par Marco Pannella SOMMAIRE: Le Parti Radical s'est engagé dans la réforme de la loi sur la drogue et en particulier pour empêcher l'entrée dans le circuit carcéral et criminel des consommateurs de stupéfiants et des toxicomanes. Marco Pannella fume publiquement un joint de haschisch pour solliciter l'approbation d'une nouvelle loi sur la drogue. Le Commissaire de police Ennio Di Francesco qui l'arrête, lui envoie par la suite un télégramme de solidarité pour la valeur de son initiative. Marco Pannella sollicite, depuis sa prison, par un article publié par Notizie Radicali, un plus grand soutien de la part du parti, à l'initiative du secrétaire du PR, Gianfranco Spadaccia.
("Notizie Radicali" - Juillet 1975 - extrait de "Marco Pannella - Travaux et Discours - 1959-1980", Gammalibri éditeur, Janvier 1982)
Il y a trois jours que nous avons porté plainte contre le Ministre de la Justice, Oronzo Reale (sauf respect, ce petit vieil homme représente parfaitement la pourriture morale, politique, culturelle, du prétendu "laïcisme" italien) pour la scandaleuse ségrégation à Regina Coeli de mineurs.
Hier, le dernier d'entre-eux a quitté la prison romaine. Contre notre plainte, ni Moro ni Reale, n'ont osé répondre sinon - finalement - en respectant la loi. Le problème est de savoir maintenant s'ils seront punis.
En 48 heures, on a concédé huit libertés provisoires à des détenus pour usage de "drogue", qui avaient été auparavant refusées à plusieurs reprises. Les défenseurs avaient mentionné explicitement notre lutte, nos succès, nos objectifs.
Nous avons assuré en quelques jours, grâce à de nouveaux amis et camarades avocats, la défense d'office à de jeunes détenus accusés d'outrage, ou de petits vols. Ces garçons sont à présent libres.
Avec le jeûne de Gianfranco Spadaccia, l'action des autres camarades du PR (un peu décevante, disons-le: n'était-il peut-être pas nécessaire d'organiser des manifestations, des actions directes nonviolentes, des initiatives analogues aux nôtres, à celles de Rome, dans chaque ville ou nous avons une présence?), le "problème drogue" a explosé comme un évènement d'extrême urgence, comme nous l'avions établi dans toute la presse nationale. Je pense que déjà de nombreuses vies ont été sauvées, de nombreuses violences de la part des institutions, évitées. Les arrestations contre la mafia de l'héroïne, effectuées par le Commissaire en chef De Francesco ont été probablement facilitées par le climat que nous avons su créer.
J'espère que l'action du Secrétariat national du PR portera ses fruits avant Samedi: si nous n'obtenons pas de garanties définitives avant les vacances d'été du Parlement, nous risquons d'avoir engagé cette coûteuse - même si nécessaire - bataille, inutilement. Les Assurances que nous avons eues jusqu'ici peuvent très bien être rendues vaines par la reprise automnale des travaux parlementaires.
Gianfranco me semble exténué: beaucoup de gens oublient, au parti et ailleurs, qu'en un an, il a fourni un travail énorme; il a été l'été dernier parmi les quelques personnes qui comprirent jusqu'au bout la nécessité de l'offensive que je considérai nécessaire de porter contre la tentative d'assassinat du PR, des forces laïques, de la légalité républicaine, et qui la soutinrent jusqu'au bout; il a assuré, tout en continuant à travailler en tant que journaliste, la direction politique du parti pendant toute cette période, sans arrêt; il a été en prison pendant plus d'un mois, travaillant même durant cette période de manière plus intense et efficace; il a jeûné au total pendant trois mois, en moins d'un an. Ne pas sentir combien cela est intolérable, ne pas se comporter en conséquence, est démentiel, et peu radical.
Le parti, sous sa direction, a grandi énormément, et s'engage toujours davantage vers des objectifs, des échéances qu'on ne peut ne pas satisfaire.
C'est aussi pour cela que je ne pense pas qu'il soit possible de permettre que l'initiative sur la drogue lui pèse encore longtemps sur le dos. Je le connais suffisamment pour savoir qu'avec lui, ou le PR réussit à sauver de la mort, ici et maintenant, les centaines de personnes qui la risquent à cause des lois criminelles et criminogènes actuelles, à libérer les détenus, les sequestrés pour "usage" de "non-drogue" dont les prisons regorgent, ou bien on court le risque d'un jeûne à outrance, le sien, celui de Marisa Galli, d'Aloisio Rendi, de Maria Leonia Taranta.
Et il y a cinq referendum à mener à bon port...
Il me semble que tout cela suffit, pour que je "risque", cette fois, quelques mois de prison. J'espère que non, j'espère que tout rentrera dans l'ordre ces jours-ci. Autrement, il faudrait faire ajouter dans les referendum, par les familles des détenus et des camarades qui se trouvent en prison, la demande d'approbation de la réforme pénitentiaire. Une autre bataille que l'on ne peut renvoyer et que nous devons vaincre.