SOMMAIRE: Marco Pannella fait part de son intention de vote pour la proposition de résolution qui critique le prêt contracté entre le Président français Giscard d'Estaing et le chancelier Schmidt (10-04-81).
M.Pannella. - Monsieur le Président, je vais voter la proposition de M. Ippolito, et je le ferai avec d'autant plus de conviction, moi aussi, que cette manoeuvre est une basse manoeuvre liée au cynisme anti-européen d'une des deux parties qui sont avantagées, du moins en principe et pour l'immédiat, par cette opération financière. Le cynisme giscardien, hélas - on doit, paraît-il, le qualifier de libéral - est tel qu'il n'hésite pas à monter une opération certainement dangereuse même pour la France. Cela illustre encore davantage à quel point la politique du chancelier Schmidt est rapprochée de celle de M. Giscard d'Estaing. Tous les jours - et de toutes parts, par exemple de la part de Moscou - M. Giscard d'Estaing semble bénéficier d'une sorte d'aide qui est de plus en plus manifeste. En effet, tous les anti-européens doivent miser sur Giscard et sa réussite. Tout ce qui est profondément contraire aux meilleures valeurs de notre Europe se sent le besoin de soutenir ce roi qui, de plus en plus, montre qu'il
ne croit en rien sinon en son propre pouvoir. Je crois qu'il existe, dans ces cas, un devoir d'ingérance. J'espère que mon gouvernement, si gouvernement on peut l'appeler, agira dans une certaine direction, que le gouvernement italien fera entendre ses bonnes raisons. Je n'en suis pas tout à fait certain, il pleurera après coup. La Commission, tout compte fait, fera la même chose.
Alors, devant ces marchés de dupe que chaque jour nous voyons se conclure sur le dos de l'Europe, nous ne sommes pas partie prenante, ni d'un côté, ni de l'autre. Disons que la thèse et les positions de M. Ippolito sont les plus nettes; disons à notre collègue Adonnino - je crois que l'un des signataires lereconnaît lui-même - que son texte n'exprime pas ce qu'il dit vouloir exprimer et obtenir. Certaines phrases peuvent représenter exactement l'inverse de ce que M. Adonnino nous a dit.
Dans ces conditions, il n'y a pas de contradiction possible. On peut voter pour M. Adonnino si on l'estime nécessaire, mais on peut aussi voter en faveur de la position de M. Ippolito. J'espère que nous allons le faire, Monsieur le Président, bien que ce soit aujourd'hui la journée des contradictions. Mon cher collègue Ippolito devrait savoir que nous ne pourrons continuer qu'en donnant beaucoup d'argent à Giscard d'Estaing; il pourra recueillir beaucoup d'argent pour son plutonium et pour son idée de l'Europe qui, aujourd'hui, est opposée à la mienne.