Radicali.it - sito ufficiale di Radicali Italiani
Notizie Radicali, il giornale telematico di Radicali Italiani
cerca [dal 1999]


i testi dal 1955 al 1998

  RSS
lun 24 feb. 2025
[ cerca in archivio ] ARCHIVIO STORICO RADICALE
Archivio Partito radicale
Sciascia Leonardo - 27 aprile 1980
Terrorisme, Brigades Rouges et Mafia: Sagesse et non pas Délation
par Leonardo Sciascia

SOMMAIRE: La Mafia, contrairement aux autres associations criminelles secrètes comme par exemple les Brigades Rouges, peut compter sur un tissu protectif, sur une complicité et sur une loi du silence diffuse, qui est le produit de son intégration dans le système étatique, plus qu'un produit de la peur. C'est de cette caractéristique que découle sa compacité interne.

("L'espresso" du 27 Avril 1980)

Toutes les associations secrètes qui -quel qu'en soit le but- utilisent le crime comme moyen, se ressemblent non seulement par leurs structure d'organisation et hiérarchique, mais également par la recherche et l'expansion autour d'elles, d'un contexte de silence, de complicité tacite et de protection. Plus une société se reconnaît dans les lois que les associations secrètes veulent ignorer ou abattre, et elle s'en ressent garantie, moins diffus sera, autour du regroupement clandestin, le contexte directement ou indirectement protecteur. Dans le phénomène mafieux, dont on fait d'habitude la comparaison pour chaque association criminelle secrète, le tissu protectif qui l'environne est tellement complexe, tellement durable et tenace, que la peur finit par apparaître un élément secondaire.

Si, en plus, on tient compte que la mafia n'a jamais été considérée -sinon par le fascisme- comme un phénomène subversif de l'ordre constitué, mais plutôt comme un système parallèle ou spéculaire par rapport à l'autre et avec l'autre complice sinon intégré, les raisons de la protection qu'une société entière plus ou moins consciente lui accorde, apparaissent tout à fait évidentes. Et c'est en effet à partir de cette condition "extérieure" que la Mafia aquiert une compacité "intérieure", et par conséquent si la révolte de l'un de ses affiliés, devient "délation", elle est considérée, objectivement et même cliniquement, "folie".

La situation des BR dans le contexte italien est différente: tout le tissu protecteur qu'ils ont réussi à se fabriquer, ne pouvait-être engendré que par la peur; et seule la peur peut-être un élément de cohésion interne. Peur "externe" et peur "interne": mais au moment où la peur que rien n'apparaîtra comme réalisation inévitable et que l'état se matérialise, et se présente avec des possibilités de clémence, la délation (condition essentielle pour la clémence) devient, contrairement à ce qui se passe pour la mafia, "sagesse".

Une telle "sagesse" se pose en-deça ou au-delà du jugement moral: dictée par l'instinct de survie, même si elle apparaît généralement comme une trahison, elle trouvera dans la conscience de chaque individu qui se sert de cette délation, des motivations et des justifications. Chaque homme a, même si à des niveaux différents, des degrés différents, avec des intensités différentes, une vie "consciencielle" déterminée par les principes moraux les plus invétérés et dominants. Le fanatisme peut faire dépasser ces principes dans l'euphorie de l'action et dans la certitude du succès final: mais au moment où l'action subit, par résistance ou contre-offensive externe, un ralentissement et que le succès final apparaît incertain, il est inévitable que les principes réapparaissent et que l'on retombe dans un revirement critique de ses propres choix. Le mafieux -comme l'a démontré Henner Hesse- ne sait pas qu'il est un mafieux, il vit dans la mafia commme dans sa propre peau. Il vit dans une chose qui "existe". Mais

le brigadiste rouge sait très bien qu'il vit dans une chose qui "n'existe pas". Et c'est justement au moment où il voit s'éloigner la réalisation -dans laquelle il a cru, pour laquelle il a lutté, pour laquelle il a tué- de cette chose qui "n'existe pas", qu'il doit nécessairement régler ses comptes avec la chose qui "existe". Les comptes, comme l'a dit Montaigne, sont toujours différents: pour certains ce sera la différence entre la vie et la mort -et le choix de la vie; pour les autres ce sera la différence entre l'estime des amis et la survie - et ils choisiront la mort.

 
Argomenti correlati:
stampa questo documento invia questa pagina per mail