Radicali.it - sito ufficiale di Radicali Italiani
Notizie Radicali, il giornale telematico di Radicali Italiani
cerca [dal 1999]


i testi dal 1955 al 1998

  RSS
mar 25 feb. 2025
[ cerca in archivio ] ARCHIVIO STORICO RADICALE
Archivio Partito radicale
Spadaccia Gianfranco - 2 gennaio 1981
PRISON A VIE: BERLINGUER, POURQUOI NE VEUX-TU JAMAIS GAGNER?
Gianfranco Spadaccia

SOMMAIRE: Commentant la prise de position du Parti socialiste et du Parti communiste en faveur du référendum pour abroger la prison à perpétuité, Spadaccia regrette l'absence de toute campagne publique de la part de ces deux partis qui renoncent ainsi à profiter d'une occasion exceptionnelle de confrontation démocratique. Au lieu de soutenir le référendum pour l'abrogation de la prison à perpétuité, le Parti communiste mène au contraire une campagne contre un référendum inexistant, contre la pétition du Mouvement social pour la peine de mort confirmant ainsi l'escroquerie de Giorgio Almirante. La pétition du MSI demande en effet l'application des lois militaires dans la lutte contre le terrorisme, en pratique l'état de guerre et la militarisation de la société et dans ce cadre uniquement, comme conséquence indirecte, la possibilité pour les tribunaux militaires d'avoir recours à la peine de mort.

(NOUVELLES RADICALES, 2 janvier 1981)

---------

LA FORMULATION JURIDIQUE

Les soussignés citoyens italiens demandent un référendum populaire abrogatif - selon l'art. 75 de la constitution et aux termes de la loi 25 mai 1980, n. 352 - sur la question suivante: "Voulez-vous que soient abrogés les articles 17, premier paragraphe n. 2 (prison à perpétuité) et 22 du code pénal approuvé par décret royal du 19 octobre 1930, n. 1393, et ses modifications successives?

------------

Le Parti communiste et le Parti socialiste ont pris position en faveur de l'abrogation de la prison à vie. Voilà au moins un point sur lequel la gauche aurait la possibilité de se présenter unie sur une grande question idéale et de principe, importante aussi bien pour ses implications pratiques que pour les valeurs qui avec elle peuvent être affirmées. Certes les dégâts provoqués par la division sur les autres référendums (en premier lieu sur l'avortement, mais aussi sur la loi Cossiga) resteraient de toute façon graves. Mais le périmètre d'unité représenté par la question de la prison à perpétuité pourrait représenter une occasion exceptionnelle et constituer une grande potentialité alternative en termes de confrontation démocratique.

Le Parti communiste et le Parti socialiste pourraient profiter de cette occasion. Ils pourraient contribuer à faire vivre et à réaliser cette potentialité. Mais est-ce qu'ils le voudront? Tout laisser penser qu'ils ne le feront pas, du moins au moment où nous écrivons. Si nous regardons autour de nous dans les rues et sur les places, où se trouvent avec des tracts et des journaux leurs jeunes militants et les femmes de la gauche historique et officielle, si nous lisons les affiches sur les murs ou les éditoriaux et les articles de l'"Unità" (1), la seule campagne référendaire que nous voyons combattre est celle sur un référendum inexistant. La gauche est en train de faire campagne non pas pour le OUI au référendum radical pour l'abrogation de la prison à perpétuité mais pour le NON à la pétition d'Almirante (2) pour la peine de mort.

La campagne d'Almirante est une escroquerie aux dépends de l'électorat. Et la réponse massive de la gauche est à la fois un aval à cette escroquerie et une très grave erreur politique. Les gens sont invités à signer par Almirante, convaincus de signer pour la peine de mort, mais ils signent un document dans lequel on demande l'application des lois militaires dans la lutte contre le terrorisme et les Brigades Rouges (3): en pratique c'est l'état de guerre, la militarisation de la société et de l'Etat, un régime de siège, et dans ce cadre uniquement, et comme conséquence indirecte, la possibilité théorique pour les tribunaux militaires d'avoir recours à la peine de mort.

Combien de ceux qui sont favorables à l'introduction de la peine de mort dans le système civil de l'Etat sont également favorables à la militarisation, à l'état de guerre et de siège, aux procès confiés aux tribunaux militaires? C'est une question qui compte peu, pour une gauche qui - nous en savons quelque chose à propos du référendum radical sur l'avortement - est elle aussi habituée à jouer la carte du mensonge et déshabituée et méfiante à l'égard de la laïcité des choix et de la clarté du débat et de la confrontation démocratique. Mais de cette manière la gauche a donné son aval à l'escroquerie d'Almirante et elle a contribué, en toute responsabilité, à distraire l'opinion publique d'un vrai problème pour suivre avec la polémique un faux problème.

Il y a probablement beaucoup de mauvaise conscience dans cette mobilisation immédiate et massive de la gauche contre une réintroduction impossible et irréaliste de la peine de mort. Car Almirante avec ses campagnes ne fait que tirer toutes les conséquences d'une politique que pas uniquement Almirante, mais l'unanimité des forces politiques, à l'exception du Parti Radical, a pratiqué et voulu ces dernières années: la politique des lois spéciales et des permis de tuer, de l'annulation de garanties fondamentales de liberté, du durcissement des peines, et en même temps du renvoi et de l'enterrement aussi bien des réformes que de la réalisation de la Constitution pour assurer la sécurité et l'ordre public, la paix sociale et un fonctionnement correct et efficace de la justice et de la police.

Choisir de combattre sur le front du référendum inexistant pour l'abolition de la prison à vie, comme ce fut le cas jusqu'à présent, permet en outre à cette gauche de se battre encore une fois contre Almirante le "fasciste" dans une unité fictive et inutile contre la "mort" d'Almirante et, ici aussi, "pour la vie" (quelle vie? celle des "permis de tuer"?) avec un vaste front qui comprend le Pape Jean-Paul II et la Démocratie chrétienne. Sur l'abrogation de la prison à perpétuité ils devraient se confronter au contraire avec la DC (4), et l'obliger de toute façon à un choix.

Mais la terrible erreur à laquelle conduit cette ligne est de choisir encore une fois un terrain défensif, de plus sur un problème non pas de choix politique et électoral, mais de pure propagande. Un terrain perdant. La gauche a justement rendu emphatique la campagne d'Almirante, et en la rendant emphatique elle l'a fait paraître dangereuse. Combattre, même en défense, contre le "danger" de la peine de mort ne signifie pas avoir déjà à moitié compromis la bataille pour l'abrogation de la prison à vie qu'on affirmait vouloir poursuivre? Si l'opinion publique, et la base communiste elle-même, veut la peine de mort, n'est-il pas insensé de prétendre l'abolition de la prison à vie? N'est-ce pas le sens sous-entendu, le message sous-entendu, de ce choix et de cette campagne?

Une des raisons qui ont poussé à ce choix aurait été l'attitude d'une partie de la base du Parti communiste. Ce sont justement les communistes qui ont diffusé le fait qu'une partie de leurs inscrits et de leurs sympathisants étaient favorables à la peine de mort. Je prendrais cette thèse du groupe dirigeant du PCI sous bénéfice d'inventaire: car sur cela, comme sur l'Afghanistan ou sur la Pologne, peut-être par un mécanisme inconscient de protection, le groupe dirigeant du PCI tend à offrir une image de la base communiste bien plus vieille et pire qu'elle n'est. Mais même s'il en était ainsi, le problème devrait être affronté en termes de bataille culturelle et politique, en termes de principes et de valeurs, outre que de programmes conséquents, politiques, législatifs et de gouvernement: pas sur des positions d'arrière-garde en disant NON à la civilité juridique proposée par Almirante, mais en termes de proposition et de lutte pour sa propre civilité juridique. Alors le problème n'est pas la base commu

niste, si ce n'est justement comme une projection, mais le groupe dirigeant du PCI, toujours en équilibre entre la civilité juridique du socialisme réel et la civilité juridique humaniste et libérale; entre l'héritage de la culture et de la politique jacobine et léniniste, napoléonienne et stalinienne et les principes d'une gauche qui s'est reconnue en Italie dans Cesare Beccaria (5), Achille Battaglia et Piero Calamandrei (6).

A ce point il est permis d'avancer un doute et d'exprimer un jugement politique. La possibilité même du dialogue et la condition pour tout accord et toute unité est confiée à la franchise des points de vue respectifs. C'est avec cette franchise que j'ai analysé les choix de la gauche sur la prison à perpétuité et la peine de mort, sur le référendum radical et la campagne d'Almirante. J'avancerai avec la même franchise une question et une hypothèse. La question est la suivante: les choses étant ce qu'elles sont, pourquoi le Parti communiste et le Parti socialiste ont-ils choisi parmi cinq OUI possibles, uniquement les deux OUI sur la prison à perpétuité et sur les tribunaux militaires? Une hypothèse de réponse est que ces deux partis de gauche aient assumé cette position parce qu'ils ne pouvaient pas résoudre autrement leurs contradictions et démentir une partie importante, à mon sens essentielle, de leur histoire et de leurs traditions démocratiques. Mais ils ont peut-être accompli ce choix sans convict

ion, sans croire à sa praticabilité et à sa possibilité de victoire. Ont-ils peut-être décidé avec la réserve mentale de ne pas s'y engager, de ne pas se brûler les mains, en donnant même pour sûr un échec pour pouvoir l'attribuer ensuite à l'aventurisme référendaire des radicaux, à leur peu de caractère politique, à leur sens insuffisant de l'"opportunité"?

C'est comme ça? J'espère encore que ce n'est pas vrai. Le périmètre de consensus possible, bien que limité à la prison à perpétuité et aux tribunaux militaires, est d'une extrême importance. Il peut encore manquer une grande victoire démocratique et populaire, un tournant dans la politique institutionnelle, de la justice et de l'ordre public. Cela peut contribuer à ramener à de justes proportions, et à ramener sur le terrain de la confrontation loyale les autres référendums (celui sur la loi Cossiga, celui sur le permis d'armes, et surtout celui sur l'avortement). A créer sur eux aussi un terrain de confrontation et de rencontre, positif pour tous, pour toute la gauche et pour le pays.

Mais s'il en allait autrement, que personne ne s'imagine que nous jouerons le jeu, que nous accepterons passivement le rôle que des groupes dirigeants trop rusés voudraient nous assigner. La polémique à ce point se retournerait aussi contre les responsabilités de la gauche, et elle serait dure.

-----

N.d.T

1 - L'UNITA'. Quotidien du Parti communiste italien.

2 - ALMIRANTE GIORGIO. (Salsomaggiore 1914 - Rome 1988). Secrétaire du MSI, Mouvement Social Italien (le parti de droite qui se considérait l'héritier du fascisme) de 1969 à 1987.

3 - BRIGADES ROUGES. (Connues sous le sigle BR). Organisation terroriste clandestine d'extrême gauche, née et active en Italie à partir de 1969. Proclamant la révolution ouvrière elle essaya d'ouvrir des fronts de révolte armée contre l'Etat et le système politique, se rendant responsable d'attentats, d'agressions, d'enlèvements, d'assassinats d'hommes politiques, de journalistes, de magistrats et de chefs d'industrie. Elle eut comme leader Renato Curcio. En 1978 elle enleva et assassina Aldo Moro.

4 - DEMOCRATIE CHRETIENNE (DC). Parti italien d'inspiration chrétienne/catholique. Constitué sous ce nom dans l'après-guerre recueillant l'héritage du Parti Populaire, né dans le premier après-guerre par l'oeuvre d'un prêtre sicilien, don Luigi Sturzo. Après les élections de 1948, dans le climat de la guerre froide, la DC devint le parti de majorité, s'approchant certaines fois de la majorité absolue. Composant central de tout gouvernement, elle a détenu le pouvoir sans interruptions pendant un demi siècle conditionnant fortement le développement de la société italienne. Aux élections de 1992, pour la première fois, elle est descendue sous la barre des 30% des suffrages. La DC a changé de nom en 1994, donnant naissance au PPI (Parti Populaire Italien) et au CCD (Centre Chrétien-démocrate).

5 - BECCARIA CESARE. (Milan 1738 - Milan 1794). Essayiste, économiste, exposant de l'Illuminisme italien. Auteur du célèbre essai "Des délits et des peines", où il soutient l'abolition de la peine de mort et de la torture.

6 - CALAMANDREI PIERO. (Florence 1889 - 1956). Juriste, publiciste et homme politique italien. Rédacteur de Codes même durant la période fasciste (collaboration "technique"), exposant de pointe par la suite de l'antifascisme de teinte progressiste. Fondateur de la revue "Il Ponte". Spécialiste en droit constitutionnel.

 
Argomenti correlati:
stampa questo documento invia questa pagina per mail