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Archivio Partito radicale
Galli della Loggia Ernesto, Corleone Franco, Panebianco Angelo, Strik Lievers Lorenzo, Teodori Massimo - 1 ottobre 1978
RADICAUX OU "QUALUNQUISTI" ? ("Qualunquismo": mouvement des années Cinquante, homme quelconque, NDT)
(12) Le "qualunquismo et les radicaux", par Ernesto Galli Della Logia

SOMMAIRE: Un essai sur la nature et les racines historiques du nouveau radicalisme et une confrontation sur la question radicale avec les interventions de: Baget-Bozzo, Galli, Ciafaloni, Tarizzo, Galli Della Loggia, Lalonde, Alfassio Grimaldi, Are, Asor Rosa, Corvisieri, Orfei, Cotta, Stame, Ungari, Amato, Mussi, Savelli.

(Editions SAVELLI, Octobre 1978)

Index:

Première partie

I Politique et société (1376)

II Radicaux en accusation (1377)

III Le PR, parti à double face (1378)

IV Radicalisme et socialisme (1379)

V Radicalisme ou marxisme, cohabitation ou technofascisme?

(1380)

Seconde partie

Une confrontation sur la question radicale (1381-1397)

Le "qualunquismo" et les radicaux

par Ernesto Galli Della Loggia

("Argomenti radicali" N·3/4, Août-Novembre 1977)

1. Un italien "de gauche" (imprécision inéluctable des mots) qui a, comme moi, 35-40 ans, a aussi le droit de faire un bilan de ce que l'histoire de son propre pays lui a réservé durant les trois lustres qui recouvrent sa vie d'adulte.

Les bilans, bien sûr, devraient se baser uniquement sur des faits, mais dans certaines circonstances, même les sensations deviennent des faits; sans compter que les sensations se rapportent quand-même à des faits: avoir considéré ces sensations comme secondaires ou peu importantes, s'est révélé être une grave erreur.

La sensation générale des trois derniers lustres, donc, est celle d'une "longue marche", de type particulier, qui ne ressemble ni à celle de Mao, ni à la marche à travers les institutions; la nôtre rappelle toujours plus une longue marche vers le "Toujours Pareil", vers l'"Eternel Vide", comme dans la célèbre nouvelle de sciences-fiction (qui s'intitule, je crois, "La frontière", et dans laquelle, l'humanité, ayant désormais atteint la limite de l'univers connu au-delà de laquelle "on ne peut aller, passe son temps à organiser de longues promenades, dans le but de s'arrêter à la limite extrême de ce qui est connu et de jeter des regards inutiles vers le Néant pour recevoir en retour, comme à travers un miroir, l'image de ce qui est derrière les promeneurs eux-mêmes, et que ces derniers connaissent, et qui deviendra dorénavant leur théâtre variable.

De nombreux italiens éprouvent cette sensation. Et pourtant, nous savons bien que "nous avons fait de grands pas en avant" (les résultats électoraux ne le prouvent-ils pas?), qu'aujourd'hui notre situation est meilleure qu'il y a 15 ans (même si au prix d'avoir jeté les bases pour de graves crises futures), et il est vrai aussi, que, sous plusieurs aspects, nous sommes aujourd'hui plus libres (bien qu'il suffise encore maintenant qu'un préfet quelconque appose sa signature pour que l'on suspende des droits constitutionnels à trois millions de citoyens: maintenant cependant, il lui faut l'autorisation de l'"arc constitutionnel").

Le fait est, que cette "avancée" et cette "amélioration" n'ont été accompagnées d'aucune image perceptible d'indemnisation sociale, de réparation à l'égard d'une partie des citoyens, de rétablissement d'égalité (au contraire, des inégalités nouvelles se sont produites: voir la jungle des rétributions). L'"amélioration" a concerné "toute" la société et par conséquent il n'est pas étonnant que celle-ci soit ressentie, au fond, comme quelque chose de "naturel". Il est arrivé, en somme, que la gauche, non seulement n'a pas réussi à donner à cette "amélioration" sa propre "empreinte", mais que, en lui donnant également le Pouvoir, elle n'a pas été ressentie comme une "conquête, mais comme un produit évident de l'époque et des choses, et dans un certain sens, donc, il en est ainsi.

La stratégie adoptée par la gauche a eu sa part décisive en créant cette sensation: éviter autant que possible (jusqu'à l'impossible) l'affrontement, jouer le rôle de médiateur, négocier, réunir. Il n'importe pas de discuter ici les possibles alternatives; il est un fait, qu'au cours de cette "amélioration" ainsi réalisée, il est devenu inévitable que, petit à petit, tout contraste idéal, toute tension morale, tout sentiment de défi et de lutte, se soit atténué jusqu'à sembler s'éteindre. On peut se considérer victorieux, en effet, uniquement à condition que l'on pense avoir lutté; mais pour que les gens pensent avoir lutté il est nécessaire qu'il y ait des "symbôles" de lutte qui naissent et se répandent si l'on veut une "mythologie" de la lutte. Dans un régime démocratique ces symbôles sont les dures attaques de la presse, les affiches agressives, les grands débats parlementaires, les manifestations mobilisantes, un langage sans réserves, ainsi que les négociations exténuantes autour d'une table ou u

ne décision médiatrice, fruit de trois semaines de discussion (et de médias implacables qui informent chaque soir que l'on continue de discuter sans rien décider). Et aussi, pour citer une autre exemple, la conquête électorale d'une région peut revêtir un caractère symbolique positif, mais le fait de confier la présidence de cette région au parti contre lequel la lutte a été menée, a une valeur symbolique terriblement négative.

La lutte politique contemporaine a été toujours pleine de symbôles, spécialement à gauche: le drapeau rouge avec faucille et marteau ou s'appeler "camarade". Symbôles ingénus, d'accord, mais avec ces derniers il y en a toujours eu un autre moins ingénu parce qu'en substance, il préfigurait un type d'homme différent, et par conséquent une société différente; je veux parler de la différence anthropologique. La stratégie de l'"amélioration et de l'avancement concordés" faite sienne par le Pci (qui, en Italie, à l'heure actuelle représente la gauche, étant donnée la fuite du Psi dans le passé et sa vaine agitation actuelle), devenant politique quotidienne et se traduisant en une pratique unanimiste, exténuante, interlocutoire, plus sensible aux formules qu'aux faits, a eu (et continue d'avoir) l'effet fatal de supprimer aux yeux des gens ces différences anthropologiques justement.

Il ne s'agit pas d'une impression superficielle de l'homme de la rue. De manière imperceptible mais toujours plus concrète, en effet, le Pci, la gauche, entrant au Palazzo, s'adaptent, et tendent à adapter leur propre langage (un langage elliptique, respectueux, estompé), leurs propres modèles de comportement, leur propre manière d'entendre et de faire de la politique, et même leurs visages, leur faciès, à ceux qui se trouvent là-dedans depuis des années. Tout ce qu'envers quoi l'italien moyen de gauche a accumulé en plusieurs lustres d'intolérance qui n'est pas épidermique ou habituel mais qui, au contraire, prend son origine dans le jugement politique sur une classe entière de gouvernement et sur sa manière de gouverner, et par conséquent sur ses stars, sur son cérémonial et sur ses rites, résulte légitimé, et semble presque se découper sur un futur d'immuable éternité: Andreotti le "dégourdi", l'"obscur" Moro, le visage alerte-admonitif de son jumeau "cheval-de-race", l'immanquable passage de Donat

Cattin de la droite à la gauche (ou vice-versa), les petits discours évasifs et rassurants. Tout, maintenant, nous est reproposé et on nous demande de croire à tout. Comme il y a 15 ans les articles de l'"Espresso" commencent par: »Mercredi-soir Piccoli téléphona embarrassé à Zaccagnini... .

2. Dans le répertoire conceptuel et dans le langage de gauche, pour indiquer cette sensation que j'ai essayée de décrire, on utilise un mot qui, rien qu'à le prononcer, devrait évoquer immédiatement la marque de l'infâmie: qualunquismo! L'adjectif "petit-bourgeois" suit comme l'exécution suit le bourreau. Je crois cependant que l'on ne doit pas se laisser intimider par les mots et que sans vergogne l'on puisse dire que le Parti radical représente (ou tend à représenter, ou représente potentiellement, peu importe!) la protestation "qualunquista" du pays. Naturellement, à ce moment-là, il s'agit de savoir ce qu'est vraiment le qualunquismo.

Laissons de côté le feu de paille de Giannini, qui eut ses causes très singulières au moment historique que la société italienne eut à vivre dans l'immédiat après-guerre. En général, je dirais que le qualunquismo est un phénomène typique presque exclusivement des régimes démocratiques-représentatifs et spécialement des régimes "avancés". Ces régimes sont caractérisés par trois éléments: premier élément, les tensions entre groupes sociaux pour la répartition de la richesse n'ont pas de caractère d'affrontement "politique" mais sont variablement médiates (syndicats, Etat) et à éliminer, avec l'aide entre autre, d'une forte dépense publique, l'excessive diffusion de conditions intolérables d'existence; deuxième élément, c'est justement pour cela que la politique se réduit toujours plus aux praxis de la négociation, que l'on se met d'accord, avec l'effet, d'une part, d'une absence de différences idéologiques, et de l'autre, de la concentration d'un énorme pouvoir de décision sociale dans la classe de gouver

nement qui gère la médiation négociée; et enfin, il existe dans ces régimes une homogénéïté anthropologique diffuse dans les différents secteurs de la population, désormais distinguable uniquement par l'échelle des revenus, qui rend encore plus difficile de proposer une diversité idéologique réelle.

C'est dans ces situations-là que le qualunquismo croît toujours en mesure plus ou moins grande. Il s'exprime de différentes façons: comme habituelle désertion électorale, comme faible "conscience de classe" (syndicale, je ne le pense pas), comme indifférence générale par rapport à la "politique". Le qualunquismo, en somme, est le symptôme du fait que les mécanismes démocratiques-représentatifs, avec tous leurs appendices, intéressent toujours moins le coeur et le cerveau des gens. Les gens éprouvent la sensasion que le régime politique de l'Etat forme leur volonté et agit au-dessus des citoyens, et qu'il leur est tout-à-fait étranger.

Le qualunquismo donc, prend acte des caractères du système qu'il a devant lui et les renverse: si le système ne comporte plus aucun affrontement idéologique politique, eh bien il sera contre les idéologies et contre la "politique"; si dans le système c'est la classe politique qui gouverne en se renouvelant par cooptation, alors il sera contre la classe politique et pour sa disparition radicale; si le système est ressenti comme quelque chose d'étranger par la population, le qualunquismo proclamera sa propre extranéïté au système.

Or, on pourra de tout cela dire ce que l'on veut, mais il est difficile de nier que, les choses étant comme nous l'avons dit, le qualunquismo est parfaitement adéquat à l'effective nature de la réalité, ou du moins en partie, mais qui a cependant une valeur fondamentale dans un régime démocratique-représentatif de masse. Il démasque les voiles officiels de la prétendue "Grosspolitik" du pouvoir et il en montre avec ses petites misères les grands dommages infligés à l'esprit authentique des institutions.

A cause de sa base et des sentiments qu'il exprime le qualunquismo est naturellement destiné, la plupart du temps, à rencontrer le populisme. Ce populisme dont l'histoire nord-américaine fournit de grands exemples, et qui signifie dans ce cas l'opposition au pouvoir et à la classe politique qui l'administre de la part d'une entité non-différenciée et dont la prérogative est d'être "en dehors" du pouvoir lui-même, de ne pas y participer et même de s'en sentir trahie; il signifie l'idée que le peuple doit se réapproprier du pouvoir qui n'appartient qu'à lui pour l'exercer au bénéfice de la communauté. Enfin, il est tout-à-fait plausible qu'à cause des caractéristiques générales des sociétés en question, cette opposition au "pouvoir" soit vécue et qu'elle s'alimente elle-même en tant qu'opposition à l'Etat, débouchant dans le résultat typique d'un anarchisme anti-Etat.

3. Je ne veux vraiment pas nier la présence dans l'idéologie du Parti radical d'autres éléments, mais il me semble qu'à l'heure actuelle le fond qualunquismo-populiste soit son trait de caractère essentiel. Essentiel parce que c'est celui qui ressort le plus à l'extérieur dans tout ce que le Pr fait ou dit et - chose particulièrement importante - dans l'image anthropologico-comportementale que le parti donne de lui-même. L'habillemment, non formel sans être pour autant extravagant, la simplicité crue du langage, bien différente du caractère abstrait et ésotérique de la nouvelle gauche, l'authenticité des visages, la passion quelque peu exhibée mais réelle, en sont la preuve.

De l'appel qualunquista que les radicaux exercent, ceux qui le ressentent le plus (et donc qui en sont le plus épouvantés) ce sont les communistes. Comme Togliatti il y a 30 ans avec Giannini, ils saisissent le contenu réel du malaise et de la protestation auquel le Parti radical donne sa voix, de l'autre ils comprennent sa potentielle capacité d'expansion non seulement à gauche mais aussi tout au long des lignes qui de la gauche peuvent arriver à la droite, même extrême. D'autant plus que le Pci sait bien que le déroulement prévisible de la stratégie du compromis historique ne fera qu'accroître les causes qui ont jusqu'ici poussé l'opinion publique à appuyer l'action des radicaux. Le Pr en effet, se présente comme la seule force politique - démocratique et avec une potentialité d'entraînement - qui, restant en dehors d'une grande coalition de 92%, est en mesure de briguer dans un futur plus ou moins éloigné le rôle d'opposition, rôle que le Pci a pris l'habitude de monopoliser et que, en ayant tiré de

grands avantages, il voudrait continuer d'exercer même... en restant au gouvernement.

C'est ainsi que s'explique la dureté extrême du langage que les communistes adoptent à l'égard du Pr, en utilisant des termes ("crapule" et "crapulerie", souvent) et une vulgarité qui vont même, chez les cadres de section, jusqu'à traiter Pannella d'homosexuel (voire de "tante"), considérant cela évidemment comme le plus haut degré de l'infâmie.

Cette violente polémique est en réalité le vêtement le plus adapté et le plus naturel pour habiller la ligne que selon toute évidence, le Pci a décidé de maintenir à l'égard des radicaux, à savoir celle de les présenter comme une force aux traits ambigus, non de "gauche", et le plus souvent même, anti-démocratiques et provocateurs.

Personnellement je ne crois pas que, le Pr continuant d'être ce qu'il est aujourd'hui, cette tentative puisse avoir du succès. Il ne tient pas compte en effet d'un élément capital, à savoir, que le qualunquismo populiste représenté par les radicaux est tel, uniquement pour l'anti-idéologisme populiste de ses fondements et de sa pratique, mais sur le terrain de la démocratie la plus sincère: non seulement à cause de la longue et "féroce" fidélité que les radicaux ont toujours démontré aux institutions et aux principes de la Charte constitutionnelle, mais surtout parce que toutes les batailles qu'ils ont entreprises ont été orientées par le libéralsocialisme le plus orthodoxe. Qu'il soit du reste impossible d"'enfermer dans un ghetto" antidémocratique et non "de gauche" les radicaux, les communistes pourraient facilement le comprendre si seulement ils se rappelaient les thèmes et le type d'opposition qu'ils ont menés eux-mêmes durant tant d'années, mêmes dans les ténèbres les plus sombres du stalinisme. C

'était ces thèmes et ces types d'opposition en grande partie eux-aussi orientés vers le libéralsocialisme, à l'intérieur d'une enveloppe de qualunquismo populiste: probablement parce que, ajouterons-nous, dans un régime démocratique c'est l'unique opposition de masse concevable.

Mais c'est justement parce que l'opposition du Pci a toujours été démocratique, en défense de la Constitution, en rapport à la collaboration des classes sociales et exempte de toute orthodoxie ouvriériste, qu'elle a fondé une tradition de la gauche. Il est maintenant extrêmement difficile de rayer cette tradition et d'enlever à ceux qui brandissent le même drapeau, la qualification de "gauche". Et que ce soit difficile cela est démontré par la tentative, pour l'instant sporadique, de recourir à d'autres armes, par exemple à la "criminalisation", comme c'est arrivé à Rome le 12 Mai de cette année lorsque le Pci a essayé de transformer les radicaux en complices de la destruction anti-institutionnelle.

En somme, la tâche que l'existence du Pr pose aux communistes consiste à accepter le fait que dans une démocratie, comme il existe des partis de gouvernement, il doit aussi exister des partis d'opposition et que ces derniers ne sont pas nécessairement fascistes ni se servent d'un P38.

 
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