Radicali.it - sito ufficiale di Radicali Italiani
Notizie Radicali, il giornale telematico di Radicali Italiani
cerca [dal 1999]


i testi dal 1955 al 1998

  RSS
mer 12 feb. 2025
[ cerca in archivio ] ARCHIVIO STORICO RADICALE
Archivio Partito radicale
Pannella Marco - 20 aprile 1976
RISQUER SA VIE POUR VIVRE
par Marco Pannella

SOMMAIRE: Marco Pannella jeûne depuis le 16 Avril contre l'exclusion de l'information radiotélévisée du Parti Radical et du Mouvement des droits civils. Il demande une réparation "symbolique" des dommages subis, à savoir, une intervention radiotélévisée d'une demi-heure réservée au PR et au Mouvement des droits civils. Dans cet article, Marco Pannella écrit que sans information, sans possibilité de connaître, il n'y a pas de possibilité de choix, de jugement, de vote: le suffrage universel devient ainsi une escroquerie. Pour combattre tout cela, pour rétablir le droit à l'information, pour pouvoir vivre dans une démocratie et ne pas se rendre à sa mort, il faut risquer sa vie. L'annonce du jeûne total et de la grève de la soif, au cas où la demande de "réparation" ne serait pas acceptée. La proposition au PR, au Pdup et à Avanguardia Operaia, afin que "les uns se présentent sous l'égide des autres et vice-versa", dans deux circonscriptions, pour réduire les risques de ne pas atteindre le Quorum pour pa

rticiper au partage des restes.

("Notizie Radicali" - avril 1976 - extrait de "Marco Pannella - Travaux et Discours - 1959-1980", Gammalibri éditeur, Janvier 1982).

La connaissance des forces et des propositions politiques qu'on lui adresse, est le fondement constitutif du pouvoir populaire. Sans la possibilité de connaître, il n'y a pas de choix de jugement, de vote possible: le suffrage universel devient une escroquerie. Dans la possibilité d'alternance de nouvelles formes politiques, sans égalité, du moins formelle, il n'y a aucune légitimation démocratique du jeu politique.

Unanimes, les sept partis "officiels", en tant que courants d'un unique parti de régime de monopartitisme imparfait, sequestrent la légalité constitutionnelle et les droits du citoyen et des minorités, à leur propre profit exclusif.

Ils se sont attribués pendant vingt ans le domaine exclusif et le partage concordé de l'information publique. La Cour Constitutionnelle a décrété l'illégalité absolue de cette affaire institutionnelle. Ils ont fait et font toujours plus, du Parlement, une source de violence et de discrimination.

Ils se sont attribués un financement public qu'ils se partagent proportionnellement, et, ensemble, ils font échouer les institutions dans la violence contre quiconque peut les menacer de s'infiltrer et bouleverser leurs pactes et leurs équilibres.

Ils imposent toujours plus, à toutes les forces nouvelles qui entendent se soumettre au suffrage universel, des discriminations aberrantes comme celles votées dans la "petite loi" électorale.

Le fascisme refusait la citoyenneté et les droits politiques réels à ceux qui ne faisaient pas partie du PNF (on votait même alors!), maintenant on les refuse à ceux qui ne font pas partie des sept partis constitués en forces officielles du régime.

On est en train d'imposer un régime fondé sur le privilège et le refus de l'égalité des citoyens devant la loi.

Devant ce tableau de violence destructrice de la loi même et des droits fondamentaux de civilisation démocratique, il n'est guère possible pour un nonviolent, de se plier sans être parjure et trahir les valeurs qu'il estime essentielles pour tous.

Il est nécessaire de réussir à affirmer, ne serait-ce qu'un principe; un principe de quelque chose de différent et d'opposé, et non pas une position idéologique abstraite.

Je pense que les massacres d'institutions et de personnes, qui dans notre pays se trament constamment et de manière toujours plus dramatique, sont dans un rapport de cause à effet. Lorsque les lois fondamentales sont massacrées par ceux-là même qui les imposent, il ne reste plus à une société, que le recours mortel à la violence, dans tous les camps et tous les affrontements.

Dans ces conditions, aucune loi ne peut-être faite respecter, parce qu'aucune confiance ne peut nourir la conscience du citoyen, de la personne.

Or, le régime a violé et viole toujours avec plus d'arrogance et d'assurance, le jeu démocratique, depuis plus de vingt ans et avec des coups toujours plus scandaleux ces dernières années; le régime viole non seulement les droits des minorités politiques, mais en premier lieu, le droit de la totalité des citoyens de connaître pour choisir et délibérer, en refusant ainsi le fondement même du suffrage universel, du pouvoir du peuple, de la démocratie, du pacte social.

Déjà en 1972, les radicaux, en particulier, durent, au nom du respect de la Constitution et de l'honnêteté du jeu politique et électoral, boycotter les élections, brûler publiquement leurs bulletins. Après deux ans, la Cour Constitutionnelle leur donnait raison de manière retentissante: malgré cela, ils ont comparu devant les tribunaux et de lourdes condamnations sont encore possibles à cause de cet épisode.

Je m'associe donc, à partir du 16 Avril, au jeûne collectif des radicaux pour obtenir la reconnaissance de leurs droits sequestrés de manière si infâme.

Mais je ne veux ni puis me limiter à cela. Il me semble urgent et nécessaire que le pouvoir admette de s'être - pour le moins - trompé lourdement, qu'il rende au moins un hommage formel et public aux principes mêmes auquel il ne cesse de se référer même s'il les refuse et les touche à mort dans la pratique. Aux principes sur lesquels, d'autre part, se fonde sa légitimité formelle.

Je demande en particulier que, indépendamment de la normale reconnaissance des droits cités, et des droits relatifs aux élections probables, il soit immédiatement donné au Mouvement des droits civils et au Parti Radical, la possibilité d'une intervention radiotélévisée d'une demi-heure au moins, à une heure de grande écoute.

Il s'agit d'affirmer concrètement, le principe d'une très partielle sinon symbolique, réparation des dommages subis par les citoyens et par les radicaux, par des années de censure illégale, d'exclusion anticonstitutionnelle de l'accès à la Rai. Et l'information d'un principe juridique, moral, et bien sûr politique.

Depuis presque deux ans, le PR a proposé au Parti Socialiste, une alliance politique. Depuis six mois, il l'a précisée officiellement et en tous lieux possibles. Le projet d'un programme de législature à proposer au reste de la gauche comme base d'une alternative de gouvernement de lutte d'opposition, et l'inclusion dans ce programme des objectifs contenus maintenant dans la "Charte de la liberté" ont été demandés avec une tenacité quotidienne.

Au Congrès du PSI encore, le Secrétaire national du PR, Spadaccia, avait officiellement rappelé qu'au PR, les hypothèses de simples accords électoraux, avancés par De Martino, n'intéressaient pas, mais que, tout au plus, ils pouvaient être considérés comme conséquences naturelles de la conclusion d'un accord politique bien plus ample.

En deux ans, et jusqu'à ces jours-ci, aucun geste, même propédeutique, même officieux, même à titre personnel, n'est arrivé à propos du sommet du PSI au PR, malgré les positions communes qui s'affirmaient sur l'avortement. Moins que jamais, après le Congrès socialiste qui, pourtant, dans sa motion finale, avait reçu le principe même d'un accord entre les deux partis.

Personne ne peut considérer qu'il se soit agi d'un hasard ou d'une distraction. On n'a même pas voulu, évidemment, affronter chez les socialistes, le débat sur les problèmes que les propositions radicales soulevaient, nécessairement.

Un seul exemple de confrontation qui a été éludé ainsi: le PR est pour l'abrogation et contre la révision (la confirmation!) du Concordat entre l'Eglise et l'Etat. Le PSI garde le silence et confirme de cette manière sa ligne officielle d'alignement sur la position neoconcordataire du PCI et de la DC.

Et encore: les radicaux avaient déclaré qu'ils jugeaient nécessaire une décision immédiate sur le projet de collecte d'un million de signatures pour les initiatives législatives de réalisation constitutionnelles et de réformes démocratiques. Le PSI a même refusé de prendre la requête en quelque considération que ce soit.

Dans ces conditions, et pour autant qu'on peut le constater aujourd'hui, considérant les plate-formes communes de lutte politique générale avec le PSI, souhaitables et encore possibles mais improbables, les radicaux n'avaient pas d'autre voie à parcourir que celle annoncée avec clarté et loyauté depuis deux ans: se présenter aux élections avec des listes autonomes.

C'est ce qu'en toute conscience je pense aussi. Par conséquent, si des faits nouveaux qui puissent nous faire changer notre jugement n'auront pas lieu, je confirme que je n'entends en aucun cas mener de campagne électorale en concurrence avec le PR et j'ajoute même que je me prépare à la soutenir.

Déjà les premiers signes de l'habituelle campagne terroriste contre le risque de dispersion des voix que comporteraient les listes de Démocrazia Proletaria et du Parti Radical, sont en train de se dessiner. Même si elles atteignaient d'importantes sommes de voix au niveau national, il existerait - affirme-t-on - le danger qu'elles n'atteignent pas le quorum net qui est la condition pour gagner une représentation parlementaire.

Il faut-être très clairs et honnêtes sur ce point.

Ces risques sont encore plus grands pour le PSDI et le PLI, désormais en phase de liquidation avancée malgré l'évidente tentative en cours dans la presse nationale, d'attribuer au Sénateur Saragat et à Valério Zanone, des dons charismatiques et sauveurs.

Ces partis ne survivent que grâce à l'argent des contribuables, et à la quote-part des sequestres de légalité constitutionnelle effectués par le racket radiotélévisé de l'information publique. Ce ne sont en somme, que des appendices de régime, sans équivalents de forces et de lutte dans le pays réel.

Personne ne peut en dire autant pour le PR et pour le mouvement des droits civils qu'il représente, ni pour les forces qui convergent vers Democrazia Proletaria.

Le PR, malgré l'ostracisme de régime, avec la Ligue pour le Divorce, le MLD, la LOC, a mené des luttes majoritaires, imposées au reste de la Gauche.

Nous présumons que sa popularité est grande, certainement plus grande que celle des partis laïques de régime. Mais puisque nous n'avons jamais chanté victoire avant de vaincre, nous entendons nous en tenir à un maximum de prudence et de responsabilité.

Il ne fait aucun doute, donc, que de nombreux électeurs puissent-être influencés contre le PR et Démocrazia Proletaria. Le PSIUP et "il Manifesto", même s'ils comptaient à eux deux trente parlementaires sortants, n'atteignirent en effet aucun quotient et ils dispersèrent ainsi un million de voix à gauche. Ayant prévu cette éventualité, les radicaux préférèrent combattre le boycottage des élections, dénoncer l'usage anticonstitutionnel de la Rai-Tv de la part du racket de régime pour avoir faussé la confrontation électorale. Devant la décision du Manifesto de se présenter, ils proposèrent un soutien gratuit et externe, à condition qu'il inclue dans ses listes les objecteurs de conscience et les prolétaires en uniforme enfermés dans les prisons militaires. Les camarades du Manifesto, convaincus que la candidature de Valpreda ait conjuré le risque, refusèrent sans y penser deux fois, avec le résultat que, hélas, on risque de payer encore aujourd'hui, au niveau des doutes et des incertitudes chez les élect

eurs. Il est donc opportun et nécessaire d'éviter le risque que radicaux et DP ne payent par des consensus inférieurs à ceux qu'ils auraient autrement, les spéculations sur l'existence de ce risque, même si nous sommes à peu-près sûrs qu'il n'existe pas.

Il est vrai, certes, que dans la circonscription de Milan, l'année dernière, Democrazia Proletaria obtint 90.000 voix. Mais il est aussi vrai que les résultats obtenus par le PSI démontrèrent que l'invitation tardive des radicaux à faire converger leurs voix vers les socialistes ne fut pas suivie: c'était l'époque du vote socialiste à la "Loi Réelle".

La présence des radicaux peut influer, à Milan comme ailleurs, sur l'électorat de la gauche communiste: il est impossible de prévoir combien, dans un sens ou dans l'autre.

C'est pourquoi je lance au PR, au PDUP, et à Avanguardia operaia, la proposition de se présenter dans deux circonscriptions importantes, à choisir entre Milan, Turin gênes et Rome, dans lesquelles les uns se présenteraient sous l'égide des autres et vice-versa. Dans ce cas, nous pensons qu'il ne subsisterait plus, objectivement, le risque d'un succès de la campagne qui pourrait même faire naître cette éventualité, autrement inexistante. Dans ces deux circonscriptions, le quorum serait presque mathématiquement assuré.

Je souhaite que cette proposition apparaisse pour ce qu'elle est: une contribution responsable au succès des listes alternatives qui se présentent effectivement à l'électorat, avec une possibilité de succès.

J'espère qu'elle ne sera pas considérée comme une preuve de faiblesse par ceux auquels elle est adressée, comme ne l'a pas été celle qui fut avancée en 1972.

Je pense en outre que cette preuve de responsabilité et de connaissance de la part de la gauche communiste et de celle de la gauche socialiste libertaire du PR, puisse constituer un autre élément important de force et d'attraction populaire. Les requêtes que j'ai énoncées plus haut, c-à-d, l'accès à la radiotélévision et la demi-heure réparatrice, je les fait au pouvoir, protéïforme, irresponsable, inatteignable par n'importe quelle action ordinaire de jugement. Je les fais au nom de la dignité même de tous et au nom des principes et des idéaux nonviolents, libertaires, laïques, socialistes qui sont les miens, les nôtres.

Sinon, le 26 Avril prochain, je passerai de l'habituelle forme de jeûne (trois cappucini par jour), qui déjà, m'est interdite médicalement parlant, à une autre plus grave, à base d'eau uniquement. Et si le 30 Avril, ces objectifs ne seront pas atteints, je n'absorberai même pas celle-là: un jeûne total, à outrance, jusqu'à ce que justice ne soit rendue.

J'ai appris de ce régime, des complicités épouvantables qu'il trouve même dans nos rangs, ce que d'autres apprirent sous le fascisme: que pour vivre il est parfois nécessaire de risquer sa vie: ou bien on se rend à la mort, et non seulement à sa propre mort.

 
Argomenti correlati:
stampa questo documento invia questa pagina per mail