par Marco PannellaSOMMAIRE: Lettre aux membres des "Comités de soutien à l'action de Marco Pannella et au Manifeste des Prix Nobel" qui se constituèrent un peu partout en France au lendemain du lancement de la campagne "Trois millions de vivants, tout de suite", pour les inviter à une réunion d'organisation le 13 et 14 février à Paris. Dans la lettre, on fait aussi le point sur la campagne et on fournit les grandes lignes des projets d'initiative pour 1982.
(Langue de l'original: français)
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Bruxelles, le 2 février 1982
Cher(e)s ami(e)s et camarades,
Les délais techniques pour que le Manifeste des Nobel, la Résolution du Parlement Européen demandant de sauver 5 millions de vies en 82, l'action du Partito Radicale, et la nôtre - toutes initiatives ayant pour but d'assurer la survie en 1982 d'un grand nombre de personnes (de 3 à 5 millions) - puissent aboutir effectivement, sont sur le point d'expirer.
Nous le savions, et c'est précisément pour cette raison que ces dernières semaines ont été consacrées à la préparation d'actions susceptibles de nous permettre d'atteindre ce but qui peut - et donc doit absolument - encore être atteint, et qui est en quelque sorte notre "raison sociale", ce qui en fait nous unit: un objectif ponctuel et précis, un résultat à obtenir et non pas une campagne "pour attirer l'attention sur le drame qui se joue, etc...".
C'est également ce qui m'a fait suspendre ma grève de la faim: lorsqu'il était devenu clair que malgré les succès obtenus à tous les niveaux, si je sortais de scène d'une façon plus ou moins dramatique en poursuivant jusqu'au bout la grève de la faim (ce qui m'aurait porté au maximum à la fin Décembre) j'aurais été irrémédiablement hors de combat alors même qu'il y avait encore des chances de réussir, je n'avais alors logiquement pas d'autre conclusion à en tirer que celle de suspendre la grève.
Nous avons alors consacré notre temps à engranger d'autres armes démocratiques et non-violentes: nous allons ainsi pouvoir lutter avec plus d'espoir, sachant qu'au moins nous tentons le possible contre un "probable" intolérable.
Si nous chiffrons à environ deux millions et demi ceux qui sont exterminés chaque mois par la faim et la misère, il est évident qu'il est techniquement possible d'assurer la survie d'au moins trois millions d'entre eux au cours du dernier quadrimestre de 1982. Cependant, cela ne peut être réalisé que si la décision politique est prise à temps, ce qui veut dire que le délai maximum dont nous disposons pour conquérir ces décisions politiques au niveau de gouvernements et de pouvoirs internationaux - comme c'est nécessaire - est celui du printemps.
Nous devons comprendre le sens et le poids de chaque initiative en la replaçant dans le contexte d'actions entreprises simultanément dans plusieurs pays, en sachant que le premier pays où une décision adéquate sera prise entraînera une série d'autres dans la mesure où nous aurons travaillé à jeter les bases nécessaires à cela partout.
Comme vous le constatez, la France du Changement s'est démontrée d'une insensibilité intolérable malgré les grandes proclamations, tiers-mondistes, et totalement inintéressée aux buts qui sont les nôtres. Il est donc nécessaire et urgent de nous voir très vite et de discuter à fond ce qui peut et doit être fait.
C'est pour cela que nous vous proposons une réunion nationale française des comités de soutien, avec les parlementaires, les personnes et les groupes réellement décidés à tout faire pour tenter avec toute l'énergie de l'espoir d'arracher au moins trois millions de personnes en 1982 à la mort de faim et de sous-développement. Nous avons beaucoup de choses à mettre au point. Il nous faut nous organiser pour les pétitions, les comprendre, lancer d'autres initiatives, commencer à réfléchir à des actions non-violentes dans lesquelles nous pourrions nous engager ensemble nombreux. Le temps est à la réflexion intense et centrée sur notre objectif de vie. Il n'est pas aux tergiversations et aux doutes sur cet objectif. Ce temps entre nous doit être pris pour en gagner par la suite et pour mieux nous articuler entre nous.
Cette réunion se tiendra à Paris du samedi 13 février à 10 heures du matin au dimanche 14 vers 17h 30. L'adresse exacte vous est communiquée ci-dessous.
Cher(e)s ami(e)s et camarades,
Il ne s'agit pas d'une réunion importante mais normale. C'est peut-être en fait la seule que nous aurons eu la possibilité de faire. Alors il est important que chacune et chacun vienne, soit personnellement présent, même si le comité ou groupe est déjà "représenté", que l'on invite d'autres personnes qui partagent notre objectif et qui jusqu'ici ne s'étaient pas engagés, tout cela pour mieux nous connaître, mieux nous comprendre, et mieux engager une lutte qui demandera certainement quelques semaines durant, de "sacrifier" quelque chose d'important de notre "normalité" de vie et de travail, pour convertir ce "quelque chose" en arme non-violente de vie et d'espoir.
Je vous prie de bien vouloir nous répondre immédiatement, et nous annoncer, au fur et à mesure, le nombre de personnes qui participeront à la réunion.
Avec confiance et reconnaissance, je vous remercie d'y être. A bientôt.
Marco
P.S. La réunion est prévue au Centre de Conférences International, 102 avenue Kléber à Paris (Métro Trocadéro ou Boissière). Elle commencera le Samedi à 10 heures et devrait se poursuivre jusque vers 17 heures le Dimanche.