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Notizie Radicali - 17 maggio 1976
Armée: où mène la realpolitik des gauches?
L'"utopie" radicale du désarmement se révèle comme le seul espoir concret contre les vocations putschistes des Forces Armées.

par Roberto Cicciomessere

SOMMAIRE: L'antimilitarisme aujourd'hui: la réalité tangible de l'"utopie" radicale - une contribution à la recherche d'une stratégie gagnante de l'antimilitarisme. Les faibles réponses des gauches traditionnelles et "révolutionnaires" à l'objectif d'"une petite armée mais toutefois efficace" proposée par l'Etat-major. La conquête des libertés politiques, civiles et syndicales est déterminante surtout pour les soldats et les officiers de carrière. Les thèses renonciataires et aberrantes exposées par Pecchioli à "Panorama". Contre les tentations minimalistes, la LOC doit s'appuyer sur la lutte antimilitariste. L'objectif d'un programme décennal de reconversion des structures militaires en structures civiles.

(NOUVELLES RADICALES n. 39, 29 août 1975)

Le "livret vert" de l'Etat-major de l'Armée, amplement diffusé par la presse estivale, nous explique comment devrait être "restructurée" notre force armée: "petite mais efficace". Le discours des technocrates ne fait pas un pli: notre armée n'est plus croyable comme instrument de "défense de la patrie". "L'utilisation de plus en plus répandue de technologies de pointe" a déterminé une "augmentation dramatique des coûts d'achat et d'exercice des armements et des équipements"; le tout est exaspéré "par le processus inflationniste qui a saisi l'économie mondiale". Notre armée, qui dépense près de 75 pour cent de ses allocations de budget pour entretenir les officiers, les sous-officiers et la troupe et 25 pour cent seulement pour les armements, a donc perdu progressivement de sa crédibilité comme instrument de "défense", bien que traditionnelle et non-nucléaire, par rapport aux autres armées de la région méditerranéenne qui peuvent par contre investir des pourcentages incroyables du budget de l'Etat dans l'acha

t d'armements de plus en plus sophistiqués et qui bénéficient des fournitures "politiques" des deux super-puissances.

A ce point les militaires nous proposent trois solutions, c'est-à-dire qu'ils nous en imposent une seule: 1) "augmenter actuellement les allocations sur les budgets militaires pour garder inchangée la dimension de l'instrument en le dotant des moyens de la technologie de pointe"; 2) "ne pas augmenter les budgets et laisser inchangées les structures militaires"; 3) "réduire les structures des Forces Armées". Evidemment la solution obligée sur la base de ce raisonnement est la troisième: la première solution est en effet "pratiquement inacceptable à cause de la priorité d'autres exigences sociales plus urgentes (!)"; avec la deuxième nous devrions accepter "le déclin qualitatif inexorable de l'instrument (Forces Armées)"; mais la troisième permet de "récupérer des ressources économiques à destiner aux programmes de modernisation".

L'analyse ponctuelle de l'amiral Henke au Centre des Hautes Etudes Militaires du mois de novembre 1974 dans laquelle on envisageait et on proposait à partir d'une analyse politique plus globale, la nécessité d'élever à 50 pour cent du bilan de la défense les dépenses globales d'armement, a trouvé une application précise, d'abord avec la loi spéciale de financement décennal de mille milliards pour la marine, aujourd'hui avec le "plan de restructuration pour l'armée" qui prévoit un financement extraordinaire de mille cent milliards de plus, et dans le futur avec d'autres lois financières spéciales pour l'Aviation.

C'est avantageux pour tout le monde surtout pour l'industrie

Et ce plan fait le bonheur de tout le monde: les industriels de la guerre auxquels est reconnue la pleine capacité de "satisfaire les exigences de l'Armée" et qui trouveront dans l'augmentation des commandes militaires, certaines et rémunératrices, une solution à la crise du secteur métallurgique; de vastes couches sociales qui trouveront de plus grandes possibilités d'exonération suite à la réduction du contingent de recrutement des 270.000 unités de 1975 aux 167.000 unités de l'année prochaine (même si les principaux bénéficiaires seront toujours les malins et les pistonnés qui appartiennent en général aux classe sociales élevées). Les partis de la gauche, qui avec la marginalisation et la "déqualification" militaire et stratégique progressive des soldats du contingent auxquels sont confiés des tâches territoriales qui ne sont pas bien définies et qui sont exclus de l'utilisation des nouveaux armements sophistiqués nécessaires aux "exigences d'une armée moderne, dont les moyens les plus complexes ne peuve

nt pas être confiés au personnel sous les drapeaux et qui pourront l'être encore moins dan le futur, lorsque le service militaire sera réduit à douze mois", pourront par conséquent faire affirmer leur ligne et leur politique corporative et réformiste, c'est-à-dire améliorer les conditions du militaire", sans affecter les "principes" de la vie du soldat, simplement parce que pour l'Etat- major l'armée de recrutement n'aura plus aucune importance, car elle sera réduite à une fonction de "représentation" et de couverture.

Et qu'il soit bien clair qu'aucun antimilitariste radical, nonviolent, ne considère cyniquement que l'hypothèse du dépérissement total de l'armée ne puisse et ne doive pas passer par l'acquisition de plus grandes libertés démocratiques et économiques des militaires. Nous pensons seulement que tout d'abord les revendications économiques ne peuvent être séparées, même pour aboutir, des revendications démocratiques, et que toutes ne peuvent avoir un résultat positif, si elles sont poursuivies de manière conséquente, sans la programmation d'une reconversion progressive des structures militaires en structures civiles et de paix.

Et, je répète, le discours "militaire" du S.M.E ne fait pas un pli contrairement aux nombreux plis du discours "militaire", politique et stratégique des forces de gauche, en premier lieu du Parti communiste, qui montre qu'il s'occupe, contrairement au Parti socialiste, "sérieusement" du problème.

Le "livret vert" nous montre en effet comment seront reconverties les dépenses "parasitaires" (pour l'entretien des effectifs) en dépenses "productives" (d'armement). Il nous montre par ailleurs très clairement la nécessité de confier à des forces spécialisées et donc "à longue permanence sous les drapeaux" la gestion de ces moyens modernes.

Et que pense le Parti communiste d'un plan qui prévoit l'augmentation du chiffre d'affaire de l'industrie militaire et donc le développement de liens économiques et politiques entre un secteur vital de l'industrie et la machine de guerre? Et les exportations de matériel militaire qui seront de plus en plus nécessaires avec l'augmentation de la capacité de production des installations? Les exigences "nationales", c'est-à-dire le maintien de l'emploi et des compétitivités de l'entreprise l'emporteront-elles sur celles des peuples du tiers-monde qui seront tués de plus en plus par des armes italiennes?

Que pensent-ils ensuite du type d'armements qui sont privilégiés dans le plan? En effet, ce n'est pas la même chose d'acheter des canons semi-mobiles ou des blindés "de combat qui permettront à l'infanterie d'utiliser ses armes également à bord". C'est une chose apparemment marginale mais symptomatique: le choix des états-majors et des industries de guerre s'oriente de plus en plus vers des moyens blindés légers, capables de transporter rapidement sur route (sans chenilles) un grand nombre de soldats. Ce sont là des moyens clairement inutilisables aussi bien dans une guerre de frontière dans une Italie montagneuse que dans un affrontement avec les chars "ennemis".

On doit donc croire que les stratèges prévoient soit une guerre de plaine, c'est-à-dire dans les centres habités de la vallée du Pô, soit une guerre civile, où les blindés auraient facilement raison des insurgés.

Mais la première hypothèse est-elle proposable dans une situation occidentale où l'on ne peut pas prévoir un conflit limité qui ne soit pas nécessairement un conflit atomique entre les grandes puissances et dans lequel par conséquent toute possibilité de défense conventionnelle est exclue? Il ne reste que la seconde hypothèse.

Et il me parait juste que les militaires préfigurent comme seule possibilité d'utilisation de la machine de guerre celle "intérieure". Mais il ne me parait absolument pas cohérent que cette hypothèse soit assumée par les partis de classe.

Mais cette armée à quoi sert-elle?

Nous arrivons ici à la première question fondamentale: si l'on accepte la logique militaire c'est-à-dire l'axiome de la nécessité de l'existence de l'armée, aujourd'hui, il faut accepter aussi la conséquence et les plans de ceux qui s'efforcent, dans les "étroitesses de budget" de définir un rôle des Forces Armées que les partis de gauche sont seuls désormais à considérer comme étant celui de la défense des frontières. Mais le Parti communiste nous dit à ce point que mettant de coté les plans des militaires qui pourraient être réactionnaires il y a le "peuple en armes" qui refuserait de réaliser de telles propositions antipopulaires.

Est-ce vrai? Mais peut-on trouver les mêmes garanties démocratiques chez le "peuple" sous les drapeaux et chez celui "en long service" ou chez les permanents" qui vivent des conditions sociologiques, ambiantes, des conditionnements économiques, certainement différents? Et le plan de l'Etat-major parle clairement: les soldats du contingent seront de moins en moins capables de manier les nouvelles armes, si bien que les volontaires devront augmenter, et que les soldats du contingent et les officiers et sous-officiers de réserve seront réduits pour des raisons économiques ("une forte réduction sera effectuée dans le secteur des Ecoles Militaires et des Ecoles pour Elèves Officiers et Elèves Sous-Officiers". Outre que les critères d'économie et de rationalisation, d'autres critères l'imposent, tels que la baisse de la demande de Cadres de réserves...) ou de toute façon relégués à des fonctions territoriales, c'est-à-dire marginales, de représentation. Ils représenteront autrement dit l'alibi des Forces Armées vi

s-à-vis de la gauche et vice-versa qui ne pourront pas se reprocher la transformation en armée de métier.

Parti communiste: non au syndicat

Ce sera par contre une armée de métier, comme du reste il ne peut en être autrement et "sérieusement" pour aucune armée traditionnelle qui entend conserver son propre rôle politique et militaire.

Il n'est pas sérieux ni responsable de se cacher derrière une apparence "populaire" de la part de ceux qui revendiquent du sérieux et de la compétence surtout parce que viennent à manquer, dans cette perspective, les garanties qui sont à la base de la politique militaire de la gauche.

On confirme donc encore l'impossibilité de garantir l'existence d'une armée efficiente et le moment démocratique lui-même: demain cette contradiction ne pourra plus être couverte, pas même par le mythe "populaire".

Mais venons à l'analyse des garanties "sérieuses", celles qui naissent de l'impossibilité d'empêcher l'augmentation des requêtes de démocratie effective, qui concernent toutes les couches de la population, et par conséquent aussi tous les grades des Forces Armées, au-delà des plans de marginalisation et de corporatisation des Etat-majors, celles qui ouvrent, si elles sont soutenues correctement, des contradictions énormes dans toutes les institutions totales et autoritaires.

Une croissance rigoureusement démocratique, même si immédiatement sans finalités antimilitaristes, est la seule qui peut faire avancer une stratégie politique qui s'oppose à la stratégie militaire et sur laquelle une force de gauche peut construire une crédibilité et une autonomie politique.

Continuer en effet à privilégier dans la négociation avec les milieux militaires les revendications économiques et démocratiques marginales signifie uniquement rentrer encore une fois dans la logique du "plan de restructuration" écrit par les militaires.

Ou bien les revendications économiques font partie du processus naturel de modernisation de la structure, ou bien elles ne représentent dans leur modestie qu'une justification pour demander de nouvelles allocations (ou pour stimuler des processus d'agrégation de type corporatif); ou alors, si elles sont portées à leurs conséquences légitimes elles ne peuvent être réalisées sans la création de structures syndicales solides qui doivent trouver leur place dans de vastes conquêtes démocratiques (liberté d'association, de réunion, de dissension, etc.). La troisième voie, la seule praticable, ne correspond pas à la pratique modérée des partis de gauche et notamment du Parti communiste qui se trouve ancré à une vision et à une logique militaire.

Mais aujourd'hui la réponse du Parti communiste à ces questions est claire: "Nous sommes contraires à ces deux solutions (syndicat des militaires et commissaire parlementaire des forces armées). Au syndicat, pour l'instant: nous craignons la création d'une série d'associations de catégorie, une par grade, de type corporatif. Au commissaire, toujours: il y a les Commissions parlementaires de la Défense. C'est à elles que revient le "contrôle", affirme Ugo Pecchioli (1) dans une interview à "Panorama". Ce qui ressort toujours clairement c'est le manque de confiance du Parti communiste dans les "gens", dans la capacité des "citoyens en uniforme" ou des sous-officiers démocratiques" de se donner des structures associatives et syndicales qui ne soient pas corporatives, de pouvoir représenter et coaguler sur des positions démocratiques et avec le soutien des syndicats et des partis de classe le malaise croissant et spontané qui naît parmi les militaires de tout grade. L'exemple des forces de police où n'existe que

l'organisation syndicale démocratique représentée par "Ordre public" et sans les petits syndicats autonomes et fascistes redoutés devrait avoir indiqué quelque chose. Cette attitude qui ne reconnait pas une réalité ou mieux une potentialité d'organisation démocratique parmi les soldats et notamment parmi les sous-officiers détermine par contre les conséquences corporatives que l'on voudrait éviter: par manque de soutiens substantiels le mouvement démocratique tend à s'isoler dans des ghettos idéologiques et sectaires laissant de plus en plus de place aux associations corporatives de militaires très fort protégées par les divers généraux Graziani et par les sociaux-démocrates.

Le soldat doit rester "obéissant"

Le refus ensuite de mener à fond la lutte contre les lois et les institutions spéciales de l'armée (code pénal et tribunal militaire) avec la justification aberrante et militariste que le soldat est un citoyen différent des autres (Pecchioli: "Pour nous aussi le soldat n'est pas un citoyen comme les autres. Pour une simple raison: il a des armes. Et ceux qui ont entre les mains des objets tellement dangereux doivent se soumettre à des règles précises, à certaines limitations de leur liberté personnelle"). Cela prive le soldat et encore plus le militaire en service permanent de la capacité d'un contrôle politique et constitutionnel de l'institution militaire, d'une capacité de négociation économique et normative, cela empêche l'ouverture dans les forces armées d'un débat et d'une confrontation libre sur les problèmes spécifiques et de la société sans lequel il ne pourra jamais y avoir aucune croissance démocratique. Et il est important de souligner l'erreur de l'affirmation de Pecchioli car elle introduit un

problème à mon sens déterminant dans l'analyse de la dangerosité des Forces Armées. Il me semble en effet juste de soutenir que ceux qui ont des armes doivent se soumettre à des règles particulières: mais qui gère effectivement le pouvoir mortel de ces "objets tellement dangereux" et de l'organisation préposée à leur utilisation? Est-ce que ce sont les soldats, les gradés ou uniquement un petit cercle de généraux et d'hommes politiques? Davantage de démocratie dans l'armée ferait augmenter les possibilités de contrôle et de débat sur les manières historiquement antipopulaires avec lesquelles ont été gérées dans chaque pays les armes et les organisations militaires. Mais le Parti communiste craint-il peut-être que dans un prochain futur les militaires organisés démocratiquement puissent refuser d'obéir aux ordres liberticides d'un général Vasco Goncalves de chez nous?

Un compromis avec les putschistes?

Notre position différente vis-à-vis du Parti communiste sur les demandes de liberté et de démocratie dans les Forces Armées dépend donc en grande partie de raisons de nature proprement théorique ou idéologique. Mais pas uniquement. En nous limitant à analyser les exigences tactiques qui pourraient être justifiées dans la situation particulière de l'Italie nous devons nous demander si une politique d'"adulation" et de "compréhension" à l'égard des hautes hiérarchies militaires peut obtenir à la gauche cette "neutralité" des Forces Armées souhaitable dans la perspective d'un élargissement ou d'un bouleversement des équilibres de pouvoir et de gouvernement en Italie? Les problèmes des interventions possibles des Forces Armées ou mieux des Etats-Unis à travers les corps militaires intégrés dans l'OTAN pour empêcher la montée au gouvernement de la gauche a été posé sérieusement par Berlinguer (2) aux forces politiques qui envisageaient une lutte sérieuse pour la construction d'une alternative à la Démocratie Chré

tienne (3). Une des justifications du "compromis historique" (4) est aussi celle de ne pas créer des fractures irréparables avec le monde occidental et par conséquent des situations "chiliennes". Et c'est un problème auquel la gauche alternative doit fournir une réponse. Sur le plan strictement militaire, il est cependant nécessaire de définir quelles pourraient être les forces utilisables dans une opération de type putschiste. Certainement pas l'armée de recrutement pour sa composition sociale et ses liens avec les organisations de classe. Dans l'abstrait nous pourrions dire en revanche que les corps utilisables dans ce sens sont les Carabiniers, la Police, les unités spéciales et opérationnelles intégrées dans l'OTAN ou de toute façon dont la composition est surtout volontaire et permanente; à l'appui de cette opération il y aurait les divers SID (5), Bureaux des affaires réservées, etc. avec leur attirail d'espions, fascistes provocateurs. Et à l'égard de ces gens-là, des divers généraux De Lorenzo, Micel

i, Maletti, Fanali, Birindelli, des colonels de la "Rose des vents" faut-il de l'"adulation" et de la "compréhension" pour obtenir une "neutralité"? Mais les juges démocratiques eux-mêmes se trouvent dans l'impossibilité de juger les crimes de ceux qui bénéficient depuis toujours d'une impunité, d'alliances, et de compréhensions suspectes. Il n'y a pas d'autres alternatives réalistes que celles qui passent par une dénonciation vigoureuse du rôle putschiste des autorités de l'Armée, des centaines de morts qui ont été faits, depuis la Banque de l'Agriculture jusqu'à Piazza della Loggia, par des militaires traditionnellement engagés dans la guerre contre l'"ennemi intérieur", qui contrairement à Bava Beccaris tuent les prolétaires en ne faisant pas tirer les soldats mais en finançant, organisant, protégeant, armant les tueurs fascistes. L'autre garantie par rapport à ces corps "potentiellement putschistes" est celle de combler le vide et l'isolement créé entre ces prolétaires et exploités en uniforme et la soci

été civile.

Brecht disait que les soldats ont un défaut: ils pensent. Mais tant qu'il sera empêché aux carabiniers, à la police, et également aux sous-officiers et officiers de penser, de se confronter avec le débat croissant hors des ghettos et des "institutions totales" sur lesquels se fonde l'organisation aliénante de la caserne, l'observation de Brecht ne produira pas les garanties démocratiques et de contrôle qui peuvent naître pourtant dans les Forces Armées et notamment parmi les permanents. Et ce n'est par hasard que le Parti radical "antimilitariste" trouve, apparemment de façon contradictoire, de plus grandes raisons d'intervention parmi les militaires permanents que parmi les soldats. La lutte antimilitariste parmi les soldats du contingent, si elle ne veut pas se transformer en lutte pour l'organisation militaire et révolutionnaire de ces derniers, peut être utilisée tout au plus comme lutte d'agitation politique, de prise de conscience qui trouvera cependant de moins en moins de prise dans des contradiction

s vitales des Forces Armées (exception faite des codes et des règlements militaires) suite à la marginalisation opérationnelle des "obligés", (exclus par conséquent de chaque plan d'utilisation intérieure et anti-populaire), à la réduction du service militaire (qui diminue la période de temps dans laquelle on peut reconnaître et organiser le malaise), aux améliorations économiques prévisibles (avec une diminution tout aussi prévisible des malaises spécifiques de la condition de soldat en Italie). Les militaires permanents réunissent par contre toutes les conditions nécessaires pour un projet d'organisation révolutionnaire: considérés les éléments de pointe de toute opération "intérieure" ou "extérieure", avec des "temps de cohabitation" utiles pour la création d'organismes stables; dans des conditions précises qui prévoient l'augmentation du malaise "matériel" et "moral" suite à l'incompatibilité des lois militaires avec la croissance démocratique du pays et des salaires avec l'inflation et la hausse de la d

emande salariale des employés de la fonction publique.

Quel antimilitarisme nonviolent?

Et au-delà de la signification des requêtes économiques, normatives, des claires dénonciations des tribunaux militaires, à tous devrait être évidente la valeur de la pratique démocratique à laquelle pour la première fois des policiers et des sous-officiers se préparent et qui représente le plus grand élément de contradiction avec une structure qui les voulait obéissants, apolitiques, isolés, "dignes".

Pour finir nous devons nous demander quelles nouvelles tâches et nouvelles stratégies reviennent au mouvement antimilitariste nonviolent des objecteurs dans ce processus de restructuration des Forces Armées qui modifie surement les contenus d'analyse antimilitariste qui nous ont animés ces dernières années.

Ce travail de révision théorique et pratique de l'antimilitarisme nonviolent devient de plus en plus urgent justement parce qu'on observe dans le mouvement des attachements "nostalgiques" à des mots d'ordre désormais dépassés et à une capacité d'affirmation diminuée de la proposition de l'objection de conscience. Les contrastes dans la dernière marche antimilitariste entre les anarchistes qui revendiquaient une pureté antimilitariste en refusant tout soutien aux mouvements des militaires et les "réformistes radicaux" qui appuyaient par contre les luttes démocratiques des sous-officiers, des soldats et des policiers; la crise par ailleurs du témoignage de l'objection de conscience, qui en l'absence d'une réponse répressive de la contre-partie militaire, a amené à un détachement progressif de la LOC (6) de ses taches d'initiative politique antimilitariste pour se transformer en une agence de placement pour objecteurs ou en une structure de soutien d'expériences précieuses dans le social et dans le monde de l'a

ssistance aux objecteurs de conscience en service civil, oublieux de plus en plus que les caractères spécifiques qui nous caractérisent sont ceux de la lutte contre l'autoritarisme militaire et non contre toute forme d'oppression, rend inajournable un débat profond et une explication qui trouvera sa meilleure place dans le prochain congrès antimilitariste.

La reconversion des structures militaires

Une seule observation: avec le développement du débat sur les problèmes de l'armée, de l'organisation démocratique des militaires de tout grade et par conséquent des contradictions sans remède entre démocratie et socialisme, et organisation et finalités militaires, la question sur le rôle des Forces Armées se posera aux forces politiques, à la société civile, aux militaires démocratiques sincères. La gauche traditionnelle révolutionnaire pourra proposer tout au plus le modèle portugais ou le modèle suédois. Par conséquent la proposition de reconversion des structures militaires en structures civiles, le projet traditionnel radicalement antimilitariste qui conditionne la construction d'une société socialiste au dépérissement, dans chaque état, des structures militaires, pourra trouver encore plus clairement une place et être en dernière analyse le moins "utopique". Mais la possibilité de poser la candidature du mouvement antimilitariste pour la gestion de cet espoir libertaire dans le pays dépend de la force

avec laquelle nous saurons maintenir fermement dans les prochains jours, face aux tentations militaristes présentes pourtant dans notre mouvement, ces positions politiques et de la capacité d'associer à la proposition de reconversion des projets précis de solution des problèmes économiques et sociaux. L'engagement que nous avons pris avec la motion nationale de la LOC d'organiser un congrès d'économistes socialistes pour étudier et préparer un plan scientifique de reconversion des structures militaires en structures civiles de progrès ne représente pas dans la condition actuelle d'absence de débat politique dans le mouvement et de marginalisation de la proposition nonviolente du débat politique général, une échéance bureaucratique mais un objectif de lutte à conquérir.

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N.d.T.

1 - PECCHIOLI UGO. (Turin 1925). Sénateur, représentant du Parti communiste italien (PCI). Responsable pendant longtemps pour son parti des questions relatives à la politique intérieure, indiqué par les radicaux comme co-responsable d'un bon nombre d'histoires obscures liées aux années du terrorisme.

2 - BERLINGUER ENRICO. (Sassari 1922 - Padoue 1984). Homme politique italien. Député à partir de 1968, secrétaire général du Parti Communiste Italien (PCI) de 1979 jusqu'à sa mort. Après la crise et l'assassinat d'Allende, il fut fauteur du "compromis historique", qui amena de 1976 à 1979 à la "majorité dite du non-refus de confiance", la plus haute réalisation de la stratégie de Togliatti pour un accord organique avec la Démocratie Chrétienne. C'est à lui qu'appartînt le projet de donner vie à l'"Eurocommunisme", une tentative de projeter en occident un réformisme qui ne reniât pas tout à fait l'expérience communiste.

3 - DEMOCRATIE CHRETIENNE (DC). Parti italien d'inspiration chrétienne/catholique. Constitué sous ce nom dans l'après-guerre recueillant l'héritage du Parti Populaire qui avait été fondé dans le premier après-guerre par un prêtre sicilien, don Luigi Sturzo. Après les élections de 1948, dans le climat de la guerre froide, la DC devint le parti de majorité, s'approchant certaines fois de la majorité absolue. Composant central de tout gouvernement, elle a détenu le pouvoir sans interruptions pendant un demi-siècle conditionnant fortement le développement de la société italienne. Aux élections de 1992, pour la première fois, la DC est descendue sous la barre des 30% des suffrages. La DC a changé de nom en 1994, donnant naissance au PPI (Parti Populaire Italien) et au CCD (Centre Chrétien-démocrate).

4 - COMPROMIS HISTORIQUE. Projet politique, poursuivi notamment par Enrico Berlinguer, secrétaire du Parti communiste italien (PCI), et fondé sur une collaboration organique entre communistes et catholiques.

5 - SID. Service d'information de la défense. Il s'agissait d'un bureau de l'état-major de la défense chargé des services de sécurité de l'état. Crée en 1966, le SID fut dissout en 1977 et remplacé par le SISMI.

6 - LOC. Sigle de la "Ligue pour l'Objection de Conscience".

 
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