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Pannella Marco - 9 novembre 1981
Lettre à tous les évêques de l'Eglise Catholique du monde entier
par Marco Pannella

SOMMAIRE: Lettre à tous les évêques de l'Eglise Catholique du monde entier pour remercier ceux d'entre eux qui avaient envoyé une réponse à une lettre précédente et pour continuer à solliciter des initiatives pastorales ou publiques allant dans la même direction que la campagne "trois millions de vivants, tout de suite" en soutien du Manifeste des Prix Nobel contre l'extermination par la faim et pour le développement.

(Langue de l'original: français)

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Bruxelles, le 9 Novembre 1981

Monseigneur,

C'est avec la confiance la plus profonde et respectueuse et avec espoir que je me permet de m'adresser une fois de plus à vous, mais également avec une profonde angoisse, face aux échéances qui pressent et à la perspective d'une espérance qui, une fois de plus, pourrait se transformer dans les prochains jours en une raison de résignation et de désespoir.

Pour la première fois depuis peut-être vingt ans, la possibilité s'était concrètement imposée d'une alternative à l'horrible extension de l'extermination par la faim et la malnutrition dans le monde.

D'abord le lancement du manifeste des 54 prix Nobel, ensuite quelques succès dans différents Parlements nationaux et, finalement et surtout, la résolution du Parlement Européen justifiaient l'espoir d'une inversion immédiate de route dans la direction de la vie et non plus de la mort pour des dizaines de millions de personnes qui pratiquement agonisaient déjà.

Hélas, les Etats du Tiers et du Quart Monde ont été les premiers à démontrer de ne pas savoir cueillir cette occasion en contribuant de ce fait à étouffer la voix d'un Parlement qui représente institutionnellement 300 millions d'Européens.

Hélas, à Cancun, les représentants des 10 Pays de la CEE ont également estimé préférable ou inévitable d'ignorer la décision et l'annonce de vie que le Parlement et les Nobel leurs avaient sommé d'assumer et d'annoncer, de même qu'ils l'ont fait et ils continuent à le faire, depuis la Populurum-Progressio jusqu'à nos jours, malgré les appels de plus en plus pressants et précis du Saint-Père.

Mais tout n'est pas encore perdu, Monseigneur.

Non seulement grâce à la persistance du devoir et de l'espérance, mais également pour ceux qui les ont désormais perdus et qui, par millions, par dizaines de millions, vivent déjà leur mort.

Je me permet, Monseigneur, de vous transmettre avec humilité, les réflexions et les éléments d'information qui, à mon avis, peuvent constituer le chas de l'aiguille à travers lequel peut passer la réalisation du projet de vie que trop de monde, ces heures durant, s'apprêtent déjà à considérer comme échoué.

1) La décision du Parlement européen reste entièrement valable avec toute sa force institutionnelle, politique et, dans le cadre des pouvoirs établis par les Traités de Rome, juridique.

2) La Commission européenne, et notamment le Président Thorn et le Commissaire Edgard Pisani, ont le devoir et la responsabilité de remplir le mandat qui leur a été confié, consistant à présenter (ne fut-ce que de façon générale et sommaire) la proposition de projet financier pour sauver en 1982 au moins 5 millions de personnes.

3) Le Conseil des Ministres peut de fait et théoriquement adopter 4 décisions:

a) abandonner pratiquement sans réponse ou sans conséquence la délibération du Parlement européen, qui paraît sans aucun doute troublante, du fait qu'elle prétend renouveler les programmes jadis proposés par chacun des 10 Gouvernements en matière de lutte contre la faim et de coopération au développement.

b) Rejeter à la majorité ou à l'unanimité ou tout simplement par l'opposition d'un pays ou d'un seul gouvernement la décision du Parlement européen.

c) Adopter à l'unanimité le principe selon lequel la Communauté mettra en oeuvre ce qui est demandé par le Parlement européen, mais à travers une contribution financière se limitant aux pays qui déclareront de bien vouloir assumer la résolution même.

d) Accepter, avec les modalités et dans les limites susmentionnées, uniquement la partie de la résolution concernant l'intervention extraordinaire et l'initiative de l'ONU, en excluant le point relatif à l'affectation immédiate et intégrale de 0,7 % du PNB.

De toute façon, ce n'est qu'à travers la constatation de l'intérêt et de l'attention de la part de l'opinion publique et de ceux qui sont qualifiés à la représenter ou à l'assumer, qu'il nous sera possible d'espérer que cette dernière décision ne soit la pire parmi celles que je vous ai illustrées.

Hélas, nous devons faire face non seulement aux mauvaises volontés, mais également à l'incrédulité, au manque de confiance en soi et à la tendance à se résigner comme devant une fatalité de la part de nos classes dirigeantes.

Si on ne les aide pas en les harcelant et en fouettant la passivité, je crains honnêtement que nos gouvernants, quoiqu'individuellement dignes d'estime et hommes de bon coeur, laisseront que cette bataille pour la vie soit à nouveau perdue, pour le moment, et à jamais pour ses victimes. En ce qui nous concerne, comme vous le savez peut-être déjà, nous essayons par tous les moyens légaux (initiatives parlementaires, politiques, humanitaires, culturelles, manifestations publiques, campagnes non-violentes, ma grève de la faim actuellement en cours et à laquelle d'autres encore vont se joindre, la préparation de grandes marches "noires" pour la vie et pour la paix, avec la participation du sous-prolétariat immigré, que nous essayons d'organiser dans plusieurs grandes villes d'Europe pour la veille de Noël), de ne pas laisser s'échouer l'espérance et de ne pas renoncer.

Mais deux échéances très importantes, bien qu'elles ne soient ni péremptoires ni conclusives, s'imposent de façon urgente:

1) la première se pose le 17 Novembre, date d'une réunion du Conseil des Ministres de la CEE à Strasbourg, où se réunira simultanément le Parlement européen en session plénière. A cette occasion aura lieu la première réunion extraordinaire conjointe des 10 Ministres des Affaires Etrangères et du Bureau de Présidence élargi aux Présidents des groupes du Parlement européen. Etant donné que je participerai à plein titre à cette réunion, l'accomplissement des obligations qui découlent de la résolution du Parlement européen sera certainement évoqué. Il est évident qu'à cette occasion tout message, tout télégramme adressé à la "Réunion du Conseil des Ministres de la CEE, Palais de l'Europe, Strasbourg", ou bien à l'ensemble ou à chacun des Ministres des Affaires Etrangères ou à leurs représentants, pourra avoir un effet considérable, soit qu'il provienne de n'importe où en Europe, donc du pays d'origine de l'un ou l'autre des Ministres, soit qu'il provienne d'autres pays comme témoignage de l'attente que

l'Europe accomplisse une mission de vie et ne continue pas inerme à se résigner au nouvel holocauste. Il est évident qu'il serait particulièrement utile de pouvoir rejoindre préalablement avec des messages officiels, officieux, réservés, personnels, chaque Ministre des Affaires Etrangères avant son départ.

2) Les 26 et 27 Novembre, les Chefs de Gouvernement des 10 Pays européens se réuniront à Londres, et si à cette date nous n'aurons pas réussi à mobiliser préalablement l'opinion publique en l'informant et en l'avertissant sur ses responsabilités ce jour pourrait pratiquement être celui de l'enterrement de tous ceux qu'aujourd'hui encore nous espérons sauver.

Je vous prie, Monseigneur, de vouloir pardonner une fois de plus mon initiative et le dérangement que je risque ainsi de vous causer conscient du fait que, depuis toujours, tout ce qui peut-être accompli dans le but de solliciter une action pour la vie et la paix peut constituer un élément fondamental de votre mission et de votre magistère pastoral; mais, je vous le disais au début, la confiance et l'espérance m'imposent de vous informer et de vous demander avec humilité de l'aide pour ce que nous essayons de faire, dans des conditions assez difficiles, dans ce domaine politique pour lequel, de façon de plus en plus explicite, l'Eglise nous exhorte à intervenir, tout comme le Tiers et le Quart Monde, aussi bien que nos consciences et nos idéaux.

Je vous serais infiniment reconnaissant, Monseigneur, si vous estimiez possible de faire informer sur tout cela les organisations et les associations qui opèrent dans la Communauté diocésaine que vous guidez et dont vous avez soin, ainsi que vos fidèles, afin que chacun puisse, s'il le voudra, contribuer à cette action vraiment déterminante et, dans plusieurs sens, définitive.

Veuillez agréer, Monseigneur, l'expression de mes sentiments les plus respectueux et le sens de ma profonde confiance.

Avec humilité, votre dévoué,

Marco Pannella

P.S. CI-joints, une synthèse des objectifs de la résolution et ses conséquences jusqu'à présent, ainsi que les adresses des dix Ministres des Affaires Etrangères de la CEE et celle du Président du Parlement Européen.

 
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