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Pannella Marco - 1 marzo 1975
Mais qu'il est beau, l'avortement républicain!
Marco Pannella

SOMMAIRE: Un bilan sur le comportement des diverses forces politiques sur l'initiative pour la convocation du référendum sur l'avortement et sur les autres référendums anti-autoritaires et anti-militaristes dont les radicaux sont promoteurs.

(L'Espresso - Mars 1975 de " Marco Pannella - Scritti e discorsi - 1959-1980", éditions Gammalibri, janvier 1982)

Dans les hautes sphères du Parti socialiste on hésite, depuis quelques semaines, entre appuyer officiellement notre référendum sur l'avortement, jusqu'à le gérer énergiquement et durement, ou si laisser aux fédérations régionales la liberté de le faire. Dans le Parti républicain, dans le Parti socialiste, dans le Parti social-démocrate on n'en a même pas parlé, occupés comme ils sont à proposer ou à repousser des "alliances laïques" ou dans leurs débats affectés avec les prud'hommes, les jeunes ou les divers "scissionnistes". Du Parti communiste ne vient que le signal sans équivoque d'une neutralité plus bienveillante, pour l'instant.

Au Parlement tout se tait. Ils attendent que le projet démocrate-chrétien soit présenté: ils attendent donc, surement, de cette procédure peu parlementaire une contribution essentielle pour la réforme des lois fascistes et inconstitutionnelles qui règlent le crime d'avortement. Pourquoi ne pas attendre aussi le projet du MSI-Droite Nationale (1)? Ah oui, il y a l'antifascisme...

Les femmes continuent d'avorter de façon atroce; les dames de façon plus correcte et républicaine. Elles sont entre cinq mille et dix mille par jour. Nous du CISA (2), radicaux, socialistes de la Ligue 13 mai (3), féministes du MLF, nous essayons avec nos pauvres et rares cliniques clandestines de permettre, au prix de la prison, de mandats d'arrêt, de difficultés à peine imaginables, d'assurer l'avortement clinique et constitutionnel à quelques dizaines ou centaines de mères, de soeurs, de filles, de compagnes. Mais ce n'est qu'une goutte de fraternité et de justice dans une mer d'irresponsabilité et d'arrogance, de politique inhumaine. L'indignation, la rage, la nausée s'étendent, nous poursuivent de partout.

En attendant, trois cents mille électeurs se sont chargés de nous envoyer leurs signatures d'engagement pour le référendum promu par la Ligue et par "L'Espresso". C'est à peine moins qu'un plébiscite; une autre preuve que le peuple ne se contente pas de souffrir et de subir; dès qu'on le lui permet il participe et s'expose, il parle et s'exprime avec clarté, avec civilité, avec espoir.

D'autres luttes civiles sont entamées. Le Parti radical a trouvé le soutien d'ABC (4) pour mener la bataille pour l'abrogation des codes militaires bourboniens et fascistes. Le général Nino Pasti, un des officiers les plus prestigieux de nos Forces Armées, est parmi les promoteurs de l'initiative. Les cartes affluent également chez ABC, quelques jours après le début de la campagne. Sur la presse, à la RAI-TV (5), dans les partis, au Parlement, c'est le silence.

Le silence également sur le référendum abrogatif des normes autoritaires du Code pénal, promu par la UIL (6) et par le PR: pendant que Fanfani (7) agite l'épouvantail de l'"ordre public", menaçant une autre dissolution des Chambres pour obtenir une aggravation du code fasciste anticonstitutionnel, les partis et les forces démocratiques préfèrent faire semblant de ne pas savoir que l'Italie démocratique peut être appelée, comme l'année dernière, à mettre fin après trente ans et définitivement à la question.

Même un représentant de la droite démocrate-chrétienne, le député Scalfaro (8) juge qu'il faut en finir avec le clérico-fascisme des "Pactes de Latran", du Concordat (9) et du Traité, les groupes catholiques et protestants abolitionnistes se multiplient, et quelques lignes avares ont signalé cette autre demande de référendum.

La "politique" ne parle que de bombes, du "compromis historique" (10), de scandales et de chantages. Autrement dit de rien, ou des symptômes, pas des raisons et des causes du chaos dans lequel nous sommes précipités. Que le Parti communiste continue à préférer la "voie allemande", suivie au début aussi par Brandt, plutôt que la "française" (c'est à cela, désormais, après la catastrophe démocrate-chrétienne de l'année dernière, que se réduit de fait le "compromis historique"), peut être, et est à à notre avis - une erreur tactique. Rien de pire. La "ligne Togliatti" (11) n'est de toute façon plus praticable si ce n'est comme un expédient provisoire dans l'Italie de la seconde moitié des années 70. Le problème n'est pas là.

Comme il y a dix ans pour le divorce, dans ces nouvelles entreprises fondamentales de libération et de civilité, de réforme démocratique et constitutionnelle, dans un moment essentiel, le mouvement radical semble de nouveau seul. Ce mouvement a grandi, presque démesurément, par rapport à alors. Le PR n'est plus seul. Le mouvement de libération de la femme, d'autres ligues et d'autres mouvements, courants, groupes et fédérations de parti et syndicales en constituent désormais des parties importantes et nécessaires. Les centaines d'adhésions qui nous parviennent des sections socialistes, des cellules d'usine, la création d'autres centaines de comités de base, pour assurer la réussite de la campagne du référendum, le prouvent. Mais cela ne suffit pas encore face à la violence de plus en plus grande du régime, de l'utilisation fasciste et corrompue de la RAI-TV, jusqu'au conditionnement de la presse, à l'apathie et l'opportunisme impudent de la classe politique.

C'est pourquoi nous devons être francs avant tout avec ceux qui nous font confiance, et qui ont répondu à notre appel. Si de la Conférence nationale de l'EUR à cause d'une participation insuffisante, à cause des analyses qui seront faites, des engagements qui seront enregistrés et garantis ou qui par contre feront défaut, devait en ressortir l'opportunité, nous pourrions aussi décider, malgré le succès éclatant et incontestable de la campagne de récolte de pré-signatures, de renoncer à l'initiative. Mais nous espérons que tous les efforts, tous les sacrifices, toutes les réflexions nécessaires auront été faits et que la Conférence, grâce à la participation massive de tous les comités de travail et de toutes les organisations de base des mouvements adhérents, permettra au contraire la décision définitive d'affronter la récolte des signatures authentifiées. Mais nous avons l'obligation de communiquer que, avec toute évidence, cela ne sera désormais possible que dans la deuxième semaine du mois d'avril, autreme

nt dit déjà très tard. Espérons que ce ne le soit pas "trop".

Cette partie du mouvement socialiste et radical, laïque et libertaire, démocratique de classe que nous représentons n'a plus l'intention, de toute façon, de se charger gratuitement, toute seule, dans des conditions trop souvent dramatiques, des insuffisances des partis traditionnels dans les luttes pour la libération civile, qui est aussi sociale et politique, de notre Pays. Comme ce fut souvent le cas jusqu'à présent, sans que cela déplaise à trop de gens.

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N.d.T

1 - MOUVEMENT SOCIAL ITALIEN (MSI). Parti fondé en 1946 par quelques anciens fascistes, actifs surtout durant la République Sociale Italienne, qui s'opposa aux forces alliées et au gouvernement légitime en collaborant avec les allemands (1943-45). En 1972, le MSI absorba le Parti d'Union Monarchiste (PDIUM) et changea son nom en MSI-Droite Nationale. Secrétaires: Giorgio Almirante (1946-50 et ensuite à partir de 1969), A. De Marsanich (1950-1954), A. Michelini (1954-1969), Pino Rauti et Gianfranco Fini.

2 - CISA. Centre d'Information sur la Stérilisation et l'Avortement, fondé par Adele Faccio et Emma Bonino en 1974, promoteur d'abord d'avortements clandestins, et ensuite ouvertement illégaux. Comme sujet fédéré au Parti radical, le CISA eut un rôle essentiel dans la bataille pour la légalisation de l'avortement. Il subit, dans la personne de ses dirigeants, des procès qui firent grand bruit.

3 - LIGUE 13 MAI. Association pour la défense des valeurs laïques et pour la légalisation de l'avortement. Elle eut parmi ses promoteurs Loris Fortuna. Elle prit son nom de la date du référendum qui vit la victoire définitive du divorce en Italie.

4 - ABC. Magazine hebdomadaire italien, à caractère semi-pornographique et à scandales, de la moitié des années 60. Dirigé par Enzo Sabàto, il soutint avec succès la campagne pour le divorce. A ne pas confondre avec l'hebdomadaire espagnol du même nom.

5 - RAI-TV. Radiotélévision italienne.

6 - UIL. Union Italienne du Travail. Syndicat national d'inspiration socialiste. Pour son importance numérique il s'agit du troisième syndicat après la CGIL et la CISL. A l'origine, c'était l'union des petits syndicats peu représentatifs, puis il a évolué et il a grandi au fur et à mesure, intellectuellement aussi.

7 - FANFANI AMINTORE. (Arezzo 1908). Homme politique italien, professeur d'histoire de l'économie, personnalité éminente de la Démocratie chrétienne, dont il fut secrétaire de 1954 à 1959 et ensuite de 1973 à 1975 en lui imprimant une forte empreinte corporative avec l'utilisation de l'industrie publique comme volant du développement économique. Chef du gouvernement (1958-59); 1960-62; 1982-83), ministre des Affaires étrangères à plusieurs reprises, président du Sénat de 1958 à 1973 et ensuite de 1976 à 1982.

8 - SCALFARO OSCAR LUIGI. (Novara 1918). Démocrate-chrétien, italien. Avocat, plusieurs fois député, ministre des transports, ministre des biens culturels et de l'intérieur. Homme d'une grande intégrité, il jouit de l'estime générale, même auprès des laïques.

Il a été élu Président de la République en 1992.

9 - CONCORDAT. L'art. 7 de la Constitution italienne reconnaît et "constitutionnalise" le Concordat entre l'Etat et l'Eglise signé en 1929 avec les Pactes de Latran . Il fut voté à l'Assemblée Constituante par Togliatti et le Parti communiste avec l'opposition des socialistes, du Parti d'action, etc. Le Concordat fut renouvelé, sous une nouvelle formulation, en 1984 (gouvernement Craxi).

10 - COMPROMIS HISTORIQUE. Projet politique, poursuivi en particulier par Enrico Berlinguer, secrétaire du Parti communiste italien (PCI), fondé sur une collaboration organique entre communistes et catholiques.

11 - TOGLIATTI PALMIRO. (Gênes 1893 - Yalta 1964). Collaborateur, à Turin, de A. Gramsci, parmi les fondateurs du Parti Communiste Italien, dont il fut secrétaire de 1927 jusqu'à sa mort. En exil en Russie il fit partie du secrétariat du Komintern et eut un rôle important dans la guerre civile espagnole. Rentré en Italie en 1944, il lança une politique "nationale" à partir du vote sur les pactes de Latran, se heurtant aux forces laïques du pays. Au gouvernement de 1944 à 1947, comme ministre aussi. Après les élections de 1948, il monopolisa le rôle de l'opposition mais favorisa aussi de façon prioritaire le "dialogue" avec la Démocratie Chrétienne et le monde catholique, sans jamais rompre avec le Vatican. Le projet de "voie nationale au socialisme" n'atteignit pas son objectif de fond, et amena même le système politique dans une impasse, empêchant la gauche de conquérir une "alternance" de gouvernement à la Démocratie Chrétienne.

 
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