Radicali.it - sito ufficiale di Radicali Italiani
Notizie Radicali, il giornale telematico di Radicali Italiani
cerca [dal 1999]


i testi dal 1955 al 1998

  RSS
mar 30 apr. 2024
[ cerca in archivio ] ARCHIVIO STORICO RADICALE
Archivio Partito radicale
Pannella Marco - 30 gennaio 1982
Lettre à tous les ambassadeurs à Bruxelles
de Marco Pannella

SOMMAIRE: Lettre à tous les ambassadeurs à Bruxelles des pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), membres du Comité Paritaire ACP-CEE, dont faisait partie Pannella, pour les informer de la marche de la campagne "3 millions de vivants" pour donner une suite concrète à la résolution 375/81 du Parlement européen. Pannella demandait plus d'engagement de la part des pays ACP sur les lignes tracées par la résolution et un soutien plus important à sa campagne.

(Langue de l'original: français)

---------

Bruxelles, le 30 janvier 1982

Monsieur l'Ambassadeur et cher ami,

ne me rendant pas à Salisbury pour ne pas risquer de répéter des situations telles qu'à Freetown ou à Strasbourg en 1981, je tiens à vous adresser mes meilleurs voeux de bon travail et à vous informer, quoique d'une façon très synthétique, des "suivis" du Manifeste des Prix Nobel et de la rés. du Parlement européen n. 1-375/81, faisant ainsi, brièvement, le point de l'action que je mène, avec le Partito Radicale et avec Food and Disarmement International et ses groupes nationaux, pour renverser la tendance de résignation qui de plus en plus s'affirme.

Je note en passant qu'aucun suivi, à aucun niveau, dans aucun pays, dans aucune organisation internationale n'a été donné au Rapport Brandt - qui se voulait un plan d'action immédiat - et que nous avions malheureusement raison de critiquer les interprétations optimistes sur la politique menée et sur le résultat enregistré à Cancun.

Je me permet de rappeler tout d'abord que:

a) notre action visait à garantir, enfin, dès 1982, "des survivants pour le développement". A travers le Manifeste des Nobel, la sommation a été faite aux pouvoirs dominants de s'engager avec une priorité absolue à sauver en 1982 "les dizaines de millions d'agonisants par faim, malnutrition et sous-développement".

La résolution du P.E. sommait les 10 pays de la CEE à assurer, pour leur part, la survie pour le développement d'au moins cinq millions de personnes. Le Parlement italien, quant à lui, n'a pas adopté pour l'instant (mais de nombreuses et importantes initiatives y sont à nouveau en cours) la décision de faire assurer par l'Italie à elle seule la survie d'au moins trois millions de vie humaines, parce que le gouvernement a dû poser, sur une proposition de cette nature, présentée à l'initiative des "radicaux", la question de confiance pour empêcher tout débat à ce sujet. Cela parce qu'elle était soutenue par la majorité des parlementaires... de la majorité elle-même.

Néanmoins, nous avons obtenu, ainsi que bon nombre de vos gouvernements le savent, une croissance sans précédents de l'aide publique au développement de mon pays.

Nous vous informons en outre que le 19 décembre, la Chambre des Députés belge nouvellement élue, a adopté à l'unanimité la résolution sur la faim déjà votée par le Sénat le 17 juillet dernier, après que le Parlement du Luxembourg avait fait de même.

Environ trois cent parlementaires de 16 parmi les 21 pays membres du Conseil de l'Europe, ainsi que 200 cardinaux, archevêques, évêques et autres autorités spirituelles et religieuses du monde entier ont, officiellement, assuré leur engagement en soutien à cette action.

b) Nous allons relancer de la façon la plus dure l'action car désormais les délais techniques pour que ces objectifs soient atteints en 1982 sont sur le point d'expirer. Nous estimons en effet que si les décisions politiques aux différents niveaux européens et nationaux ne sont pas prises au plus tard au mois d'avril, l'objectif sera manqué, et l'extermination et l'holocauste s'accompliront une fois de plus et de plus en plus, entraînant le désordre international, un accroissement du sous-développement et la destruction des économies des Etats du Tiers et surtout du Quart Monde. Nous sommes donc, ces jours-ci et ces semaines-ci, engagés d'une façon dramatique mais aussi avec espoir, dans plusieurs directions.

Nous soulignons tout d'abord que, tant le nouveau Président du Parlement Européen Piet Dankert, que le Président en exercice du Conseil des Ministres de la CEE, et donc du Conseil ACP-CEE, le Ministre des Affaires étrangères belge Léo Tindemans, ont été parmi les auteurs de l'adoption, de la part du Parlement Européen, de la résolution contre la faim et le sous-développement. Nous devons, en outre, donner acte au Président de la Commission Gaston Thorn, de nous témoigner depuis un certain temps une attention nouvelle et favorable et, bien que cela ne vous surprendra guère, nous tenons à vous le confirmer. Le Commissaire Pisani pour sa part nous parait être pleinement engagé dans la direction de la résolution du P.E., après avoir dû évidemment faire face à de graves difficultés objectives pour agir en ce sens.

c) Mais c'est seulement avec une action politique de base et de masse, qui obligerait les médias de masse à intervenir pour transmettre l'urgence et la précision des objectifs de notre lutte, que nous pouvons encore espérer battre le décret de mort que le pouvoir établi continue à émettre dans les faits, et le muer, en décret de vie.

Nous avons donc lancé des pétitions populaires et, là où la loi le permet, des projets de loi d'initiative populaire pour imposer immédiatement aux gouvernements, aux parlements, aux institutions européennes, une nouvelle et définitive occasion de choix.

C'est ainsi que plus de 1000 Maires d'Italie, de tous bords politiques, ont pris l'initiative de souscrire les quatre premières pétitions ainsi que deux projets de loi pour l'exécution immédiate des objectifs de la résolution du P.E. et, en particulier, le 0,7 % en aide publique au développement tout de suite, 5 milliards d'ECU pour l'action urgente de survie des 5 millions de personnes en 1982, et la saisie du Conseil de Sécurité de l'ONU pour statuer sur le problème de la faim en tant que menace pour la Paix et la sécurité internationale.

Ce ne sont là que des exemples pour que vous compreniez à quel point notre mobilisation et notre lutte sont totales et sans réserves.

d) Nous devons à ce point souligner que nous nous sentons absolument sans soutien et comme isolés vis à vis des ACP et de leurs gouvernements. Dans de très nombreux pays ACP, le Manifeste des Nobel, la résolution du P.E., toute la lutte en cours, ont été soutenus par de nombreuses autorités religieuses, souvent expressions très minoritaires de la culture, des traditions et des institutions de vos pays. Nous leur en sommes d'autant pus reconnaissants mais il est malheureusement inadéquat et même en quelque sorte nuisible, que seuls les fidèles de l'Eglise Catholique aient été informés et qu'il n'y ait qu'eux à pouvoir soutenir et partager cette grande lutte.

Nous avions crû être autorisés à espérer et à nous attendre à plus. Ainsi, permettez moi de vous le dire, avec la franchise fraternelle et de camarade que j'ai l'honneur de vous devoir, il nous parait incroyable et grave que des parlements d'Europe, des pays nantis et le Parlement Européen, si souvent dominés par la droite des multinationales, ont pu répondre et dû répondre positivement aux luttes que nous menons, aux Nobel, alors que le "parlement" ACP-CEE, et sa composante ACP, ne se sont jamais prononcés dans cette direction et risquent de ne pas le faire, même dans ces semaines déterminantes et si dramatiques. Pourtant l'impression, au début légitime, du caractère marginal, utopique ou bien extrémiste de notre action ne semble plus être justifié par les faits. D'ailleurs, si vous comparez le "suivi" d'autres positions "majoritaires", "plus réalistes", "plus concrètes", il n'est, de l'avis même des auteurs de ces positions, pour éminents qu'ils soient, rien de plus de ce qu'il est, c'est à d

ire rien. En plus, notre capacité d'agir, même aux niveaux gouvernementaux et intergouvernementaux n'est plus, me semble-t-il, à démontrer.

Je dois loyalement vous dire que le fait que l'Assemblée et le Comité Paritaire ACP-CEE n'ont exprimé que des documents plus "prudents" que ceux de nombreux parlements des dix et du P.E. lui-même, devient presque le seul argument dangereux qui nous a été opposé et qui permet une sorte de quiétude obstructionniste dans les "hauts lieux" de la politique européenne de coopération.

Puis-je vous rappeler que Claude Cheysson, dont vous connaissez le scepticisme marqué face à nos démarches lorsqu'il était Commissaire à Bruxelles, en tant que Ministre des Affaires étrangères a déclaré que l'adoption de la résolution du P.E. sur le Manifeste des Nobel et la faim dans le monde constituait un "événement historique". Sauf exception, vous le savez, même au niveau des déclarations officieuses, aucun de vos gouvernements n'a estimé devoir ou pouvoir utilement manifester aussi solennellement et clairement son soutien à la décision prise par le P.E. qui représente 280.000.000 de citoyens d'Europe.

e) Ceci dit, je suis heureux de vous informer que, le temps aidant, la situation au P.E. en ce qui concerne mon action est nettement meilleure et il ne me parait pas impossible, selon ce que je crois savoir, qu'à la réunion du Comité vous en ayez quelques signes.

Si l'on devait effectivement proposer un comité ad-hoc pour les suivis de la résolution du P.E. et du Manifeste des Nobel, pour soutenir l'espoir et les chances de réussite dans les semaines et les mois prochains, de façon à ce que le Comité ACP-CEE soit protagoniste d'une action précise dans cette direction, je vous informe que - revenant sur la décision que j'étais obligé de prendre à Strasbourg, de ne plus subir obstructionnisme et discriminations - je suis pleinement disponible pour assumer les responsabilités conséquentes. Je pense avoir été clair: je ne me réfère pas à la "faim dans le monde", à son Comité ou à la résolution qui en émane, mais à une action nouvelle et immédiate, à terme, avec un délai impératif et au maximum de quatre mois pour un suivi positif à l'opération "au moins 5 millions de survivants pour le développement en 82".

Si des explications ultérieures et urgentes vous semblaient nécessaires vous pouvez m'atteindre par télex ou pour des rendez-vous téléphoniques à: Marco Pannella, c/o Groupe CDI, 3 Bd de l'Empereur 1000 Bruxelles, télex 63992, tel 511 61 55.

Mais j'espère surtout que les pays et les gouvernements ACP décident de s'emparer de ces objectifs et de cette opportunité extraordinaire. Dans ce cas, le résultat serait acquis. C'est une conviction fondée sur des faits qu'il serait tragique de sous-évaluer ou d'ignorer.

Excusez moi, cher et éminent ami, de la longueur de ces notes. Je vous assure de mes sentiments amicaux et dévoués.

Bien à vous

Marco Pannella

P.S. Pour votre information, je vous communique que 9 autres Nobel ont souscrit le Manifeste, dont 5 lauréats de cette année. En voici les noms:

Elias Canetti (Littérature), Kai Siegbahn (Physique), Arthur Schawlow (Physique), David Hubel (Médecine), Torsten Wiesel (Médecine), Bureau International de la Paix (Paix 1910), Wassily Léontief (Economie 1976), Arno Penzias (Physique 78), Louis Neel (Physique 70).

 
Argomenti correlati:
ambasciatore
cee
risoluzione
manifesto nobel
stampa questo documento invia questa pagina per mail