M. Pannella. - Monsieur le Président, je partage avec le Groupe communiste l'honneur de ne pas avoir reçu de la part de la délégation permanente de Turquie auprès des Communautés - européennes dénomination quelque peu pompeuse pour désigner les représentants de généraux issus d'un pronunciamiento - les suggestions qu'ils ont pu faire et l'exposé du point de vue de la Turquie "golpiste" et anti-démocratique.
Mme Fourcade nous a rappelé avec précision non seulement les points de vue traditionnels, mais aussi les éléments nouveaux que nous devons prendre en considération, fût-ce au niveau du droit, d'un droit qui est toujours en formation, processus extrêmementdélicat. Grâce à Mme Fourcade, je crois notamment avoir compris les raisons qui ont pu inspirer la démocratie turque et le peuple turc.
Au moment où nous allons décider, il nous faudra le faire avec équité, sachant que tout droit peut être interprété de façon différente, même de bonne foi, et qu'il existe des situations particulières, spécifiques comme celle dont nous parlons qui impliquent que l'amitié et la loyauté s'ajoutent au droit pour lui donner substance, surtout quand il s'agit du droit d'un peuple d'édifier la paix et de vivre en paix. Lorsqu'on entend parler de zones économiques exclusives - en dépassant, paraît-il, le concept de plate-forme continentale - ces termes nouveaux paraissent en quelque sorte dépassés, sonnent un peu mal à nos oreilles, car nous aimons croire qu'en fait il n'existe aucune zone économique exclusive et que le droit doit de plus en plus tenir compte de la complexité des choses au niveau économique. On doit d'ailleurs souhaiter qu'il en soit ainsi.
Je voudrais donc me borner à dire que je comprends ces motivations si intéressantes et si courageuses où l'on prend partie. C'est ce que nous devons faire en tant que parlement; nous devons assumer nos responsabilités. Mme Fourcade me permettra quand même de lui dire que le fait de ne pas arrêter de décret pour l'éternité nous mettra en mesure de voter le contenu de cette résolution. Cela dit, Monsieur le Président, j'ajoute que c'est avec joie que nous apportons notre soutien à cette résolution, et ce pour une autre raison: Mme Fourcade va, paraît-il, nous quitter. J'espère jusqu'à la dernière minute qu'il n'en sera pas ainsi, bien que, semble-t-il, elle en ait assez de nous... En ce qui me concerne, je dois dire qu'il m'est impossible d'être lassé de Mme Fourcade, de sa jeunesse, de son courage, de son humanité. Permettez-moi de conclure en souhaitant que Mme Fourcade resté parmi nous, non seulement à travers le témoignage de son action, mais aussi en continuant d'honorer de sa présence physique notre Asse
mblée. (Applaudissements)