par Massimo Teodori, Piero Ignazi et Angelo Panebianco.SOMMAIRE: L'analyse théorique du rapport entre les mouvements collectifs et le Parti Radical. Dans ce chapitre on approfondit la nature et le rôle du PR et la différence avec les autres forces politiques: tandis que les partis politiques traditionnels visent à exercer une hégémonie sur la société civile, le projet du PR est "de redonner à la société civile une expression politique autonome, en faisant »sauter , du moins en partie, la médiation de la société politique".
INDEX GENERAL
"Préliminaires des auteurs"
Première Partie
HISTOIRE DU PARTI RADICAL
I Des Vieux radicaux aux nouveaux
- 1 Le premier Parti Radical (1955-1962)
- 2 Le centre-gauche et l'optimisme technocratique du bien-être
- 3 Les nouvelles oppositions en Europe
- 4 L'héritage du mouvement des Etudiants
- 5 La gauche radicale
"Notes"
II La solitude d'une Minorité
- 1 L'épuisante reprise du nouveau groupe
- 2 L'"Agence Radicale" et ses batailles: Eni, assistance, école
- 3 Unité et autonomie: conflit avec la vieille gauche
- 4 Les radicaux face aux propositions d'unification de la gauche
- 5 L'isolement d'une culture politique différente. Vers le
congrès de refondation (1964-1967)
"Notes"
III La campagne pour le divorce
- 1 La naisance et le développement du Mouvement favorable au
divorce avec la LID
- 2 Le mouvement populaire et l'action de pression sur le
parlement
- 3 Du divorce au referendum
- 4 Les radicaux dans le mouvement favorable au divorce:
signification politique générale
"Notes"
IV Un parti à la recherche de lui-même. Du congrès de refondation
(1967) à celui du relancement (1972)
- 1 A travers "68"
- 2 Les nouvelles initiatives: justice, sexualité, Concordat,
libération de la femme
- 3 Avec l'antimilitarisme et l'objection de conscience, une
présence militante caractérisée
- 4 Les radicaux et le système politique depuis les élections
de 68 à celles de 72
- 5 Les difficultés du parti en marche vers le Congrès de
relancement (Turin 1972)
"Notes"
V Avec les droits civils, l'opposition au régime
- 1 Après le relancement, les initiatives se multiplient, avec
un parti très fragile
- 2 Les huit referendum et le referendum sur le divorce
- 3 L'été brûlant de 1974: la bataille pour l'information conduit
Pannella à la Tv
- 4 Les radicaux face à la "question socialiste"
"Notes"
VI Pour une révolution démocratique
- 1 Action directe et action populaire pour l'avortement
- 2 Encore sur les droits civils prend forme le parti federal.
Lacharte des libertés
- 3 Avec les élections du 20 Juin 1976, les radicaux au Parlement
"Notes"
VII Dans le pays et au Parlement
- 1 Une minorité au Parlement
- 2 Le projet de referendum en tant que projet d'alternative
- 3 Le conflit entre communistes et radicaux
- 4 les motifs de vingt-annnées d'histoire radicale
"Notes"
Deuxième partie
ELECTORAT, MILITANTS, MOUVEMENT: UNE INTERPRETATION SOCIOLOGIQUE
I Les militants radicaux: composition sociale et comportements
politiques
- 1 Préliminaires
- 2 La composition sociale
- 3 Les radicaux et le parti
- 4 Comportements politiques généraux
- 5 Le profil social-politique
- 6 Conclusions
"Notes"
II Le vote radical aux élections du 20 Juin 1976
- 1 Les caractéristiques générales du vote
- 2 Un consensus électoral urbain
- 3 Un vote d'opinion
- 4 Les préférences: la concentration sur Pannella
- 5 Analyses d'un cas: la Toscane
- 6 Considérations conclusives
"Notes"
III De la société corporative aux mouvements collectifs: nature
et rôle du Parti Radical
- 1 Parti politique, groupe de pression, mouvement: PR atypique
- 2 Normes, structures, charisme: les contradictions
- 3 Association des intérêts, contrôle social et mouvements
spontanés
- 4 Système politique et société corporative
- 5 De la négociation au conflit
"Notes"
APPENDICE
I Statut du Parti Radical
II Les organes centraux du PR
III Historique des principaux moments des mouvements fédérés et
des ligues
IV Sources et bibliographie
("Les NOUVEAUX RADICAUX", histoire et sociologie d'un mouvement politique - Massimo Teodori, Piero Ignazi, Angelo Panebianco - Editions Arnoldo Mondadori - Octobre 1977)
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DE LA SOCIETE CORPORATIVE AUX MOUVEMENTS COLLECTIFS: NATURE ET ROLE DU PARTI RADICAL (2ème Partie)
4. "Système politique et société corporative"
Organisation interne et implantation sociale sont plus un effet qu'une cause du rôle d'une formation politique dans un système social. Cela est vrai pour les grands partis d'ntégration comme pour les petits partis d'apparat. C'es également vrai pour le PR. Ni la nature de la demande sociale que cette formation politique organise, ni les caractéristiques de son action politique paraissent compréhensibles sinon dans le cadre d'une analyse sur les conditions générales qui lient entr'elles les société capitalistes et sur les conditions spécifiques qui distinguent le système politique italien.
La société capitaliste est une société »réglée par l'Etat (27). Une fois tombée la vieille »séparation entre société civile et Etat, la tendance est à l'interprétation toujours plus étroite entre les deux sphères. La »régulation globale de l'Etat des processus vitaux de la société (28), produit la politicisation de tous les rapports sociaux. Le conflit de classe qui avait son épicentre dans l'industrie est encore important, mais de nouveaux conflits explosent et se répandent dans tous les secteurs du système social. La classe politique, les centres décisionnels de l'état, les appareils idéologiques de contrôle, sont la contre-partie des nouveaux conflits. Comme l'a écrit un sociologue, l'un des premiers à avoir eu l'intuition des nouveaux développements: »notre passé économique et social a été dominé par l'affrontement central entre l'industrie et les syndicats; aujourd'hui les deux adversaires continuent de s'opposer mais leur lutte ne touche plus tous les niveaux de la vie sociale; elle se place au
x étages intermédiaires, ce qui leur laisse une importance considérable. Mais il faut reconnaître que la politique économique et sociale de la société, comme la vie privée des travailleurs, commande moins directement et moins complètement qu'avant (29).
L'intervention de l'Etat dans l'économie ouvre la voie à des changements internes à la classe dirigeante, et à des modifications dans tout le bloc social que cette classe organise. C'est seulement dans une optique du 19ème siècle, incapable de saisir les changements, que l'Etat peut-être conçu en tant que "suprastructure" face aux rapports de classe. Dans la société contemporaine, par contre, l'Etat est, pour utiliser une expression althusserienne, le "lieu de condensation" des relations de pouvoir de la société.
Le rapport transformé, par rapport à l'époque du capitalisme libéral, entre société civile et Etat, a provoqué des changements dans la physionomie interne des classes supériores et subordonnées, et a déplacé de l'usine à l'entière société l'épicentre des conflits de classe. L'institutionnalisation des conflits industriels comporte une augmentation du poids politique des syndicats ouvriers mais, en même temps, il le transforme d'expression organisée de mouvement social de contestation, en groupe d'intérêts, avec des fonctions de représentation et de contrôle social (30).
La société politique, le système des partis et des groupes de pression, strucure intermédiaire entre société civile et Etat, d'instrument de médiation entre un "public" bourgeois restreint et les institutions de l'Etat, se transforme en un "marché politique", siège de l'échange et de la négociation collective entre représentants des multiples groupes sociaux où s'articule la structure "pluraliste" de la société. La »médiation entre une pluralité d'intérêts se déroule aussi bien à l'intérieur de chaque parti que dans les rapports inter-partis et entre les partis et les groupes de pression. La »théorie économique de la démocratie (de Joseph Schumpeter à Robert Dahl) (31), a depuis longtemps indiqué avec précision ce phénomène. Naturellement, l'image de »marché pour indiquer le fonctionnement réel du système politique, ne doit pas être entendu dans le sens que tous les groupes sociaux qui participent au »jeu politique ont les mêmes chances de succès au départ. Le système est déséquilibré en faveur de l
a classe dirigeante et qui, par définition, ne sort jamais perdante du processus politique (32).
La négociation entre intérêts sectoriels qui ont pour enjeu des mesures administratives dotées d'autorité, comme principale activité du système politique, justifie que l'on parle d'un "neo-corporativisme" en tant que trait politique dominant de la société occidentale (33).
L'affirmation d'intérêts "de catégorie", c-à-d, corporatifs, à l'intétieur du système politique, est directement proportionnel à la chute de tension idéologique, de tension vers les buts-ultimes, non négociables, de réorganisation de la société. Les partis perdent la "capacité de réforme, la capacité" de lutter pour des buts généraux, ils se transforment en instruments de médiation des intérêts catégoriels.
Ce système politique produit des exclusions et des marginalités. Seuls, en effet, sont valorisés politiquement, les intérêts qui ont, selon l'expression de Weber, "une capacité de monopole sur le marché" (34), qui peuvent échanger des prestations importantes pour le système dans son ensemble, avec des intérêts d'Etat. L'accès au marché politique est par contre, fermé à ceux qui manquent de "capacité de négociation" (prisonniers, femmes au foyer, retraités, chômeurs, etc..., mais aussi les secteurs les plus faibles, "périphériques", de la classe ouvrière), tous les groupes ou les presque-classes dont les besoins ne peuvent-être satisfaits de manière compatible avec la perpétuation et la reproduction du système social: »...du point de vue de la stabilité politique dans les systèmes avancés de capitalisme réglé par l'Etat, le problème n'est pas tant celui du privilège politique d'une minorité dominante même économiquement... que celui de la garantie d'exclure et de réprimer des articulations de besoins qui
peuvent préjuger le système; le filtre et le contrôle du processus de formation de la volonté ne se fait plus à travers les droits positifs associés à des catégories déterminées de personnes, mais à travers des mécanismes de discipline incorporés dans les institutions de l'articulation politique des besoins (35).
Le parti politique est, dans ce système, une structure de représentation et une structure de contrôle social qui doit "filtrer" les demandes politiques en excluant systématiquement du marché la représentation des "besoins" que le syatème ne peut satisfaire sinon en expérimentant les changements radicaux. Cette exclusion s'exerce de deux façons: "directement", en supprimant les demandes des catégories sociales dénuées de pouvoir de négociation, "indirectement" en bloquant ou en rendant difficile l'entrée dans le système politique de nouvelles formations qui pourraient se charger de ces demandes. Par conséquent le système politique »...porte clairement des traits de monopole, puisque l'accès au marché est rendu difficile aux groupes concurrents et que le cadre du pouvoir administratif en commun est étendu (36).
Le financement public des partis est un indicateur éloquent de leur changement d'organisations "privées" pour la réalisation de buts collectifs en structures "publiques" de contrôle social avec un intérêt commun pour le maintien d'une position de privilège comme celle d'un marché politique oligopoliste.
Le tableau général peut-être résumé encore une fois par les mots d'Offe: »Le système pluraliste d'intérêts organisés, exclut du processus politique de formation de la volonté toutes les articulations des besoins qui sont générales et non-liées à des groupes de status; qui ne sont pas capables de produire des conflits, puisqu'ils n'ont pas de signification fonctionnelle pour le processus de valorisation du capital et de la force-travail, et qu'ils dépassent les limites historiques du système, sans s'en tenir aux règles de la prudence pragmatique dans les négociations (37).
Deux tendances opposées s'affirment. La première est la "dépolitisation" de la demande qui trouve un accès au système politique: la requête de bénéfices catégoriels étouffe la proposition politique de changement général. Et puisque tout nouveau processus social produit des rationalisations qui tendent à le légitimer, avec l'avènement de la "société règularisée" le concept-même de "démocratie" change: d'ensemble de conditions et de procédures politiques qui doivent favoriser le processus d'auto-émancipation de la collectivité et d'expansion de la sphère de liberté (38), à "technique de gouvernement", instrument de la négociation entre intérêts catégoriels et de résolution des conflits sociaux. (C'est la différence qu'il y a entre la théorie démocratique classique de Rousseau et la théorie de l'"élitisme démocratique" de Schumpeter).
La deuxième tendance est celle de l'explosion des mouvements collectifs spontanés, en tant que produit de la "politicisation" de tous les rapports sociaux. Dépolitisation des rapports internes à la société politique et politicisation des rapports sociaux sont les deux faces de la médaille. La crise qui touche le système social par l'effet de ces tendances opposées se résout, selon Habermas (39), en un "déficit" permanent de légitimation du système politique. Le mouvement collectif, qui par son existence même comporte la naissance d'une crise de légitimité pour le pouvoir politique, implique une réappropriation de "capacité idéologique", de la capacité de lutter pour des buts non négociables, perdue par le système politique. Son explosion est la conséquence du "barrage" que le système politique qui suit l'explosion d'un mouvement collectif dépend autant de la logique interne d'expansion du mouvement (40) que de la capacité des partis de "réabsorber" la poussée destructive des mouvements collectifs, qui t
ransforment la demande idéologique en un ensemble de demandes négociables sur le marché.
Il faut ajouter que la crise de la formation sociale décrite à grands traits n'est pas seulement produite par l'incapacité du système politique de répondre aux besoins èmergeants. Elle est aussi le fruit de la gestion inefficace des ressources - gaspillage "programmé" (41), "crise fiscale" (42), "féodalisme" de l'économie (43) que ce système d'organisation de la société comporte (crise de rendement). Si ces observations qui précèdent permettent de mettre au point certaines tendances de fond qui semblent lier les sociétés occidentales contemporaines, il est cependant clair que chaque système social présente des caractéristiques spécifiques qui le différencient de tous les autres. En Italie, certains "trends" se sont manifestés avec une force particulière, d'autres par contre n'ont pas opéré du tout, et d'autres encore ont opéré mais très faiblement.
La présence d'un parti dominant dans le système politique et la "congélation" depuis trente ans du Pci ont déterminé, par rapport au tableau général précédent, certaines variantes qui doivent-être considérées avec attention:
- l'absence d'un "compromis de classe" (socialdémocratie) qui s'est depuis longtemps concrétisé dans les pays les plus présents à l'attention des spécialistes de la formation sociale capitaliste, avec la conséquente absence de structures productives et de développements du type "welfare state" (44);
- une plus grande propension au compromis entre les "élites", pendant longtemps comme conséquence du bas niveau de compétivité interne au système politique et comme reconfirmation de certaines constantes de l'histoire politique italienne (transformisme) (45); une plus difficile lecture du fonctionnement du système politique italien par rapport aux autres systèmes, parce que ce système politique présente simultanément les caractères du marché décrit précédemment (46) et, toutefois, il contient plus que d'autres une potentialité de changement politique général.
Le fonctionnement "contradictoire" du système politique italien comporte un rôle plus expressif et moins "instrumentaire de l'idéologie: la fragmentation idéologique, la présence de la subculture politique enracinée, ont empêché la réduction du système politique à un simple marché, au lieu d'échange entre intérêts catégoriels. Cela parce que la subculture socialiste et le Pci, ont pendant longtemps organisé, en plus d'une demande "particulière", également et surtout, une demande "générale" de changement, c-à-d, de cette spécifique demande politique qui implique un processus d'échange entre représentants et représentés qui »...se vérifie par un minimum de négociation et par un maximum d'identification aux buts généraux du sujet collectif parti (47). D'un autre côté, le degré peu élevé de compétitivité du système a agi comme contre-tendance élargissant démesurément la négociation et l'échange au nom des intérêts catégoriels dans l'aire du gouvernement, en annulant la capacité de réforme (crise de rendeme
nt et de légitimité) du système politique. Même l'opposition n'a pas été exempte d'implication dans le processus déchange (comme le prouvent les recherches sur le comportement parlementaire) (48), en partie sûrement parce que cela a été pendant longtemps »... l'une des rares manières de l'opposition de garder des rapports concrets avec la demande, même si particulière, pour que le pays ne soit pas réduit au débat intellectuel d'opinion dépourvu d'effets (49), mais également dans le cadre d'une stratégie de rapprochement vers l'aire du gouvernement et d'une légitimation interne et internationale qui, selon les traditions de l'oposition politique en Italie, privilégie l'accord et le compromis par rapport à l'affrontement et au conflit. Entre opposition et compromis donc, il se développe dans la période de la stabilité du corps électoral (1948-1972), cette "intégration négative" dont on a parlé pour définir le rapport entre Pci et système politique (50).
D'où cette ambivalence caractéristique du système politique italien qui en fait un marché d'intérêts catégoriels (neo-corporativisme) comme ou même davantage que d'autres systèmes politiques et en même temps, moins "fermé" à la demande "générale", non négociable.
La présence d'un parti dominant renforce certaines tendances de fond qui opèrent dans tous les systèmes occidentaux mais avec des caractéristiques spécifiques. Ici l'"occupation de l'Etat" de la part de la classe politique de gouvernement et l'expansion de l'Etat dans l'économie avancent plus rapidement qu'ailleurs, non pas comme conséquence du développement d'un "welfare state", mais comme conséquence de l'"inamovibilité" des rôles du gouvernement du parti de majorité. Le sous-gouvernement, la possibilité de dispenser des "postes" et des "sinécures" comme "mesure" de la force politique, le clientélisme comme méthode de gouvernement s'associent à la tendance générale, à l'interpénétration entre Etat et société civile, mais avec des résultats différents par rapport aux autres systèmes occidentaux. La classe politique de gouvernement acquiert davantage de force par rapport aux systèmes politiques dans lesquels prévaut l'"alternance" (51).
Les mouvements collectifs explosent avec plus de force et de ténacité en Italie par rapport aux autres systèmes sociaux occidentaux. Et non seulement parce que le système des partis fonctionne en excluant certains besoins de la sphère politique. Cela est vrai en effet pour l'Italie comme pour tous les autres systèmes politiques. Il ne s'ensuit pas que partout les mouvements collectifs sont également forts et vitaux. La fermeture totale du système politique aux demandes non-négociables produit l'apathie, et non la révolte, l'incapacité de relation, et non la contestation.
Cela semble être plutôt le fonctionnement contradictoire du système politique la cause principale de la force des mouvements collectifs "externes" au système politique en Italie, sa manière d'être à la fois marché de demandes dépolitisées, bloqué et dénué de capacité réformatrice et, en même temps, non totalement fermé à la demande de changement, avec des possibilités réprimées, "latentes" mais présentes, de changement général (52).
Les mouvements collectifs qui naissent périodiquement dans la société italienne depuis 68, se caractérisent certainement »par le refus de la négociation et la réappropriation de l'idéologie , et ils sont sûrement liés »à l'usage erroné de ressources institutionnelles et à la sclérose des rapports de représentation (53). Ils naissent certainement aussi du fonctionnement imparfait de la démocratie représentative entendue comme instrument d'institutionnalisation des conflits sociaux (54). Mais ils sont aussi et peut-être et surtout, liés aux potentialités de changement, qui existent dans le système politique et que l'opposition de gauche, recherchant l'accord avec le bloc de pouvoir dominant, ou avec certains de ses secteurs, ne réussit pas à exprimer.
La tendance au compromis, à l'accord entre les élites politiques - avec son évitable corollaire social-économique, le corporativisme - ne s'épuise pas avec les élections du 20 juin 76, avec ce qui dans le langage politique a été défini »la fin de la centralité démochrétienne et qui en substance signifie le passage d'un système à parti dominant, à une nouvelle représentation politique où le système »... ne fonctionne pas comme biparti mais comme un système avec "deux" partis "dominants et convergents" (55). L'aspect de la convergence est essentiel. En effet, avec les nouveaux rapports de force »il y a des raisons intrinsèquement politiques qui opèrent pour renforcer la stabilité... . Les raisons politiques ont été explicitées par le résultat électoral.
On parle justement de fin de la centralité démochrétienne. Non seulement à cause de l'arithmétique parlementaire mais surtout de la nécessité de stabiliser un cadre politique dans lequel elle puisse reprendre l'accumulation et se reconstruire un bloc social: cette centralité peut-être remplacée, "à l'intérieur des obligations du système", uniquement par les convergences entre Pci et Dc. La convergence est un subrogé d'une "centralité disparue" (56). Autrement dit, la "polarisation" expérimentée du système politique italien n'a pas comporté de "radicalisation" de la confrontation politique (57). Au contraire elle a imposé un élargissement de l'aire de la négociation et, ce qui compte encore davantage, une plus grande "visibilité" de l'échange et des caractéristiques du système des partis comme "marché politique".
Il existe simultanément de puissantes forces sociales qui tendent à destabiliser le cadre politique, expressions aussi bien de contradictions spécifiques (par ex. la fracture entre marché du travail et institutions scolaires) (58), que des besoins des groupes sociaux "faibles", politiquement en marge ou en voie de marginalisation. L'exclusion ne produit pas d'apathie mais la révolte. Et la contestation de Lama à l'Université de Rome a été vue, symboliquement, comme la révolte des marginaux et des exclus contre les travailleurs de l'industrie syndicalement protégés, confirmant aussi pour l'Italie, du moins comme ligne de tendance, le jugement rappelé d'abord sur le rôle transformé du syndicat dans les systèmes politiques occidentaux.
Le système politique italien présente, exacerbés, de nombreux traits "idéal-typiques" des systèmes capitalistes, mais avec certaines différences de fond significatives. Deux caractéristiques spécifiques de ce systèmes paraissent importants:
1) la non-complète réduction du système politique de marché, selon la formulation de la théorie économique de la démocratie, et cependant une forte tendance vers le neo-corporativisme facilitée, non découragée, par les choix stratégiques des élites politiques d'opposition;
2) la présence de mouvements collectifs qui opèrent avec plus de force qu'ailleurs, en explosant continuellement dans les différents points du système social. Sous cet aspect, le jugement de Touraine semble s'adapter: »Bien que les mouvements de base et l'appel à la spontanéïté viennent de causes différentes et peuvent-être à cause de cela des phénomènes de brève durée, ils semblent représenter l'un des signes d'une transformation plus durable: le rapprochement entre la base sociale d'une action collective et ses moyens d'action au niveau de la société... Cette situation, qui met face à face le pouvoir central et les mouvements de base, ne comporte pas en soi un affaiblissement ou un renforcement du système politique. Il est important en soi parce qu'il indique l'apparition généralisée de mouvements sociaux qui ne prennent pas forme au niveau d'une collectivité politique, mais à partir de problèmes sociaux-mêmes (59).
La contradiction du système politique italien fait en sorte qu'il existe pour les mouvements de la société civile une chance de peser politiquement qui leur est refusée dans les systèmes politiques plus fermés. Mais pour s'exprimer ils ont besoin d'instruments et de canaux politiques que le système des partis traditionnels, à cause de la logique de la convergence qui préside son fonctionnement, doit refuser et étouffer.
5. "De la négociation au conflit"
Cette longue digression était nécessaire pour évaluer, sans eccessives simplifications, le rôle du PR dans le système politique, la nature de la demande sociale que ce parti représente, les raisons structurelles des effets détonnants que sa "méthode" d'action politique provoque régulièrement dans les rapports et les équilibres interpartitiques.
A ce moment-là, l'action des radicaux peut peut-être être mieux comprise, surtout son caractère qui frappe l'observateur, à la fois "respectueux de la loi" et "destructif", le respect, littéralement, de la Constitution et, simultanément, les traits "révolutionnaires" des initiatives radicales. On peut affirmer tout d'abord, que c'est le iatus entre la Constitution et l'ensemble des pouvoirs de fait (le régime, la constitution matérielle) qui confère ce double caractère aux actions radicales et qui permet au PR de combattre les pouvoirs au nom des règles que ces derniers utilisent pour des finalités d'auto-légitimation (60). Le caractère "respectueux de la loi" permet d'opposer la démocratie en tant que participation à la démocratie en tant que technique de gouvernement, le pouvoir décisionnel du "citoyen" à l'hégémonie des partis. L'action politique des radicaux est, en même temps destructive (par rapport aux équilibres politiques) parce que:
- elle est l'expression délibérée des demandes que le système politique ne peut satisfaire;
- elle introduit des éléments de "conflit" dans un système des partis qui tend à la convergence et à l'accord;
- elle oppose à l'hégémonie des partis le "réveil" de la société civile, la réappropriation par le bas du pouvoir décisionnel contre le pouvoir des partis en tant qu'instruments de médiation et de filtre. Ce qui explique la violente opposition des partis, en tant que structures qui tendent au monopole absolu de la représentation des intérêts, à la politique radicale et leurs efforts pour empêcher une expression "non-médiate" des demandes politiques (par ex. les projets de loi qui tendent à rendre impossible aux petits groupes non soutenus par les puissantes et riches organisations, la collecte des signatures pour convoquer les referendum).
Dans l'activité multiforme du PR, trois groupes principaux d'actions politiques semblent clairement distincts: une activité traditionnelle, conforme aux règles de la démocratie représentative; les actions directes nonviolentes; les referendum. L'hétérogénéïté des instruments de lutte politique adoptés et le pendant du mélange, entre démocratie directe et indirecte, entre spontanéïté et délégation politique (61).
De ces trois catégories d'action politique, l'organisation de referendum abrogatifs et les actions directes sont les plus typiques de l'activité radicale. Toutes deux s'adaptent, sont homogènes par rapport à un parti qui n'agrège pas la demande, ni négocie avec les autres formations politiques. Referendum et actions directes sont la conséquence du rapport, déjà analysé, entre PR, société civile et société politique. Il s'agit en effet, dans les deux cas, d'actions qui introduise le conflit dans le système politique, qui ne se prêtent pas à la négociation, et qui sont donc à l'opposé des mécanismes principaux de fonctionnement du système politique italien. Le choix de ces instruments de lutte est la conséquence de la nature "hétérodoxe" du PR.
L'action directe se distingue de l'acte de manifester qui a des fonctions exclusivement symboliques et d'influence générale sur l'opinion publique. Elle consiste en un corps à corps avec un adversaire politique identifiable et, pour cela, elle se résout toujours par une défaite ou par une victoire de l'une ou de l'autre partie. Elle a donc une incidence directe sur le système politique: »L'action directe tend à obtenir un effet sur le système politique. Ce n'est pas une action expressive, mais instrumentaire, même si elle peut avoir des dimensions symboliques et expressives. Dans ce sens l'action directe a toujours une dimension stratégique, elle implique un choix des moyens et des interlocuteurs, un calcul des effets sur le public et du rapport entre coûts et bénéfices de l'action (62).
A la différence de l'acte de manifester, l'action directe n'a pas pour objet ou destinataire le public, il appelle au contraire le public pour le soutenir dans son conflit avec l'adversaire politique. L'action directe peut-être violente ou nonviolente. La première est propre aux groupes terroristes (mais dans ce cas, l'action directe se distingue mal de l'acte de manifester, puisque, normalement, le groupe terroriste essaie de prévaloir indirectement sur ses propres adversaires, en influençant l'opinion publique, en provoquant des changements dans les comportements politiques généraux (63).
L'action directe nonviolente représente une version "sécularisée", épurée des composantes religieuses d'origine, des techniques de lutte expérimentées par le mouvement gandhien et reproposées ensuite, surtout dans le contexte américain des années soixante, par les mouvements pour la paix et les mouvements pour les droits civils (64). Elle est en soi une forme de lutte qui se distingue à la fois pour son efficacité et pour son caractère respectueux de la loi qui, contrairement à l'action violente, mobilise en sa faveur de larges secteurs de la collectivité tandis qu'elle tend à neutraliser, par ses caractéristiques intrinsèques, les réactions des secteurs opposés aux objectifs de l'action (65). Un jeûne mené presque jusqu'aux extrêmes conséquences, par ex, a de fortes probabilités de mettre au mur l'adversaire. Si ce dernier cède, il démontre sa faiblesse et l'illégalité de ses positions; s'il ne cède pas, il est destiné à l'impopularité et aux réactions négatives de la collectivité.
Importée dans le système politique italien, cette méthode de lutte peut avoir des effets détonnants sur les équilibres politiques. Cet aspect est immédiatement compréhensible si nous nous servons, pour décrire les différences entre l'action directe et les autres formes de lutte politique, du langage de la "théorie des jeux", c-à-d, d'une théorie mathématique que l'on emploie pour l'étude des décisions en des situations d'incertitude et des stratégies optimales pour les différents types de décision (66). La distinction principale, à l'intérieur de la théorie des jeux, réside entre les "jeux des sommes nulles" où quelques fois un joueur gagne "tant, et son adversaire perd "autant (la somme des gains et des pertes est égale à zéro), et les "jeux des sommes variables" où tous les joueurs peuvent gagner, dans des proportions variables, selon le jeu.
L'action directe est un "jeu des sommes nulles", ce qui implique un conflit, un choc frontal entre les adversaires: celui qui gagne, gagne tout, celui qui perd, perd tout. Mais le système politique italien, on l'a vu, se base sur une logique de fonctionnement par laquelle les "jeux des sommes nulles" sont presque complètement étrangers. Dans ce système politique, ce qui prédomine ce sont la négociation, l'échange, les »compensations réciproques (67), c-à-d, un processus décisionnel fondé sur le "do ut des": celui qui sort désavantagé du résultat d'une décision sait qu'il peut compter sur les »compensations à la décision suivante. Autrement dit, le bas niveau de compétitivité du système favorise les "jeux des sommes variables", les jeux où les gains sont distribués à tous les joueurs, et le conflit politique a comme objectif d'établir l'importance des portions des gains qui reviennent à chacun.
La logique de la convergence du fonctionnement du système politique favorise ce mécanisme qui postule, pour fonctionner, un bas niveau de conflit entre les partis et dans le système des partis, qui postule celle que l'on a appelé »l'exclusion systématique du choix moins favori» (68) c-à-d, le non-choix, la non-décision, sur les problèmes pour lesquels l'accord entre les partis et les différents groupes de pression ne peut-être trouvé.
L'action directe nonviolente représente l'antithèse de ce mécanisme, elle réintroduit le conflit, elle fait sauter la négociation. Naturellement, ses éléments de force sont aussi ses éléments de faiblesse. En effet, il est clair que l'action directe, pour avoir du succès, demande une présentation à la collectivité, elle présume une information étendue. Voilà pourquoi les médias et leur comportement revêtent une importance stratégique dans les batailles des radicaux. Et voilà pourquoi l'action directe, instrument efficace et potentiellement invincible, peut se transformer rapidement en un boomrang lorsque les médias déforme l'information (69).
"Les referendum". Dans d'autres systèmes politiques ayant une plus grande conflictualité interne, le referendum ne représente qu'un instrument de démocratie directe qui s'associe, sans trop de traumatismes, aux instruments de la démocratie représentative (70). En Italie cependant, pour les mêmes raisons valables pour les actions directes, il a des effets bouleversants sur le système politique. Même le referendum est un jeu des sommes nulles, la majorité gagne tout, la minorité perd tout. Dans ces systèmes politiques où les résultats électoraux permettent l'alternance et la possibilité de punir les gouvernants, le referendum n'a pas de caractéristiques détonantes sur les équilibres politiques, parce que même les élections ont un caractère de jeu des sommes nulles. En Italie, le système politique "bloqué" ne permet pas de remplacer les gouvernants, comme ne le permettent pas les choix stratégiques de l'opposition de gauche. Dans ce système politique - du moins entre 1948 et 1972 - »... les élections tende
nt à devenir la célébration de la légitimité concédée aux partis par le peuple souverain. Elles s'approchent de la fonction qu'ils ont dans les régimes à parti unique. Dans un sens on peut dire que, à la limite, l'appareil électoral des partis ne sert pas tant à la lutte des partis pour tirer de la population la preuve de légitimité, la reconnaissance du droit à gouverner ou à rester au Parlement. Comme si l'appareil publicitaire des entreprises de régime oligopolistique ne leur servait pas tant pour rivaliser entre-elles, que pour conditionner de façon stable un marché distribué (71).
La dénaturation de la signification de la compétition électorale en Italie, sur laquelle ont longuement écrit des spécialistes comme Alessandro Pizzorno ou Giogio Galli, rend le referendum - instrument tout-à-fait normal dans d'autres systèmes politiques - une technique de remplacement, parce qu'il débloque un processus décisionnel grippé et réintroduit ce caractère que la logique de fonctionnement du système politique tend à enlever à la confrontation électorale. Il met fin, du moins temporairement, aux processus de négociation, il oblige les partis à un choix de camp pour ou contre, sans possibilité de médiation, il implique que, sur chaque problème, il se forme des majorités et des minorités.
En Italie, donc, cette méthode de lutte acquiert une signification différente par rapport à ces systèmes caractérisés par un plus haut niveau de conflit interparti, il redonne un poids décisionnel à une collectivité qui ne réussit pas à imposer sa propre volonté à travers les élections, il devient un instrument efficace de démocratie. Que ses effets sont bouleversants pour les équilibres politiques, c'est prouvé par les conséquences du referendum sur le divorce de 1974: dans un système ayant un faible degré de compétitivité et caractérisé par la nette prédominance des "jeux des sommes variables", l'introduction d'un jeu des sommes nulles fut sûrement l'un des principaux détonateurs qui provoquèrent la fin de la stabilité du corps électoral pendant trente ans (comme le prouvèrent les élections régionales de 1975 et les politiques de 1976).
Au-delà des effets spécifiques sur le système politique italien, le referendum, plus encore que les actions directes, se prête à donner vie concrètement au projet politique des radicaux qui consiste à redonner un pouvoir décisionnel à la société civile, en attribuant un poids politique aux multiples poussées qui s'affirment, de façon souvent confuse, à travers les mouvements d'action collective et qui se heurtent régulièrement contre les batteries prédisposées par un système politique incapable de fonctionner comme un moteur du développement politique et du changement social.
Le PR est entré aujourd'hui dans une phase de croissance, de consensus mais aussi de militants. Les inscriptions augmentent, les associations locales se multiplient, avec une distribution uniforme sur le territoire national. Une période de transition s'ouvre, dont les dirigeants et les militants devront tenir compte. Tout semble en effet indiquer que le PR est en train d'être investi par une crise de croissance. Il se présente, pour la première fois dans l'histoire de cette petite formation, un dilemme sur lequel les militants sembles partagés (72): faire front à la croissance en renforçant l'organisation ou bie préserver, même avec des adaptations, le caractère spontané du parti.
C'est un dilemme d'autant plus difficile pour le PR que sa physionomie est plus anomale par raport aux autres partis. Dans une formation traditionnelle le problème créé par une croissance soudaine serait résolu par des méthodes également traditionnelles, renforçant l'organisation: une fois la phase héroïque passée, on entrerait dans la phase rationnelle de la division du travail politique, du professionnisme, de la croissance guidée de l'organisation: pour le dire par un slogan, de la communauté »charismatique à la communauté »bureaucratique . Pour un petit parti léniniste en phase d'expansion, le problème n'existe pas, le renforcement de l'organisation, étant homogène par rapport au projet politique, est en soi un indice de succès, l'indication qu'il est sur la bonne voie. Mais pour le PR, si l'analyse accomplie jusqu'ici sur sa nature est correcte, un raisonnement identique n'est guère possible. D'où le dilemme: si le PR choisit la voie du renforcement de l'organisation, il fait face à la crise dime
nsionnelle mais il court le risque de la bureaucratisation, il renforce les liens internes au groupe mais il risque de perdre les caractères originels sur lesquels se fondent l'efficacité de son action politique; les règles de fonctionnement des organisations peuvent prendre le dessus, et le processus bien connu peut se vérifier, processus, duquel il a été protégé jusque-là par ses dimensions minuscules et sa faiblesse d'organisation, d'"hétérogénèses des finalités", les finalités de la survivance de l'organisation peuvent étouffer et prévariquer les finalités politiques du groupe (73). Dans le meilleur des cas, le risque est celui d'une transformation qui peut mener le PR à ressembler toujours davantage aux autres partis pour au moins deux aspects fondamentaux: la naissance et la connsolidation en son sein de structures d'agrégation des intérêts et une action politique toujours plus préoccupée et conditionnée par les équilibres interpartitiques, toujours moins par les poussées des mouvements collectifs. Ave
c tout ce qu'un tel développement peut comporter: abandon des caractères du mouvement politique de contestation, relâchement des liens avec les mouvements collectifs ou remplacement d'un rapport buraeucratique, poussée progressive vers l'exercice d'une hégémonie sur l'aire sociale représentée.
Ou bien le PR peut choisir, malgré la croissance politique, de maintenir inchangées ses caractéristiques internes, en continuant de se fier à la spontanéïté et à l'activisme de ses militants. Dans ce cas il risque de déclancher des conflits politiques internes incontrôlables, comme produit d'une croissance non guidée et par l'effet de la croissante hétérogénéïté interne au groupe. Dans ce second cas, le danger est celui de la désagrégation par une augmentation de conflictualité interne au-delà des limites tolérables dans un milieu dépourvu d'un grand réseau de liens d'organisation.
Quels que soient les choix politiques et d'organisation des radicaux, ils présentent donc la non-enviable caractéristique d'être en même temps urgents et difficiles. Urgents parce que la croissance actuelle impose un saut de qualité sur le plan de l'organisation. Et difficiles parce que la direction et les modalités optimales d'un développement de l'organisation demanderaient une articulation et une spécification plus appliquée du "projet politique" radical. Si l'analyse jusqu'ici est correcte, il est possible de dire que, contrairement à une opinion très répandue, les radicaux possèdent un projet politique général. Il consiste à redonner une expression à la société civile devant les incapacités de représentation du système des partis, selon un modèle de démocratie dont le fonctionnement du système politique empêche la réalisation.
C'est pourquoi l'objection qui est adressée aux radicaux quelques fois et selon laquelle leur action politique sous-entend le risque de "populisme", phénomène politique qui s'affirme souvent dans les sociétés en voie de désagrégation, ne paraît pas valable. La catégorie "populisme" ne semble pas adéquate à saisir les particularités de cette formation politique. Le populisme consiste en une mobilisation "par le haut" de secteurs, classes ou groupes sociaux précédemment "non" mobilisés (74). Et cela n'est pas le cas pour le rapport que le PR entretient avec la société civile. Ici les liens s'instaurent avec des secteurs déjà mobilisés du système social, ils naissent de la rencontre entre un groupe politique et une multitude de mouvements spontanés. Et puisque les mouvements spontanés d'action collective semblent destinés à durer en tant que manifestations typiques de la société capitaliste, le risque du populisme est inexistant, et même cette catégorie ne sert pas et non seulement pour décrire l'action p
olitique radicale. Plutôt, le PR pourrait représenter un premier symptôme de changements possibles de grande portée dans la sphère socio-politique et dans les rapports entre société civile et système politique, "in primis" le début du déclin du phénomène politique qui a dominé la scène dans les cinquante dernières années, le grand parti-médiateur, le parti d'intégration sociale. Le problème que les radicaux doivent résoudre est un autre: il existe des problèmes irrésolus. Le principal est sans aucun doute la praticabilité d'un projet de démocratie réelle dans un système industriel avancé qui demande une gestion techniquement toujours plus complexe. Ce sont ceux que, récemment, Norberto Bobbio a indiqué comme les "paradoxes de la démocratie" (75) et qui investissent la réalisation d'un projet de socialisme autogestionaire dans un système arrivé à un stade de développement dans lequel la gouvernabilité est toujours plus assurée et dépend d'un "savoir technique" politiquement valorisé d'élites restreintes (76).
Division du travail, bureaucratisation, technique croissante des décisions politiques et, progressive "dé-souverainisation" du fait des sociétés individuelles en faveur de centres politico-économiques transnationales, sont autant de défis qui se posent devant les hypothèses de socialisme libertaire et autogestionnaire.
Ce sont les défis avec lesquels doit se confronter la gauche française, ou du moins son aile gestionnaire. Pls modestement, ce sont les mêmes défis que le PR a devant lui et auquels il doit essayer de donner une réponse pour rendre crédible son projet. Pour ne pas être la reproposition d'une utopie généreuse mais techniquement et politiquement irréalisable, l'utopie anarchique, un projet de socialisme autogestionnaire, but d'une action politique qui oppose à l'hégémonie des partis la libre expression de la société civile, demande que l'on trouve les points d'équilibre qui permettent de faire cohabiter le développement de communautés locales, géographiques et/ou fonctionnelles, autogérées par la coordination centrale d'une société complexe (77).
Un projet d'expansion de la liberté ne peut pas exclure ce point. Sur les modes et les formes de la cohabitation entre l'associationnisme local et le système social général - comme nous l'a rappelé récemment le débat sur le pluralisme (78) - il n'existe pour le moment que les réponses du libéralisme et du catholicisme militant. Il est difficile de soutenir que les différents filons qui portent au socialisme libertaire aient réussi à donner, jusqu'ici, une réponse persuasive.
De la façon dont les radicaux répondront à ces problèmes, de la façon dont ils approfondiront leur projet politique, dépend la direction vers laquelle ira l'actuelle croissance du parti afin de rendre l'organisation adéquate aux objectifs politiques.
Les radicaux ont montré jusqu'ici une capacité d'invention et d'imagination politique qui ne trouvent pas leur pareil dans les autres formations italiennes. Une réponse innovatrice aux actuels défis peut avoir des conséquences non seulement sur les chances de ce petit parti mais aussi sur les futures possibilités des exclus du processus politique "normal" d'agir sur les équilibres du système politique et de l'entière société.
"Notes"
1. Cf. J. La Palombara et M. Wiener "Political Parties and Plitical Development" Princeton, University Press, 1966.
2. La littérature sur les groupes de pression est étendue. Pour une analyse générale du phénomène voir D. Fischella "Partiti Politici e gruppi di Pressione", Il Mulino, Bologna, 1972. G. Wootton, "I gruppi d'interesse", Bologna, Il Mulino, 1975. G.Pasquino, "I gruppi di pressione", Dizionario della politica, Utet, Turin, 1976.
3. Pour un approfondissement et une redéfinition d'un point de vue socio-politique des concepts classiques de société civile, société politique et Etat, voir P. Farneti, introduction de Farneti, "Il sistema politico italiano, Il Mulino, Bologna, pp.7-60.
4. Sur les différents rôles possibles de l'opposition politique dans les systèmes occidentaux, cf. R.Dahl "Régimes And Oppositions", Yale University Press, New Haven and London 1973 et J.Graham "Consenso e opposizione: una tipologia", »Rivista italiana di Scienza Politica , 1871, pp. 93-121.
5. M. Duverger, Party Politics and Pressure Groups, Thomas and Crowel, 1972, p.5.
6. Duverger, "Les Partis Politiques", Comunità, Milano, 1970.
7. Sur les différences entre mouvements et partis voir D. Apter, "A Comparative Method for Study of Politics, dans "The american journal of sociology", III (158), pp. 221-237. Sur la génèse et les transformations expérimentées par le PR, cf. la 1ère partie de ce volume.
8. Les effets de 68 ont étés indirects pour le PR puisque cette formation politique est d'origine complètement différente des formations politiques de la nouvelle gauche qui naquirent sur le reflux de la mobilisation des étudiants et des ouvriers de la fin des années soixante. Ces mouvements, en modifiant profondément le rapport précédent entre les sociétés civiles et système politique, créèrent les conditions structurelles et culturelles du développement ultérieur de la politique radicale. Je suis d'accord en cela avec l'interprétation proposée par F. Ciafaloni, "Une gauche libérale fille de 68", »Argomenti Radicali", II, 1977, pp.113-116.
9. M. Duverger, "Les partis politiques", cit. Sur l'organisation interne des partis politiques voir aussi Wright "A comparative study of party organization", C.E. Meril, Colombus, 1971, W.J. Crotty, "Approches to the study of party organisation", Allyn Bacon, Boston, 1968.
10. Le cas classique est celui de la social-démocratie allemande. L'expression "parti rafle-tout" et l'analyse de cette formation politique est d'Otto Kirscheimer, "Les transformations des systèmes partitiques de l'Europe occidentale", G. Sivini "Sociologia dei partiti politici", Il Mulino, Bologna, 1971, pp. 177-201.
11. C'est le cas des partis communistes occidentaux, cf. D. Blackmer et S. Tarrow "Le communisme en Italie et en France", Etas libri, Milan, 1976.
12. Cf. Panebianco, "Analyse d'une défaite. Le déclin du Psi" A. Parisi et G. Pasquino "Continuité et changement électoral en Italie", il Mulino, Bologna, 1977, pp.145-184.
13. L'exception la plus importante en Europe est naturellement constituée par le PSF. Voir l'analyse des lumières, mais aussi des ombres, du parti de Mitterrand par Wright et Machin, "The french socialist parti: success and the problems of success, "The Political Quaterly", XLVI, (1975), pp.36-52. Pour une tentative de comparaison entre les gauches, italienne et française, voir Bartolini, "Pour une analyse des rapports entre PS et PC en Italie et en France" dans "Rivista italiana di Scienze politiche", VI (1976), pp.439-480.
14. Cf. L'article 1-2 du Statut
15. Voir les articles relatifs aux associations locales
16. Cf. La classique analyse de Roberto Michels, "Sociologie du Parti politique", Il Mulino, Bologne, 1967.
17. Weber, "Economie et Société", Comunità, Milan, 1968, vol II, p.238; L'intrerprétation de Roth "Les virtuoses et la contre-culture", dans "Rassegna italiana di sociologia", XII (1972), pp. 431-452.
18. Bendix et Royh, "Scholarship and Partisanship: Essays on Max Weber" University of California Press, 1971, chap. XVIII, IX.
19 Bourdieu et Passeron, "La reproduction" Guaraldi, Florence, 1975, p.69-70.
20. Dowton, "L'adhésion à la leadership dans les mouvements de révolte. Melucci "Mouvements de révolte" Etas libri, Milan, 1976, p.190.
21. Naturellement le rapport leader-partisans peut avoir des valences différentes selon que l'on entend par partisans les militants ou bien les sympathisans "externes" comme les électeurs. La présence et le poids de caractères charismatiques pourront varier dans deux cas: alors qu'il paraît probable que les bases des adhésions au PR de la part des militants ne sont pas d'ordre charismatique, il est possible que cela est vrai pour au moins des secteurs de sympathisans externes, comme semble le démontrer le caractère fortement personnalisé du vote radical tel qu'il résulte de la distribution des voix de préférence. Cf. l'analyse du vote radical du 20 juin 76 dans ce volume.
22. Pizzorno, "Eléments d'un shéma théorique avec référence aux partis politiques en Italie", Saviani "Partiti e participazione politica in Italia", Giuffré, Milano, 1972, pp.5-40.
23. Cf. les différentes analyses dans Blackmer et Tarrow, "Le communisme en Italie et en France". Il faut préciser que le Pci ne se limite pas à s'interposer entre les intérêts divergents mais qu'il tend à exercer une véritable hégémonie sur son électorat et, plus généralement, sur les groupes sociaux qu'il organise et représente. La médiation entre intérêts inconciliables et les oscillations politiques du sommet représentent donc toujours un échec plus ou moins temporaire de ses capacités hégémoniques.
24. F.Stame, "Nouvelle gauche et gauche historique", "Quaderni Piacentini" 58-59, pp. 53-61.
25. Naturellement un modèle interprétatif, par nécessité, simplifie et appauvrit une réalité qui est toujours plus riche, complexe et contradictoire. Le rapport entre PR, mouvements fédérés a subi une grande variabilité en dépendance de deux facteurs: 1) la plus grande ou plus petite vitalité des mouvements collectifs qui a, à son tour, influencé de vitalité différente des mouvements fédérés ou ligues correspondantes; 2) l'origine des mouvements fédérés, le fait que le mouvement fédéré soit né autonome du PR (FUORI) ou créé par le PR pour se greffer ensuite sur le mouvement collectif correspondant (MLD et la Ligue Antinucléaire), ou enfin, qu'il ait été le catalysateur d'un mouvement collectif (LID).
26. Sur ce point voir Teodori: "Radicaux et communiste: les vraies raisons du conflit", "Argomenti Radicali", I 1977, pp.33-47.
27. J. Habermas, "La crise de la rationalité dans le capitalisme mûr", Laterza, Bari, 1975.
28. Offe "Domination politique et structure de classe" "Rassegna italiana di sociologia", XIV 1973, p.52.
29. A. Touraine, "La société post-industrielle", il Mulino, Bologna, 1970, pp. 193-194.
30. "Le syndicalisme tend donc à ne plus être l'instrument central d'un mouvement social, qui le dépasse aussi bien par le haut que par le bas, au niveau politique proprement dit et au niveau d'une résistance de la base à l'intégration d'organisation et à l'institutionnalisation des conflits. Tandis que le syndicalisme gagne en influence et intervient efficacement au niveau des décisions, il est ignoré, dépassé ou contesté par des mouvements antitechnocratiques qui sont à la fois plus politisés et moins organisés", A.Touraine, op.cit. p.194.
31. J. Schumpeter, "Socialisme, capitalisme, démocratie" Etas Kompass Milano, 1970, R.Dahl et C.E. Linblom, "Politics, Economics and Welfare", Harper, New York, 1953.
32. Sur les rapports entre classe dominante et système politique, A.Touraine, "La production de la société" Il Mulino, Bologna, 1973, P.241.
33. F. Pike et T. Strich "The new corporatism", Notre-Dame, University Press, 1974 et les analyses. Huntington "La politique dans la société post-industrielle", "Rivista italiana di scienza politica" II 1976, pp.213-241. Ph. Schmitter, "Modalités de médiation des intérêts et changement social en Europe occidentale" Il Mulino XXV (1976), pp. 889-916.
34. Weber, "Economie et Société"
35. C. Offe, "Domination politique et structure de classe" p.57
36. Ibidem p.58
37. Ibidem p.64
38. voir F. Neuman "L'Etat démocratique et l'Etat autoritaire", Il Mulino, Bologna, 1973 et J. Habermas, "Sur le concept de participation politique en Allemagne: vers une société autoritaire" Laterza, Bari, 1968, pp. 5-66. Comme l'a rappelé Norberto Bobbio (Quel Socialisme?, Einaudi, Turin 1976) la démocratie consiste aussi en un ensemble de procédures politiques. Le problème est le suivant: ces procédures, toujours et de toutes façons nécessaires, devraient-être un moyen pour réaliser un but (dans le chaos de la démocratie le but est l'expansion de la liberté et la participation de tous aux décisions politiques). L'involution d'une démocratie, comme de la pensée qui la théorise, intervient lorsque le moyen se transforme lui-même en fin, et les procédures se réduisent à une technique de gouvernement.
39. J. Habermas, "La crise de la rationalité dans le capitalisme mûr" p.39 etc...
40. Cf. F. Alberoni "Mouvements et institutions", Il Mulino, Bologne 1977 et "Statu Nascenti" Il Mulino, Bologne, 1968.
41. P. Baran, P. Sweezy, "Le capital monopolistique" Einaudi, Torino, 1968.
42. J. O'Connor, "La crise fiscale de l'Etat", Einaudi, Torino, 1977 et "Les grandes entreprises et l'Etat", Liguori, Napoli, 1976.
43. Pour une analyse de cet aspect voir L. Tomasetta, "La rifeudalizzazione della sphèra pubblica", dans "Problemi del socialismo" 16-17 (1973), pp.533-551.
44. Cf. G. Rossetti, "Difficultés et problèmes du compromis historique", dans "Il Leviatano" IV 1977, pp.38-53.
45. G. Galli "Les partis politiques" UTET, Turin, 1974.
46. Cf. A.Pizzorno, "Le système politique italien" dans "Politica del diritto", II 1971, pp.197-209.
47. A. Pizzorno, "Pouvoir et parti" dans "Potere e istituzioni oggi", Giappichelli, Torino, 1972, p.33.
48. F. Cazzola, "Gouvernement et opposition au parlement italien" Giuffré, Milano, 1974, A. Predieri, "Médiation et direction politique au parlement italien", dans "Rivista italiana di Scienza politica" III 1975, pp.407-441.
49. A. Pizzorno, "Eléments pour un schéma théorique avec référence aux partis politiques en Italie" p.40.
50. G. Pasquino, "Le système politique italien entre neo-transformisme et démocratie associative" dans "Il Mulino", XXII 1973, pp.549-566.
51. voir les conclusion des enquêtes de Galli, Nannei, "Le capitalisme d'assistance", Sugar, Milan, 1975 et Amato "Economie, politique et institutions en Italie, Il Mulino, Bologna, 1977.
52. A cela semble se relier l'oscillation de l'opposition de gauche entre une ligne de concentration et une ligne de dispersion des tensions, c-à-d, la contradiction entre la propension à l'accomodement avec la Dc et la tentation du choc frontal: P. Farneti, "Parti et système de pouvoir", dans "L'Italia contemporanea" 1945-1975, Einaudi, Torino, 1976, pp. 61-104.
53. P. Farneti, p.88.
54. Galli "Du bipartisme imparfait à l'alternative possible" Il Mulino, Bologne, 1975, chap.I.
55. C. Donolo "Après 68. La société italienne entre changement et transition", "Quaderni Piacentini" 60-61 (1976), p.12.
56. Ibidem, p.12.
57. A. Parisi et G. Pasquino, "20 juin: structures politiques et comportement électoral" dans "Continuité et changement électoral en Italie", Il Mulino, Bologne, 1977, pp.11-65.
58. A Touraine, "Les nouveaux conflits sociaux" dans "Mouvements en révolte" de A. Melucci, pp.156-157.
60. "La justification idéologique de toute forme de gouvernement est synthétisable avec une expression qui remonte à Gaetano Mosca, dans une formule politique telle que »démocratie libérale , »démocratie socialiste , »dictature du prolétariat . Alors que la forme de gouvernement apparaît dissociée de la formule politique qui devrait en faire un usage purement instrumentaire, pour couvrir une domination que la formule-même ne sert plus à justifier, on parle de régime " L. Gallino "Sociologie de l'Etat" dans "Quaderni di sociologia" XXV 1976, p.357.
61. voir les observations de E. Bettinelli, "Quatre radicaux à Montecitorio: premier bilan d'une saison parlementaire pour la révolution démocratique" dans "Argomenti Radicali" I, 1977, pp.114-127.
62. A. Melucci, "L'action rebelle. Formation et structure des mouvements sociaux, dans A. Melucci "Mouvements de révolte" p.58.
63. Sur le thème de la violence comme méthode de lutte politique voir H.L. Nieburg, "La violence politique", Guida, Napoli, 1974 et surtout, L. Bonanate, "Dimensions du terrorisme politique", dans "Comunità", XXXI, 1977, pp.76-112.
64. Teodori, "La nouvelle gauche américaine", Feltrinelli, Milan, 1970.
65. Sur l'efficacité de l'action directe nonviolente et sur ses significations plus générales voir les analyses d'un sociologue qui fut aussi, dans les années cinquante, un leader du mouvement des objecteurs de conscience en Norvège, Johan Galtung, "On the meaning of non violence" et "Pacifism from a sociological point of view, dans "Peace, war and defense" de Galtung, Christian Ejlers, Copenhagen, 1977.
66. J. Von Neumann, C. Morgenstern, "Theories of game and economic behavior", Wilej, New York, 1964.
67. Pour un approfondissement théorique de ces aspects du processus décisionnel cf. D'Alimonte, "Règle de majorité, stabilité et équirépartition", dans "Rivista italiana di scienza politica", I 1974, pp.43-105.
68. Ibidem, p.60 etc...
69. Dans un système où la disposition des moyens d'information présente des caractères oligopolistiques, et où en plus, le contrôle sur les sources de financement est bien dans les mains du pouvoir politique, le comportement des médias est une variable dépendant des équilibres politiques. Ces équilibres après le 20 juin 1976, avec le passage du Pci à la convergence sinon à la co-gestion sont tels qu'ils rendent plus difficiles les actions directes nonviolentes. Les faits de Bologne et de Rome, et surtout ceux du 12 Mai 1977 à Rome peuvent-être considérés comme la conséquence de la nouvelle organisation du système: l'absence d'une opposition politique d'un côté et l'acceptation des nouveaux équilibres de la part des médias de l'autre.
70. Sartori, "Techniques décisionnelles et système des comités" dans "Rivista italiana di scienza politica", I 1974, p.35 etc...
71. A. Pizzorno "Eléments pour un schéma théorique avec références aux partis politiques en Italie, p.37.
72. Cf. Les résultats des questions sur l'organisation, chap. I, deuxième partie.
73. R. Michels, Sociologie du parti politique.
74. Sur le populisme, là-où ce phénomène est le plus répandu, en Amérique Latine, voir G. Germani "Sociologie de la modernisation, Laterza, Bari, 1970 et, "Autoritarisme, fascisme et classes sociales" Il Mulino, Bologna, 1975.
75. N.Bobbio "Quel socialisme?"
76. Rien que l'abolition du partage du travail pourrait conduire à un résultat différent, mais il est évident qu'un objectif de cette portée demande une très longue période de gestation durant laquelle le pouvoir décisionnel réél est destiné à rester dans les mains de quelques uns.
77. Pour indications utiles mais encore approximatives voir les interventions de Ruffolo et Guiducci "Le marxisme et l'Etat", "Quaderni di Mondoperaio" Rome, 1976.
78. Cf. AA.VV. "Le pluralisme" Edizioni Rai, Roma, 1976.