Radicali.it - sito ufficiale di Radicali Italiani
Notizie Radicali, il giornale telematico di Radicali Italiani
cerca [dal 1999]


i testi dal 1955 al 1998

  RSS
gio 24 apr. 2025
[ cerca in archivio ] ARCHIVIO STORICO RADICALE
Archivio Partito radicale
Baget Bozzo Gianni, Corleone Franco, Panebianco Angelo, Strik Lievers Lorenzo, Teodori Massimo - 1 ottobre 1978
RADICAUX OU "QUALUNQUISTI" ? ("Qualunquismo": mouvement des années Cinquante, homme quelconque, NDT)
(8) Société radicale et politique radicale, par Gianni Baget Bozzo

SOMMAIRE: Un essai sur la nature et les racines historiques du nouveau radicalisme et une confrontation sur la question radicale avec les interventions de: Baget-Bozzo, Galli, Ciafaloni, Tarizzo, Galli Della Loggia, Lalonde, Alfassio Grimaldi, Are, Asor Rosa, Corvisieri, Orfei, Cotta, Stame, Ungari, Amato, Mussi, Savelli.

(Editions SAVELLI, Octobre 1978)

Index:

Première partie

I Politique et société (1376)

II Radicaux en accusation (1377)

III Le PR, parti à double face (1378)

IV Radicalisme et socialisme (1379)

V Radicalisme ou marxisme, cohabitation ou technofascisme?

(1380)

Seconde partie

Une confrontation sur la question radicale (1381-1397)

"Société radicale et politique radicale"

par Gianni Baget Bozzo

("Argomenti radicali", N·1, Avril-Mai 1977)

Le radicalisme est un phénomène nouveau de la politique italienne, peut-être le phénomène nouveau par excellence. Il est curieux qu'il soit aussi peu remarqué. Et pourtant, en Italie, nous avons créé une spécialité de journalisme différent, la politologie, qui arrive à analyser les moindres détails de tout objet mystérieux, qui concerne le Pci, la Dc, et maintenant, la Confindustria (Confédération nationale du patronat, NDT), et les syndicats, devenus les protagonistes émérites du cours politique actuel. La plus grande analysabilité du type de politique qui, sur le plan culturel, tourne autour du Pci, est due au fait que le marxisme, même dans sa fragmentation définitive, est un espace culturel tout-à-fait exploré, qui ne permet plus de surprises et qui est devenu "nouvelle de masse"; il peut être par conséquent considéré comme une donnée culturelle et, l'objet d'opération et d'interprétation commune. La production culturelle européenne ne s'identifie plus dans le marxisme; sa dernière opération, le nou

veau marxisme de chaire (et d'édition) des années Soixante et des premières années Soixante-dix, est une opération terminée. Après le neo-marxisme humaniste de Garaudy et le neo-marxisme structuraliste d'Althusser, après toutes les récupérations des lignes des dissidents du léninisme, tout semble avoir été dit. Et la production culturelle ne semble plus solliciter aucune forme de créativité qui s'identifie au filon tranquille du langage marxiste.

Comme fait culturel, le radicalisme suppose l'extinction du marxisme en tant que langage capable d'un ultérieur renouvellement, la fin de l'attitude de ce langage à contenir de nouvelles pensées. Mais quelles alternatives pose maintenant le radicalisme, quel type de culture suppose-t-il? Le radicalisme suppose la récupération, non pas du sujet (la dialectique de la conscience comme tout élément de la tradition hégellienne est déjà directement ou indirectement contenue dans le langage marxiste: Sartre en est l'exemple le plus éclatant), mais de l'individu.

Le mot "radical" nous conduit à la ferveur individualiste du rationalisme anglais, qui fut capable d'opérer une proposition politique précise, reliant la lutte pour le libéralisme économique à celle pour le suffrage universel. Mais comme est différent l'"individu" des années Soixante-dix du XXe Siècle, de celui des années Trente du XIXe! L'individu du siècle dernier est l'agent d'une civilisation des lumières, et, encore plus, l'expression ultime d'un cosmos ordonné, "instar macchina". Les choix de l'arbitre individuel, laissés à leur ingénuité, réalisent un ordre universel et manifestent la raison tenue jusque-là en échec par l'opinion.

L'individu des années Soixante-dix est un "atome" en ce sens qu'il est le résidu ultime de toutes les divisions possibles. Tout ordre politique sacral a été consommé dans le "sang de l'Europe" avec la fin du tsarisme et des empires centraux: mais le monde n'a été fait que pour la démocratie: le grand ordre bourgeois-colonial du XIXe Siècle n'a vaincu au XXe Siècle que pour ne pas survivre à sa victoire. Ce que Hegel sauva de l'Etat prussien est devenu la raison athée sacrée du système soviétique, tandis que les Usa oscillent entre l'incapacité de cesser d'être une province européenne pour devenir un empire et la nécessité d'offrir un principe d'ordre et de référence au monde non-soviétique. Tandis que le progrès technologique montre ses limites, et que la science cesse d'apparaître comme l'écrin des "magnifiques destinées et de ses formes progressives", quelle perspective se présente à la raison de rationaliser en une synthèse de perspective le kaléïdoscope décomposé qu'est la condition humaine de notr

e temps?

Dans cette impuissance de la raison historique, suivant la défaite de l'intellect métaphysique, il faut convenir que les radicaux ont découvert "ce qui reste": l'individu. Un individu qui n'a pour lui aucune perspective de solution universelle, mais qui veut la sécurité de posséder son irréductible réalité particulière: la réalité de son propre corps.

Il faut alors savoir distinguer entre le radicalisme en tant que sentiment collectif et le radicalisme en tant que force politique. Il existe entre eux la grande dichotomie qu'il y a entre une réalité et son interprétation. Le radicalisme en tant que sentiment collectif est la volonté d'affirmer l'individu dans le double écroulement des valeurs communes et du tissu social. Le phénomène le plus barbare de cette redécouverte de l'individu est la tendance de l'individu à faire sa propre justice. A la violence du groupe, qui se justifie de manière révolutionnaire, s'oppose une réponse individuelle, qui n'a pas d'autre affirmation que sa propre auto-affirmation dans la forme de sa propre auto-défense. Et, du reste, une certaine forme de violence élémentaire, qui est dans l'air, se rapporte elle-aussi à cette double prise de conscience, de l'éclipse des valeurs et de l'effritement de la société. A un niveau supérieur, l'émersion des corps sociaux vers une structure privée (de l'industrie aux syndicats) et le

ur tendance à devenir autonomes et à contrôler les partis, les organes des valeurs politiques et les institutions garantes de la collectivité, représentent la même poussée.

Que la gauche politique se trouve mal à l'aise devant ces phénomènes, même lorsqu'elle les découvre en son sein, s'explique facilement. Ces phénomènes, même si inclus politiquement dans l'aire de gauche, ne rentrent pas dans cette perspective de la primauté du genre sur l'individu qui est le fondement constitutif de la ligne dominante de la gauche: Hegel, Feuerbach, Marx. Je pense que l'on a pas relevé que c'est de la droite qu'est né le thème des indiens métropolitains: la saga d'Alce Nero a été introduite en Italie par Rusconi et présentée culturellement par Elémire Zolla.

Le radicalisme politique ce n'est pas cela: c'est son interprétation.

Si nous comprenons bien les intentions du radicalisme politique, celles-ci sont tournées vers la tentative de débarbariser le radicalisme latent dans les sociétés, et de socialiser, en quelque sorte, l'individualisme émergent.

Le radicalisme politique a donc la forme d'une médiation, qui s'adapte aux réalités les plus diverses: les exigences des gardiens de prison par exemple. Il est significatif que même l'exigence de la sécurité des commerçants ait été prise en considération. Le féminisme et la liberté des homosexuels ne sont pas significatifs de la médiation politique du Parti radical en tant que contenus, mais ils sont significativement exprimés en elle parce que ce sont des phénomènes qualifiants de ce que nous avons appelé "société radicale".

Avec quel matériel le radicalisme, et en particulier Marco Pannella, a-t-il construit la médiation radicale? Il est significatif quil ait eu comme instrument les techniques d'action non violente. Cela indique une intuition remarquable: le caractère violent que l'affirmation de l'individualisme en tant que possession du corps représente effectivement. La société radicale a en soi une dimension violente, et le radicalisme politique, pour se faire le médiateur de cette dimension, doit indiquer des actions physiques mais nonviolentes; le jeûne, le manifeste significatif, le geste original. C'est-là que réside indubitablement la créativité politique de Pannella, qui s'est autogéré comme l'image et la représentation du défoulement de la violence par la parole et par le geste. Dans le symbôle, l'instrument premier de la socialisation des tensions.

Le Parti radical n'est donc pas un parti, mais une forme politique d'une société différente de celle qu'ont exprimée comme leur forme politique les partis idéologiques (ceux du parti léniniste). Sa capacité se fonde sur la culture des images, qui permet l'efficacité résolutive de la parole et du geste. Le délabrement du parti-association, avec sa structure bureaucratique, survient à cause du nouvel impact de la culture audiovisuelle, qui offre un espace au geste et à la représentation.

La façon de faire de la politique du PR représente non seulement la compréhension d'un nouveau type de société et de ses problèmes, mais aussi l'intention d'une nouvelle technique de guide politique.

Le problème politique radical réside dans le fait de donner la parole aux secteurs les plus voyants et protestataires de la société, mais aussi aux exigences de ce que furent les "masses d'ordre", et dans la même zone que le monde syndicaliste.

Dans un certain sens, le type de revendication que le PR a jusqu'ici protégé est aussi une certaine limite à son expansion. Cela pose le problème de ses rapports avec les partis. Je dirai une chose qui semble paradoxale, mais l'allié naturel du PR est la Dc. D'un côté c'est le type de guide politique que la Dc a donné au pays qui a rendu possible, tant la formation de la société radicale que celle du PR; de l'autre, n'importe quel type de gestion différente plus liée au modèle de parti idéologique, rendrait plus difficile l'exercice de la médiation radicale. Les violentes tensions seraient combattues de manière différente: le besoin et la possibilité de la médiation radicale diminuerait. Il y a une solidarité effective entre Pr et Dc, une solidarité qui se manifeste par le fait que l'un et l'autre ont pour principal adversaire le "compromis historique". Autrement dit: l'entente entre Dc et Pr se manifeste en raison des adversités de la leadership démochrétienne envers le compromis historique et en rapp

ort à celle-ci. Cette solidarité effective est plus qu'une simple possibilité. La convergence subtile tactico-stratégique, même dans la diversité des déclarations générales de finalité entre Dc et Pr est déjà un fait de la politique italienne. Les rapports entre Pr et Pci en sont la preuve.

Au bon fonctionnement d'une alliance non-écrite, recouverte au contraire d'une déclaration de guerre, correspond l'échec de toutes les tentatives d'alliance du Pr, en particulier celle avec les républicains et avec les socialistes. La Dc est, malgré tout, le parti le moins parti des partis italiens, un parti qui se modèle sur la société civile, un parti de médiation, comme le Pr. C'est-à-dire: la Dc, en tant que non-collaborant, outre une certaine limite, avec le Pci, non seulement elle assure la possibilité politique d'un parti comme le Pr, mais elle représente un certain niveau d'homogénéïté politique effective.

D'après ce que l'on vient de dire, il ne semble pas que l'on puisse définir le Pr comme un parti de gauche, dans le sens traditionnel du terme, et nous ne pensons pas que son influence aille vers des secteurs habituellement qualifiés de droite, du moins comme position mentale avant même que sociale. Et il nous semble que le Pr aille aussi dans cette direction même si peut-être sans quelque crise prévisible. Il s'est posé le problème de savoir si le Pr est une force religieuse ou laïque. La difficulté réside dans le fait de savoir ce que l'on entend par "religieux" et par "laïque".

Les techniques de lutte du Pr proviennent de la tradition nonviolente, qui a une empreinte religieuse, mais non chrétienne (Gandhi). Cela semble significatif: il nous semble que le Pr ne puisse se considérer l'héritier du laïcisme idéologique (qui, en tant que parti, finit par tomber sous l'hégémonie du modèle léniniste) s'il cherche des formes d'action qui ne font pas appel qu'à la raison, mais aussi, amplement, au sentiment religieux. Je ne crois pas pouvoir continuer au-delà de ces considérations. Cette relation est déjà assez prolepse (c-à-d, avec une présomption d'anticipation: prolepse est un mot du jargon théologique courant, je ne saurais y renoncer), pour qu'elle puise aller outre les mots non-encore écrits.

 
Argomenti correlati:
stampa questo documento invia questa pagina per mail