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Pannella Marco - 5 giugno 1981
arc3800f.doc

(2) DES "DROITS CIVILS" A LA "FAIM DANS LE MONDE": Une histoire pour le présent

Relation prononcée le 5 Juin 1981, premier jour du Congrès

INDEX

- Note introductive, par Angiolo Bandinelli (3799)

- "Pannella le politique", par Michelangelo Notarianni (1057)

- "Une histoire pour le présent", relation prononcée le 5 juin

1981, première journée du 25ème Congrès extraordinaire du PR

(3800)

- "Mais qui veut donc un commando de choc?", réplique prononcée le 7 juin, dernière journée du Congrès (3801)

SOMMAIRE: La relation introductive et la réplique prononcées par Marco Pannella au 25ème Congrès (extraordinaire) du Parti radical, convoqué à Rome les 5, 6 et 7 juin 1981.

"... abolir la misère: c'était la grande idée radicale d'Ernesto Rossi. Alors nous devons abolir la misère qui conduit à l'extermination, la politique de misère à laquelle assistent, inertes - en termes d'initiative politique - toutes les autres forces politiques qui rendent hommage à une »juste politique internationaliste sur les problèmes de la faim dans le monde (...) Pourrons-nous être radicaux? Pourrons-nous être crédibles avec notre volonté de gouverner la paix, la liberté, le droit positif - Etat de droit - le droit à la vie, le droit à la nourriture?"

("DES DROITS CIVILS" A LA "FAIM DANS LE MONDE" Par Marco Pannella, présenté par Angiolo Bandinelli - Préface de Michelangelo Notarianni - Editions Quaderni Radicali / 6)

Une histoire pour le présent

Relation prononcée le 5 juin, première journée du Congrès

Autocritique autour d'un "Barnum"

Chères camarades, chers camarades

Une première observation, une autocritique. Vous le savez, j'ai dit qu'en tant que système, l'autocritique m'est tout-à-fait étrangère, elle fait partie d'un monde culturel bien précis. Si maintenant j'annonce que je fais une autocritique, les amateurs de ce système seront quand même déçus. En parlant au téléphone avec Rutelli, la semaine dernière, je lui disais: »Etant donné la situation de déconcertement de la part de nos camarades - compréhensible mais injustifiée - voire de lassitude - trois jeunes membres du secrétariat de Bari, me disait-il, doivent affronter ces jours-ci les épreuves du Baccalauréat; et pour d'autres considérations encore, je me disais donc: Mais au fond, ne nous préoccupons pas trop, si nous avons huit-cent places pour notre Congrès (il y a ici mille-cinquante personnes). Tant pis, mais il est peut-être inutile de nous préoccuper de pouvoir disposer d'une situation logistique plus vaste, si l'on considère le fait qu'en 1981, après trente-cinq années de gestion municipale, les st

ructures civiles, les structures pour les débats demeurent les suivantes: si la Confédération nationale du Patronat n'a pas une place, si l'EUR n'a pas une toute petite place parmi toutes ses manifestations commerciales, il faut se replier ailleurs et, si l'on n'est pas des puissants, sous les chapiteaux des cirques .

Et l'on peut faire ici - excusez-moi, nous sommes à la veille des élections, administratives mais politiques aussi, et romaines - une petite observation: si les camarades socialistes, dans une Sicile malfamée, de droite et mafieuse, doivent vous apporter leur grand Barnum, je veux bien; mais il me semble qu'il faut s'arrêter un moment et réfléchir sur le fait que le petit Barnum radical doit avoir lieu dans ces conditions - à Rome - non pas parce que nous disposons des choix, mais parce que la ville de Rome n'offre rien dans ce moment de vie démocratique, sinon la non-convocation du congrès; c'est pourquoi nous avons opté de cette manière.

Si à cette heure-ci il y a de nombreuses personnes debout, cet après-midi et demain surtout, ce sera encore plus problématique. Cela prouve encore une fois que dans les pires moments, nous risquons de ne pas avoir conscience que notre crise se confirme comme une crise de croissance et de prise de nouvelles responsabilités, et c'est ainsi que cette crise est vécue par tous ceux qui décident, dans ces conditions, par cette chaleur, sans délégués financés par les fédérations, d'accourir pour faire de ce congrès un moment important pour les radicaux, pour donner corps à un Parti radical uni dans un congrès plus grand que le précédent.

Voilà pour mon autocritique. Je m'en excuse auprès des camarades de grande élégance culturelle, et en particulier avec le camarade Mauro Paissan et les camarades du journal "Il Manifesto", qui nous offrent désormais, grâce à Rossana Rossanda, depuis une quinzaine d'années, les pages les plus belles et les plus élégantes, les plus nombreuses aussi, d'autocritique; on se demande cependant, quand ils commenceront à en tirer des conséquences qui ne soient pas de type littéraire.

Et nous nous le demandons car, mis à part les animosités, je crois que nous devons, maintenant plus que jamais, nous poser le problème, vrai, d'un dialogue; ce journal qui est formellement et graphiquement, le seul à poursuivre encore l'élégance, le moralisme, le sérieux, du "Mondo" de Pannunzio, de la bourgeoisie progressiste italienne; mais cette dimension, très grande en ce qui concerne le style, a, en réalité, pour unique parallèle, la bourgeoisie plus ou moins marxiste qui s'exprime par une multiplicité de ressources réthoriques - dans le meilleur sens du terme - sur toute chose, de la polémique à la satire, à la construction idéologique, à la recherche philosophique etc... Et on ne peut guère l'ignorer. Avec ces camarades, malgré les différences structurelles, de classe, entre un groupe de grande homogénéité culturelle bourgeoise comme "Il Manifesto" et un groupe, au contraire, de grande hétérogénéité - d'histoires et d'itinéraires et de langages et de conditions sociales - je crois que nous devon

s nous poser le problème du dialogue.

Que représente aujourd'hui notre congrès?

Ma relation, chers camarades, repose sur plusieurs points. Mais je voudrais auparavant vous annoncer les couleurs de la fin de cette relation, qui doit être également axée sur l'actualité politique. Les couleurs sont les suivantes: notre congrès est celui-ci et pas un autre car, au début de cette année, la fourniture manquée, de la part des BR, du cadavre commandé par le régime, a empêché le putsch légal déjà organisé dans notre Pays par les cerveaux occultes, l'organisation des forces du monde de la P2, avec tout son background. Sur ce point et ce point-là uniquement je suis d'accord. Sur cette tentative de recherche de Radio Radicale et Lino Iannuzzi; avec, pour décor, les grandes centrales de la destabilisation des démocraties et de la Méditerranée. Avec le concours, aveugle, des camarades communistes qui ne se rendaient pas compte où, tout - l'utilisation de Visentini de la part des Valiani et du "Corriere Della Sera", de la P2 et du régime - tout pouvait conduire, avec cette désignation à la Présid

ence du Conseil qui devait suivre de près (quarante-huit heures) la fourniture du cadavre de D'Urso au régime, qui en avait organisé l'arrivée, avec le concours également, de ce monde radicaloïde équivoque de race patronnale - qui est celui de Scalfari et de "La Répubblica", qui croyait aveuglément, pouvoir lui aussi, à cette occasion, régler ses comptes, on ne sait pas très bien comment... Avec ces deux convergences, le gouvernement, fondé sur le cadavre de D'Urso, lancé massivement - de manière terroriste - par le conditionnement de la presse italienne, a été une occasion historique ratée qui nous donne un répit de quelques mois, d'un an peut-être.

Mais si ce fait avait été catalysé, ce fait que nous avons su éviter, recevant des insultes à cause de nos excès, de notre style - obligeant les camarades assassins des BR à ne pas être des assassins dans ce cas-là, cela aurait été une dernière confirmation de ce que nous savions déjà: autrement dit, nous aurions eu confirmation de la réalité italienne, de la DC, de classe, de la réalité de la politique inaugurée en 1936, confirmée par le débarquement à Salerno, qui se reconfirme encore en novembre 1973 avec le compromis historique, avec les sous-alternances anti-démocratiques des autres, anti-libérales des libéraux, par rapport aux pouvoirs établis. Rappelez-vous la colère qui a salué la vie de D'Urso, colère qui n'a pu être contenue, les appels à ce Quirinal qui était déjà conditionné par les putchistes et par les corrupteurs pour essayer de court-circuiter le Président Pertini par rapport aux forces de la démocratie et de la civilisation juridique de notre pays! Nous en avons parlé alors!.. Je conclu

rai ma relation en revenant sur ces choses dont j'ai voulu parler en introduction.

Mise au point sur la stratégie radicale

Le sujet de ma relation c'est plus ou moins cela, chers camarades, une série de mises au point qui me paraissent nécessaires. Nous entendons dire - au sein du Parti et à l'extérieur - que la stratégie radicale dans laquelle se meut l'initiative historique du Parti radical est désormais terminée. Je demande à chacun de vous de dire dans quel document, à quel moment de notre vie politique de socialistes libertaires, partisans de l'alternative, nonviolents, de singularité extrême, nous avons dit que la stratégie radicale était la stratégie référendaire. Nous avons toujours affirmé que nous avions une stratégie, une ligne référendaire, mais aussi une ligne d'initiative nonviolente de base - celle qui donne une force historique à une culture alternative qui avait été oubliée et battue, l'unique culture socialiste autogestionnaire, d'alternative et de paix possible, qui a caractérisé notre existence par la prison, les jeûnes et autres choses, qui a caractérisé jusqu'à la satire, comme il se doit, jusqu'à la p

olémique - le radical comme le jeûneur, vrai ou faux; comme le prisonnier indigne; comme le drogué etc... Puis l'autre stratégie, celle du droit, la stratégie de la proposition, de la revendication - pour des libertaires - du droit en tant que croissance sociale, pour battre la vieille culture pourrie, pseudo-anarchique qui paraît revendiquer non pas les lois de la jungle, mais les lois bucoliques, la culture de ceux qui pensent que la corruption de la nature et de l'histoire proviennent de la naissance du droit et de l'Etat; affirmant au contraire - comme nous l'avons toujours affirmé - que la pire des lois vaut mieux que pas de loi du tout dans la loi de la jungle, qui est une loi de violence, et que l'activité morale d'une politique radicale libertaire ne peut qu'être destinée à représenter et respecter - peut-être de manière socratique - le droit comme fondement de la coexistence dans la liberté et dans la responsabilité de chacun.

La politique radicale doit donc être considérée à travers la réaffirmation de ces trois volants qui sont aussi trois présences dans la vie "sociale", "culturelle" d'une époque: celle de la nonviolence, celle du droit et la présence des referendums pour la méthode; pour arracher à ceux qui ont trahi la Constitution et à la vie de tous les jours, le peu de bi-polarisme, que nous avons pu et pouvons encore essayer de réaliser dans notre Pays, grâce à la pratique des referendums, en lui donnant la continuité et la correspondance d'idées avec les démocraties politiques qui ont survécu dans l'histoire: la "confrontation bi-polaire et alternative", qui honore les deux cultures comparées, les deux idéaux, les deux positions, et qui peut les réaliser dans la vie de la société et de l'histoire.

Nous serons jugés sur tout cela. Et alors, la conscience de notre passé est-elle la conscience du présent ou bien un lieu de souvenirs, de frustrations, des oasis lointaines que nous nous inventons pour trouver un havre de paix, faussement beau si nous oublions l'extrême humilité et l'extrême intensité dramatique dont a été fait chaque moment qui, aujourd'hui, nous paraît si beau, mais qui fut beau à cause de toutes les blessures de ces moments dramatiques, faits de déchirures - en chacun de nous.

J'arrive au premier sujet de ma relation: le bel article de Franco Corleone. Je lui disais tout-à-l'heure: »Franco, tu a écrit un bel article qui devient cependant une somme de banalités et de lieux communs, dénuée de bon sens . Cela m'arrive souvent, et cela arrive aussi à Franco Corleone. Et le quotidien "La Repubblica", en cela, ne se trompe pas, lorsqu'aujourd'hui, il place Corleone au rang d'acteur, mais l'étouffe pour le restant de l'année.

Les referendums: la longue marche

"Résultats et conséquences du referendum": c'est à partir de cela que nous devons partir, chers camarades, avec ponctualité, avec sérieux, jusqu'à l'ennui. Le secrétaire du Parti a rappelé qu'un triptyque représente, en quelque sorte, l'histoire radicale: alternative, unité et renouveau de la gauche. Avec un autre triptyque: alternative, unité et renouveau laïque, libertaire et socialiste. Et un autre triptyque encore: pour une initiative anti-cléricale, anti-autoritaire, antimilitariste. Dire aujourd'hui "antimilitariste" sonne différemment aux oreilles de ceux qui pensaient que nous étions, non pas ceux qui annonçaient les necessités classiques, mais des non-socialistes, mais des amateurs de vieilles "choses" en putréfaction de l'histoire du mouvement ouvrier et de l'histoire des mouvements de liberté dans le monde; et encore, dire "autogestionnaire" et tant d'autres choses. Ce qu'a fait notre solitude - non pas choisie en tant que solitude mais en tant que proposition positive - c'était cela précisém

ent: alternative et unité, concept de démocratie politique, alternance et alternative. Car nous pensions que notre Pays possédait déjà les conditions historiques nécessaires, ou bien qu'il fallait les créer, et que toutes les lignes de démission de cette stratégie, sur la base d'analyses erronées de la réalité culturelle et sociale du Pays les rendaient au contraire impossibles.

Toujours, dès le début, nous avons été cela: alternative, idéaux et culture alternative; la Constitution en tant qu'alternative à la tradition juridique - énorme - d'Alfredo Rocco et de l'Etat corporatif, contre une conception de monopartisme imparfait qui a lié toute la classe politique italienne pendant trente-cinq ans, de Michelini à Vecchietti, en passant par Malagodi et Spadolini. A savoir, les fondements selon lesquels la spécificité italienne est celle d'oeuvrer pour conduire la DC à être la cause concomitante du renouveau démocratique de notre Pays, ou de la "récupération" des grandes traditions que les autres - même de bonne foi - n'appelaient pas fascistes, mais qui ont trouvé en ce siècle leur moment de plus grande organisation et profondeur idéologique et culturelle dans l'apport de la bourgeoisie italienne - dans les années Trente - à l'Etat fasciste, à l'Etat de Bottai et de Bombacci, de Rocco et de Gentile. Cette bourgeoisie qui donnait, je ne le répèterai jamais assez, aux Ministères de

l'Education, non pas les Malfatti ou les Misasi, mais les jeunes Gentile, et au Ministère de la Justice, non pas les Oronzo Reale mais les Alfredo Rocco; qui donnait, justement, tragiquement, le meilleur de soi et non pas, selon la vieille erreur de Croce - faite de présomption provinciale et classiste, une parenthèse de notre histoire dont la barbarie, l'ignorance, la petite bourgeoisie et la non-culture seraient les auteurs. C'était une manière non-laïque, de la part de Benedetto Croce, de liquider par l'infamie Giovanni Gentile, à l'égard duquel la confrontation était dure; dure hélas pour nous tous.

Quatre-vingts ans pour un projet!

Donc: alternative, unité et renouveau.

Nous avons lutté, chers camarades, pendant huit ans - non pas avec Lidia Menapace qui faisait alors partie d'un parti inter-classiste - mais contre les ironies les plus dures. Pire même, contre la suffisance, la distraction de l'élite des représentants marxistes, marxiens, marxologues, etc...des groupes de toutes couleurs, pour nous dire à l'unisson que la bataille pour le divorce était impossible, à cause des conditions historiques de notre pays. Et ils étaient de bonne foi, car le fondement de toutes les lignes de collaboration - disons non-occidentales - de "toutes", celles d'Almirante ou de Tullio Vecchietti, était l'inamovibilité des situations de pouvoir et de gouvernement de notre Pays, du monde catholique.

Ils étaient de bonne foi lorsqu'ils étaient incrédules à notre égard: c'était leur histoire, donc leur nature. On disait par exemple que le divorce n'était pas une lutte de classe; et nous avions beau dire, nous, Mauro et les autres, que ce n'était pas un hasard si c'était "ABC", le journal populiste indigne, avec ses horreurs à la une, "ABC" et non pas "L'Espresso", qui avait réussi à faire circuler la notion de profonde injustice du divorce de classe, de l'amour de classe, du sacrement de classe, de l'usage de classe en tout. Non! nous étions à ce moment-là les impertinents, non pas ceux qui annonçaient une société future, mais des effrontés anti-cléricaux, des rescapés de l'"Asino" des vieux temps, qui proposaient une bataille impossible. Nous créâmes une formation démocratique de classe: notre langage était un langage explicitement démocratique de classe.

Je vous remercie d'avoir été patients mais, voyez-vous, ces souvenirs étaient nécessaires, avec cette explication de notre histoire, de notre présent. Nous pûmes nous servir de notre formation, du referendum, non pas parceque la gauche italienne avait lutté pour l'actualisation de la Constitution sur ce point, avec un certain obstructionnisme parlementaire en disant: »Si le referendum prévu par la Constitution venait à manquer, notre vie démocratique serait bancale . Non, déjà à l'époque ils nous disaient - et cela est faux - que notre Constitution a prévu le referendum comme fait extraordinaire. Cela est faut, le referendum est prévu comme fait ordinaire, comme le Parlement; si on l'excerce, il existe. Mais nous l'avons obtenu car, les ayant, nous, obligés, eux, qui de par leur nature, histoire, stratégie, philosophie, ne croyaient pas à la bataille des droits civils et jugeaient par conséquent cette bataille inutile et pure perte de temps, pensant même que nous l'aurions perdue; eh bien, ils se sont r

etrouvés, tous, devant un fait plastique, beau, auquel ils ne croyaient pas, qui leur dit quelque chose. Quoi? Je ne veux pas citer de noms mais je me souviens de camarades communistes de très haut rang, devant la défaite de Michelini ou Almirante, et Fanfani et Moro, disant: »Bien sûr c'est un moment inoubliable, tout-à-fait nouveau, rien de tel depuis 1947 dans l'histoire de notre Parlement . C'était un phénomène émotif.

Eh bien, le referendum fut arraché comme une concession faite à la DC et au monde clérical! C'est pourquoi il eut ces caractéristiques, déplorées par nous mais aussi par la Cour Constitutionnelle. Nous nous retrouvâmes chers camarades, devant une initiative de groupes extrémistes radicaux du monde clérical, qui proposèrent le referendum sur le divorce. Il est donc historiquement faux de dire: "Le referendum »radical , le referendum laïque sur le divorce, en 1974". Mais l'histoire se charge de faire le ménage des données absolument formelles; car c'est vrai que Gabrio Lombardi collecta ces signatures, mais il est aussi rai qu'un an après les avoir collectées il les oublia, il n'en fit rien, car les sondages parlaient à l'Eglise comme parlaient les autres; il n'y eut que la LID pour le défendre, la Ligue Italienne pour le Divorce, le Parti radical.

Il y eut en 1972, des élections anticipées avec le "jeu Andreotti"; des élections anticipées - pour les perdre - plutôt que de laisser gagner le referendum. Déjà en 1972! On a dissous les Chambres parce que les laïcs, partisans du Centre-gauche, du compromis historique, ne pouvaient pas se permettre l'affrontement profond dans le Pays. Parce que le referendum aurait mis en crise le centrisme, le centre-gauche, le compromis historique, en le retardant pendant des années. Et ils choisirent de manière consciente; nous l'avons dit à l'époque: "Quitte à ne pas gagner le referendum sous vos symboles et vos idéaux, dans votre réalité politique suicidaire vous choisirez maintenant de perdre ces élections", et en effet, les élections de 1972 furent perdues, dangereusement perdues.

Nous revînmes à la charge, unanimes, du centre, du centre-gauche, de gauche - en syntonie avec une droite cléricale qui, dans les hautes sphères, dans sa sagesse infinie et nauséabonde, a toujours voulu éviter les grands affrontements de l'histoire, et a préféré les lieux réservés, le cher cousin roi d'Italie, que l'on excomunie mais auquel on continue ensuite à écrire, à demander pouvoir - ils voulurent tous faire les loi Reali, Bozzi, Carrettoni... L'histoire vraie du referendum sur le divorce est importante pour les jeunes mais aussi pour les autres. Mais quel referendum fallait-il donc en 1972? Trois ans après 68, deux après 69, entrer en campagne pour traduire en termes de droit et de liberté ce qui se passait en Europe et dans le monde! Pensez-donc un peu, si cela n'aurait pas pu signifier - en 1972 - mettre une hypothèque immense contre les désespoirs, certaines Autonomies et certaines recherches de la victoire à travers l'assassinat, étant donné qu'à travers les institutions cette victoire parai

ssait trop lente ou même impossible.

Ce fut en novembre 1972 que le Congrès radical à Turin, dans les sous-sols d'un édifice de Turin, le Parti radical votait déjà ce que les autres appellent "la stratégie des referendum": "un referendum, dix, mille referendum"; nous sommes peut-être des camarades de "Lotta Continua" car nous nous adressions beaucoup à ces camarades, à la fin, je me souviens, dans la relation introductive de ce congrès. Je dis cela à ceux qui s'attendent de ma part à une autocritique : il me semble que même Giorgio Forattini (remercions au passage le plus profond de tous les éditorialistes et dessinateurs humouristiques de notre Pays, pour les critiques qu'il nous fait), disait l'autre jour: »Il avait un parfum de Parti communiste des années Cinquante, le Pannella qui proclamait avoir gagné les referendums qui avaient été au contraire perdus . J'accepte le dialogue: il y avait quelque chose en nous qui nous disait que nous avions perdu, le sens commun, mais pas le bon sens, peut-être, nous verrons.

Novembre 72. Pourquoi les radicaux disaient-ils cela? Parce que seul l'affrontement entre le monde dit modéré mais qui est - malgré lui - terriblement réactionnaire et le monde de progrès à reconquérir et à rassembler dans sa clarté idéale peut provoquer non pas le pire mais le meilleur, à droite comme à gauche. Seuls des affrontements idéologiques, culturels, qui concernent l'espérance, l'histoire, le meilleur de chacun, peuvent éviter les dangers de notre histoire dans une société civile; gagner de grands termes de confrontation: sur la vie, sur le spermatozoïde, sur le sexe, sur l'amour... Mais Dieu merci, je le répète ici, Jean-Paul II, qui va à l'abattoir, ne pouvait pas ne pas le savoir. En soutenant les choses auquelles il croit, il mérite cependant l'hommage de celui qui sait - à la limite - que les lois doivent être violées (car Jean-Paul II viole la loi italienne) en hommage à ce que sont les commandements extrêmes de la conscience et que l'on estime être la vie pour tous et non pas la mort de

l'adversaire.

Bulletin vert, bulletin orange

Je crois que ceux qui ont voté le bulletin vert ont voté pour l'avortement d'Etat: c'est ma conviction. Mais Jean-Paul II, par ces contradictions, en violant la loi, en votant pour un petit avortement plutôt qu'un gros, mais avortement d'Etat indigne quand même, a voté pour une vision qui mérite toutes les choses que l'on nous reprochait, mais qui ne nous concernaient pas. Nous devons remercier le Ciel s'il y a encore des gens qui descendent sur le terrain en sachant qu'ils vont de toutes façon perdre, s'ils ne prennent pas le risque de perdre ou de gagner. Le mal, dans notre Pays, ne vient pas de la culture cléricale de Jean-Paul II et des autres partisans du Mouvement de la vie, mais de la Démocratie Chrétienne; et je me souviens que, lorsque j'étais à l'université déjà, des problèmes surgissaient, lorsque, bouleversant nos règles, je disais: »Mieux vaut les catholiques de la FUCI que les soit-disant laïques de la Démocratie Chrétienne ou bien encore »il y a tout un monde laïco-maçonnique qui vit en

gaspillant les idées laïques de manière ignominieuse, comme dans le monde catholique la Démocratie Chrétienne, les hommes de pouvoir clérical et démochrétien sont les exploiteurs de la religion et de la foi et de la conscience de ceux qui les élisent .

C'était notre recherche du bi-polarisme. Vous souvenez-vous de: "Le pauvre enfant naîtra là-où famille il y aura...", vous souvenez-vous de la culture qui devient folle: la conférence épiscopale italienne qui annonçait - comme certaines vieilles sectes hérétiques traitées de manière féroce par l'Eglise catholique - la fin de la famille, la fin de l'amour, si l'on faisait passer cette loi ou si nous avions remporté les referendums; la conférence épiscopale. l'"ex cathedra"; cette culture qui devient folle à laquelle il faut cependant reconnaître qu'elle n'est pas aussi dangereuse que ne l'est la culture de Moro, de Fanfani, de Spadolini, de tous ceux qui font un trafic illicite des cultures et des idées. Souvenez-vous: ils étaient tous unis dans le "double non"! C'était la dernière coalition, le dernier soubresaut d'une conception unanime, d'une conception de la politique catholique, de la politique andreottienne, selon laquelle les choses de ce monde ne peuvent être administrées et gouvernées selon des

idéaux et que les idéaux ne peuvent être le moteur du gouvernement "pratique" des choses, mais il faut une tactique, une stratégie.

Pour la enième fois, chers camarades, pardonnez-moi: cette gauche, ces laïcs qui n'ont dans leurs idéologies ni Mazzini, ni Marx, mais Clausewitz: la "stratégie", la "tactique", l'"avant-garde", l'"arrière-garde". Elle a aussi la culture théologique et idéologique de la double vérité: la vérité "vraie" et la vérité pour le peuple qui peut ne pas comprendre, et ainsi de suite.

Eh bien, en novembre 1972, - novembre 1972 -un parti politique décide qu'il faut convoquer huit ou dix referendums: car il faut affirmer en Italie la dignité des adversaires, non pas en termes d'idéaux ou de génération, mais en confrontant les associations historiques fascistes dans le sens le plus noble et tragique du terme, dans le sens de "plus de justice et de liberté", cher à Ernesto Rossi, "plus Partito d'Azione", plus Calogero, plus Capitini et non pas autre chose. Ceux-là justement, ce parti, ouvrit une partie, chères camarades et chers camarades, nous nous devions de le rappeler, l'autre soir, le soir du 17.

La Campagne pour l'avortement

Six mois après nous nous sommes à nouveau réunis pour discuter des sujets. En Août 1973, nous avons l'appui de "Il Manifesto", "Avanguardia Operaia", de la "Gioventu Liberale Italiana", de la "Federazione Giovanile Repubblicana", de tous les groupes post-68, pour notre projet de réferendum, huit referendums, pour proposer des sujets essentiels d'antifascisme contre le fascisme d'un Parlement qui acceptait - par omission ou par conviction - de soutenir l'Etat en continuant les lois fascistes: pas seulement sur le plan pénal mais aussi sur le plan civil et des structures économiques et de la conception syndicale. Ce n'est pas par hasard si l'on n'a jamais voulu de l'organisation juridique républicaine, selon la Constitution, des syndicats italiens; c'est plutôt pour pouvoir permettre, de facto, la prédominance bureaucratique sur le plan de la médiation entre capital et travail, des bureaucraties nationalisées de parti et des syndicat; arrivant ainsi à justifier pourquoi ce syndicat - qui a bien d'autres s

oucis - a dû descendre sur le terrain pour dire, lui aussi, que l'affrontement sur le divorce aurait empêché l'unification syndicale de juillet 1974; et les trois confédérations syndicales, en avril 74, nous renièrent parce que nous voulions le referendum contre les lois Reali et Carrettoni sur lesquelles étaient déjà d'accord Lombardi et l'Eglise; elles nous renièrent pour éviter ce referendum, qui devenait ainsi le "nôtre" et celui de la LID.

Chères camarades et chers camarades, pour parler de divorce, nous commençâmes à collecter des signatures sur l'avortement: c'est alors que la gauche de classe, comme elle s'autodéfinissait, nous dit: "il est déjà tellement difficile d'y arriver, avec le peuple italien, d'arriver à vaincre cette bataille sur le divorce, et vous, vous voulez rassembler des signatures... mais vous êtes des suicidaires!".

Cette histoire des cloches qui sonnaient le glas, de ce parti radical qui "hier" était une espérance et qui "maintenant" risque de ne plus l'être, chers camarades, nous a suivi pendant quinze ans. Tous les camarades qui parlent ainsi, ont, bien sûr, participé politiquement à des actions radicales. Mais il n'y a jamais eu de moment où ils nous ont dit, tous ensemble: "L'espérance radicale réside justement en cela". C'était toujours l'espérance d'"hier"; toujours. Mais sur l'avortement, quel était l'affrontement de classe? Nous l'avons dit tout de suite: étant donné que dans la réalité de classe, historique, les femmes italiennes - et les hommes - étaient des dizaines de millions à connaître l'avortement et n'étaient que quelques centaines de milliers à avoir connu le divorce, si nous voulions gagner le referendum que nous étions sur le point d'imposer, nous devions collecter simultanément les signatures sur l'avortement. Mais nous n'y sommes pas parvenus.

Les études, avant et après! "Il faut traiter le problème par une stratégie militaire... nous offrirons une nouvelle occasion aux adversaires... nous risquons de créer des épouvantails!". Mais l'épouvantail, pour le peuple italien, c'est lorsque celui-ci regarde la télévision et qu'il s'écrie: "mais, au fond, ils parlent tous le même langage". C'est cela le cauchemar, et non pas les thèses opposées sur les grands choix qui empêchent de dormir parce que ce sont des choix importants même dans les consciences, dans la nuit, dans la vie de chacun. Et la mémoire historique du prolétariat sait que l'on meure d'avortement, qu'il y a un avortement de classe, que ce n'est pas un péché, que la femme qui avorte n'est pas un assassin, que c'est un devoir, dans certains cas, de ne pas mettre au monde quelqu'un qui est condamné à mort et surtout, c'est un devoir que de ne pas blasphémer en prenant pour conception, conception chrétienne, le hasard d'un moment de plaisir animal.

Honorer la vie signifie avant tout, ne pas considérer que la vie est un processus bio-chimique, avec le matérialisme qui est une donnée de Casini et de la loi 194, derrière le premier article de laquelle il y a la démission idéale de Giovanni Berlinguer. Au Parlement, il s'incline lui aussi devant les conceptions fascistes - dans le bon sens du terme - de Gedda, de Pende et des autres, les seuls à avoir repris, au cours des cinquante dernières années, la théorie de l'animation immédiate, de la matérialité absolue, bio-chimiue de la vie sur le plan scientifique, en continuant à dire - par un usage ptolémaïque de la révolution galiléenne - "La science dit, parce que Bompiani dit"; toujours avec ce besoin, justement, d'avoir des succédanés de la foi, alors qu'un chrétien devrait dire simplement: "C'est ma foi qui me dicte la raison, et non pas Ptolomée ni Galilée ni Copernic". Alors qu'eux, ce sont des incapables, des pudibonds, honteux de leur propre foi!

Dois-je dire "nous sommes laïcs", si par laïcs on entend le laïcisme de Spadolini ou le laïcisme des camarades communistes lorsqu'ils font du laïcisme, c'est à dire du "laxisme", la permissivité, le possibilisme, la non-culture, ne pas parler des idées, des idéaux, des espérances? Les camarades de "Il Manifesto" nous ont dit hier: "Cette fois-ci, les radicaux n'étaient pas Piazza del Popolo avec les laïcs pour manifester en faveur de l'avortement". Mauro Paissan aurait pu s'informer; en fait, nous avons été exclus! Seuls participaient à cette manifestation ceux qui ne voulaient pas du referendum sur le divorce et qui devaient récupérer à leurs propres yeux le fait que le 27 mars, "Rinascita", déjà à l'époque interprète hégémonisant de ce type de laïcisme, nous accusait d'être des fanfaniens parce que nous voulions ce referendum, l'affrontement referendaire. Nous fûmes exclus! La Ligue Italienne pour le Divorce, surtout à cause des laïcs, n'obtint pas une seule minute à la télé; et sans les contradiction

s des Perrone et des Giulia Maria Crespi, nous n'aurions pu avoir, ni dans les journaux de classe, ni dans les journaux d'Etat, ni dans les journaux de la bourgeoisie, la possibilité de parler; il y a eu "Il Mondo" qui nous offrit une page chaque semaine, mais nous avions déjà gagné auparavant.

Comparaison des idéaux de droite et de gauche

Croyez-vous que l'autorité soit une valeur plus importante que la liberté? C'est une valeur différente; les uns croient que seule avec l'autorité peut naître la vie qu'ils souhaitent pour eux-mêmes et pour les autres; nous croyons que la liberté en tant que moyen, aujourd'hui, lorsque règne le chaos, est la meilleure façon de créer la vie et l'ordre; notre tentative constante - avec confiance en notre Pays - de provoquer l'affrontement. Pour se séparer. Mais pas sur les présidences de Signorile. Voilà le point de contraste de vingt-cinq ans sur le plan du dessein idéologique et politique, entre nous et la gauche lombardienne, au-delà de la feuille de figuier, du merveilleux disque, à chaque congrès, de Riccardo Lombardi. Il nous partageait lorsqu'il a conduit Fabrizio Cicchitto - avec honnêteté - à dire: "J'ai commis cette erreur, car au fond, dans ce Pays, si l'on veut faire de la politique, il faut faire ces choses-là, il faut donner la Présidence de la Banca del Lavoro à Nerio Nesi, il faut... il fa

ut avoir davantage de postes"; "il faut les avoir dans les organismes locaux"; regardez Lagorio, cet autonomiste intransigeant, subalterne dans la quelques fois bonne politique frontiste rouge en Toscane, pour être Président: qui, pour être Ministre de la Défense Atlantique se soumet aux pires desseins de la faune de l'OTAN, comme nous le prouverons!

Alors, continuons. Que disons-nous dans nos congrès de "nouveau"? On ne peut pas laisser dire que l'abolition de la prison à perpétuité, de la peine de mort, la liberté libertaire républicaine, ne seront valables que lorsque nous n'aurons plus ni terrorisme ni corruption. Mais, pardon, si ces choses servent contre le terrorisme déferlant, dans les moments d'accalmie, gardons-les pour empêcher que le terrorisme n'arrive, justement; Nous, nous disons que l'ordre est compris dans l'utilisation du droit et de la liberté à partir du moment où la violence et le caos surgissent. C'est Cesare Beccaria, c'est l'ordre nouveau pensé par les socialistes et les libéraux, c'est l'Etat de droit contre le droit de l'Etat, ce sont les idéaux de la révolution socialiste, de la révolution bourgeoise, que la bourgeoisie représente, depuis plus d'un siècle, uniquement comme renégate: car, accréditée dans l'histoire au nom de ces idéalités révolutionnaires, à chaque décennie - en échange de cette parcelle de pouvoir qu'elle

doit ensuite exercer comme une assassine - elle renie continuellement les idéalités libertaires et bourgeoises; avec modestie, peut-être même avec élégance, comme le fait mon ami - je dis vraiment "mom ami", que j'estime, que j'aime, Valerio Zanone; cette malédiction qui faisait dire à Mario Ferrara, lorsque nous décidâmes pour la scission d'avec le Parti libéral: "Nous ne pouvons pas passer notre vie à défendre un nom, un symbole, du destin qui lui a été donné: nous disons libéral et nous voyons la non-liberté, le privilège". Alors nous réussîmes à imposer, t'en souvient-il, Ada - cette chose nouvelle: "disons "Parti radical", mais si vous le voulez, ajoutons "des démocrates et des libéraux italiens". C'était Mario Ferrara qui nous indiquait cela. même de manière sémantique, il est parfois nécessaire de faire des choix de fond, des choix clairs: en conservant, mais aussi en refusant quelque chose qui nous semble avoir fait son temps.

Nous continuâmes, chers camarades, "seuls"; encore "alternative, referendum, confrontation"; en 1974, seuls comme des chiens, nous -petits-bourgeois sans conscience de classe - nous disions que les gens, les pauvres gens, les femmes, le Sud, étaient, sur la question de l'avortement, bien plus en avance que les leaders historiques de gauche qui les représentaient; et c'est justement grâce à "ABC", aux petites gens d'Italie, aux communistes qu'ils sont, qu'Enrico Berlinguer, qui n'y croyait pas, qui ne voulait pas, fut conduit les 3 et 4 avril 1974, à accepter enfin, non pas la loi Carrettoni et le vol du referendum, mais le "malheur du referendum", comme l'avait défini Luigi Longo: "le malheur du referendum"

Vous voyez? Il y a continuité. Il y a dessein politique. nous avons fait cela non pas par activisme, nous ne sommes pas des maniaques du referendum! Pendant ce temps, pour arriver à des solutions de droit, Roberto Cicciomessere et d'autres camarades allaient dans les prisons; les pénitenciers militaires devenaient des protagonistes - pour certains d'entre-nous du moins - d'une histoire qui était dangereuse. Pendant ce temps, avec la nonviolence nous faisions nos jeûnes. Durant les marches antimilitaristes en 68, 69, 70 - Pasolini avait alors raison de voir à Valle Giulia un danger fasciste non pas chez les policiers mais chez les fils de bourgeois qui étaient là avec leur haine envers leurs pères, pour reproposer la mort comme leurs pères - nous continuions à dire "nonviolence", comme un grand fait politique, autogestionnaire, comme indication alternative à "Viva la muerte!" de tous les fascismes; "Vive la vie", "vive l'amour", "vive le corps", contre l'utilisation de l'idée comme grande éponge qui effa

ce l'importance et le caractère concret historique et moral du corps et de l'existence personnelle et individuelle.

Ainsi donc, vous, nous, ceux de 74, ceux de 75 - toute notre histoire recommençait.

En 1974 nous reproposons les referendum et en janvier 1975 Gianfranco est arrêté, Adele est arrêtée. Nous pratiquons la désobéissance civile et la nonviolence, avec le CISA et autres choses, après quatre années d'auto-dénonciations faites uniquement par des camarades radicaux et le MLD, dans la suffisance des autres, les distinguos en tous genres; finalement, avec l'"Espresso" qui flaire l'affaire - comme Scalfari qui flaire l'affaire des enfants qui meurent de faim au printemps 1979; mais l'"Espresso" arrive jusqu'à nous parce qu'il y avait, dans la rédaction, des camarades radicaux - nous faisons cette grande collecte de signatures, avec l'effort militant des gens du "Manifesto" à nos tables, à laquelle, chers camarades du "Manifesto", vous opposiez la collecte "révolutionnaire" de signatures pour l'initiative de mise en hors la loi du Movimento Sociale Italiano.

Il faut rappeler l'histoire. Il faut vous souvenir, camarades de la délégation communiste, que tandis que nous faisions dans "Liberazione" nos autodénonciations, tandis que nous parlions de l'alternative démocratique de classe sur l'avortement au nom de la vie, Carmen Zanti Banti, sénateur communiste, déclarait au nom de l'UDI - et ce n'est pas par hasard, à l'agence ASCA - que seuls les diables bourgeois et corrupteurs de radicaux pouvaient poser le problème de la libération de la Femme, non pas en termes de travail et de salaire mais en termes bourgeois, relatifs à l'avortement. Camarades du "Manifesto", allez donc relire les documents!

Que signifiait donc tout cela pour nous, dans notre vie quotidienne, à Turin, à Naples, à Rome, à Trieste, dans tel ou tel autre siège, où nous étions peu nombreux, seuls, frustrés, souffrant en permanence? Nous nous disions: "Mais c'est bien notre camarade libertaire? Nous ne dormons pas, nos ne nous comprenons plus! Mais alors? Il vaut mieux la drogue ou le mariage...". Nous étions seuls parce que les autres groupes nous disaient: "Disponibles, oui, mais uniquement pour l'avortement, mais pas pour les autres choses". Les autres choses? Lesquelles? Le droit?, le droit fasciste, le droit syndical? Mais surtout quelque chose de différent de la résignation unanimiste historique de nos forces parlementaires. Nous collectâmes encore des signatures en 1975. Des maniaques? Non. Sur la base de ce dessein, après l'affrontement sur le divorce; mais je dois dire, au nom de la religiosité.

Rossi, les autres, ont toujours su que la bataille de libération était bataille de libération pour tous, même pour les croyants, surtout pour eux, depuis le carabinier qui doit aller contrôler si l'on rempli le devoir conjugal pour honorer un sacrement, au juge - comme Casini - qui doit aller voir, avec Agostino Greggi, avec un micro, si l'acte sexuel et la copulation peut avoir une référence dans tel ou tel autre point de jurisprudence de la Rote appliquée à un scrotum de classe plutôt qu'à un autre.

Mais quest-ce qui nous anime donc? Rien d'autre que cette passion que Moravia nous avait reconnue un jour ("Si on devait donner une caractéristique de ces radicaux - dit-il en 1975 - c'est la passion pour la justice")?. Rien que cette chose juste? Nous l'avons toujours été. Aussi laïcs, aussi constructeurs, aussi attentifs. Alors en 1975, nous avons continué. Nous nous sommes dit: "Il faut un deuxième affrontement". Ils ont à nouveau dissous les Chambres sur le fait qu'autrement, on allait au devant du referendum sur l'avortement! Mais pourquoi? Parce que le Parlement italien ne pouvait pas faire face à une deuxième confrontation sur les thèmes du divorce et de l'avortement, parce que les politiques de centre-gauche, du centre, de la droite almirantienne, de compromis historique - toutes les politiques - ne pouvaient supporter ce deuxième affrontement dans la vie du Pays. Tandis que nous, cet affrontement, nous le voulions. Appeler l'Eglise à sa mission, choisir de représenter une fois de plus le monde

obtus du salut de l'âme garanti par le carabinier ou par le tortionnaire de l'inquisition, ou bien choisir l'espérance de la liberté de la foi et de la grâce pour ceux qui croient, et non pas l'opprobre de vouloir le garantir à travers une loi pénale plutôt qu'une autre: un blasphème contre la vie et contre la foi, mais typique de ce cléricalisme, ce confessionnalisme qui est l'élément historique d'unité de tous nos dirigeants, de 1947 à nos jours. Typique, je le répète; le fantôme de la laïcité administre la laïcité comme le fantôme du clergé administre la religion: pour les exploiter et les massacrer, en réalité, contre tous.

Pensez-donc un instant chers camarades, si nous avions remporté en 76 la victoire contre le cléricalisme! En 76! Nous voulions nous épargner à nous mêmes - et au Pays - l'unité nationale, le compromis historique, nous voulions éviter les choses atroces entre 76 et 79 dans un Parlement où il y avait une majorité de 97%: toujours pour sauver le Pays, toujours en faveur de la "conservation" de quelque chose: conserver les lois fascistes pour lutter contre le terrorisme, rester auprès de Cossiga contre Giorgina Masi et ainsi de suite, jour après jour. Pensez à l'histoire que nous aurions eue, si en 76, au lieu de dissoudre les Chambres pour la seconde fois, on avait concoqué le referendum qui a eu lieu l'autre jour...

La loi 194 est notre loi

Intarissables, nous sommes revenus à la charge. Après le vol de referendum, en 1976, nous avons préféré nous présenter au Parlement et au Sénat, afin que ces derniers ne fussent pas une obstruction pour la Constitution, mais une contribution à la vie constitutionnelle. Nous avons poursuivi notre lutte, avec nos jeûnes, nos prisons, nous avons livré des batailles et de nouveau... Excusez-moi camarades, par manie? Pour vouloir l'affrontement de l'autre jour? Certes, l'avortement! Non, pas seulement pour cela: mais par confiance, car nous savions que les femmes et les hommes italiens auraient voté encore mieux que pour le divorce; et tant mieux si la loi avait été meilleure... Mais nous souhaitions surtout l'alternative de la gauche., l'unité de la gauche, le renouveau de la gauche sur les positions qui, culturellement et idéalement sont les siennes: qui habitent, de façon contradictoire, dramatique, la conscience de Maurizio Ferrara ou la mienne, pour ce qui concerne les idéalités, l'histoire, les espéran

ces d'une société, d'un homme et d'une femme différents et nouveaux; parce que notre histoire est longue, écrite avec ses mots, ses idéaux.

En 1976, nous avons essayè de stimuler le Parlement pour légiférer. Nous avons collecté de nouvelles signatures contre l'unité nationale et ses désastres, contre les compromis historiques; nous avons collecté de nouvelles signatures pour proposer à nouveau des actes de gouvernement, des lois de type libertaire et arriver à l'affrontement que personne - republicains, socialistes, communistes, démochrétiens, extrême droite - personne ne voulait. Nous avons su jouer au sein de leurs contradictions au nom de la force de nos idées; qui les conduisaient même parfois, à une prise de conscience diverse de leurs idée. Nous sommes ainsi arrivés en 1978, démolis par tous. Même Democrazia Proletaria était contre nous. Nous en parlions l'autre jour avec Mimmo Pinto; je disais que, ne serait-ce que pour se différencier des radicaux et récupérer leur retard sur l'avortement, Corvisieri et ses camarades de Democrazia Proletaria allèrent présenter une sorte de projet de loi dont la teneur était, à mon avis, approximativ

ement celle-ci: "Portons la grossesse à dix-neuf mois, pour pouvoir l'interrompre au dix-huitième; nous prouverons ainsi que nous sommes plus en avance que les radicaux". Ils allèrent présenter une proposition ridicule pour nous doubler à gauche.

Eh bien, chers camarades, en 78, tout ce que la loi 194 a de positif est le produit des radicaux, et des radicaux uniquement, car s'il n'y avait pas le referendum dix jours plus tard, la loi 194 ne serait jamais passée. Mais il n'était pas indispensable, devant la DC et l'Eglise - terrorisée à l'idée du referendum - de céder à la honte de l'article 1, de céder à la honte sur ce qui concerne les mineures, de céder à la honte de l'assistance du médecin officier ministériel pour sauver le spermatozoïde inséminé un soir par une jeune femme incapable d'entendre et de vouloir. Mais la 194, que nous avons été les seuls à ne pas voter, était notre loi pour tout ce qu'elle représentait de positif, de bond en avant, car les autres n'auraient jamais eu la force de rompre avec la Dèmocratie Chrétienne, de rompre le système de l'unité nationale, sur lequel était également mobilisé de manière spasmodique Pietro Ingrao, une personne noble et rigoureuse comme Pietro Ingrao: nous avons rassemblé les signatures sur la lo

i Reale, sur le financement public des Partis et nous avons vu le Pci et les autres choisir, au nom de la réal-politique - pour rester parmi les vainqueurs - les batailles de la droite et, de l'autre côté, ce sont les radicaux qui ont ranimé le flambeau de la gauche.

Alors, chers camarades, lorsque nous en sommes arrivés à l'affrontement de l'autre jour, voilà pourquoi nous devons parler d'une grande affirmation politique de l'histoire, du parti, des femmes, des hommes, des imbéciles, des couillons, des intolérants radicaux, car ce fut-là le jour où nous avons réussi à obliger même Casini. Vous l'avez entendu l'autre soir? Vous l'avez entendu: Benelli n'aurait pas bougé si nous n'avions pas proposé notre referendum. Vous souvenez-vous, chers camarades, de ce double non? "C'est la faute aux radicaux si nous courons le risque d'être battus". Vous souvenez-vous de ce journal, "Panorama", Pécéïste et non pas communiste (qu'il soit bien clair qu'être Pécéïste de "Repubblica" ou de "Panorama", ces secteurs de la race des patrons et être communiste, ce n'est pas la même chose), catapulter le mensonge pseudo-scientifique que les sondages de Démoskopéa avaient prévu que nous étions en train de perdre et qu'il fallait par conséquent voter contre les referendums des radicaux.

Dans "Panorama" ces fieffés menteurs - professionnellement parlant - avaient recuisiné pour l'occasion, aux fins d'une propagande digne de Goebbels, ou de Staline, un sondage sans aucune crédibilité, effectué en novembre et qui n'avait jamais été rendu public. Pour pouvoir gagner, la gauche - comme la DC quarante ans auparavant - jouait à s'unifier grâce à la peur: autrement, ce sont les autres qui vaincront!

Ce sont eux qui l'ont dit, ce qu'a été l'affrontement de l'autre jour, le triomphe du non sur l'avortement d'Etat de Casini... C'est pourquoi j'ai déclaré que le Parti a écrit l'un des documents les plus rigoureux, de grand bonheur, de grande force morale et intellectuelle, refusant de céder au chantage du double non; parce que nous étions contre Casini, car il s'agissait d'avortement d'Etat. Nous avons réussi à obtenir un résultat; important; voici le message que j'ai voulu immédiatement fixer dans la mémoire, dans la conscience: "nous avons contraint le cléricalisme et le monde que l'on appelle laïque, nous avons contraint les partis qui devraient être de classe, à s'affronter"; Benelli l'a fait répéter dans la soirée du 17: "Si les radicaux n'avaient pas pris l'initiative, nous n'y serions pas allés". Donc, chers camarades, qui est-ce donc qui a gagné avec ces Non ce jour-là? Qui, depuis douze ans, avec acharnement, à chaque moment, dit "Alternative, unité, renouveau", c'est-à-dire fidélité aux vieux

symboles de Jaurès et non pas à ceux des opportunismes de droite et de gauche? Parce que la démocratie doit être "qui"? Qui est le vainqueur de demain. Une victoire n'est telle que pour ce qui vient après. Même les victoires de Pyrrhus. Camarades, je vous offre cette réflexion: sur le bulletin vert "la victoire et l'afirmation sont radicales" Nous parlerons après du Oui sur notre bulletin. Là je n'aurai aucun problème à expliquer pourquoi, pour ce qui me concerne, il y a eu trois millions-six-cent mille citoyens qui ont dit Oui à la politique radicale et non pas un million-deux-cent-mille; mais de cela nous parlerons après.

Mais réfléchissons sur ces données de fond: quelle force historique aura donc, dans le prochain congrès communiste, dans le prochain congrès socialiste, lorsque le débat reprendra, une thèse quelconque de centre-gauche ou de compromis historique? L'évènement que nous avons imaginé, créé, jour après jour, qui s'est vérifié ce jour-là, camarades, c'est la défaite historique, définitive, de toute prétention de dignité idéologique ou stratégique de la politique de l'unité nationale, du compromis historique, des centre-gauches qui ont comme fondement la centralité massive du bloc modéré, de la Démocratie Chrétienne, du monde clérical. C'est-là notre grande donnée historique, notre conquête. Nous l'avons conquise, obligeant les autres à cet autre affrontement referendaire.

On nous accusa de tous les crimes: "C'est de leur faute si l'Eglise..." Bien sûr, je pense que nous sommes les personnes de la Providence même pour Jean-Paul II, qui devra choisir désormais d'être Bartolomeo Colleoni ou ce grand Pontif, homme de foi, qu'il pourrait être. Bartolomeo Colleoni a trois "choses" comme on dit, mais à la fin il perd une bataille et risque même de perdre la guerre. Nous avons déjà dit cela: "Bienvenue à Jean-Paul II en tant qu'homme de foi, mais aussi en tant que dernière incarnation - vous m'avez entendu dire au cours des trois derniers congrès "Dieu nous l'a donné, gare à celui qui le touche" - de l'extrême noble condottiero de la bataille temporelle, de la bataille culturelle, cléricale, prise dans tout son énorme sérieux.

Donc, à partir de ce moment, une histoire diverse commence, chers camarades. La thèse de l'unité nationale n'a plus aucune force objective, ni celle du comprmis historique, ni celle du centre-gauche. Grâce à la victoire que nous avons "imposée" le 17 mai à des laïcs qui ne demandaient pas mieux que de continuer à blasphémer contre leurs idées et qui ont été contraints, pour un jour, à paraître comme des laïcs en contraignant à leur tour, leurs frères siamois à paraître ce qu'ils sont, des cléricaux et des réactionnaires. Je termine cette partie de ma relation pour rappeler que ce jour-là a été le jour qui a donné forme et force au rêve radical et que vous ne devez pas, chers camarades, vivre comme un cauchemar ce rêve radical, depuis Ernesto Rossi et jusques à nous.

L'histoire et le présent radical

Chères camarades, chers camarades, cette sorte, non pas d'histoire, selon certains, mais d'exposition du "présent radical" par laquelle j'ai souhaité commencer ma relation, constitue, me semble-t-il, la meilleure façon de créer les bases d'un dialogue, afin d'éviter de parler d'optimismes ou de pessimisme, de triomphalismes ou de défaitismes. J'ai souhaité me placer sur le plan des raisons d'être formels, officiels - et bien sûr, intérieurs, personnels - radicaux; non pas par des intimismes, des fuites en avant ou en arrière, mais en esayant d'expliquer une fois encore ici - aux non-entendants parce que non-radicaux, ou à ceux qui ont besoin de faire semblant d'être sourds, le fait que le 17 mai, une étape fondamentale de l'histoire d'Italie construite par les radicaux a été accomplie, en imposant démocratiquement dans notre pays un schéma démocratique d'affrontement à une droite et à une gauche qui ont choisi l'unité - chacune de leur côté et selon leurs cultures et histoires respectives, depuis trente

ans - dans une politique selon laquelle gouverner est en réalité administrer, gouverner n'est pas créer, gouverner n'est pas construire mais administrer le possible et l'administrer sans se soucier de faire correspondre les idées - dans leur caractère concret dramatique et limpide - avec les actes et les projets; et, je le répète, la caractéristique du parti radical, ce n'est pas le victimisme ni l'évocation d'une condition de privilège ou de défaveur - depuis sa naissance, en décembre 1955, avec des contradictions absolument insurmontables à ce moment-là - à savoir que l'alternative laïque s'imposa dans ce parti radical.

Le Parti radical surgit, en 55, en 56, avec une classe dirigente en grande partie d'origine libérale en tant que parti de l'alternative laïque; et l'on a vu dans l'autre partie de l'histoire qui a abouti à la refondation de notre parti, entre 1963 et 1967, que les diverses tendances conduisaient fatalement ce parti - dans lequel une partie était naturellement "anticommuniste" et non "antistaliniste" ou "antijacobine" - à une contradiction qui ne lui permettait guère de tirer des conséquences simples et rigoureuses d'une alternative laïque dans les valeurs, dans les contenus et dans les méthodes. Mais Rossi et les autres, contre le centre-gauche, contre le morandisme, contre les lamalfismes, contre les compromis historiques, parlaient d'"alternative", même s'ils n'établissaient pas le projet dans sa composition systématique, mais s'ils indiquaient une méthode et des objectifs.

Alors, camarades, quelle est la conséquence du 17 mai? Parce que nous devons prévoir la réalité pour la transformer et non pas pour nous y lover, et la fatigue à laquelle j'ai peut-être soumis tout le congrès dans ma volonté de reconstruire minutieusement des faits et des actes de la phénoménologie radicale, est l'oeuvre, à mom avis, de préparation de l'"aujourd'hui", des batailles que nous sommes en train de livrer et que nous devons continuer de livrer lorsque nous sortirons de cette salle. Que la conscience (une conscience profonde de signification du présent) soit le premier instrument - nécessaire - afin que les batailles ne soient pas perdues, nous nous devions de le rappeler.

Nous devons imposer la lecture du 17 mai, comme celle du 14 mai 74, usée par les partis de gauche jusqu'à en faire objet de suicide - dans l'unité nationale - pour cette majorité qui, en 1976 existait déjà à la Chambre des Députés et à l'ègard de laquelle, le camarade Berlinguer - avec une superficialité théorique, de théorie des faits, immense - disait que l'on ne peut pas gouverner avec 51%! Lorsque la coalition pour le divorce atteignait déjà 60%, et qui aurait pu atteindre 70 ou 80%, si on lui avait donné des significations internationales, désarmistes, pacifistes de l'avortement, de vie, de justice, d'anticorruption! Ce que nous aurions pu nous éviter s'ils n'y avait pas eu cette lecture! Ne l'autorisons pas aujourd'hui, camarades! Il y a des comptes à rendre, et cela est valable pour tout le monde. Avez-vous vu comme ils ont tendance à l'oublier? Avez-vous vu comme ils ont sonné les cloches de la victoire? Avez-vous vu ce que signifie maintenant cette victoire de l'histoire du Parti commuiste, soc

ialiste?

Tout est fini! On parle de nouveau de cette imbécillité de la crise gouvernementale faite par les théoriciens de la gouvernabilité du pauvre Bettino qui se présente avec une gueule dure, claire, pure, de celui qui sacrifie à la moralité de gouverner les lubies sectaires et ne fait que produire que des crises, sans la capacité de résister pendant vingt-quatre heures aux analyses pour lesquelles, la presse de régime présente les moindres soupirs de Bettino Craxi.

Pourquoi liquident-ils le 17 mai? Mais chers camarades, qui est en train de gagner? Lorsque quelqu'un gagne, il reste accroché à la victoire, à sa signification, il n'est pas près de la lâcher, il ne la met pas entre parenthèse. "Le 17 mai a signifié la condamnation nécessaire de toute prétention d'alibis, objectif et historiques, aux desseins centristes et frontistes". Camarades, la ligne, la théorie radicale de l'alternative en tant que fait spécifique, possible et nécessaire pour l'ordre, pour l'ordre que veulent les commerçants ou le vieux frustré, pour l'ordre que veulent les femmes et les hommes qui vivent aujourd'hui en Italie et ailleurs, la théorie de la nécessité de liquider le compromis continu qui met entre parenthèses la culture et les idéaux, les solutions et les thérapies laïques et libertaires, socialistes et autogestionnaires contre les pseudo-modérées - mais en réalité d'un opportunisme immodéré - cela a été gagné aujourd'hui aujourd'hui. Et nous devons faire en sorte d'éviter que la c

hape du débat manqué voulu par la presse de régime n'empêche qu'émerge cette considération des débats des Comités centraux du Parti communiste, des congrès du Parti socialiste, du PDUP, du MSI, du MLS; pour comprendre, au contraire, à travers la réflexion, ce que nous devrions essayer de faire.

Le 17 mai a comporté la preuve - et c'est une conquête politique, chers camarades - que la théorie radicale est la théorie du possible, contre la théorie de la misèrable utopie de l'impossible, de l'unité nationale, l'impossible unitè de "droite" et de "gauche" pour le salut de la Cité, le salut concret des femmes et des hommes de cette société. Le 17 mai a fait s'affronter une gauche et des laïcs qui ne voulaient pas affronter les cléricaux; il a fait s'affronter les cléricaux qui ne voulaient pas affronter les laïcs. "Le 17 mai est la structure que nous avons conçu pendant sept ans". Je me souviens de Marisa Galli qui demandait il y a six mois lors d'une réunion du groupe radical: "Soyons franc, camarades, avec ce Parti communiste-là, comment pouvons nous parler d'alternative, d'unité, de la gauche? Avec ce parti qui fait les choses qu'il fait?" Eh bien, nous, nous n'avons jamais cessé, même lorsque cela semblait inimaginable, dans tous les congrès, de dire que l'"unité", l'"alternative" et le "renouv

eau" de la gauche dans les contenus présentés par le parti - et non pas par les rêves radicaux - trouvaient chaque jour davantage, leur confirmation. Nous devons éviter que les idéologies ne donnent, pour la troisième fois en ce siècle, une sépulture à la gauche sociale, en l'empêchant de devenir gauche politique et gouvernement des espérances, des objectifs, des réalités dont le Tiers Etat est historiquement le vecteur, ou, si vous préférez, dont les classes ouvrières et prolétaires sont le vecteur: l'alternative prolétaire de classe.

Toute cette partie de ma relation veut exprimer - que cela soit bien clair - non pas la volonté de dire "nous avons gagné - mais la volonté de rappeler que le 17 mai signifie ce qui animait chacun de nous ; vivre comme nous avons vécu pendant sept ans pour la justice qu'il y avait dans les propositions que nous faisions, une par une; cela signifie aussi construction - contre tout, contre les faiblesses, les extrêmistes des fuites en avant et en arrière, de cette dure centralité radicale de la tolérance, construction lente mais sûre, un millimètre par jour, dans la bonne direction; celle qui a conduit aujourd'hui en termes de théorie politique, la politique italienne à ce noeud. Mais attention, pas seulement à gauche, mais aussi à droite. Cette droite si bien articulée, cette droite doit retrouver le courage de se présenter elle aussi comme une alternative, avec ses idées, devant cette débâcle. Même à droite, la droite qui se dit libérale, qui se proclame du centre, qui louche vers la gauche, c'est-à-dir

e vers le PLI. Il faut tenir compte de cela aussi.

Je crois donc que la première chose que nous devons revendiquer c'est le choix du projet d'alternative, unité et renouveau, avec nos contenus, de la gauche italienne. Comment?

Le bulletin orange

Chers camarades, nous devions dire quelle est la situation politique. Mais pourquoi "Rinascita" ne nous le dit pas, ou bien "Mondo Operaio"? ou encore "Il Corriere Della Sera"? Pourquoi pas un seul intellectuel ne le dit, sauf ceux qui ont choisi l'isolement et l'individualisme pour pouvoir continuer à parler, parler en syntonie avec nous - comme Salvatore Sechi et Baget Bozzo et bien d'autres encore - qui, pour pouvoir garder le droit aux syntonies avec le monde radical, ont dû faire un choix individualiste, non organisé, afin que soit supportée leur constante attention à la vérité de la proposition politique radicale.

Voilà pourquoi, je le répète et je le répèterai toujours: nous sommes ceux qui, depuis vingt ans construisent, comme unique alternative de salut à la dégradation de l'unité nationale et de ses pauvres illusions, la praticabilité - pour aujourd'hui - de l'alternative de gouvernement et de gouvernement uni de la gauche.

Reste - après avoir lu avec humilité et patience, la signification du bulletin vert, du "non" sur le bulletin vert, des 80% - reste, surtout au sein du Parti - et en dehors - le fait du bulletin orange, du referendum radical. Et Francesco Rutelli, secrétaire du Parti, a eu raison de dire, qu'il refusait de se soumettre au chantage du prétendu bon sens et à l'auto-critique consciente à laquelle nous sommes arrivés. Il faut examiner les faits: et si jamais, il arrive en Italie - ce que nous croyons - qu'une violence de type goebbelsienne est en train de prendre place, tous les discours de l'alternative - politiques et autres - doivent céder le pas à la vérification d'une typique opération qui appartient à l'Europe, à l'histoire récente de nos Etats nazis ou stalinistes.

Chers camarades, à bien y réfléchir, il y a quelque chose de monstrueux dans le fait que l'Italie du Mezzogiorno, qui n'est plus seulement un Mezzogiorno géographique, mais toute l'Italie de la pauvreté, a voté à 80% contre la mesure législative comprise dans notre requête référendaire, qui aurait immédiatement permis, sur le plan du droit positif, de ne plus faire couler de sang de classe du corps des femmes, comme cela arrive encore, hélas, là-où la loi 194 ne produit, comme en Sicile, qu'un seul centre de consultation - un seul centre de consultation pour toute la Sicile!!!

Il faut bien penser à cela, il y a quelque chose de monstrueux, qui ressemble aux votes unanimes que l'on arrive à inoculer avec la médiation des Biens, des nationalistes apparents dans les Etats qui cherchent leur indépendance nationale, avec les votes de masse favorables à la proposition formelle d'organisation nouvelle, apparemment fédérative, dans le Pays colonisateur; il y a, me semble-t-il, quelque chose de monstrueux dans le fait que des Régions, l'Italie pauvre, cette Italie pauvre, ait voté, ait été poussée à voter pour le renforcement de l'arme qui fait couler le sang. Sans l'amélioration des propositions radicales, la loi 194 - pour l'Italie pauvre - est "ce qu'elle est". Comment ce vote a-t-il donc été possible?

C'est terrible bien sûr lorsque le viol de la liberté ne permet pas des élections; mais ce qui est plu terrible encore c'est lorsque le Pays croit choisir, croit connaître les éléments du choix alors que ces derniers sont truqués. C'est terrible car c'est une situation goebbelsienne. La classe ouvrière de la Rhur fait un choix nazi parce qu'on lui explique que contre le défaitisme socialiste, communiste ou même chrétien des années Trente, seul le nazisme permet la renaissance industrielle, donc ouvrière, de l'Allemagne. On lui refuse d'autres choix et par son vote presque unanime, 97-98%, on crée les bases, pendant 3 ou 4 ans, du soutien de la Nation allemande à la politique nazie. Ou bien à la politique stalinienne, en cela plus terrible, plus catholique, celle qui réussit à vaincre, non seulement en tuant physiquement ses propres camarades, mais aussi à les tuer moralement, allant même jusqu'à leur retirer le droit à leur identité; à tuer Trotsky non pas à cause de ce qu'il dit, mais en faisant procla

mer par les tribunaux d'Etat, par la justice de l'Etat, par tous les mass-médias qu'en réalité, ils étaient objectivement et subjectivement des alliés du capitalisme et même du nazisme. Ce mécanisme a fonctionné également en Italie et c'est l'une des choses les plus graves de notre histoire. Nous ne pouvons pas la sous-estimer. Quelqu'un m'a envoyé une carte postale disant: "mon éducation est cathare, mais disgrâce à ce Parti radical qui, aujourd'hui, contre ceux qui le accusent de moralisme, s'entête à vouloir considérer comme "politique" la dénonciation et à vouloir documenter un mensonge comme arme d'action politique". Or, sans aller jusqu'à rappeler les ancêtres, cathares ou pas, et sans rappeler toute une histoire de ceux qui ont nié l'importance de la vérité, en soutenant la nécessité de la double vérité dans la lutte politique, nous devons dire, et vous le savez, que dans vos familles, parmi vos amis intimes, vos camarades, grâce à l'action menée entre octobre et avril, on avait la conviction que le r

eferendum radical était pour l'abrogation de la loi 194. Vous le savez: à l'école, au bureau, c'était l'idéologie; et lorsque nous disions "Non, ce n'est pas ça...", on répondait: "Mais c'est une privatisation absolue que la vôtre!" Vous savez qu'en fin de compte les "oui" et les "non" s'ajoutaient les uns aux autres, etc... En somme, on demandait de voter un double "non", sinon avec les "oui" au referendum radical, on disait indirectement "oui" à celui du Mouvement pour la Vie...

Peu importe, chers camarades, pour qui et contre qui cela a été fait; mais si dans la vie de notre Etat, si dans la vie de notre démocratie on voit se profiler ce qui était arrivé à la rescousse de la Loi Reale, avec Spagnoli qui disait à la télévision - pour tromper les ouvriers de la FIAT, les communistes, les lecteurs de l'"Unità", les gens de gauche, les anti-fascistes - que si l'on abrogeait cette loi fasciste, Concutelli et les terroristes noirs seraient libérés; alors que précisément, pour vaincre avec la droite, il faut soulever la bataille idéologique, phénoménologique, législative, concrète de la droite - c'est-là l'essence-même des unités nationales nazies et fascistes - que se passe-t-il? A-t-on besoin du nationalsocialisme? Non; national-libéralisme; c'est avec Mussolini, leader charismatique socialiste, que naît le choix de hisser les symboles des droites pour obtenir le consensus; et c'est de cette manière que se créent, quantativement, les unités nationales, mais c'est alors que s'affirm

e, de la façon la plus atroce, la nécessité de devoir réaliser par la violence, cette étape intermédiaire du pouvoir au cours de laquelle se réalise un état totalitaire, violent - où l'on assassine - pour arriver "ensuite" à l'Etat sans classe et socialiste.

Excusez-moi camarades; mais combien d'entre-vous ont-ils vécu comme s'il était impossible de défendre notre "oui" en février, en mars, en avril, sentant que c'était presque impossible et inutile? Pourquoi, chers camarades, ne pas suivre dans ce cas la logique - pure et simple - et devons-nous invoquer des logiques politiques connues, élever le sens commun à la dignité de sagesse profonde? C'était facile d'écrire dans "La Repubblica", "ceux qui font 11%, 13%, sont battus!". "Comment est-il possible, dans un referendum, de ne pas obtenir au moins 10%? Avec toute l'évidence terroriste du bon sens, du sens commun. Mais, un peu de patience, j'ai raisonné et mes camarades savent, mais pas avec la raison de l'"après". Des témoins pourraient vous dire que lorsque l'on m'a communiqué par téléphone, la notification du sondage Makno qui disait: "30% aux radicaux", ma réponse fut: "Ils n'ont même pas appris à faire leur métier correctement, et il y en a qui en profitent"... alors que la position radicale état igno

rée, grâce à cette grande unité démocratique, de classe, représentée à l'avant-garde par la camarade libérale Costanza Pera, leader avec l'UDI, du femminisme de notre Pays, du double "non"! Il fallait bien se demander pour quelle raison "le problème était ailleurs"...

Le sens de la victoire du 13 mai

Nous obtenions, en tant que radicaux, 3-4%. Mais qui savait que, pour pouvoir nous battre, ce 96% faisait recours au mensonge et à la duperie, empêchait les italiens de savoir ce que nous voulions qu'ils sachent, le problème n'était pas précisément la percée de ce 3-4%, et de le réduire à 1-1,5%? Croyez-vous que ce 70% de l'électorat radical qui, dans les villes, les villages, les campagnes, n'a aucun contact avec les radicaux et qui ne pouvait donc pas savoir ce que comportait vraiment notre loi, a voté "oui" avec nous?

Je crois donc qu'il est possible - et je l'expliquais aux camarades du "Manifesto" qu'il ne suffisait pas de mettre en tête de liste, par une opération opportuniste, de caméléon et démagogique, Valpreda, pour réussir à faire grimper le score et refuser de façon sectaire des alliances pour sauver la gauche! Je le répétais aux camarades du PSIUP, et à Livio Labor et à tout le monde, qu'il était idiot de croire que l'on ne pouvait pas être mis en déroute dans la démocratie politique et électorale!), qu'il est possible de perdre lorsqu'un Etat tout entier, constitué en régime, lorsque tous, comme dans le parti fasciste, ont le devoir de la "Nation", de s'insurger avec le double "non" contre le referendum radical, avec ces mécanismes fous, fascistes; attention, les mécanismes, pas les volontés ni ce qui n'a aucun rapport! Que sais-je? L'Association de l'Odontotechnie s'est probablement prononcée: parce que la bonne sauvegarde des dents passait probablement par la sauvegarde de cette vérité et ce choix de civ

ilisation!

Nous ne pouvons pas - si nous croyons à la démocratie politique - ne pas nous rendre compte que cette opération démontre un cynisme aveugle, stupide; elle démontre une culture dans laquelle il peut arriver que Fabrizio Cicchitto - pas seulement Manca - va s'inscrire à la P2; et la culture de ceux - couillons mais pas méchants - qui croient que...: "La démocratie politique? Oui, mais..."; "La vérité? Oui mais..."; Les idées? Oui mais...".

Eh bien! dans de telles conditions... Mais nom d'un chien, c'est l'unique manière de comprendre, de deviner les pronostics électoraux! Répéter ce miracle constant des radicaux qui croissent, pour lesquels le glas sonne à chaque fois, et tous sont prêts à scier le chêne radical en disant "Il était pourtant si bon, si généreux". Ils sont tous prêts, et puis ils sont déçus, en colère parce que le chêne est toujours là, et ils n'arrivent pas à exercer leur métier de vautour... Dans ces conditions, c'était "cela" notre problème! Et c'est cela que nous devons nous demander: comment est-ce possible que non pas un million deux cent mille femmes et hommes, ni deux millions quatre; mais trois millions six nous aient votés, dans une situation dans laquelle si on était démocrate on votait deux fois Non!

Du Msi au Pci, tous unis contre nous

Le choix des camarades socialistes aux cours du dernier mois a été symptomatique; le plus aberrant, le plus imbécile, car il prétendait être le plus amical à notre égard. Ils ne nous ont point dit: "Nous, à partir de maintenant, nous ne vous attaquerons plus, car vous avez raison... parce que Margherita Boniver ... parce que D'Ambrosio a raison, ou Fortuna, etc...", mais ils ont dit: "Nous ne vous attaquerons plus: nous disons simplement "double non". Vous comprenez? Ainsi, tout ce qu'ils disaient contre le bulletin vert devenait automatiquement suffisant et valable pour le bulletin orange. En voulant faire mieux, ils ont fait pire, car leur comportement signifiait "Vous voulez la privatisation? N'est-ce pas? Alors votez deux fois non". Et il n'y avait pas de lien logique.

Dans ces conditions, honnêtement, camarades, je ne crois pas qu'il y avait plus de dix millions d'italiens sur cinquante-cinq millions qui savait que tout ce que toute la politique italienne, toute la presse disait,n'était pas vrai. Mais, d'un seul coup, "Corriere della Sera", "Messaggero", "Avanti", "Unità", tous: "Double Non". Attention, la presse italienne était partagée sur le bulletin vert, mais sur le bulletin orange, du Msi au Pci, c'était un régime uni; comme sur le Concordat, comme sur toutes les autres choses. Entre eux, ces adversaires se respectaient. En s'opposant: Casini et Magnani Noya se reprochaient des choses justes, s'attribuant l'un-l'autre les qualités que l'un et l'autre revendiquaient vraiment; mais ils étaient unis contre nous. A gauche, des fascistes. A droite non, parce qu'à droite ils disaient la vérité: "Si vous voulez que toutes les femmes puissent avorter, voter le referendum radical, mais nous, à droite, nous ne le voulons pas". A droite, nous avons trouvé des adversaires

loyaux, propres, sérieux; l'adversaire fasciste se trouvait dans le bloc "dursien", commandé par "Corriere Della Sera", ces faux pontifs de la dignité, par les Valiani, par les moralistes de service, par les censeurs qui parlent dans les chaires d'où, pendant dix ans, ils ont tiré contre tout ce qui est démocratique, politique et propre dans notre vie nationale.

Amis du "Manifesto", même vous, avec votre élégance intellectuelle, à la fin vous disiez qu'au fond notre referendum était autre chose; il y avait Menapace, avec sa cohérence vicennal avec ce qui était déjà dans les années 50 et 60, qui continuait à dire qu'au fond, notre conception était - comme disait la gauche DC dans les années 50 et 60 - une conception un peu bourgeoise, dénuée de sens social, mais c'était la composante de la gauche démochrétienne, de cette gauche-là: le solidarisme oui, tandis que le libéralisme et l'Etat de droit sont des vieilles choses et de classe... En réalitè, vous saviez très bien que la plupart des camarades électeurs de DP et du "Manifesto" n'ont pas suivi DP et Manifesto - évidemment les militants qui connaissaient le problème - car c'était l'occasion par laquelle on pouvait se libérer définitivement de cette gale qui ne cesse de démanger, et l'on se gratte, gratte, et qui fait mal au corps corrompu des politiques non pas d'alternative mais d'évasion, ou d'acceptation de

l'unité nationale. "Ce bulletin appartient au Parti radical, ces cochons de radicaux, ces irresponsables radicaux!" C'est ce que l'on disait.

Et alors, permettez-moi de vous dire que, étant donné que vous l'avez dit à la télévision, à la radio, partout (mais par quelle aberration je ne devrais pas rappeler que vous avez dit qu'il ne fallait pas voter ce bulletin radical, parce qu'il représentait au pire le danger radical) qu'il y a eu trois millions six cent mille voix, et non pas un ou deux, même les électeurs de DP, du Manifesto on "choisi" la politique radicale contre votre politique commune; la politique du Parti radicale.

Donc, lorsque j'ai dit que nous sommes partis le 17 mai au matin avec une armée de 3-4% et de l'autre côté... Disons de trois mille quatre cents personne et de l'autre, de quatre vingt seize mille personnes pour nous affronter; et que le soir nous sommes rentrés chez nous, et que rien de ce que nous craignions n'est arrivé, que les trois mille quatre, mis en déroute, ne rentreraient pas pour préparer leur lutte du lendemain, mais qu'ils étaient rentrés, plus nombreux, 13%, quatre mille six cents au lieu de trois mille quatre cents, sept mille huit cent - plus que le triple - alors chers camarades, si nous avons le sens de ce qui est arrivé ce jour-là, d'un côté nous la revendiquons, cette grande victoire contre toutes les lignes qui s'opposaient à l'alternative, conclusion victorieuse de dix années de luttes radicales!

A quoi servent les referendums

De l'autre côté, cette histoire de vote "radical". Nous n'avions pas demandé un vote radical, mais la radio, la télé, tous les partis ont dit: "Attention, le vote radical est un vote pour la pire des initiatives radicales". Tout le monde savait. Et ce soir-là, nous avons obtenu, regroupés en unités de progrès et de vérité sous le symbole radical, vilipendé et couvert de boue, non plus un million deux-cent mille femmes et hommes italiens, mais trois millions six cent mille. Ce fut une grande victoire, contre ceux qui pensaient pouvoir démanteler, une fois de plus, une fois pour toutes, les forces alternatives irréductibles. Et si l'on continue de dire que nous faisons du triomphalisme, vous pouvez rappeler aux hypocrites satisfaits du "double Non", la belle autocritique de Rossana Rossanda, qui a écrit, deux jours plus tard, un formidable article (mais Mauro Paissan ne l'a certainement pas lu) où elle disait: "Nous devrions au moins nous demander pourquoi, pourquoi..."

Camarades, le 17 mai il n'y avait pas que le referendum sur l'avortement. Mais toutes ces histoires, sur l'utilisation des referendum, de la part d'hommes de culture, d'observateurs, d'hommes politiques qui, durant toute leur existence , n'ont jamais demandé un referendum, n'ont jamais voulu, disant que ça n'était pas la peine, et qui viennent nous expliquer - et même ceux du "Manifesto" - que nous avons trahi purement et simplement l'utilisation radicale des referendum, et qu'il fallait les utiliser différemment, et que nous sommes en train d'émousser cette arme, qu'eux-mêmes n'ont jamais voulu utiliser! Je crois, là aussi, qu'il faut un minimum de sérieux dans l'analyse.

Que représentent pour nous les referendums? "Des occasions de lutte politique", "Mais il faut les utiliser aec bon sens". Camarades, selon moi il faut continuer, car aucun argument pour prouver le contraire n'arrive à me convaincre. Pas un seul. On nous dit: "Mais on convoque des referendums pour vaincre juridiquement". Mais qui l'a jamais dit? Si cette interprétation faisait partie de la loi, je serais d'accord, mais elle ne fait pas partie de la loi. La loi est faite pour la vie démocratique et pour son usage démocratique. Eh bien, quelle autre possibilité avions-nous, nous, anti-fascistes, nous, parti de Justice et Liberté, nous, parti du côté de Terracini et Gramsci, qui luttaient contre le fascisme au nom du stalinisme et autres choses? Nous - dans le sillage de Justice et Liberté de Rosselli, de Rossi, de Capitini, de Calogero, de l'alternative de liberté et de droit, de l'antifascisme radical sans exception, contre la mort, contre la mort partout - nous, dans cette position, nous avons le devoir

de dire que nous avons le devoir d'utiliser toutes les armes dont nous pouvons disposer. Pour quoi faire? S'il y a des lois fascistes, pour abroger les lois fascistes. Pardonnez-moi. Que nous demandent donc les camarades des stratégies pleines de bon sens? Ils nous demandent que nous déposions des projets de loi de réforme des codes fascistes et d'autres choses. Mais, il y a dix ans, des projets de loi "valables", il y en avait plein le Parlement italien et la démocratie italienne. Vous présentiez une interpellation "valable", vous présentiez une loi "valable", et rien ne se passait. Il y a ainsi le mystère d'un Pays qui avait toujours plus de 40%, ou plutôt 95% de députés anti-fascistes (disons de gauche), et où il n'y a pas eu une seule bataille pour actualiser la Constitution., démocratico-républicano-libérale certainement pas révolutionnaire.

Nous avons présenté les projets de loi; nous avons souligné que chaque loi Cossiga représentait le glas pour les codes et la réforme de la justice, sans laquelle nous risquions le chaos et la ruine. Nous avons livré ces batailles, nous avons rassemblé des personnes. Et qu'est-il arrivé? A partir du moment où il est devenu possible, pour la gauche, de gagner - comme le prouva le referendum de 1974 - le Parti communiste - qui pendant quinze ans a pensé de cette manière: "Toi, socialiste, puisque tu es de toutes façon corrompu, tu votes la loi Reale; moi je vote contre, mais toi vote pour elle sinon moi je ne pourrais pas voter contre" (ça a toujours été son attitude, consentant mais en même temps pas d'accord) - le Parti communiste a dû assumer une responsabilité opposée.

Je me souviens de Pietro Ingrao, Président de la Chambre, me disant: "Attention, si vous poursuivez cet obstructionnisme, c'est moi que l'on accusera de sensibilité excessive à votre égard, c'est moi qui proposerais à mon parti d'appuyer la Loi Reale, si vous ne nous permettez pas de liquider ce referendum". Ils savaient très bien ce que cela signifiait.

Qu'est-il donc arrivé? Au moment où nous avons multiplié les batailles ponctuelles de droit et de liberté, on a vu le retour de la ligne perverse, celle de 1936 - à savoir, celle dictée par Prague, suivie par les dirigeants du Parti communiste italien qui n'étaient pas en prison - qui demandait le compromis historique avec les fascistes au nom (je vous demande pardon, c'était en 1937) des idéaux trahis par la révolution fasciste, et tous les partis de l'unité nationale doivent se rassembler: mais dans la défense de la continuité avec les codes fascistes et non pas de la Constitution Républicaine.

Je sais que Boato et d'autres camarades ne trouvent pas cette reconstitution très élégante, car "c'était une autre époque"; Non, ce n'était pas une autre époque, c'était notre époque, car le problème ne commence pas avec le débarquement de Togliatti à Salerno! Togliatti débarque à Salerno, titulaire d'une politique désormais trop vieille pour le stalinisme: qui était "pas d'ennemis à droite"; de la politique qui tua Trotsky et s'accorde avec Ribbentrop, pour des raisons tactiques bien sûr...

Et voici également, si vous le voulez bien, l'histoire des referendums sur la prison à perpétuité. Rutelli l'a déjà dit. On ne peut guère être convaincus, comme nos camarades communistes, que s'il y a le bordel, terrorisme etc... on ne peut pas avoir de législation libérale et garantiste, "parce que les Brigades Rouges l'empêchent". C'est ce que veulent les Brigades Rouges. On ne peut guère penser cela et puis, dire "Mais que sommes-nous en train de faire? il ne faut pas exagérer, c'est notre coalition ponctuelle...; et alors, nous devons nous prononcer, au moins sur la prison à perpétuité". La vérité est qu'ils se sont prononcés un matin, après quoi, cela étant contre leur histoire, leur nature (ils ont toujours pensé qu'il existe une circonstance historique dans laquelle il faut une dictature "au" prolétariat et non pas "du" prolétariat; la dictature des bureaucrates sur le prolétariat et sur la politique); le coeur n'y était pas pour imposer dans les religions rouges - là-où l'on arrive à 97,8% contr

e le referendum radical - huit ou dix pour cent de plus que dans les régions blanches ou autres.

Nos referendums: un programme de gouvernement

Et nous, chers camarades, nous ne devrions pas dire que nous sommes en train de construire l'unité et l'alternative? Là aussi Rutelli a raison: lisons une à une les propositions referendaires votées par quatre millions de personnes, votées par vingt millions de personnes, une par une, et comme vous le voyez, si nous sommes convoqués demain par le Président Pertini - tout-à-coup radicalement illuminé - nous avons notre programme de réforme et de gouvernement, sur lequel nous savons que nous pouvons rassembler, comme sur le divorce et l'avortement, 60-80% des italiens. Il n'existe aucun parti qui ait, aussi concrètement que nous, une série d'objectifs de gouvernement qui couvrent toute l'organisation de la gauche de notre époque.

Voilà donc pourquoi, chers camarades - précisément parce que si nous subissons une crise nous devons comprendre quelles sont les raisons de cette crise - la première chose à faire est celle d'éviter de nous attribuer des maladies que nous n'avons pas; car si nous avons une maladie et nous nous soignons pour une autre maladie que nous n'avons pas, la maladie que nous avons prendra le dessus et risquera de nous emporter. Non pas donc, crise de stratégie, ni de consensus, ni politique! Nous continuons à dire: "En Italie,le renouveau existe, si au centre de l'unité de la gauche il y a, non pas les discours de coalition de Craxi ou de Berlinguer mais les données de valeurs concrètes, les données de projet". Sur cela, il suffit d'insister. Le problème est de comprendre pourquoi nous nous sentons en crise; et aussi de comprendre si par hasard, ce ne sont pas les observateurs attentifs de soi-même ou des autres (selon qu'il s'agit d'un radical ou pas) qui disent : "Et maintenant ce parti radical doit faire atte

ntion à ne pas faire une autre fuite en avant! Ayant été battu sur les referendums, il ne doit pas commencer maintenant avec la faim dans le monde".

Chers camarades, je crois de ce point de vue il faut avant tout démontrer que si nous avions seulement une stratégie referendaire et non pas une stratégie "aussi" referendaire, et faire le bilan pour savoir si celle-ci a servi à faire des bonds en avant ou en arrière; mais il s'agit aussi de comprendre si nous ferons un recours, disons tactique, aux thèmes de l'internationalitè et de la paix ou bien si cela fait partie de notre "devoir être".

Sur cela aussi, je ferai de la peine à certains camarades. Je crois que nous devons - comme toujours, réfléchir sur les circonstances - ne pas s'arrêter, jusqu'à ce que cela sera possible, utiliser l'instrument referendaire. Mais je suis toujours plus convaincu qu'il faut utiliser surtout la nonviolence, si nous voulons sauver le pays des réveils qu'il pourrait y avoir en janvier avec l'affaire D'Urso, qui existent déjà en partie, avec cette chose risible mais pratiquement fondamentale - risible pour nous, mais scandaleuse pour les autres - à savoir, le fait que l'on découvre que la culture de notre clase dirigeante est une culturre homogène aux desseins, aux réalités d'un certain Monsieur Gelli, "destabilisateur délégué" probablement de ceux qui opèrent dans le monde avec de grandes forces.

Il faut à présent que je fasse une autocritique du Parti. Nous sommes le Parti qui s'est affirmé avec la prison de Cicciomessere et avec l'antimilitarisme, avec des convictions claires, avec des prévisions qui, aujourd'hui, se révèlent vraies: mais la partie de la relation de Rutelli qui a peut-être été suivie avec le moins d'attention était celle où il expliquait la réalité que nous sommes en train de vivre en termes de guerre possible, d'armes, d'armements, de probabilités de guerre.

Le projet du putsch

Je comprends, chers camarades, car tout le monde nous a habitué à penser - ici aussi, à 97% - que le problème de l'affrontement sur la politique internationale n'existe pas. On a accusé, pendant des années, souvenez-vous, le langage radical; il y a quatre ans nous disions "P2", nous disions "l'armée de la P2", nous disions "les P38 passent mais la P2 reste"; nous parlions de cet Etat (et l'on nous censurait) comme d'une association de malfaiteurs opposée à notre association de malfaiteurs, vous vous souvenez? Nous voyions clair en nous et chez les autres, c'est vrai ou pas? Et maintenant, notre langage...! je lisais hier dans "Il Manifesto", à propos de la loi sur l'édition, à propos de l'Etat qui accuse un certain retard sur l'édition, Luigi Pintor qui parlait d'"assassinat public" et moi je suis d'accord, mais lorsque nous disions -"avant" - que l'assassin pouvait continuer d'assassiner - un "assassinat de liberté", "assassinat de vérité", nous étions considérés comme des plébéiens immodérés, qui ne

maîtrisent pas le langage politique, des démagogues pas assez sérieux. Aujourd'hui, Pertini utilise notre langage radical, Pintor, Valiani, des journalistes, partout: "le massacre de la vérité", "le sequestre de la vérité", "le séquestre de la légalité", des mots qui nous appartiennent.

C'est pourquoi nous avons l'obligation de dire qu'"il faut être anti-militaristes". Et le Secrétaire du Parti a raison de dire qu'il faut souhaiter que la lutte politique italienne devienne plus claire. Nous devons essayer de rassembler le Pays sur deux fronts: ceux de la politique de réforme. En politique étrangère aussi, en espérant que nous récolterons, en ce qui concerne les valeurs alternatives de paix de la gauche, cinquante-et-un pour cent des voix; et que ceux qui sont en train de choisir de suivre les alternatives à l'anti-militarisme et au pacifisme conduiront la coalition opposée.

Pour cela, chers camarades, il y a le Parti Socialiste Italien. Aujourd'hui, les deux lignes alternatives, en termes de politique internationale, de politique militaire et de politique de la paix, de politique de la P2 et de politique de la P38, sont celle du PSI et celle du Parti Radical. Tout cela est si grave que je voudrais ajouter d'autres considérations à ce que disait Francesco Rutelli, afin que nous nous habituions à parler comme des radicaux même en ce qui concerne ces choses-là: les nouveaux missiles ne sont pas fixes en un endroit déterminé, mais dans mobiles dans un rayon de cinquante kilomètres, par conséquent, ils se déplacent vingt fois sur cinquante kilomètres (c'est leur caractéristique technologique); ces missiles que Lagorio et le PSI ont décidé qu'il faut installer (notre pays n'est-il pas à l'avant-garde?): mais il y a une chose qui est très différente, très simple.

Nous ne voulons pas jouer les Cassandre comme La Malfa, crier à tout bout de champ "nous l'avions dit" et préparer, en réalité, ce que nous disons vouloir conjurer. Chers camarades, la situation en Méditerranée est simple et entre parfaitement dans la réalité de la P2. L'OTAN - peut-être objectivement d'accord avec les "orientaux" - l'OTAN - a fait un coup d'Etat en Turquie. Au Parlement Européen, la moitié des sociodémocrates européens sont en train de se battre afin que la Communauté européenne continue d'assurer le financement des putschistes turcs: il y a un protocole financier dont nous avons demandé, nous radicaux, la suspension. Notez bien que, dans une situation dans laquelle soixante jours après le putsch des colonnels grecs - à l'unanimité - le Parlement Européen, ce Parlement non-élu vota la suspension des rapports entre Communauté Européenne et Grèce; mais "ce" Parlement Européen, de tendance "libérale", neuf mois après le Putsch de ceux qui ont fait le procès de cent-trente-cinq-mille perso

nnes, de braves et honnêtes généraux de l'OTAN qui devaient sauver la démocratie (en putréfaction) qui détruisent toujours plus et deviennent des Ecevit ou autres... eh bien, nous avons un pays en état de guerre avec l'argent voté par des Etats démocratiques européens qui avaient pris position contre les colonnels grecs! Voilà ce que signifie le libéralisme aujourd'hui! Giscard a été battu? Au niveau international, les amis libéraux font parti du groupe giscardien et non pas - cher Patuelli - le contraire, car en termes quantitatifs vous n'êtes que deux (ou un) et les giscardiens sont vingt-cinq ou vingt-six! Mais peu importe, il y a toute la fange antilibérale qui s'est appropriée du terme "libéral"!

OTAN, P2, Grèce, Italie...

Chers camarades, la situation est très simple: le Parlement Européen et la Communauté Européenne ont manifesté leur solidarité à l'Espagne et au roi d'Espagne. Mais après trois mois. Pour une raison très simple: ce Parlement, cette Communauté européenne, cette socialdémocratie de Schmidt et autres, ne veulent pas se placer du côté des perdants. Si ce colonnel avait triomphé avec son occupation du Parlement, il est évident que nous aurions tout de même continué le processus d'association de l'Espagne. Lorsque l'on dit: "L'Espagne doit entrer dans la Communauté Européenne pour se préserver des coups d'Etat", on oublie, chers camarades socialistes, que l'Otan, une partie de l'Otan, est la force qui organise les putschs, qu'une partie de la politique du Pentagone est d'organiser l'ordre militaire là-où la démocratie n'arrive pas à l'assurer.

Il est évident qu'avec la philosophie qui conduit aujourd'hui à donner de l'argent aux putschistes turcs tortionnaires et assassins au nom de l'Europe dèmocratique et libérale et socialiste, il est évident donc, que dès qu'en Espagne ils auront décidé d'adhéré à l'Otan et de faire un coup d'Etat - et c'est facile de "plier" le jeune roi - qu'à fortiori la politique utilisée à l'égard de la Turquie se renouvellera pour l'Espagne.

Je vous parle de problèmes qui se poseront dans quelques semaines. Très probablement, en Octobre, c'est Papandreu qui vaincra en Grèce; soyez tranquilles - scenario terrorisme - la victoire de Papandreu signifie que Turquie, Grèce, Espagne et Italie sont dans le collimateur pour le Nouvel Ordre Méditerranéen selon la logique Reagan-P2 et autres choses de ce genre, une logique à laquelle la politique socialiste et aussi la politique communiste, ne donnent aucune contribution en termes d'information, de lutte et d'intelligence. Parce que la politique communiste est encore subalterne de l'idéologie des années Trente, staliniste, celle du choix des alliances avec les révolutions nationales dans les divers pays de conduite bourgeoise et militaire; celle qui conduisait à sacrifier à

l'autel de l'alliance avec les classes militaires et bourgeoises du Tiers et du Quart-Monde même les minorités révolutionnaires - et l'on signait les pactes avec les dictatures militaires dites progressistes dans le Tiers et le Quart-Monde tandis que l'on assassinait les révolutionnaires socialistes et communistes de ces Etats.

Mais dans le scénario des situations que nous avons devant nous, il faut tenir compte que la situation en Méditerranée et en Europe est une situation quelque peu explosive: en Turquie, un putsch vient de s'y produire;en Grèce, en Espagne et en Italie... en Italie, la victoire remportée en obtenant la vie sauve de D'Urso nous a fait gagner quelques mois; car je suis sûr, et vous le savez, l'affaire de la P2 n'aurait pas éclaté s'ils avaient gagné, s'ils avaient tué D'Urso; c'était des gens du gouvernement! Nous devons dire, ici, à ce Congrès, Chers camarades, que l'excellent travail, énorme et méconnu même de Radio Radicale et peut-être aussi du Parti et en partie par le Groupe, de Massimo Teodori auprès de la Commission Sindona, a permis et facilité une attitude que les camarades communistes n'ont pas l'habitude d'avoir dans ces cas-là, lorsqu'il n'y a pas le talonnement et l'intransigeance radicale.

De ce point de vue-là, nous qui avons toujours parlé de P2, nous devons dire que nous voulons savoir si le héros non-P2, le Général Capuzzo, qui était présenté par la P2 du "Corriere Della Sera" comme le Général OMO-Lave-plus-blanc, ne ferait pas partie par hasard de l'autre maçonnerie, la maçonnerie propre, la maçonnerie du voleur-escroc Salvini, la maçonnerie du voleur-escroc Gamberini, c'est-à-dire le Grand-Orient d'Italie, qui dans l'ensemble, sauf quelques petites minorités, est une association de malfaiteurs, liée à la P2 qui en partage pleinement les responsabilités. C'est le jeu des trois cartes. Je suis convaincu que si le Parti Républicain n'est présent dans la P2 qu'avec son symbole, c'est parce que le Parti Républicain, en grande partie maçon, a fait ses choix et fait partie de l'"autre" aile de la maçonnerie, non-P2, celle qui partage cependant la putréfaction de l'usage des idéaux maçonniques de fraternité - laïques - pour administrer les campagnes en accord avec Calvi, Ortolani, Sindona e

t les autres, pour faire en sorte que le "Corriere Della Sera", avec Giampaolo Pansa, fasse une interview de Di Bella, méchamment traité par les radicaux, lesquels ont dit des choses immondes contre cette presse candide, valianesque, pertinienne, en défense de la vie de D'Urso. Et tout-à-coup, nous découvrons que cette chaire est élevée sur les assassins de la drogue, le blanchiment de l'argent des enlèvements, de la drogue, de la grande criminalité internationale: et que Leo Valiani, qui vivait dans une espèce de cagibi de la Comit, bureau des Affaires Secrètes (jusqu'à ce que Pertini l'en sorte), Leo Valiani savait avant nous et mieux que nous ce que signifie la Comit, ce que signifie Calvi, ce que signifie le monde financier international. Leo Valiani qui, depuis l'époque de la Résistance, a toujours eu des visions assez singulières et mêmes en syntonie avec les grands services secrets - nos amis, comme les amis anglais, mais amis de guerre - et qui a construit sa continuité d'observateur politique dans u

ne sorte de cagibi au quatrième étage de la Comit, faisant office de centre d'observation des grandes opérations financières internationales.

Je le conteste ici, on ne peut pas dire que Leo Valiani ne savait rien de Calvi, de Sindona, de la P2, de l'amas de forces qui donnait de la force au parti de la fermeté; de la conjonction entre ces criminalités financières et la criminalité de la P2, et de la logique qui fait faire usage, dans le monde entier, en faveur des P2 et des partis de la fermeté du monde entier (comme en Turquie et ailleurs), des terrorismes rouges ou noirs pour juger la fermeté des gardes à vue, des lois Cossiga, des prisons à perpétuité, des politiques faites avec les Généraux Capuzzo ou autres innommés.

On dirait que le Général Ferrara a disparu de la circulation - mais qui veut-on couillonner! - Le grand Général Ferrara. Il n'y a plus un seul journaliste qui en parle. C'est le plus intelligent de tous, et nous le savons. C'est l'un des plus jeunes. Il est conseiller pour le terrorisme du Président Pertini. On sait qu'il connaît tout et tout le monde. Et la presse, la"Repubblica" et les autres: "Ferrara, qui? Maurizio? non, l'autre". En janvier, cher camarades, il y a eu un grand branle-bas pendant trois jours entre les journalistes de l'Ansa - P2 - et le Quirinal - et Pertini nous en a voulu pour l'avoir dit clairement - pour essayer d'empêcher que l'ansa ne passe nos interpellations, sinon Pertini aurait été obligé de les lire. Il s'est créé à ce moment-là autour du Président Pertini, une association de malfaiteurs pour l'empêcher de connaître et de délibérer, et le parti de la fermeté jouait dans ce sens.

On nous racontera que la P2, que ce parti avait - comment s'appelle-t-il? ... Piscitelli? Non. Non, il y a d'autres maçons au Quirinal. Le Président Pertini le sait, ou bien qu'il le sache: "Président - Pertini, heureusement pour notre Pays, vous êtes aujourd'hui beaucoup plus important que lorsque vous étiez Président de la Chambre et les républicains étaient nombreux dans la gestion de la Chambre, et grâce à un emportement nocturne d'Ugo La Malfa, qui dans ces cas-là n'hésitait pas à mettre dans l'embarras son propre parti, ses propres amis, vous avez su qu'à la Chambre des Députés il se passait de vilaines choses, surtout en ce qui concerne le scandale des salaires très élevés et ensuite...

Alors Pertini, vous vous souvenez, le Président de la Chambre se tut; il annonça sa démission, puis il écrivit une lettre: "Cher Ugo, je n'ai pas dormi de la nuit en pensant...". Eh bien, je me rappelai que, sinon de Cosentino, du moins d'un peu plus loin, de Maccanico à Paolo Ungari, à Manzella, à Negri, il y avait de très nombreux fonctionnaires républicains. Et c'était folie que de penser que La Malfa aurait pu dénoncer ce qu'était la construction des républicains dans notre Parlement. Il y avait une contradiction, mais Pertini avait confiance, à l'époque, en Ugo, et il avait raison; mais dans les hommes d'Ugo?

Aujourd'hui Pertini a confiance en Leo et en ses hommes. Aujourd'hui, nous ne pouvons pas nous permettre, cher Président de la République, que vous écriviez un jour, non plus "Cher Leo", mais je ne sais "Cher qui": "Je ne croyais pas..." Car la vie de la République est en jeu, "la vie", cher Président Pertini, "la loi et la République". Il y a d'autres maçons au Quirinal. Nous qui revendiquons nos idéaux humanistes et par conséquent la continuité avec les confréries maçonniques avec tout ce que celles-ci ont pu signifier dans certaines parties du monde, nous devons dire que nous ne voulons criminaliser aucun maçon en tant que tel, mais nous devons dire qu'ils allaient s'embarquer dans une aventure qu'ils regretteraient par la suite.

La guerre qui revient

Donc, chers camarades, Hannibal n'est pas aux portes de la ville mais à l'intérieur. La situation est différente, comme est différente la situation de l'utérus des femmes face à l'avortement, comme était différente la situation face à l'amour, au sexe, des gens que nous sommes, et différente la situation des armes, de la guerre possible, et comme le prêchaient en 1939, ou 38, Ernesto Rossi, Giustizia e Libertà, et comme nous avons le devoir de dire et de le rappeler nous-mêmes.

Je vous l'ai dit: si en Grèce Papandreu l'emporte, si les choses ne changent pas, nous ne pouvons pas nous attendre à grand chose; en Espagne, ce terrorisme basque invincible, nécessaire, qui fournit lui aussi des cadavres à ceux qui veulent l'adhésion de l'Espagne à l'Otan, pour sa stabilité démocratique!

Et la situation italienne... nous les avons battus. Nous les avons battus pour l'immédiat. Mais on ne peut vaincre qu'en convainquant le Pays si nous avons des alternatives claires. On ne peut plus vaincre désormais en se défendant, nous devons affirmer le programme, insister et dire: "Nous avons dit "contre-gouvernement", nous avons dit "programme commun de la gauche", nous avons dit "Ministre de la Justice de l'opposition". Cela a été incessamment la méthode de nos propositions.

Attention, chers camarades, du moins en ce qui concerne certains d'entre-nous, à ce chantage typique d'une certaine espèce d'intellectuels - Pasolini disait, parlant de ce pauvre Casalegno et de Firpo: "Ces intellectuels! L'obstructionnisme des intellectuels qui disent toujours non à tout ce qui est nouveau" - ces intellectuels, internes ou externes peu importe, qui diront, tout comme ils ont parlé avec légèreté de notre stratégie référendaire: "Le parti qui essaie de sortir de sa crise en se jetant dans les problèmes de la faim dans le monde, etc...".

Non. Non. Trente ou quarante millions de personnes meurent assassinées pour des motifs de classe. Nous pourrions interroger Tinbergen, d'autres Prix Nobel, des économistes... Si les statistiques disent que nous allons vers l'explosion, non plus trente ou quarante millions d'assassinés dans les douze prochains mois, mais peut-être soixante ou soixante-dix millions! Des dimensions bibliques, dirions-nous!

"Abolir la misère" proposait Rutelli; et il rappelait le grand symbole radical d'Ernesto Rossi: "Nous devons abolir la misère". Cela est possible. Nous devons abolir la misère qui conduit à l'extermination, la politique de misère à laquelle assistent, inertes, en terme d'initiative politique, toutes les autres forces politiques organisées italiennes, sans exception: même celles qui rendent hommage à une "juste politique internationaliste" sur les problèmes de la faim dans le monde. Je souligne - ce n'est pas du triomphalisme, ni du victimisme, nous ne faisons qu'affirmer de plates vérités - qu'il n'y a pas une seule organisation politique, pas la moindre, qui consacre "une heure de son temps à la lutte contre l'extermination par la faim: la lutte pour la vie. Dans une situation dans laquelle tout le monde nous dit, de Mac Namara, gouverneur de la Banque Mondiale, à tous les autres, que nous sommes en train d'aller vers la banqueroute le plus totale: car tous ces morts annoncent aussi notre mort.

Et alors? Mais quel genre de socialistes sommes-nous? Mais que veut-on? On s'empresse de lancer des initiatives si l'"un" de nos camarades est sur le point d'être tué ou condamné ou torturé - en Irlande ou en Espagne... - mais cela est une aberration nazie, raciste! Cette aberration selon laquelle, nous, avec nos valeurs, nous devrions considérer un devoir de nous mobiliser afin que "l'un de nous" ne soit pas torturé, et ne pas demander une minute de silence durant nos congrès pour tous ces morts! Une minute de silence parce que l'affrontement de classe est en train de faire trois cent mille morts, trois cent mille agonisants!

Ce sont des faits politiques, qu'est-ce que cela veut dire de se taire? Camarades, comment pourrions-nous être radicaux? Nous ne l'aurions pas été si nous ne nous étions pas souciés de l'utérus perforé par le curetage de l'avortement clandestin, si cela n'avait pas été un problème de lutte, de liberté, d'espérance, de bonheur; si nous ne savions pas que l'amour était en cause, alors que l'on parlait de sacrement ou de dissolubilté juridique...

Croyez-vous vraiment que l'on puisse être pour le socialisme, pour la vie; être, ici en Italie, pour le respect de la vie, sans livrer une bataille de priorité politique alors que, pour sauver cinq millions de personnes, quatorze mille milliards ou dix huit mille milliards ou vingt mille milliards de lire suffisent? Vous rendez-vous compte?

Devons-nous encore nous étonner si nous ne savons pas protéger notre futur des séïsmes? Pouvons-nous proclamer être une gauche de gouvernement qui puisse reprocher aux gouvernements de notre société de ne pas mettre dans le bilan le déplacement des villes, lorsque la science nous avertit que, avant dix ou quinze ans, d'autres séïsmes se reproduiront, plus graves encore?

Comment pouvons-nous dire: allons, investissons, transformons la manière même de concevoir les choses; ayons le courage de voir s'il faut reconstruire aux mêmes endroits, ou bien changer.

Est-il possible, cher camarades, d'être crédibles dans notre volonté de gouverner la paix, la liberté, le droit, alors que nous ne sommes pas capables de nous rappeler que le droit est positif - national et international, Etat de droit - le droit à la vie, le droit à la nourriture; droit positif également en ce qui concerne la Santé, la bonne santé?

Ce n'est pas un hasard si la conception juridique, la conception du "Droit" n'est pas ce qu'elle devrait-être; ce n'est pas un hasard si l'on choisit même à l'université, dans les partis, dans les secteurs de Réforme de l'Etat de Pietro Ingrao, d'éjecter l'élément vraiment révolutionnaire que le droit possède, en tant que droit positif "contraignant", sans lequel les classes dirigeantes ne sont que des associations de malfaiteurs contre le droit que celles-ci représentent. Lutter pour cela, chers camarades, signifie s'équiper dans cette direction; et nous ne le sommes pas.

Y a-t-il une crise radicale?

Je voudrais que ce congrès instaure un dialogue et un débat. Je l'ai dit au début de cette rencontre: crise au sein du groupe radical, crise Via Torre Argentina, crise à Bruxelles. Crise partout... Ce parti que nous ne reconnaissons plus. "oh les choses libertaires pour lesquelles nous nous sommes unis et au contraire c'est la merde à tout moment. Ce mur des lamentations, ce mur de la crise!". Il s'agit de comprendre pourquoi: et si vous le permettez, camarades, la première chose qui m'intéresse c'est de retirer à cette crise ses alibis. A ceux qui disent que nous sommes en crise à cause des referendums, à cause du 17 mai; parce que nous devons, nous, repenser nos stratégies; que nous sommes en crise parce qu'il faut revoir les choses que nous avons dites; que nous sommes en crise d'identité! Bien sûr si nous nous regardons dans un miroir nous voyons l'image que les autres ont de nous, au lieu de voir la nôtre! Je voudrais qu'au contraire nous constations, que nous avons miraculeusement ajouté d'autres

parpaings à l'édification de l'espérance, de l'alternative et de l'unité de la gauche, et que nous sommes en train d'élever finalement une barrière contre la stupidité centriste et contre la stupidité frontiste de Craxi et de Berlinguer d'aujourd'hui; contre ces erreurs contre lesquelles, ne pouvant pas reproposer décemment, après deux mois ou deux ans, le centre-gauche et l'unité nationale, on ne fait rien d'autre que reproposer les accents les plus éloignés et les plus oubliés; "centristes", au lieu de centre-gauche, et frontistes au lieu de l'unité nationale et du compromis historique.

Nous devons donc savoir que nous devons chercher ailleurs les motifs de notre crise. Et figurez-vous si je ne sais pas que quelqu'un dira: "Mais alors, l'explication c'est que les autres sont méchants?"; "Les choses ne vont pas, alors Marco fait apparaître un lapin de son haut-de-forme et il dit que tout va bien"? Et vous tous de dire: "Oh la démocratie, où s'en va-t-elle? Et le charisme! Et de ci et de là, la décision, la contre-décision", ce genre de choses qui ont remplacé le lancement de merde! Après que personne n'avait combattu personne en tant que lanceur institutionnel de merde, mais parce que nous avons su faire en sorte que le lancement de merde et de mensonges, de diffamation de notre parti ne fut plus possible, et que l'on disait "c'est faux!".

"Vous n'avez pas respecté le Statut du Parti!". "Non. Ce n'est pas vrai!". Le lancement de merde c'était la diffamation. Cela n'existe plus dans notre parti. Maintenant il y a autre chose: "Mais comment est-ce possible, est-ce seulement imaginable?"; "Mais en somme, serions-nous les seuls à avoir raison? Seuls contre tous? Mais c'est une vision..." "Doit-on être héroïques?; "Mais après, concrètement, nous voyons comme nous souffrons!". Et en effet, nous le voyons... Il y a le Groupe radical. Il y aura ensuite, à ce Congrès, les relations, ou du moins les rapports des titulaires de cette responsabilité; mais pour ce que j'en sais (je ne suis plus député au parlement italien, je suis député au parlement européen) à travers les réunions et les séminaires, c'est le mur des lamentations: "C'est la fin!".

Ce groupe qui a réussi à être en réalité l'antagoniste, et à faire, depuis le début de la lègislature, un travail extraordinaire. Ce groupe qui entre en crise, non pas s'il n'est pas l'antagoniste pendant vingt-quatre heures, mais s'il n'est pas le protagoniste de batailles parlementaires; ce groupe dont la situation est terrible, dans lequel il y a la tragédie de Marisa Galli qui s'en est allée! Je le disais que c'était un vilain drame que celui de Marisa Galli: "Marisa, il me semble que tu as changé d'opinion, tu es en train de devenir une indépendante de gauche, tu as assumé une autre position"; vous avez vu que Marisa Galli - qui était très intransigeante et était partie à cause de l'unité et l'alternative, parce que nous ne l'étions pas assez - s'est déchaînée elle aussi pour trouver un minimum d'audience dans le monde politique italien, et aller faire campagne pour les deux "non"; elle, Marisa, qui avait été scandalisée par la loi 194, par ce qu'elle comportait; et pour avoir un petit créneau à ga

uche, pauvre Marisa, elle est allée dire des choses contre nous, elle aussi.

C'était un problème politique et il fallait le considérer comme tel, avec sa valeur politique, sa perte politique, son choix politique. Mais ce choix doit avoir une dignité, il fallait lui dire: "Chère Marisa, nous sommes désolés, même si nous espérons que tu as raison, nous craignons que tu as tort: la bataille pour l'alternative, l'unité, le renouveau, de la conscience religieuse, des tensions idéales, se fait ici, ailleurs cela reste hélas, une illusion. Mais tu peux faire ce que bon te semble, nous formulons nos meilleurs voeux. Nous espérons seulement que tu ne te rendras pas compte très vite que tu as eu tort de penser que la limite était, non pas en toi, non pas en Italie, mais dans le groupe radical. Tu verras que tu réussiras à être moins radicale là-où tu iras; et que si tu veux survivre tu devras faire les choses contre lesquelles tu t'étais érigée en tant que femme, militante, députée radicale.

Il y a certes dans notre groupe d'autres crises, graves, à Torre Argentina, à Trieste, à Bari un peu moins peut-être, mais un peu partout.

Vous vous souvenez que nous avions annoncé publiquement,au Congrès de novembre, Jean Fabre, Giovanni Negri et moi même, que nous nous serions consacrés à "autre" chose, cet "autre" chose de la motion qui concernait justement, les problèmes de l'internationalisme et de la faim. Eh bien, chers camarades, je puis vous assurer que nous avons beaucoup fait et que nous continuons. Mais nous aussi, à Bruxelles, à certains moments: "Nous n'en pouvons plus, le caractère est inhumain, bien sûr nous nous aimons les uns les autres, mais on n'y arrive pas!". C'est cela notre vie, notre mode libertaire, l'amour que nous avions choisi de donner lorsque nous avons décidé d'être radical?", et ainsi de suite. Certes, chaque fois que nous prenons conscience, nous perdons notre propre conscience historique, chers camarades, et chaque jour que nous renonçons à comprendre que si notre initiative politique cesse, les grands actes d'intelligence et d'amour collectif cessent à leur tour, et ces derniers deviennent difficiles mê

me en nous-mêmes; si nous oublions cela, si nous n'arrivons pas à comprendre que l'unique possibilité d'espoir est de ne pas croire qu'il existe des possibilités de bonheur qui ne soient pas également des propositions publiques de bonheur, des "manifestations" de propositions et de projet, des manifestations concrètes.

Etre "radicaux"

Etre radicaux a toujours signifié être "radicaux". Il y a des amis ici, de Comunione e Liberazione; je voulais dire qu'autrefois on savait que l'on était chrétiens, et témoigner de sa propre foi, signifiait l'être en "partibus infedelium", non constitués en secte pour célébrer l'unité entre les purs et les durs. Etre radical, c'est écrit dans notre Statut, signifie être radical "parmi ceux qui ne le sont pas", être radical signifie situation de dialogue constant, de raccord, cela signifie ne pas rechercher la perfection à l'intérieur de la secte, mais la croissance, partout, d'une vision dialogique de l'existence, en sachant que la "manifestation" est l'idèe unique de jugement d'une pensée et d'un espoir, alors que les pensées et les espoirs qui restent dans le circuit fermé des intentions, de la conscience, des tourments et même des attentes, sont les sépultures de ces espoirs, la manière avec laquelle l'"autre" prend possession de nous et devient historiquement vainqueur et nous rend méconnaissables à

nos propres yeux.

Je crois que sur cela, chers camarades, nous ne ferons rien d'extraordinaire; mais nous devons confirmer de fois en fois, par une analyse ponctuelle des possibilités, par la stratégie référendaire, par la stratégie du droit et par conséquent de la vie législative, et par la stratégie de la nonviolence avec ses objectifs.

Nous avons de notre côté une chance énorme que nous ne devons pas gâcher: les choses pour lesquelles nous nous sommes réunis ne sont pas en crise, ce sont les autres choses qui sont en crise; aujourd'hui la possibilité de quatre millions de personnes armées est plus grande... quatre millions de personnes, c'est un élément de force car nous avons placé en contradiction la gauche officielle qui a renoncé à faire ce pourquoi cette gauche est la gauche, et le débat ne pourra pas ne pas être affronté de l'intérieur.

Et nous devons nous demander, comme l'a fait Francesco Rutelli, une chose: nous avions conçu, en accord avec Giorgio Amendola, le Statut du parti unique des travailleurs italiens.

Giorgio Amendola le proposa pour une période de trois mois, puis il eut peur de son propre parti et il y renonça; battu par la longue ligne grise, digne et profonde qui trouve, non pas en Berlinguer, mais en Ingrao son véritable continuateur - la ligne de la démocratie, de la vision "gentilienne" de gauche, et non pas "gramscienne", des possibilités de progrès de notre Etat et de notre société.

Nous avons conçu ce Statut et c'était le Statut que nous offrions en tant qu'instrument de respect des diversités historiques de la gauche pour se fédérer et la rendre fédératrice, comme dit Francesco. Aujourd'hui, nous devons reconnaître que nous étions nés et destinés à mourir aussitôt que possible dans l'unité que nous voulions construire dans l'alternative et le renouveau, nous sommes terriblement nécessaires - nous aussi - à travers notre croissance de parti et notre singularité, à ce processus.

Giorgio Amendola n'est plus; d'autre part son intuition fut battue et il dut l'abandonner bien vite, comme une scorie de son initiative politique. Nous, qui sommes aujourd'hui plus forts et aguerris dans les contenus, dans les programmes et dans les méthodes, dans l'histoire et dans l'image, que nous ne l'étions auparavant, pour proposer à la gauche italienne et au Pays de changer pour vaincre, convaincre et se renouveler, nous devons nous libérer de notre Statut. Voici ma contribution à la réflexion pour juillet 1982: nous libérer de ce Statut, pour le donner à tous ceux qui à gauche, veulent une grande alternative socialiste et libérale, démocratique et chrétienne authentique, de gouvernement de notre société; de la gauche dans toutes ses composantes.

Dans ce Statut-là, il y a l'indication du syndicat démocratique de classe, non pas du syndicat corporatiste ou du syndicat de l'unanimité; autrement dit, de la CFDT ou des Trade Unions d'il y a trente ans, de ceux qui sont l'une des deux jambes politiques du Tiers-Etat, et non pas les tuteurs du moment "pur" de la négociation syndicale; surtout dans un pays dans lequel nous avons des grèves convoquées par le truchement de la télévision et avec des trains populaires - comme dans les années Trente et Trente-cinq, lorsque le régime décidait qu'il fallait une grande manifestation de masse des travailleurs. Il y a là une hypothèse de parti; nous ne devons pas l'oublier, l'offrir à nos camarades intelligents et cultivés de "Mondo Operaio" et du "Manifesto"; offrons-leur une théorie de la praxis et de l'organisation déjà élucidée pour la gauche, comme il semblerait que même Magri et Cafiero la veulent, et comme bon nombre d'entre nous la veulent ègalement.

Le statut de notre réalité

Il faut ensuite, et nous devons le concevoir, "notre" Statut: eh bien, je ne sais qu'une chose, chers camarades, c'est que nous sommes le parti qui ne peut pas se plaindre d'une chose - c'est la dernière fausse crise de laquelle nous devons nous libérer pour arriver à comprendre quelle est notre véritable crise - nous sommes le seul parti qui voit un éclatant succès dans son critère constitutif statutaire.

Eh bien, chers camarades, ici aussi je n'ai pas une logique politique et une logique personnelle; nous sommes mille-cinq-cents - n'est-ce pas Walter? - mille sept cent ou deux mille, et de surcroît à quatre-vingt-dix pour cent frustrés - n'est-ce pas? - frustré en ce sens que nous tous sommes frustrés: il y a ceux qui le sont à quatre-vingt-dix pour cent, d'autres à soixante-quatorze, mais c'est la réalité - n'est-ce pas Adelaide? - du groupe et des autres. C'est important Adelaide, et j'espère que tu diras aux autres ce que tu m'as déjà dit: ce groupe qui n'existe pas, dans lequel tu n'arrives pas à... Tu vois le groupe que Marco voit avec ses yeux, qui sont différents. Toi tu ne te vois pas, tu ne vois pas ton groupe, tu ne vois pas ce que vous faites, tu vois ce que les autres disent que vous ne faites pas. C'est ainsi! Mais en ce qui te concerne, pour ce qui concerne d'autres camarades parmi nous, il y a frustration de ne pas pouvoir y arriver: "C'est peut-être ma limite subjective, je suis fatigué.

.."

Il faut voir les choses telles qu'elles sont, en parler. Eh bien Walter, je ne disais pas une connerie: nous sommes mille-cinq-cents, mille-sept-cents n'est-ce-pas? Si nous devons comprendre ce qui ne va pas, n'attribuons pas les choses qui, elles, par contre vont bien, comme cause de non foctionnement; car si le diagnostic est erroné, on ne pourra pas guérir.

Alors: quel est le parti dans l'histoire d'Europe qui, avec mille-cinq-cents, mille-sept-cents, cinq à sept-cents militants, plus deux-mille au moment de la mobilisation référendaire, marque l'histoire de son propre pays? Non seulement il ne représente que 3,4% des voix, non seulement il représente le groupe antagoniste au Parlement, non seulement il rassemble des dizaines de Prix Nobel sur des textes "bizarres", etc...etc..., mais il oblige à parler de lui continuellement comme paramètre. Et tous de vouloir enterrer l'"illusion référendaire" des radicaux... Mais si l'organisation est le Statut d'un parti comme l'organisation du travail pour les entreprises, les rapports de production etc..., eh bien, nous sommes mille-cinq-cents, deux-mille et nous sommes en train de produire par exemple la "signification" de l'affrontement imposé le 17 mai à la droite et à la gauche qui ne le voulaient ni l'une ni l'autre.

Nous sommes en train de construire ces choses-là. Alors il faut reconnaître que notre manière de rester ensemble - c'est-à-dire notre statut et notre praxis - est productive, dans une situation dans laquelle des partis de centaines de milliers de conseillers communaux, de conseillers d'administration, de présidents, etc... arrivent à déterminer le manque absolu d'importance de leur propre qualité et de leurs propres proipositions idéales dans l'histoire de notre Pays et dans la société. Car, lorsque l'on se demande: "Qu'est-ce-que cela veut dire être radical?", en réalité la petite bonne dame dans la rue, le vieux monsieur dans l'autobus sauront vous le dire: "Ah! Ceux du divorce, de l'avortement, ces choses...". Ils sauront, comme toutes les autres choses qu'ils n'avoueront pas mais qui ont pour eux de l'importance.

Mais si quelqu'un disait "que signifie être communiste?", "que veut donc le Pci?", "quel genre d'économie?". A deux secteurs probablement, bien sûr, comme tout le monde. L'autogestion, la socialisation? Quelle technologie choisir? Et le communisme? Le socialisme, qu'est-ce que c'est? La Démocratie Chrétienne, qu'est-ce que c'est? C'est vraiment incroyable; nous devons penser à cela; à ce qu'elles sont, ce qu'elles produisent avec leurs dizaines et centaines de milliards les entreprises communistes, démochrétiennes... les conseils régionaux, les députés, les sénateurs... en grande partie l'Etat. L'Etat c'est eux.

Il faut dire aussi, Walter, que la praxis de l'organisation, de notre organisation, est la seule qui fonctionne! On se demande pourquoi les autres ne fonctionnent pas. Il faut alors nous demander ce qui ne va pas; mais il ne faut pas dire que c'est la défaite du 17 qui n'a pas eu lieu, que c'est la crise qui n'est qu'une crise de croissance de la ligne radicale et de sa politique; ce n'est pas une crise des contenus, ce n'est pas une crise de notre politique de notre lecture des évènements internationaux et nationaux. Nous avons décrit l'armée il y a dix ans, quinze ans comme nous la décrivent aujourd'hui les journaux. Nous avons décrit le corps des agents de la répression des fraudes comme une association de malfaiteurs nécessaire; nous disions aussi à Falco Accame qu'aujourd'hui la structure militaire ne peut que produire ces choses-là.

Qu'est-ce que nous ne pouvons pas abandonner?

Chers camarades, c'est maintenant que nous devons nous donner une réponse; et nous devons aussi ne pas reculer devant la commodité ou la lâcheté de ne pas reconnaître ce que nous ne pouvons pas abandonner, car c'est sur cela que repose toujours davantage en Italie et en Europe la force des attentes et des associations autour de la faible structure des mille-deux-cents, mille-quatre-cents et mille-huit-cents. Et je n'ai pas de réponse. Mais l'unique opération de nettoyage est celle de refuser les réponses et les explications que l'on donnait.

Personnellement, je pense qu'il est possible d'imaginer un statut pour les mille, les sept-cents et les huit-cents; car l'unique moyen d'obtenir la naissance des partis fédéraux est que nous nous réduisions au sujet que nous sommes sans faire semblant d'être d'être le sujet pluriel de tant de partis, de tant de choses qui n'existent pas. Nous sommes un sujet de trois, quatre, cinq, sept-cents camarades qui ont su bien lutter ensemble, avec cinquante ou cent autres jeunes camarades qui se sont joints aux premiers, à chaque génération... et nous avons réussi de cette manière à exiger de nous mêmes le maximum de caractère libertaire, socialiste, nouveau, pour vivre personnellement et politiquement notre engagement politique. Nous devons donc, si nous ne voulons pas faire partie des constitutions péremptoires, préciser, limiter le sujet Parti radical, afin que plusieurs partis radicaux, plusieurs sujets socialistes, plusieurs sujets fédéraux et fédéralistes puissent s'organiser sans créer d'alibi pour leurs

échecs à rome ou à Naples ou à Trieste ou à Bruxelles; et essayer de créer les structures dans lesquelles nous avons toujours pensé que les radicaux doivent s'exprimer, non pas dans un parti-église, mais dans plusieurs structures de diverse nature, pour pouvoir s'engager.

Voilà la contribution que j'ai pu vous donner. J'ai parlé longuement, mais il était de mon devoir, je crois, de me débarasser d'une autre "histoire", selon laquelle on ne sait jamais ce que pense vraiment Pannella: "Il y a un Congrès extraordinaire, mais on ne sait pas ce qu'il veut!". Je crois que les camarades ont droit à l'information.

Tandis que pour ce qui concerne nos projets - une grande campagne internationale et internationaliste contre la faim - Jean Fabre et Giovanni Negri interviendront, mais il est évident qu'aucun de nous ne pourra vous donner d'apports de secteurs spécifiques; ainsi, Jean Fabre et Giovanni Negri apporteront quelques bribes d'information sur ce que nous sommes en train d'essayer de faire, et que nous espérons réaliser avec vous.

Merci chers camarades.

 
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