SOMMAIRE: Au cours de la discussion sur la politique agricole commune, Marco Pannella intervient pour affirmer son opposition à une politique qui oublie les intérêts de l'agriculture et ne prévoit pas d'aide alimentaire pour les pays en voie de développement et leurs populations affamées. (26-3-80)
M. Pannella. - (I) Madame le Président, l'un d'entre nous, dans cette Assemblée, aura-t-il le courage de prétendre que nos débats et les votes qui vont les suivre changeront quoi que ce soit à notre - ou plutôt à votre - agriculture?
Est-il quelqu'un parmi vous qui soit convaincu que les lois ignobles qui régissent notre agriculture et la politique agricole vont permettre d'éviter l'assassinat de millions de gens dans le monde, et empêcher que le nombre de victimes s'accroisse?
Y aura-t-il ici quelqu'un qui n'exploite pas les agriculteurs, les travailleurs de la terre, pour penser que les crédits dépensés dans le secteur agricole ne vont pas être utilisés au détriment des agriculteurs eux-mêmes, quelles que soient les sommes dépensées? Cela n'est-il pas le cas depuis vingt années?
Peu importe en définitive le pourcentage retenu, qu'il soit de 2, de 5, de 7 ou de 9%. Les 2 ou les 8% que vous allez accorder tomberont aux mains des multinationales, seront avalés par les technologies anti-agricoles, seront la proie d'une organisation de classes sclérosée dont les intérêts s'opposent à ceux des travailleurs de l'agriculture ou de l'industrie.
Je ne sers pas de roue de secours à la démocratie chrétienne de la même façon que M. Marchais fait la politique de M. Giscard d'Estaing. Je ne prétends pas que les choses vont mieux à Rome, mais je veux simplement souligner, M. Marchais, toute la démagogie de ceux qui redécouvrent soudain aujourd'hui la trahison sociale, et sont en retard de cinquante ans. Cette position digne des années trente fera peut-être rire le camarade Marchais, mais elle fera certainement pleurer les travailleurs et les communistes qu'ils soient Français ou Italiens.
Camarade Marchais, vous lancez sans vergogne des accusations contre une majorité dont vous partagez les idées sur la politique nucléaire et sur la politique industrielle, contre une majorité dont en fait, vous partagez chaque jour les pires responsabilités. Vous avez dit que la bande des trois ou des deux régnait sur Paris. Si une telle bande existe, vous en faites partie, et de la pire manièrequi soit: à Plogoff et à Malville! Les paysans français le savent bien et tôt ou tard, ils sauront faire peu de cas de votre démagogie, de même qu'ils sauront faire fi de l'opportunisme des autres!
(Exclamations sur certains bancs de l'extrême gauche)
Madame le Président, c'est pour toutes ces raisons et pour protester contre une procédure qui abaisse et avilit les débats de notre Parlement que, conformément à nos convictions européennes et à ce que nous pensons sur la lutte contre une agriculture assassinée, qui assassine à son tour des millions de gens en ce monde, nous voterons contre ce mariage - j'ose à peine dire à l'européenne ou à l'italienne -, un compromis qui n'est qu'un ramassis de mensonges, d'hypocrisie et d'incapacité.