6 janvier 1972 se tint à Chianciano une réunion de la Direction; au cours de la réunion on décida que "vue l'impossibilité de continuer à confier des batailles d'alternative au système et au régime uniquement à la gestion des directions bureaucratiques et des appareils des partis de gauche, le Parti radical indique dans les élections un moment de confrontation avec la réalité politique et avec les problèmes que le développement de la démocratie comporte". A ce propos le PR annonça qu'il aurait présenté, pour la première fois depuis sa constitution, ses propres listes aux élections politiques de 1972; on invitait par conséquent tous les groupes et les militants du parti à se préparer à la présentation des listes électorales, également en collaboration avec le mouvement laïque et des droits civils du pays. Le communiqué se référait ensuite à certains aspects des élections présidentielles, et remarquait que ces élections avaient confirmé la dépendance fondamentale de la stratégie globale du monde cléric
al, 'classiste' et corporatif représenté par la DC, des partis qui auraient dû développer les instances et les traditions laïques. Une prise de position énergique des radicaux fut enregistrée le 17 janvier à l'occasion de la diffusion d'un document de la CEI sur le problème de l'avortement. Le PR soulignait la nécessité absolue d'une législation qui libérât la responsabilité de la maternité pour mettre fin "aux crimes qui sont perpétrés quotidiennement dans notre pays sur des millions de femmes exclues de l'assistance". D'autres interventions polémiques du PR furent enregistrées à propos de la condamnation de l'ancienne religieuse Pagliucca (15.1.1972) et de certains représentants du parti parmi lesquels M. Pannella et Loteta (25/1) accusés de calomnie, outrage et diffamation aggravée du Président de la Cour d'Assises de Rome. A l'occasion de l'anniversaire de la signature des Pactes de Latran, le PR diffusa un appel dans lequel on invitait les citoyens laïques et démocratiques à montrer leur ferme oppositio
n "aux festivités avec lesquelles on imposait à la société civile et à l'Etat, des célébrations qui solennellement uniquement l'accord entre le fascisme et l'Eglise catholique en fonction antidémocratique, anti-libérale et anti-socialiste (11,2,72).
Le 29 février, par rapport à la crise de gouvernement qui avait amené à une dissolution anticipée des Chambres (voir: Gouvernement Andreotti - activité), M. Pannella du comité exécutif du PR, relâcha à la presse la déclaration suivante: "Il est clair qu'à partir de maintenant on pourra toujours gouverner en Italie contre et malgré le Parlement. En installant son gouvernement personnel, auquel nous refusons toute légitimité, le président Leone (7) a créé un précédent d'une énorme gravité; il cesse d'être 'irresponsable', comme le veut la Constitution, et ne peut plus prétendre qu'il est au-dessus des parties, garant de l'unité constitutionnelle du pays... La loi majoritaire de 1953, appelée loi-escroquerie, apparait aujourd'hui comme un exemple d'éthique démocratique: la détérioration de la situation italienne apparait d'autant plus grave que la gauche s'est assumée la responsabilité de ne pas s'opposer cette fois de façon adéquate à une telle opération... Nous sommes désormais dans une situation de régime qu
i voit se réduire son quotient démocratique à presque rien. Les héritiers du parti national-fasciste, le danger pour le République, ce ne sont pas les zouaves pontificaux d'Almirante (8), mais la DC...".
Ces déclarations provoquèrent (15.4.72) la plainte déposée par le député Durand De La Penna pour outrage au Chef de l'Etat. Le secrétaire du Parti, Bandinelli, déclara que malgré tout les radicaux n'auraient pas renoncé à la campagne contre un gouvernement qu'ils considéraient illégal pour les modalités avec lesquelles il avait été constitué.
Entre-temps la polémique avait repris sur les objecteurs de conscience, à propos du procès de 24 jeunes appartenants au PR, au MDL, au mouvement nonviolent et à la Fédération de la jeunesse socialiste (23/3). Le PR diffusa un communiqué où l'on dénonçait "le nouvel acte de répression contre les antimilitaristes radicaux nonviolents" et l'on rappelait que parmi les accusés il y avait, entre autres, également l'ancien secrétaire du parti Cicciomessere détenu dans la prison militaire de Peschiera, "victime de mesures spéciales et vexatoires, dans l'intention évidente de la pousser à des réactions naturelles et justes qui permettraient d'autres procès et des accusations très graves contre lui".
Quant à la formation du nouveau gouvernement, après les élections du 7 mai, une note de "Nuova Repubblica" observait que "l'instinct de conservation et l'appel à la raison devraient conseiller à Saragat (9) de favoriser les efforts d'Andreotti pour la constitution d'un gouvernement de centre, ouvert aux socialistes... Ce choix comporte de jouer sur le risque calculé d'un retour assuré des socialistes au gouvernement, obligés à accepter la présence des libéraux dans la coalition, ou bien subir le chantage des communistes.
Compromettre aujourd'hui la proposition d'Andreotti - poursuivait la note - signifiait brûler pour toujours la possibilité d'un retour des socialistes à la raison, une hypothèse sur laquelle est en train de travailler Nenni, avec peut-être une perspective de succès.
La majorité de la DC et les partis de démocratie laïque, favorisant Andreotti, ne ferment pas la porte aux socialistes mais retirent aux socialistes l'arme d'un 'diktat' qui humilierait à la fois la majorité de la DC et les partis de démocratie laïque".
"Si Andreotti échouait - affirmait encore "Nuova Repubblica" - ce ne sera pas un gouvernement eschatologique d'un seul parti qui naîtra, mais le spectre de nouvelles élections, comme l'a fait entrevoir Forlani dans une réunion des cadres dirigeants de la DC. Aux groupes intégristes de la DC il ne serait pas difficile de convaincre l'opinion publique que la faute de la dissolution des Chambres retomberait sur les partis qui n'ont pas facilité les efforts d'Andreotti; les forces intermédiaires seraient écrasées sous le rouleau compresseur de la DC. Même le MSI n'échapperait pas au désastre: dans ses rangs ne resteraient que les tous fidèles de la première heure. A gauche le PCI bénéficierait du million de voix qui ont été dispersées le 7 mai".
Le 17 juillet, le PR organisa une conférence de presse pour illustrer le programme de la "Sixième marche antimilitariste" qui se serait déroulée de Trieste à Aviano du 25 juillet au 4 août. Marco Pannella énuméra les raisons qui auraient inspiré cette année la marche: affirmation et défense du droit-devoir de l'objection de conscience; abolition des servitudes militaires dans le Frioul-Vénétie-Julie; affirmation du principe et de la méthode de la nonviolence; refus de tous les blocs militaires, OTAN et Pacte de Varsovie en particulier; conversion des structures et des dépenses militaires en structures et dépenses civiles; commémoration des morts de la première guerre mondiale; sortie de l'Italie de l'OTAN; abolition des tribunaux militaires; promotion des droits civils des militaires. Au cours de la manifestation, à laquelle avaient adhéré de nombreux représentants du PSI et d'autres organisations pacifistes, le PR dénonça à plusieurs reprises le comportement des forces de police qui d'après lui "ont essayé
par tous les moyens de provoquer les réactions des antimilitaristes pour interrompre la marche". Le 29 septembre Pannella rendit publique une série d'initiatives organisées par le Parti radical et visant à sensibiliser l'opinion publique et à créer un vaste mouvement pour soutenir les objecteurs nonviolents: extension de l'initiative de désobéissance civile avec le refus de payer les impôts correspondants au budget de la défense et de la justice, jusqu'à la libération de tous les prisonniers accusés du délit d'"objection de conscience"; libération de Valpreda (10) et de ses camarades; initiative de grève de la faim collective à partir du 1 octobre à Rome et dans beaucoup d'autres villes italiennes et, pour finir, une initiative du PR, en accord avec d'autres mouvements pour la nonviolence, auprès des présidences des groupes des Chambres et de la présidence de la Chambre pour obtenir des garanties et des assurances définitives sur un calendrier précis concernant la discussion et le vote des propositions de lo
i sur l'objection de conscience". D'autres manifestations de protestation furent organisées par le PR, pour la concession de la base navale de La Maddalena aux USA (7 octobre 1972).
Un communiqué du parti, diffusé le 10 octobre, annonçait que le onzième Congrès se serait tenu à Turin du 1 au 4 novembre, sur le thème "Refondation ou dissolution".
Le 27 octobre un dur commentaire sur la décision de la Commission Justice du Sénat de renvoyer à la mi-novembre la discussion des mesures de modification de la détention préventive et sur la décision de la Commission Défense du Sénat de renvoyer au 16 novembre le début de la discussion sur le projet de loi pour la reconnaissance de l'objection de conscience arriva du PR et notamment du secrétaire Marco Pannella et de l'objecteur de conscience Gardin, qui effectuaient depuis 27 jours une grève de la faim pour protester: "Arrivés au vingt-septième jour de notre grève de la faim - affirmaient les deux militants radicaux - face à la confirmation de l'irresponsabilité de plus en plus arrogante et désespérante du Parlement vis-à-vis d'un de ses devoirs fondamentaux, mous devons prendre acte du fait qu'il se révèle de plus en plus nécessaire, urgent, prioritaire, d'être jusqu'au fond solidaires avec nos camarades en prison. Par conséquent, tout en étant profondément surpris et navrés que dans un pays que l'on veut
démocratique il soit encore nécessaire aujourd'hui de payer un prix si élevé en défense d'un minimum d'humanité et de justice, de nouveau, après 27 jours, nous devons confirmer notre décision de mener notre forme de lutte jusqu'à ses conséquences extrêmes, ou jusqu'à la réalisation de l'objectif que nous nous sommes fixés". Pour le PR la décision de la Commission Défense "signifie que cette loi risquera encore pendant des années de ne pas être approuvée, que chaque année d'autres siècles de prison seront distribués, que des centaines de camarades languiront dans les prisons militaires, si nombreux et dans de telles conditions que même sous le fascisme cela aurait été inimaginable". Pour surmonter cette situation - affirmaient ensuite les radicaux - il faut que: "a) La Commission Défense du Sénat fixe à trois séances par semaine les temps de discussion du projet sur l'ordre du jour, de façon à remettre à la Chambre la discussion avant le 25 novembre; b) la discussion à la Chambre (pour laquelle il faut compte
r deux jours) doit être terminée avant le 1 décembre; c) la Chambre ne commencera pas ses vacances de Noël avant d'avoir voté sur le projet: il reste plus de trois semaines." Ceci - concluait le communiqué - est techniquement possible. C'est politiquement qu'on ne le veut pas ou qu'on ne le peut pas. Nous confirmons de toute façon notre requête initiale, inévitable, de principe, que quelqu'un de suffisamment autorisé et digne de foi assure une date précise avant laquelle le Parlement, après 25 ans, s'engage à voter sur le statut des objecteurs".
Les travaux du onzième Congrès radical s'ouvrirent à Turin le 1 novembre avec la relation du secrétaire du Parti Bandinelli, qui mit en évidence la façon dont "le Congrès s'axe sur l'alternative 'refondation ou dissolution' du Parti radical. Cette alternative exigeait par conséquent un congrès de médiation et d'approfondissement de la situation réelle et des instruments à disposition, et "ne peut laisser aucune place à des choix émotifs".
Une condition essentielle pour que le Parti ne dut pas se dissoudre était posée par les dirigeants eux-mêmes et concernait la possibilité d'atteindre le chiffre de mille inscrits: Bandinelli communiqua que ce résultat avait été atteint et dépassé. Affrontant ensuite la question du divorce et du référendum, le secrétaire du PR définit "incroyable et absurde" l'attitude de la classe dirigeante de la gauche qui s'inquiète uniquement d'éviter le référendum ou de le retarder d'un an, alors que le changement des équilibres à l'intérieur de la Cour Constitutionnelle intervenu après les élections du 7 mai, menaçait de remettre en discussion la constitutionnalité de l'art. 2 et de la loi Fortuna. Par conséquent dans une telle situation, "la seule solution propre, respectant la Constitution, la souveraineté populaire et celles des institutions républicaines" était celle du référendum, à affronter tout de suite, en juin 1973. Parmi les interventions qui suivirent, il faut enregistrer celles de Cicciomessere, M. Pannell
a et Fortuna.
La seconde journée du Congrès fut caractérisée par le travail des commissions qui devaient affronter les thèmes liés à l'opportunité ou non de maintenir le parti en vie. Trois furent les arguments principaux sur lesquels s'axa l'activité des commissions: "projet anti-institutionnel du parti; les "référendums"; "organisation du parti: droits civils". On discuta ensuite de la grève de la faim de Pannella et Gardin, parvenus désormais à leur trente-sixième jour, que tous furent d'accord de considérer suffisante pour les objectifs qu'elle s'était fixée. Au terme des travaux (3/11) les radicaux décidèrent de ne pas dissoudre le parti et d'organiser par contre une vaste campagne de prosélytisme de façon à atteindre le nombre de 5-6 mille inscrits en deux ou trois ans. Les objectifs à poursuivre étaient les mêmes que ceux qui faisaient déjà partie de l'action des radicaux et notamment: abrogation ou réforme du Concordat; abrogation du code Rocco et en particulier de certains délits précis (outrage, instigation à la
désobéissance des militaires, limitation du droit d'association); abrogation du pouvoir des tribunaux militaires, abrogation ou réforme des lois sur le financement des Organismes et des Etablissements d'instruction à caractère clérical.
La volonté ressortit de réaliser le programme des référendums en essayant de concentrer au maximum les efforts d'organisation, et d'en limiter le nombre, en englobant éventuellement dans un seul contexte des sujets ayant un rapport entre eux. On souligna aussi la nécessité de construire le parti avec le soutien actif des inscrits qui avaient d'ailleurs la possibilité d'adhérer aussi à d'autres partis. En effet, il ressortit d'une enquête effectuée sur un échantillon de nouveaux inscrits que 18% d'entre eux avaient une 'double carte', et que 38.2% appartenaient au PSI; 31,8% au PRI; 11,1% à la gauche de classe et aux anarchistes; 9,5% au PLI.
Au terme des travaux fut nommé le nouveau Secrétariat, formé du secrétaire sortant Bandinelli et des objecteurs de conscience Cicciomessere et Gardin.
Au cours de la manifestation organisée par le PR le 8 novembre, en même temps que la discussion à la Chambre sur la loi pour la reconnaissance de l'objection de conscience, on confirma le jugement négatif des radicaux sur le projet approuvé par la Commission Défense du Sénat, et on souligna la présence constante du parti dans la lutte pour l'approbation du décret de loi.
Le 15 décembre un communiqué du Parti radical commentait ainsi le vote favorable exprimé par la Chambre sur la loi Marcora: "Un nouveau principe civil fondamental a été conquis aujourd'hui, il a été arraché après au moins vingt ans de luttes. La coalition écoeurante qui s'est vérifiée au Sénat et aggravée aujourd'hui à la Chambre entre le gouvernement, la majorité de la Démocratie Chrétienne, les néo-nazis et les paléo-fascistes de la droite nationale, a empêché aujourd'hui qu'une loi adéquate, civile, loyale, démocratique, dont tous les groupes parlementaires et de nombreux groupes et députés de la DC, tels que Fracanzani, Sobrero, Cabras, se sont rendus interprètes - soit votée. Tous les amendements en ce sens à la loi Marcora ont en effet été repoussés avec le vote déterminant de Giovanni Di Lorenzo, Pino Rauti et de leurs collègues. De cette façon le Parlement a approuvé aujourd'hui une loi qui essaye d'empêcher l'exercice effectif du droit à l'objection de conscience qu'elle a été pour finir obligée de
voter: une loi qui présente sur le plan constitutionnel, démocratique, technique, des aspects aberrants et inadmissibles. Le Parti radical et le mouvement nonviolent - poursuivait le communiqué - adressent leurs félicitations d'abord au député Fracanzani qui a assuré à toutes les forces favorables à l'objection de conscience, et en premier lieu aux objecteurs antimilitaristes nonviolents une représentation rigoureuse, honnête et efficace et qui a mené une bataille parlementaire linéaire et courageuse; ils donnent acte au parti socialiste, et notamment aux députés Servadei, Orlando, Magnani Noya, d'un comportement amplement positif, démocratique, unitaire, loyal pour que soit élaborée et approuvée une loi profondément meilleure que la loi qui a été votée; ils reconnaissent la valeur démocratiques des amendements proposés par le député Bandiera du PRI et de son opposition aux principes et à la coalition clérico-fasciste qui s'est formée autour des thèses du gouvernement; ils ne peuvent pas ne pas souligner, p
ar contre, le caractère renonciataire et réticent, inadéquat tout autant que de connivence, de l'attitude du parti communiste et des indépendants de gauche.
Dès que fut connu le résultat de la votation, quelques représentants du PR, parmi lesquels le secrétaire Bandinelli, envoyèrent au président de la Chambre Pertini un télégramme de remerciement pour l'attention continue et vigilante avec laquelle il s'était engagé "pour que le Parlement arrive à la juste conclusion d'un vote pour l'objection de conscience.
D'autres manifestations furent organisées par le PR pour la concession de la liberté provisoire à l'anarchiste Valpreda (27/12), pour l'arrestation d'un objecteur (12-1-1973), et contre le Concordat (15-1-1973).
Une vive réaction des radicaux fut enregistrée le 9 janvier à propos de l'approbation (29-12-1972) du décret de loi gouvernemental sur la drogue défini "de peu de valeur technique". L'avocat Mellini, de la direction du parti, déclara que la mesure, tout en réduisant les peines pour les consommateurs, instituait un régime de liberté sous condition pour le citoyen qui pouvait être puni même s'il n'était que suspect": pratiquement c'est le délit de soupçon qui est introduit".
1973
Le 10 février 1973 le secrétaire du Parti radical, Alberto Gradin, fut arrêté pour objection de conscience: en octobre de l'année précédente il avait effectué avec Marco Pannella une grève de la faim de 39 jours pour solliciter l'approbation de la loi pour la reconnaissance de l'objection de conscience. "Encore une fois - affirmait un communiqué du Parti radical diffusé à ce propos - les tribunaux militaires de la République montrent qu'ils ne prennent aucunement en considération la volonté exprimée par le Parlement en arrêtant ceux qui, selon les normes de la loi pour la reconnaissance de l'objection de conscience, ayant présenté une demande régulière pour le service civil substitutif, ne peuvent être accusés d'aucun délit jusqu'à la décision du Ministre". Il s'agissait donc pour les radicaux d'"une tentative évidente d'intimidation" du Tribunal Militaire de la République visant à décourager les objecteurs de conscience. Les avocats radicaux, Giuseppe Ramadori, Lucia Severino et Mauro Mellini déposèrent une
plainte pour délit d'omission et séquestration de personne contre les autorités qui avaient ordonné l'arrestation.
Pour l'anniversaire de la signature des Pactes de Latran, le 11 février, le Parti radical convoqua une série de manifestations dans beaucoup de villes du Pays. A Rome, l'initiative du Parti fut soutenue par des groupes politiques et religieux (de "Lotta Continua" au "Mouvement pour la libération de la femme", des "communautés de base" d'Oregina et de Trévise aux vaudois, des libéraux et des républicains de gauche à un vaste secteur du PSI): dans un théâtre romain on entendit des "sermons" religieux riches de références bibliques pour contredire la politique de la DC; le presbytérien Giorgio Spini définit l'appareil clérical comme le "aumônier de cour du monde capitaliste"; certains catholiques en désaccord dénoncèrent le concordat comme un instrument "du pouvoir clérical"; des représentants des chrétiens "protestants" déplorèrent aussi la persistance de la validité de la "loi fasciste sur les cultes annexes", qui s'ensuivait des Pactes de Latran. Parmi les laïques, le radical Mauro Mellini mit en évidence le
fait que "l'Etat italien n'est pas en mesure de soutenir des négociations avec le Saint-siège"; le référendum prévu sur la question du divorce, ajouta-t-il, aurait été en effet un référendum sur le Concordat. Les déclarations des meetings dans les autres villes furent sur le même ton. Entre-temps se poursuivaient les arrestations de représentants du Parti radical contraires au service militaire. Le 17 février ce fut au tour de Roberto Cicciomessere, du secrétariat national, frappé d'un mandat d'arrêt émis par le Tribunal militaire de Bari. Habituel communiqué du Parti: la Direction exprime une dure protestation contre la mesure inqualifiable et illégitime", qui représente, selon les radicaux, une véritable séquestration de la personne de Cicciomessere, coupable uniquement de son activité politique, antimilitariste et nonviolente.
Le 7 mars 1973 le secrétaire national du Parti radical, Angiolo Bandinelli, relâcha certaines déclarations à propos des nouvelles se rapportant à l'intention du gouvernement de dissoudre le groupe néo-fasciste "Avanguardia Nazionale". "Toute la presse de gauche - déclara Bandinelli - a exprimé une grande satisfaction pour ces nouvelles, mais nous ne partageons pas cet enthousiasme, et tout d'abord pour une question de principe: nous n'aimons pas les lois d'exception, les violations des libertés fondamentales d'association, les dissolutions par décret, quelle que soit la façon dont ils sont justifiés". Selon Bandinelli, les "paléo-fascistes" devaient être battus avec une lutte politique et non à coups de décret. A part ces réserves de principe, Bandinelli ajouta que les radicaux avaient le soupçon que cet antifascisme inattendu du gouvernement Andreotti et de la Démocratie Chrétienne cachât d'autres objectifs: "cette loi Scelba contre le fascisme servira à tous les usages, avant tout pour attaquer les antifas
cistes de la gauche extraparlementaire. Puis aujourd'hui elle sert à donner des diplômes de démocratie justement aux forces qui représentent en Italie la continuité avec le régime de Mussolini". Le Parti radical n'adhéra pas à la manifestation unitaire convoquée pour l'anniversaire de la libération, le 25 avril.
En l'annonçant par un communiqué, les radicaux motivèrent leur initiative en affirmant que l'antifascisme "maniéré" du moment était en train de détourner l'attention des graves problèmes et de la crise profonde que le Pays était en train de traverser. La faute "de la corruption et du délabrement des institutions", selon les radicaux, n'était pas d'Almirante et des "voyous". Ce qui devait devenir un objet de réflexion et d'initiative politique c'était le nouvel affrontement entre les oppositions et les majorités, entre la gauche et la droite, entre le progrès et la conservation, entre les forces alternatives et la Démocratie Chrétienne. "Il n'y a qu'en conquérant en Italie cette opposition nette et claire - concluait le communiqué - que l'on pourra renforcer les institutions et la démocratie, mesurer ce qui est mort et ce qui vit encore à la place du fascisme, au-delà des violences de rue, pour le rendre évident à toute l'opinion publique et célébrer dans une perspective qui n'est pas fausse ni rhétorique l'a
nniversaire de la libération".
Le 8 juillet 1973 se conclut à Rome le XII Congrès national extraordinaire du Parti Radical Italien. Les travaux se terminèrent avec l'annonce de deux décisions particulièrement intéressantes: on aurait rapidement lancé la campagne pour l'organisation des référendums destinés à abroger toutes les lois inconstitutionnelles, et on aurait donné naissance à court terme à un nouveau quotidien. Le congrès avait été convoqué dans un but très précis: vérifier s'il existait parmi les adhérents et les inscrits un état de mobilisation pour pouvoir affronter une bataille comme celle visant justement à abolir les lois inconstitutionnelles, qui s'annonçait plutôt difficile et ardue, si ce n'est même téméraire. Selon les radicaux, le congrès démontra que cette vérification avait donné des résultats positifs. "Le Congrès - déclara Marco Pannella - a non seulement confirmé à l'unanimité la décision déjà prise à Turin en novembre 1972 à propos de la campagne pour les référendums, mais il a enregistré avec satisfaction l'adhés
ion à cette perspective de lutte de beaucoup d'autres forces de la gauche, avec quand même des accentuations différentes et des conseils de changer tel ou tel autre aspect de notre initiative". Et à cette initiative adhérèrent aussi en principe de nombreux représentants du PSI, du PRI et du PLI, parmi lesquels Loris Fortuna, et ensuite "Lotta Continua", "Il Manifesto", "Avanguardia Operaia", la "LID" et le Mouvement de libération de la femme, et en outre, dans les milieux du congrès, certains interprétèrent le télégramme envoyé par Giacomo Mancini comme un engagement précis, du moins comme un encouragement concernant l'initiative. La veille un Comité avait été constitué auquel fut confié, en ce qui concernait le Parti radical, la gestion politique de l'initiative. L'ingénieur Franco Mancini fut appelé à coordonner les travaux du comité.
Quant au journal, qui aurait dû voir le jour avant le mois de septembre, un Comité de journalistes et de militants fut constitué et chargé d'organiser une campagne de souscription; pour le moment le Parti radical disposait d'un bulletin intitulé "Nouvelles Radicales" qui sortait deux fois par mois et était tiré à dix mille exemplaires.
Les prévisions apparues durant les travaux du Congrès donnèrent par contre pour le nouveau journal un tirage à plus de quarante mille exemplaires; le nouveau journal aurait dû bénéficier de la sortie en commun avec "Lotta Continua" et avec "Il Manifesto". "Avec ce journal - déclara Marco Pannella - nous entendons donner une contribution à la naissance d'un organe unitaire alternatif au régime, où toutes les forces anti-régime puissent s'exprimer avec une indépendance absolue et en réduisant au maximum les coûts, les frais et les risques. Ces frais et ces risques seront presque insurmontables si chaque mouvement alternatif prétendait avoir sa propre structure complète d'impression.
L'été 1973 fut un été de travail pour les radicaux. D'une part les problèmes complexes d'organisation et financiers posés par l'opération référendum, lancée au mois de juillet à l'occasion du XII Congrès national extraordinaire du parti; de l'autre, 25 juillet - 4 août, la marche antimilitariste Trieste-Aviano. Depuis six ans rendez-vous habituel pour les militants et les sympathisants du rassemblement antimilitariste, qui se déroula cette année-là sans les incidents que l'on craignait de la part de l'extrême droite, comme ce fut le cas l'année précédente. Mais les plus grandes appréhensions pour les radicaux concernaient certainement la nouvelle initiative qui dans les trois années à venir auraient caractérisé leur engagement politique, autrement dit une série de référendums populaires pour abroger: les lois de mise à effet du Concordat, les normes "autoritaires et fascistes" du code pénal (y compris les délits d'avortement et d'usage de drogues douces), les normes répressives des Codes militaires et celles
instituant les tribunaux et les prisons militaires, les lois pour les financements publics aux écoles et aux assistances cléricales, les lois limitant la liberté de presse.
Lancer contre le régime, "encore caractérisé par le modèle clérico-fasciste", une vague de référendums populaires, d'initiatives politiques de base, soutenaient les radicaux, aurait pu surement faire démarrer, "justement alors qu'ils sont en train de mourir suffoqués", les mécanismes alternatifs qui pouvaient renforcer les minorités de la dissension libertaire ou socialiste.
Le 8 septembre, au cours d'une conférence de presse organisée au siège romain du parti, Marco Pannella présenta le numéro zéro du nouveau quotidien radical, "Liberazione", dont la sortie avait déjà été annoncée durant les travaux du dernier congrès. Pannella indiqua les deux objectifs immédiats de "Liberazione": faire échouer la tentative, fruit d'un accord au sommet entre les principaux partis laïques pour dénaturer la loi pour le divorce et se battre pour que le référendum ait lieu de façon régulière. Pannella annonça que pour ces initiatives il y avait déjà l'adhésion de toutes les forces extraparlementaires de gauche et de nombreux représentants républicains, socialistes et communistes. "Le rôle du nouveau quotidien - déclara Pannella - sera celui de susciter un vaste mouvement d'opinion". Quant aux problèmes plus strictement liés à la vie du nouveau journal, le représentant radical précisa que "Liberazione" serait distribué dans les aubettes uniquement grâce au soutien et à la contribution déjà parvenue
et promise par un groupe d'amis et de camarades"; la décision initiale était d'en imprimer 50-60 mille exemplaires, quitte à les augmenter; les six rédacteurs fixes et les journalistes qui y collaboraient le firent sans percevoir aucune rétribution: lorsque les fonds nécessaires pour le faire sortir auraient commencé à manquer, "Liberazione" aurait suspendu ses publications. A l'occasion de l'anniversaire du 20 novembre, le Parti radical convoqua une série de manifestations "pour la défense du divorce, contre les manoeuvres des forces et des partis de régime pour enterrer la loi Fortuna, pour les référendums abrogatifs des lois liberticides et fascistes.
Au cours de la manifestation principale, organisée à Rome, de nombreux représentants du parti et du mouvement de libération de la femme prirent la parole. A l'initiative adhérèrent, entre autres, "Farnesina Democratica" et la gauche républicaine, et on invita l'ambassadeur chilien à Rome, Carlo Vassallo. A cette occasion les radicaux stigmatisèrent les positions assumées par la DC italienne sur les événements chiliens et le manque de réaction de la gauche italienne face à cette attitude, en affirmant que "le coup d'état au Chili semble presque avoir provoqué une incitation encore plus forte à accélérer le processus de compromis, de fléchissements, et de régime, entre les oppositions et les gauches d'une part, et le parti clérical de l'autre".
Les préoccupations des radicaux pour la sentence imminente de la Cour Constitutionnelle concernant la légitimité constitutionnelle de la loi sur le divorce, furent exprimées dans un document approuvé au terme d'une réunion de la direction radicale tenue à Rome le 22 et 23 septembre.
Dans le document on affirmait entre autre que la décision de la Cour devait représenter "une raison de grave préoccupation pour toutes les forces démocratiques et laïques, pour les partisans du divorce, et pour tous les groupes et toutes les organisations engagées dans la lutte pour les droits civils", car nombreux étaient, selon les radicaux, les symptômes qui faisaient penser que "la campagne forcenée, visant à trouver un expédient pour conjurer la peur d'un référendum qui liquidait la loi Fortuna", pouvait produire cette liquidation à cause d'une sentence négative de la Cour Constitutionnelle. Dans le document on remarquait ensuite qu'alors que l'opération politique consistant à remplacer la loi sur le divorce par une autre loi acceptée par la DC et par le Vatican commence à apparaître plus difficilement réalisable", continuer à insister assidûment sur la nécessité absolue d'éviter le référendum équivalait à une incitation, à une pression effective sur la Cour Constitutionnelle pour qu'elle supprime le di
vorce".
Après avoir adressé un appel à tous les juristes laïques et démocratiques pour qu'ils élèvent leur voix en soutien de l'incontestable légitimité du divorce", le document de la direction du Parti Radical, "dénonçant la responsabilité de ceux qui, continuant à invoquer des expédients pour éviter le référendum compromettent gravement le résultat du jugement devant la Cour", exprima toute sa solidarité à ceux qui voyaient ainsi mis en jeu leur droit civil au divorce et confirma que l'initiative du référendum abrogatif du Concordat était la "seule réponse adéquate et efficace aux insistantes manoeuvres cléricales visant à rétablir le monopole de l'Eglise en matière de mariage".
La proposition du député De Martino de présenter des modifications à la loi Fortuna, fut critiquée le 29 octobre, dans un communiqué du Parti Radical, qui à ce propos convoqua pour le 1 novembre à Vérone en même temps que le Congrès national du parti, la présidence, le secrétariat national, le comité national de la ligue pour le divorce et pour l'abrogation du Concordat (LIAC).
Et le 1 novembre précisément le Parti Radical ouvrit à Vérone le XIII Congrès national, rassemblant dans les salons du Palais de la Gran Guardia une bonne partie de ses 1470 inscrits éparpillés dans toute l'Italie.
Intervinrent aussi les représentants des mouvements fédérés, comme la ligue du divorce et celle des objecteurs de conscience. Des revendications féministes aux résistances tenaces des objecteurs de conscience, le Parti radical recueillait une quantité importe de contestations. Ses adhérents marchèrent de Trieste à Aviano en passant devant les casernes, ils s'assirent en groupe devant la prison militaire de Peschiera, ils firent foule devant le Tribunal militaire de Vérone. Ceci en plein air; au Congrès par contre, le secrétaire national Angiolo Bandinelli déclara que si la petite formation de son parti ne pouvait pas avoir un poids déterminant dans les affaires de la Chambre ou du Sénat, pour le moment ça n'avait pas beaucoup d'importance, le parti ne vivait pas pour autant dans une sorte d'isolement: "Nous sommes extraparlementaires, pas antiparlementaires". Ça signifiait que les intentions des radicaux pouvaient coïncider avec les initiatives menées ces heures-là tantôt par un député tantôt par un autre, s
uivant un courant de sympathie. Angiolo Bandinelli lut sa relation au congrès. "Contre le régime, contre la DC", parce que l'alternative et le renouvellement des gauches, avec les référendums populaires, était le thème de la réunion. Le parti se déclara prêt à présenter à la Cassation en quelques semaines une série de demandes de référendums abrogatifs: deux en matière de Concordat, le premier pour l'abrogation de la loi générale de mise à effet du Concordat entre l'Etat et l'Eglise, et le second pour l'élimination de la norme concernant l'annulation ecclésiastique des mariages concordataires; un pour effacer les normes fascistes du code pénal, y compris celles qui punissaient le délit d'avortement; deux pour les tribunaux et les codes militaires; trois en matière de liberté de presse.
Les radicaux, comptant aussi sur l'adhésion d'autres forces, se proposaient de recueillir dans les six premiers mois de l'année 1974 le demi-million de signatures qu'exigeait la Constitution. A propos de la thèse du leader communiste Berlinguer (11) sur le "compromis historique", le secrétaire national du Parti radical déclara ne pas comprendre le tapage et les polémiques que celle-ci avait suscité. "Une thèse - soutint-il - qui apparait comme la conséquence de toute la ligne politique suivie par Berlinguer, une ligne qui n'a même pas l'objectif d'une entrée des communistes dans le gouvernement du Pays, mais uniquement celui de perpétuer l'équilibre de pouvoir entre une DC qui conserve de fait le monopole du gouvernement et un PCI qui conserve celui de l'opposition". Dans ces conditions, selon Bandinelli, la seule alternative auraient été les radicaux.
L'engagement principal, au terme du XIII Congrès, confirmé par les radicaux, fut de toute façon celui de lancer la campagne pour les référendums au début de l'année 1974. Alors que le nombre de référendums restait incertain, il était certain que "la croisade" laïque contre "le régime démocrate chrétien, le compromis historique de Berlinguer, la tentative d'enterrer le divorce et l'acquiescement de De Martino n'aurait pas dû s'arrêter devant aucun obstacle: il s'agissait d'objectifs auxquels, sous peine de la survie du parti, tous les militants radicaux jugeaient ne pas pouvoir renoncer.
Après un examen approfondi et un débat qui, si l'on peut dire, mis à dure épreuve la résistance physique même des congressistes, les commissions confirmèrent la décision du parti de convoquer un référendum également pour l'abrogation des articles 17 (transcription des sentences de la Rote) et 22 (nullité du mariage canonique pré-concordataire car la sentence de transcription a également un effet sur le mariage civil), et ceci pour répondre aux annulations "faciles" auxquelles eut recours l'Eglise avec le "Notu proprio" de Paul VI pour faire concurrence à la loi Fortuna sur le divorce. La demande d'autres référendums abrogatifs en matière concordataire concerna entre autre les articles relatifs à "la reconnaissance aux effets civils des instituts ecclésiastiques et des organismes de culte", l'enseignement de la doctrine chrétienne dans les écoles et les financements publics à l'assistance et à l'école cléricale, en contraste avec la Constitution, qui établissait que les écoles confessionnelles devaient être g
érées "sans frais pour l'Etat". Innombrables furent ensuite les articles du code pénal dont les radicaux demandèrent l'abrogation par des référendums populaires. A part les normes relatives aux délits d'avortement compris sous le titre "Des délits contre l'intégrité et la santé de la descendance", on aurait dû éliminer les délits d'outrage à l'honneur et au prestige du Président de la République, d'outrage à la République, aux Forces Armées, à la Nation italienne, au Drapeau ou à un autre emblème de l'Etat, ainsi qu'outrage à employé public et résistance à officier public. Très vaste aussi la gamme de normes du code pénal militaire et du système judiciaire que les radicaux auraient voulu abroger, du délit de mutinerie (consistant dans la persistance de mémoires ou de réclamations) à celui d'"activité séditieuse avec manifestations et cris".
Le projet ambitieux des référendums une fois lancé, les radicaux affrontèrent les problèmes politiques et de l'organisation, énormes si on les rapportaient à leur exiguïté; même les dirigeants du parti ignoraient quelles forces politiques, à l'exception des groupes de la gauche extraparlementaire et de quelques fractions du PSI, du PRI et du PLI, étaient disposées à appuyer la bataille radicale. Dans une intervention Gianfranco Spadaccia, vice-secrétaire du parti, soutint que le problème était de mettre en marche un mécanisme qui permit de supplanter les directions des partis et des organisations syndicales et d'atteindre les masses populaires qui n'étaient surement pas insensibles, d'après lui, à la conquête de certains droits civils fondamentaux. Le problème du financement d'une campagne laïque et libertaire menée par un parti qui réussissait à peine à survivre et avec la moitié de ses inscrits en retard sur le payement de leur inscription, resta lui aussi sans solution.
Marco Pannella annonça à son tour son désengagement des responsabilités de direction du parti pour poursuivre de manière autonome la bataille pour la "défense d'anciens espoirs qui sont encore vivants et actuels".
Accueilli formellement par le Congrès comme "une remise de consignes du groupe romain aux nouvelles générations (Pannella proposa que fut élu au secrétariat du parti, Giulio Ercolessi, âgé de vingt ans seulement), le discours du leader apparut à la plupart inopportun parce que fait au moment où, pour acquérir davantage de crédibilité à l'extérieur, le Parti radical avait besoin plus que jamais de ses énergies les plus vives.
L'interdiction du Parquet de Vérone d'organiser la manifestation antimilitariste en programme pour le 4 novembre devant la prison de Peschiera fut repoussée par le Congrès. Les radicaux décidèrent donc de lancer une action politico-constitutionelle pour la reconnaissance des droits des objecteurs de conscience de manifester publiquement et partout leurs idées. Toutefois, pour éviter des incidents possibles, après une série de négociations avec le Parquet, seule une petite délégation de manifestants se rendit devant la prison de Peschiera.
Le 23 novembre le Parti radical annonça que la communauté de S. Paolo avait décidé d'adhérer à l'initiative des référendums abrogatifs du Concordat promue par le parti au Congrès de Vérone. "La décision, sans aucun doute importante et éclatante - écrivait "Liberazione", le journal radical qui venait de naître - accompagne les décisions également positives qui sont en train de parvenir au Comité promoteur des autres communautés ecclésiastiques et de groupes des minorités religieuses de toute l'Italie. A côté des noms d'Aurelio Sbaffi, des communautés romaines de S. Saba, S. Alessio, Colle di Mezzo et Monte Mario, il y a aussi la fédération de la jeunesse juive, au moins deux communautés catholiques et même l'Eglise Vaudoise de Vérone, tandis que le "Mouvement 7 novembre", qui rassemble quelques centaines de curés et de prêtres qui ne sont pas d'accord avec la ligne autoritaire des hiérarchies, tout en ne jugeant pas pouvoir devenir promoteur formel de l'initiative, a garanti son soutien".
Un commentaire positif à la décision de la Cour Constitutionnelle sur la question de la légitimité de la loi sur le divorce fut exprimé par le Secrétariat national du parti, qui dans un communiqué du 24 novembre affirma qu'il prenait acte "avec satisfaction" que la Cour avait repoussé pour la seconde fois les exceptions d'inconstitutionnalité de la loi Fortuna. "La volonté des laïques qu'ils voulaient soumettre au chantage clérical du référendum - disait le communiqué - n'a pas eu d'effet devant la Cour Constitutionnelle. "Il fallait à présent, selon les radicaux, refuser ce chantage également sur les prétentions de vidage de la loi Fortuna par la voie parlementaire. Le retard de la confirmation de la volonté des partis laïques - ajoutait le communiqué - d'affronter le référendum, a mis en danger le sort du divorce devant la Cour, et risque de compromettre à présent le résultat même de la bataille, exposant les partis qui votèrent le divorce à un diktat de la DC et du Vatican à la veille même du référendum".
Pour les radicaux la mobilisation immédiate des démocrates et des laïques était par conséquent nécessaire pour la défense du divorce grâce au vote populaire. La norme concordataire de l'art. 34 invoquée obstinément contre "cette réforme civile", concluait ainsi le communiqué, devait être éliminée au plus tôt avec la "honte" des tribunaux ecclésiastiques et de leurs sentences de nullités, la soumettant elle aussi au vote populaire.
Et dans le même communiqué on informait que le 4 décembre aurait été présenté à la Chancellerie de la Cour de Cassation la demande pour le rassemblement de signatures pour la convocation d'un référendum abrogatif du Concordat entre l'Etat et l'Eglise et de la loi qui disposait la transcription des sentences d'annulation de la Rote dans les registres de l'état-civil; il s'agit des 8 premiers référendums abrogatifs des lois "cléricales, militaristes, et autoritaires et fascistes pour leur origine et leur contenu" que le parti radical se préparait à promouvoir.
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N.d.T.
1 - CEI. Conférence Episcopale Italienne, l'organisme qui réunit les évêques italiens.
2 - ONMI. Sigle qui sert à indiquer l'Oeuvre Nationale de la Maternité et de l'Enfance, la structure d'état, fondée par le fascisme, pour l'assistance à la maternité. Après la guerre l'ONMI devint, jusqu'à sa dissolution, le fief de la démocratie chrétienne et fut impliqué dans des scandales pour sa gestion. Voir en particulier la campagne de presse et politique menée par le Parti radical dans la moitié des années 60 sur la corruption de la section romaine de l'ONMI, dans laquelle fut impliqué le maire de Rome de l'époque Amerigo Petrucci.
3 - FANFANI AMINTORE. (Arezzo 1908). Homme politique italien, professeur d'histoire de l'économie, personnalité éminente de la démocratie chrétienne, dont il fut secrétaire de 1954 à 1959 et ensuite de 1973 à 1975, en lui imprimant une forte empreinte corporative avec l'utilisation de l'industrie publique comme volant du développement économique. Chef du gouvernement (1958-59); 1960-62; 1982-83), ministre des Affaires étrangères à plusieurs reprises, président du Sénat de 1958 à 1973 et ensuite de 1976 à 1982.
4 - FORLANI ARNALDO. (Pesaro 1925). Secrétaire de la Démocratie Chrétienne. Il a été également Ministre et Président du conseil (1980-81).
5 - ANDREOTTI GIULIO. (Rome 1919). Homme politique italien, Démocrate Chrétien. Secrétaire de A. De Gasperi, il commença très tôt, comme Sous-secrétaire à la Présidence du Conseil, une carrière ministérielle ininterrompue: Intérieur (1954), Finances (1955-58), Trésor (1958-59), Défense (1959-66), Industrie (1966-68), Budget (1974-76). Président du Conseil de 1972 à 1973, puis de 1976 à 979, et de 1990 à 1992.
6 - PERTINI SANDRO. (Stella 1896 - Rome 1990). Homme politique, italien. Socialiste, il fut emprisonné et exilé par le fascisme. De 1943 à 1945 il participa à la Résistance. Secrétaire du Parti socialiste, député, président de la Chambre (1968-76), Président de la République (1978-1985).
7 - LEONE GIOVANNI. (Naples 1908). Président du Conseil (1963-68) et ensuite de la République (1971-78) obligé de démissionner, impliqué dans le scandale Lockheed, après le référendum sur le financement des partis organisé par le Parti radical.
8 - ALMIRANTE GIORGIO. (Salsomaggiore 1914 - Rome 1988). Secrétaire du MSI, Mouvement Social Italien (le parti de droite qui se considère héritier du fascisme) de 1969 à 1987.
9 - SARAGAT GIUSEPPE. (Turin 1898 - Rome 1988). Socialiste, exilé en Autriche sous le fascisme. Ministre dans le premier gouvernement Bonomi de 1944, président de l'Assemblée Constituante en 1946. En 1947 il dirigea la scission de l'aile droite du Parti socialiste italien (PSI) fondant le PSLI (Parti socialiste des travailleurs italiens), ensuite PSDI (Parti socialiste démocrate italien). Vice-président du Conseil et Président de la République de 1964 à 1971.
10 - VALPREDA PIETRO.(1933). Danseur, militant anarchiste, il fut accusé avec ses camarades de l'attentat terroriste contre la Banque de l'Agriculture de Milan en 1969 qui fit 17 morts. Jugé, son innocence fut ensuite reconnue.
11 - BERLINGUER ENRICO. (Sassari 1922 - Padoue 1984). Homme politique italien. Député à partir de 1968, secrétaire général du Parti Communiste Italien (PCI) de 1979 à sa mort, après la crise et l'assassinat d'Allende il fut fauteur du "compromis historique", qui amena de 1976 à 1979 à la soi-disant "majorité du non-refus de confiance", la plus haute réalisation de la stratégie de Togliatti pour un accord organique avec la Démocratie Chrétienne. C'est à lui qu'appartînt le projet de donner naissance au soi-disant "Eurocommunisme", une tentative de projeter en occident un réformisme qui ne reniât pas tout à fait l'expérience communiste.