SOMMAIRE: Marco Pannella expose aux députés du Parlement européen les motivations de la nième demande de levée d'immunité parlementaire par la magistrature italienne (14-09-81).
Pannella. - (IT) Madame le Président, je vous remercie de me permettre d'expliquer succinctement pour quelles raisons je souhaitais que me soit accordée l'autorisation de prendre la parole.
Je voudrais dire à titre liminaire, Madame le Président, que toute personne non violente a le devoir lorsqu'elle est en désaccord avec la loi - de la contester à la manière de Socrate et de désobéir, mais également de demander à être jugée au nom de ces mêmes lois afin de provoquer ainsi la possibilité d'une prise de conscience de l'opinion publique, en préambule à la modification de ces mêmes lois.
En l'occurrence, Madame le Président, si j'ai délibérément déclaré avoir violé les lois de mon pays, c'est que je les estime non constitutionnelles et contraires à l'exercice des droits démocratiques.
Madame le Président, j'ai notamment violé la loi qui a la prétention de faire du vote une obligation et un devoir pour le citoyen italien. Nous savons tous que le vote est une obligation et non un droit dans les seuls pays dictatoriaux; la participation électorale y est de l'ordre de 99 % et le vote est une obligation et une violence faites aux citoyens.
J'ai par ailleurs, Madame le Président, violé des lois à caractère fasciste et médiéval, notamment le délit d'outrage, - une sorte d'offense au roi - qui s'applique à l'armée, au gouvernement, etc. Je crois, Madame le Président, que, conformément au droit civil européen, l'Italie doit abolir ces lois honteuses et je demeure convaincu que ce processus - à condition qu'il se déroule - permettra d'accélérer les travaux de réforme législative dans notre pays. Voilà ce que je voulais déclarer et je vous remercie de m'y avoir autorisé.