SOMMAIRE: La séance plénière du Parlement européen discute de la situation des handicapés dans la CEE et Marco Pannella intervient pour souligner que tous les députés se nourrissent de belles paroles sur cette question, mais qu'ensuite, ils font la preuve de leur handicap en affectant des moyens au secteur militaire et aux multinationales de l'agriculture et en appuyant des états à régime antidémocratique (11-03-81).

M. Pannella. - Madame le Président, je confirme que je voterai ce rapport surtout en hommage à la force politique qu'est leParti travailliste, dont notre rapporteur, Mme Clwyd, est le représentant. Je le ferai aussi pour son excellent travail personnel.

Mais, Madame le Président, demeurer dans une certaine légitimité implique qu'on fasse certaines propositions, surtout lorsqu'on s'attaque aux dépenses militaires, lorsqu'on est pour le désarmement unilatéral, comme le Parti travailliste a déclaré l'être, lorsqu'on est contre une certaine politique agricole commune qui, de plus en plus, au nom d'une agriculture répondant à l'intérêt des multinationales, est également à l'origine de la crise des agriculteurs. La seule façon, pour ce Parlement, de répondre à l'attention qu'il prétend consacrer aux problèmes des handicapés, c'est donc de travailler à une société dans laquelle les dépenses sociales et la justice sociale soient réellement à la dimension des humains.

Peut-être ne voterai-je pas ce texte s'il était un projet de loi, car je le croirais en quelque sorte insuffisant. Mais je comprends parfaitement le rapporteur: ici, nous n'avons qu'à esquisser des principes, des lignes de conduite qui, d'ailleurs, ne seront pas suivies dans la pratique, Madame le Président - et nous le savons - par la Commission, par le Conseil. En effet, pour qu'une politique juste dans ses principes soit appliquée, il faut de l'argent, et ici l'argent est réservé aux armements, aux profits des multinationales, à tout ce qui domine cette société, qui la départage, à ceux qui, très souvent, disent de bonnes paroles de pharisiens à l'adresse des handicapés, des chômeurs, des différentes personnes victimes des injustices sociales, mais qui, en réalité, sont responsables de ce que des handicaps sont des tragédies alors qu'ils pourraient parfois être aisément surmontés et corrigés.

C'est donc pour cette raison que je vote pour. Je ne crois pas que ce Parlement ait le droit d'être entendu avec confiance par les handicapés, ce même Parlement qui, ensuite, approuve les budgets militaires et qui représente des gouvernements et des forces politiques qui sont la cause de la situation tragique des handicapés dans nos pays et en Europe.