Radicali.it - sito ufficiale di Radicali Italiani
Notizie Radicali, il giornale telematico di Radicali Italiani
cerca [dal 1999]


i testi dal 1955 al 1998

  RSS
lun 24 feb. 2025
[ cerca in archivio ] ARCHIVIO STORICO RADICALE
Archivio Partito radicale
Sciascia Leonardo - 17 dicembre 1979
LA POLICE ENVOYEE A LA BOUCHERIE
Leonardo Sciascia

SOMMAIRE: Chambre des Députés, le 17 décembre 1979. Leonardo Sciascia illustre une interpellation radicale sur l'abus des armes à feu de la part des forces de la police en service aux postes de contrôle.

("Numéro unique" pour le 35· Congres du Parti Radical - Budapest 22-26 avril 1989 - édition en anglais, en hongrois et en serbo-croate)

Madame la Présidente, Messieurs les Députés, je sais bien - et je le répète aussi après Cicciomessere et Mellini - combien dissonante, inopportune, ne répondant pas au moment que nous traversons et contraire non seulement aux requêtes qui s'élèvent de divers côtés, mais aussi aux mesures prises par le gouvernement qui les accueillent, apparaîtra à beaucoup cette interpellation. Toutefois, les affirmations qui concernent la liberté et le droit, il faut les faire, les répéter et les discuter, quelqu'en soit le risque, même dans les moments les plus inopportuns.

Peut-être est-il également inopportun de rappeler aux amis de la gauche que ce que je vais dire, je l'ai déjà affirmé, en substance, au moment du vote pour la "loi Reale", dans une conférence du parti communiste à Palerme et ensuite sur l'hebdomadaire "Rinascita". Je faisais allusion alors aux "bans", dont on parle dans le premier chapitre des "Promessi Sposi" dont le caractère terrible, croissant, n'empêchait pas l'arrogance de la délinquance de croître.

Pour autant que cela puisse paraître bizarre, je continue à penser de la même manière: c'est-à-dire que donner à la police plus de pouvoirs et aux coupables des peines plus dures ne fera pas diminuer d'un millième les phénomènes de délinquance que nous devons affronter. Opinion du reste, tellement évidente qu'en Europe elle est courante depuis deux siècles au moins, même si elle rencontre des résistances insensées ou intéressées. Mais je ne m'arrêterai pas sur les principes. De ce que je veux dire maintenant ici, il vaut peut-être mieux donner ce que les prédicateurs appelaient un exemple.

Quand je vais à la campagne, et surtout le dimanche, sur la route Palerme-Agrigente, je vois toujours la police ou les carabiniers à un croisement ou dans les aires de stationnement bloquer quelques voitures, en laisser passer d'autres sans les arrêter. J'aimerais déjà savoir au nom de quel critère ils en arrêtent certaines et non pas d'autres, c'est-à-dire s'il y a un critère statistique ou un critère, disons, physionomique. Mais ce qui m'inquiète, c'est ceci: les trois carabiniers ou agents de police, car généralement ils sont trois, sont à découvert face aux automobilistes qui arrivent. Et chaque fois, je fais cette considération: si dans la voiture qu'ils vont arrêter, il y a des personnes qui ont toutes les raisons de ne pas vouloir s'arrêter, une mitraillette les faucherait tous les trois sans leur donner le temps de réagir; alors que si dans la voiture, il y avait un conducteur distrait ou peu expert, eux auraient le temps de tirer et de tuer. D'où se vérifie ce paradoxe: qu'un délinquant réussirait à

passer indemne, en les tuant, tandis qu'un bon citoyen, coupable de distraction ou d'inexpérience et d'émotivité, pourrait devenir facilement leur victime.

Je veux dire par là que ce n'est pas de lois spéciales, de pouvoirs plus importants et arbitraires dont la police a besoin; mais d'une bonne instruction, d'un entraînement soigné, d'une direction intelligente par-dessus tout. Les lois spéciales et les pouvoirs plus amples sont de la démagogie et, outre à être inutiles, sont de toute évidence dangereux pour nous citoyens et pour la police elle-même. Ce sont seulement des fausses issues que les mauvais gouvernements offrent aux polices incapables et qui finissent par s'exercer au détriment des citoyens non coupables et non des coupables. Ce sont des gestes de mépris non seulement envers tous les citoyens mais, en particulier, envers les citoyens qui font partie de la police. Comme le code Zanardelli (7) concédait à l'état arriéré des populations méridionales le délit d'honneur, de même les lois spéciales concèdent à l'état arriéré de la police le "défoulement" de l'abus possible et de l'usage abusif des armes. Je crois que si trente ans de vie démocratique ont

eu quelques effets, de ce "défoulement" que l'on concède à la police et aux carabiniers, ceux-ci devraient se sentir plus offensés que flattés.

Nous ne voulons pas que les forces de l'ordre - que nous souhaitons vraiment telles sans démontrer gratuitement leur force, et porteuses d'un ordre qui n'ait rien à faire avec la violence - soient, tous les jours, envoyées à la boucherie; et personnellement, je pense qu'on doit mettre à leur disposition des instruments législatifs plus appropriés au cours des événements mais sans jamais perdre de vue les principes constitutionnels. Mais nous sommes très inquiets - et inquiets pour eux aussi - qu'on veuille leur donner le précepte de l'état d'urgence et de la guerre civile. A leur place, plus que la faculté d'arrêter de façon trop souvent arbitraire ou de tuer dans l'impunité, je demanderais - et ils en auraient le droit sacro-saint - ce que voulait dire le juge Alessandrini (8), dans l'interview donnée quelques jours avant son assassinat, lorsqu'il affirmait que, dans la lutte contre le terrorisme, il ne fallait pas s'arrêter devant les sanctuaires du pouvoir.

Voilà le vrai noeud à défaire, la vraie question que les forces de police et les carabiniers devraient poser et se poser: une police et un corps des carabiniers qui ne veulent pas être envoyés à un sacrifice inutile et qui ne veulent pas sacrifier inutilement des citoyens innocents.

 
Argomenti correlati:
stampa questo documento invia questa pagina per mail