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Pannella Marco - 11 novembre 1981
Lettre à tous les élus des Parlements
par Marco Pannella

SOMMAIRE: Lettre à tous les élus des Assemblées parlementaires des pays à système démocratique (français, dans le cas spécifique), pour les informer de la marche de la campagne "trois millions de vivants, tout de suite" et pour les inviter à assumer des initiatives convergentes, dans leurs parlements respectifs, avec la résolution 375/81 du P.E. qui demandait, entre autre, une allocation de cinq milliards de dollars pour sauver cinq millions de vies menacées d'extermination par la faim.

(Langue de l'original: français)

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Bruxelles, le 11 novembre 1981

Cher Collègue,

Il est regrettable de constater qu'à Cancun - quoi que nous puissions penser de cette réunion - les objectifs proposés dans le Manifeste des 54 Prix Nobel, auxquels le Parlement européen a souscrit à une majorité sans précédent et qui ont donné lieu à de nouveaux regroupements et à de nouvelles convergences, n'ont rencontré aucun écho, mais nous n'avons pas l'intention pour autant de nous résigner à assister en spectateurs au désastre qui ne fait que s'aggraver et à l'échec de toute nouvelle espérance ou proposition concrète et immédiate.

C'est d'ici quelques jours que vont expirer les délais fixés à la Commission et au Conseil des Communautés européennes pour mettre sur pied le programme d'urgence demandé par le Parlement Européen pour sauver 5 millions de vies humaines de la mort de faim en 1982 et pour arrêter les crédits nécessaires à cet effet.

A ce jour, la situation se présente comme suit:

1. La décision du Parlement Européen reste pleinement valable et elle conserve toute sa valeur institutionnelle et politique dans le cadre des pouvoirs qui lui sont reconnus par les Traités de Rome.

2. La Commission des Communautés européennes, et plus précisément son Président Gaston Thorn et le Commissaire Edgard Pisani, ont le devoir et la responsabilité de s'acquitter du mandat qui leur a été confié, à savoir présenter (en tout état de cause, ne serait-ce que d'une manière générale et sommaire) la proposition de projet financier visant à sauver au moins 5 millions de personnes en 1982.

3. En théorie, le Conseil des Ministres peut réagir de cinq façons différentes:

a) laisser pratiquement sans réponse la décision du Parlement Européen, qui, sans aucun doute, est "dérangeante" parce qu'elle prétend remettre en question les programmes qui ont déjà été arrêtés par chacun des dix gouvernements dans le domaine de la lutte contre la faim;

b) rejeter la décision du Parlement Européen à la majorité qualifiée ou à l'unanimité, ou encore uniquement en raison de l'opposition d'un seul Pays ou de la part d'un seul des 10 Gouvernements;

c) approuver le principe selon lequel la communauté donnera suite aux demandes du Parlement Européen, mais à concurrence d'une contribution financière limitée aux Pays qui déclareront souscrire à la décision du Parlement Européen;

d) accepter, selon les modalités et dans les limites précitées, uniquement la partie de la décision concernant l'intervention extraordinaire et l'initiative à l'ONU, mais non le point relatif à l'inscription immédiate au budget d'un crédit de 0,7 % du produit national brut.

En tout état de cause, il ne sera possible d'espérer que la décision du Conseil ne sera pas la pire parmi les hypothèses précitées que si se manifestent l'intérêt et l'attention de l'opinion publique et de tous ceux qui ont des titres prestigieux pour la représenter ou pour l'animer.

Malheureusement, nous devons tenir compte non seulement des mauvaises volontés, mais aussi de l'incrédulité, du manque de confiance et de la tendance à se résigner comme à une fatalité, que l'on rencontre chez nos classes dirigeantes, aussi estimables et valables que soient individuellement ces gouvernants, qui font que, si on ne les harcèle pas et si l'on n'en fustige pas la passivité, la bataille pour la vie sera - je le crois honnêtement - une fois de plus perdue. Mais en l'occurrence, elle sera perdue pour toujours pour ses victimes.

Si, dans le passé, les voix les plus divergentes et les plus prestigieuses se sont accordées pour proposer et exiger une action et une politique qui puissent finalement être comprise par l'opinion publique non seulement de nos pays européens, mais aussi du monde entier, nous estimons que l'on peut et que l'on doit également concrétiser cette nouvelle réalité dans chacun de nos Parlements.

Pour que cela soit possible, cher Collègue, il est d'une importance primordiale que nous nous informions réciproquement de façon à ce que chacun puisse se comporter comme bon lui semble et effectuer le choix qu'il estime le plus opportun. C'est pourquoi je me permet une fois de plus de solliciter votre attention et de vous envoyer, à titre de documentation, la motion qui doit être présentée prochainement à la Chambre des Députés de la République italienne et qui, en 48 heures seulement, a déjà recueilli, comme vous pouvez le constater, plus de 100 adhésions de la quasi-totalité des groupes politiques qui composent ce Parlement.

C'est avec une grande franchise et une grande amitié, cher Collègue, que je me permet de vous faire part de mon inquiétude au sujet du fait que, sauf exceptions possibles que j'ignore, l'Assemblée nationale française n'a pris jusqu'ici aucune initiative concrète allant dans le sens du manifeste des 54 Prix Nobel, de la Résolution du Parlement européen et des initiatives parlementaires prises dans de nombreux autres pays, dont nous avons tenu, au cours de l'été, à vous informer ponctuellement.

Il nous serait incompréhensible et pénible, toutes considérations politiques mises à part, que cette situation se prolonge. Nous souhaitons donc que l'Assemblée nationale et le Sénat apportent, comme dans d'autres pays, leur contribution à l'adaptation de la politique Nord-Sud et de la politique d'aide au développement, qui s'impose.

Ce que je viens de vous dire, je l'ai dit en toute humilité et parce que j'ai toujours eu un profond respect et une grande confiance dans la France, ses institutions et ses idéaux.

Ce serait pour nous un devoir et un moyen d'action précieux de pouvoir informer immédiatement tous les parlementaires des autres pays de vos initiatives avant la session du Conseil européen qui doit se tenir les 26 et 27 novembre à Londres et, éventuellement, avant la réunion qui rassemblera les ministres compétents en matière de coopération des dix pays de la CEE avec le bureau du Parlement européen les 17 et 18 novembre à Strasbourg.

Ces occasions représentent pour nous deux échéances très importantes, même si elles ne sont pas péremptoires et déterminantes, pour voir se réaliser les objectifs de la résolution du Parlement Européen.

Si, parallèlement à ces réunions, à l'une desquelles j'aurai l'honneur de participer, puisque, pour la première fois le 17 novembre, les ministres des Affaires étrangères des dix Etats membres de la CEE se réuniront avec le bureau élargi de la Présidence du Parlement Européen dont je suis membre (réunion au cours de laquelle seront surement évoqués le problème de la faim dans le monde et ses implications pratiques), il nous était possible d'évoquer les initiatives prises par d'autres Parlements nationaux ou s'il y avait des messages adressés au Conseil des Ministres et des pressions exercées sur ce Conseil dans son ensemble ou sur chacun des différents Ministres, l'espoir de voir se réaliser les objectifs de la Résolution du Parlement Européen ne serait pas déçu.

En ce qui nous concerne, comme vous le savez peut-être, en usant de tous les moyens licites (initiatives parlementaires, politiques, humanitaires, culturelles, assorties de manifestations publiques, de campagnes non-violentes telles que ma grève de la faim qui se poursuit et à laquelle d'autres sont sur le point de s'associer, ainsi que de grandes marches "noires" pour la vie et pour la paix que nous nous attachons à préparer dans différentes villes d'Europe, avec la participation du sous-prolétariat immigré, à la veille de Noël), nous nous efforcerons de ne pas renoncer à l'espoir.

L'objectif de notre action non-violente, de la grève de la faim, reste celui de vivre avec au moins un dixième de ceux qui, sinon, seraient irrémédiablement condamnés, en 1982, à l'extermination par la faim et la malnutrition.

Cher Collègue, je vous prie une fois de plus de bien vouloir excuser mon initiative et d'agréer mes sentiments les plus cordiaux ainsi que mes meilleurs souhaits pour vous-même et les personnes qui vous sont chères.

Marco Pannella

 
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