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Pannella Marco, Guce - 15 dicembre 1981
BUDGET GENERAL POUR L'EXERCICE 1982; BUDGET SUPPLEMENTAIRE ET RECTIFICATIF POUR L'EXERCICE 1981.

SOMMAIRE: le Parlement européen s'apprête à voter le budget pour l'année 1982 et Marco Pannella intervient pour condamner les choix économiques, et donc politiques du Parlement européen: soumission au Conseil et aux états membres qui y sont représentés, niant au Parlement communautaire des compétences législatives effectives, désintérêt pour le drame de l'extermination par la faim dans le monde, politiques commerciales d'apaisement envers les régimes communistes et totalitaires (15-12-81).

M. Pannella. - Monsieur le Président, je crois que tant que nous ne changerons pas radicalement de politique, tant que ce Parlement donnera à l'Europe le spectacle qu'il a accepté de donner hier face aux événements de Pologne, nous ne pourrons penser qu'il'y a eu, au niveau du budget, un "saut qualitatif", à savoir, une Europe différente de celle qui est en crise, de plus en plus en crise, que nous sommes en train de vivre.

Nous avons, cette année, Monsieur le Président, une position de la part de la commission des budgets, grâce - permettez-moi de le dire, car il est loin d'appartenir à un groupe ou à une force politique qui est la mienne - aux efforts du rapporteur, M. Spinelli. Il est évident que nous constatons un changement par rapport aux positions du Parlement de l'année dernière, un changement par rapport aux positions d'il y a deux ans, et pas seulement dans la mauvaise direction.

Il est évident cependant, Monsieur le Président, que nous avons peur de l'histoire des douzièmes. Nous avons eu le courage de rejeter le budget il y a deux ans. Aujourd'hui, le Parlement s'est assagi. Il ne veut pas risquer d'avoir de petites difficultés financières aux mois de janvier, février, mars. Telle est l'attitude de cc Parlement, il faut en convenir. Ce n'est pas que je m'y résigne, mais il est évident que les forces politiques de ce Parlement ont adopté une attitude prudente face à une situation internationale où sont conclus tous les jours des marchés de dupes. Certes, nous exprimerons notre émotion, les jours prochains, sur les difficultés alimentaires de la Pologne, alors que la réalité est tout autre que celle que nous voulons croire. Je n'en veux pour preuve qu'au mois de septembre, derrière le spectacle des missiles, M. Reagan a signé un contrat de 18 millions de tonnes de céréales avec M. Brejnev alors que nous devrons, nous, nous préoccuper, dans les jours prochains, de maintenir pour le pe

uple polonais "nos aides alimentaires".

Enfin, Monsieur le Président, je ne crois pas que j'ai énormément de choses à dire sur la moralité parlementaire: c'est celle qui consiste à proposer un certain nombre de choses à ceux qui sont politiquement sourds. C'est un sport auquel je ne m'adonnerai pas. Je dis tout simplement que je souhaite au moins que le Parlement veuille bien suivre notre commission des budgets et son rapporteur. Je souhaite que la Commission accepte ce budget sans prendre d'autre position.

Qu'ajouter encore, sinon que je constate que le Conseil, et nous-mêmes, acceptons l'inscription de 10 millions d'Écus au budget pour l'aide aux pauvres Polonais, affamés, certes, mais plus encore de liberté que de blé. Nous sommes complices.

En vérité, au moment où l'on étouffe leurs libertés, ce Conseil, qui est l'image de l'Europe de Munich, d'une Europe lâche, ce Conseil, a décidé de réduire, autant qu'il lui était possible de le faire, l'aide au tiers monde, l'aide aux trente millions de personnes qui vont être exterminées par la faim, mais il n'a pas osé toucher - parce qu'il s'agit de blancs, d'Européens - à ces 10 millions d'Ecus ! C'est une chose à laquelle nous devons réfléchir. Je tiens à redire, Monsieur le Président, que je souhaite que ce Parlement - encore que je n'aie pas confiance en sa ligne politique - aille jusqu'au bout, écoute les conseils de ses rapporteurs et pose enfin à la Commission un véritable problème face au Conseil.

 
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