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Mitterrand Francois - 27 novembre 1979
Procès d'un insoumis (45) Lettre de François Mitterrand

SOMMAIRE: Jean Fabre, président du Parti radical, ancien secrétaire du Pr (élu en novembre 1978), est arrêté en France le 18 octobre 1979 pour insoumission, dans le cadre de la campagne internationale de désobéissance civile contre les dépenses militaires et pour la reconversion des structures militaires en instruments pour la lutte contre l'extermination par la faim. Ce livre recueille les témoignages et les documents du procès qui s'est déroulé contre Jean Fabre le 27 novembre 1979 devant le Tribunal militaire de Paris. Condamné à six mois, dont une remise de peine de 5 mois, il est remis en liberté au lendemain du procès, ayant déjà purgé 40 jours dans la prison de Fresnes. Une peine aussi légère représente la reconnaissance de la haute valeur du témoignage rendu par le président du Parti radical.

Dans la lettre envoyée par le premier secrétaire du Parti Socialiste FRANCOIS MITTERRAND à Jean Fabre, dans la prison de Fresnes, tout en dénonçant les "circonstances déplorables" de sa détention, on réaffirme les projets de suppression des tribunaux militaires contenus dans le programme du PS "Changer la vie" diffusé en 1972. Sur le terrible problème de la faim dans le monde, Mitterrand affirme que "Nous devons tirer les leçons de l'échec de l'organisation d'un monde qui n'est plus en mesure, s'il l'a jamais été, de nourrir tous les enfants qui naissent" et annonce que le PS a proposé à l'Assemblée européenne, par l'intermédiaire d'Edith Cresson, d'élaborer une "charte des droits économiques de l'Homme".

(PROCES D'UN INSOUMIS, Jean Fabre, Le Sycomore, Paris 1980)

PARTI SOCIALISTE

7 bis, place du Palais Bourbon, 75007 Paris

Tél. 551.97.53

Le Premier Secrétaire

Paris, le 22 nouembre 1979

Monsieur Jean Fabre

Ecrou n· 689 140

3e division, cellule 4

Maison d'arrêt de Fresnes

1 av. de la Division Leclerc

94260 FRESNES

Cher Jean Fabre,

J'ai bien reçu votre lettre écrite depuis votre cellule de la maison d'arrêt de Fresnes et je vous en remercie.

Comme vous avez pu l'apprendre, le Parti socialiste, par l'intermédiaire de son secrétaire national aux Relations internationales, Lionel Jospin, a écrit au garde des sceaux pour lui exprimer notre inquiétude devant les conditions de votre détention et lui demander votre mise en liberté provisoire dans l'attente du déroulement normal de votre procès, d'autant que vous avez affirmé à de nombreuses reprises, et avec courage, que vous ne souhaitiez pas vous soustraire à la justice de votre pays.

Au delà des déplorables circonstances de votre détention, le Parti socialiste a protesté contre les difficultés mises par le ministère de la Défense à l'application de l'actuel statut des objecteurs de conscience et l'appréciation restrictive qui est faite des textes en vigueur.

Il nous apparaît que les objecteurs de conscience ne doivent être ni pénalisés ni favorisés par rapport aux autres jeunes gens; ce principe guide d'ailleurs le travail des parlementaires socialistes qui préparent d'ailleurs une proposition de loi sur la refonte du statut d'objecteur de conscience.

Comme vous le savez sans doute, dans son programme, intitulé Changer la vie, paru en 1972, le Parti socialiste proposait la suppression des juridictions d'exception, qu'il s'agisse de la Cour de sûreté de l'Etat ou des tribunaux militaires. Cette proposition est toujours nôtre.

Vous évoquez, enfin, le terrible problème de la faim dans le monde, à partir des propos que j'ai pu tenir sur ce sujet lors du »Journal inattendu de RTL. Je dois vous dire que ce problème me préoccupe beaucoup car, à chaque instant qui passe, le temps de vous écrire une lettre, des milliers d'enfants sont morts parce qu'ils manquaient de la bouchée de riz, de pain, de mil qui leur aurait permis de vivre. Nous devons tirer les leçons de l'échec de l'organisation d'un monde qui n'est plus en mesure, s'il l'a jamais été, de nourrir tous les enfants qui naissent.

Nous avons proposé, par la voix d'Edith Cresson, à l'Assemblée européenne d'élaborer une charte des droits économiques de l'Homme. Il faudrait aussi une commission de contrôle de la spéculation sur le blé et, bien entendu, une hausse massive des aides publiques des pays riches aux pays pauvres.

Dans le vrai sens du terme, toutes les solutions sont politiques: elles reposent sur une certaine idée de la paix et de la coexistence internationale.

J'espère avoir, cher Jean Fabre, L'occasion d'en parler bientôt avec vous et je vous prie de croire, avec mes voeux personnels et l'expression de ma solidarité sur les grands problèmes dont vous m'avez saisi, à l'assurance de mes sentiments cordiaux.

François Mitterrand

 
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