par Marco PannellaSOMMAIRE: Au cours du XXI Congrès du Parti radical de 1979 (29, 30, 31 mars et 1, 2 avril 1979 - Rome) Marco Pannella reprit un des arguments mis depuis longtemps dans le collimateur de la polémique radicale contre la gauche italienne et le Parti communiste en particulier, le thème de Via Rasella, le sens historique de l'épisode de la Résistance, ses connexions surtout, avec le terrorisme contemporain. Un peu moins d'un an auparavant, l'affaire Moro avait déchiré la gauche, plaçant le PCI dans la zone de la "fermeté" tandis que le PR (et, avec d'autres tons et nuances, le PSI) choisissait une ligne d'ouverture d'un dialogue qui permît d'avoir recours à toute voie utile pour le sauvetage de l'homme d'Etat; renonçant au préalable, de toute façon, à tout comportement respectueux envers un Etat qui vienne proclamer hypocritement ses prérogatives intangibles au moment précis où les signes de son impuissance et de sa crise morale, politique et historique, étaient le plus manifestes et douloureux. Comment ne pas re
marquer, dans ce contexte de discussion, qu'au début précisément de la récente histoire communiste, outre que partisane et antifasciste, on allait jusqu'à mettre dans une position centrale l'épisode de Via Rasella, l'attentat de ce lointain mois de mars 1944, lorsqu'un petit groupe de partisans, faisant sauter une charge d'explosif dans le coeur du vieux Rome occupé par les allemands, provoqua une hécatombe dans une colonne de SS du Haut-Adige moyennant une trappe meurtrière? L'attentat - c'est connu - déchaîna les représailles des allemands, qui s'abattirent sur 335 détenus de Regina Coeli, prisonniers politiques et de droit commun, massacré par des rafales de mitraillette dans l'obscurité de certaines carrières de pouzzolane abandonnées, le long de la Via Ardeatina. L'épisode était-il, ou n'était-il pas, un acte de terrorisme, de violence, inévitablement "matrice" du terrorisme et de la violence qui à nouveau prend de l'extension, quarante ans plus tard, dans le Pays?
Pannella fut sans équivoques. Si le terrorisme doit être dénoncé et attaqué, en même temps que le terrorisme d'aujourd'hui nous devons dénoncer, comme étant co-responsable, toute l'histoire de la violence de "gauche". Si Curcio est coupable, l'action de Via Rasella représente elle aussi une forme, condamnable, de violence homicide.
"Si les jeunes de l'action catholique sont des barbares et des assassins - avertissait Pannella - Curcio, qui sur la base de l'iconographie de Saint Gabriel et Saint Michel, écrase le démon du pied et devient justicier du dragon capitaliste (...), alors Carla Capponi aussi, notre Carla, médaille d'or de la Résistance pour l'avoir placée à Via Rasella, Antonello, Amendola et d'autres encore, doivent se souvenir de cette bombe. Nous devons dire que si nous avons un rapport d'"intimité" avec l'histoire fasciste, nous avons (...) le même rapport avec les pires bourreaux, avec mes camarades Togliatti et Curcio...". La réaction communiste à cette polémique fut de fureur. Le lendemain "L'Unità" donnait ce titre à l'exposé de l'Université: "La ligne Pannella: le PCI est un ennemi, Curcio un frère". La stratégie radicale était définie globalement comme "anticommuniste". Précédé par cet exposé, Pannella se rendait, dans la même matinée, au congrès du PCI. L'indignation et la rage des congressistes communistes explosai
t, provoquant aussi des attaques très dures de la part de Amendola et Lama. "Le discours fasciste de Pannella est une ignominie, ici il y a les médailles d'or de Via Rasella" c'était l'invective de Amendola; pour Lama "le parti des brigades Matteotti, de Sandro Pertini et de Riccardo Lombardi ne peut pas être confondu avec celui de Pannella". Le parterre sifflait longtemps le leader radical entré dans la salle en habit foncé, un loden bleu sur les épaules, presque un "vampire" ou un "Nosfératu", comme la presse du lendemain le rapportait, entre l'hostile, l'étonnement et l'ironie.
Dans ce livre ont été rassemblées, en plus des transcriptions des deux interventions de Marco Pannella au congrès, les opinions de ceux qui intervinrent dans le débat sur Via Rasella, la violence et le terrorisme.
("UN MASSACRE INUTILE ?") - De Via Rasella aux Fosses Ardéatines - par Angiolo Bandinelli et Valter Vecellio - Tullio Pironti Editeur, 1982, Naples)
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Organiser l'alternative contre l'unité nationale: le "Mein Kampf d'un non-violent
par Marco Pannella
Camarades, dans les dernières années les choses se sont déroulées de façon telle que c'est la première fois depuis le congrès de Vérone de 1973 (congrès qui, pour les radicaux d'aujourd'hui, appartient peut-être à la préhistoire de notre parti, même s'il s'agit, pour les problèmes qu'il affronta, pour les thèmes intérieurs et extérieurs qu'il prit en considération, d'un congrès très proche) que je prend la parole en tant qu'inscrit au parti radical, avec l'intention de faire une intervention en pleine liberté, non plus en tant que président du groupe radical à la Chambre des députés et pas même - comme cela s'est passé pendant deux ou trois ans - presque avec la fonction de "miroir aux alouettes", comme cela a eu lieu aux congrès de Milan et de Florence, pour y amener des gens par de véritables meetings publics. Aujourd'hui je peux parler, comme je l'ai dit, avec toute ma liberté regagnée, en qualité de simple inscrit au parti.
Permettez moi avant tout une observation, ce n'est pas un paradoxe: je crois que quiconque soit - comme on dit couramment - juridiquement indépendant, soit en réalité très souvent plus dépendant de celui qui réussit à comprendre que l'indépendance n'est pas une situation acquise à la naissance, qu'il faut protéger contre la corruption de la croissance et du dialogue, mais une hypothèse, aussi bien dans la vie des individus que dans la vie des sociétés, qui ne peut être que conquise et organisée: autrement, des indépendances et des autonomies sont certes possible, mais elles ne sont que transitoires, de "consommation" de l'indépendance et de l'autonomie que l'on a au moment où l'on commence à agir, avec l'illusion d'être les seuls à être libres, vu que le fait de s'organiser serait le prix que le libertaire devrait payer pour se défendre. S'organiser, c'est au contraire la seule façon de "créer" l'indépendance et la liberté: rien ne peut être obtenu sans détermination et sans quelque chose qui, à partir de l'
individu, concrétise, même de façon visible, même juridiquement, sa condition "sociale", indispensable pour qu'un homme soit un homme, que cela ne déplaise au Pape Wojtyla ou au cardinal Benelli ("applaudissements").
Je me sens donc, à nouveau, très libre, grâce au fait que je suis à nouveau organisé, sans limites d'opportunité juridiques. A ce propos je voudrais adresser une invitation à la réflexion à tous ceux qui sont dans cette salle; d'une façon générale, la pire des "cartes" est mieux que l'absence de toute carte. Je ne vous dis pas "inscrivez vous au parti radical"; je dis "organisons nous!"; ayons le courage de comprendre qu'en démocratie les individualismes ne sont pas fertiles (applaudissements"). Seul dans les sociétés gouvernées par des monarchies absolues, où existent des cours et des courtisans (que nous retrouvons dans les versions modernes: surtout à la tête du pouvoir économique, où nous trouvons les servants du pouvoir et les coffres-forts des bureaucrates), seul là-bas peut-être des "indépendances" individualistes peuvent encore être imaginées. Parce que là-bas - tout au plus - des "frondes" peuvent se manifester, mais jamais d'alternatives de régime et de système. Mais les cadres des partis bureaucra
tisés et asservis, de même que ceux du pouvoir économique, ne sont certainement pas des lieux de démocratie; il ne peuvent que permettre une liberté de courtisans aux courtisans, qu'il ne faut d'ailleurs pas charger toujours de trop d'indignité: Voltaire aussi était Voltaire mais il fut en partie aussi courtisan.
Si ensuite il vous était aujourd'hui possible - même s'il s'agissait de prendre votre quatrième ou cinquième carte - de vous inscrire au parti radical, vous feriez quelque chose d'important pour chacun de vous, mais surtout - excusez la présomption - quelque chose d'important pour sauvegarder la qualité de votre solitude, ainsi que pour mieux sauvegarder le droit d'avoir tous les dialogues que vous voulez ("applaudissements").
Ceci dit, je voudrais affirmer après vingt ans (et je ne dis pas réaffirmer; car celui qui a toujours accompli une action politique faite de lutte de classe, peut très bien se refuser de casser les couilles avec des proclamations continuelles de classe sur la lutte des classes, ainsi qu'il est toujours à la mode de le faire pour des chercheurs frustrés d'une dimension soit-disant ouvrière) que le parti radical n'est pas seulement celui qui dans les vingt dernières années a prouvé que l'intellectuel collectif "gramscien" (1) pouvait même vivre hors des imaginations des bibliothèques et des cours du pouvoir économique et politique, mais il a aussi été celui qui - seul, affreusement seul - a réaffirmé, intégralement, en s'affirmant précisément en tant que parti (face aux économistes, aux médiocrités, aux grossièretés favorables à la lutte de classe comme prétexte) que toute la beauté, le corps, le sexe, tout ce qui compte et qui fait que nous sommes des êtres vivants est déterminé par la condition et par la con
science de classe que chacun a et retrouve dans son histoire ("applaudissements").
Je le rappelle à ceux qui ont l'habitude de nous faire la leçon (chose que nous ne faisons à personne), aux anciens membres de la CEI (la conférence épiscopale italienne), qui eurent là un activisme tellement glorieux (et le terme est approprié) mais devenu par la suite tellement sordide et subalterne dans le sous-bois frontiste italien, qu'ils pensent aujourd'hui pouvoir nous accuser de politique catholique d'assistance. Je le rappelle à d'autres camarades très chers, qui viennent dire ici que nous radicaux sommes en train de nous enfermer dans une conception ultraléniniste du parti, alors que - au moment où ils pensaient que le léninisme était la formule gagnante et avant d'accueillir dans leurs journaux les lettres aux sentiments désespérés qui dans le passé s'adressaient avec espoir à nous - ils nous traitaient de drogués, de pédés, d'homosexuels, d'abortistes, de freak, de marginalisés, avec lesquels les partis ne devaient pas avoir à faire (avec cette poudre d'hommes, avec cette merde de la classe, ave
c cet excrément de l'histoire). Je le rappelle à certaines féministes qui croient devoir nous apprendre quel est l'avortement "correct" (après une analyse "correcte"), à Emma (2), à Adele (3) et même au dernier des hommes radicaux, et nous ne savions pas où ils étaient au moment où ces batailles nous amenaient en prison mais aussi à inventer les premières structures effectives de réforme sanitaire et humaine dans notre pays, dans les appartements, dans les pavillons, dans les maisons où opérait le CISA, risquant de se mêler aux mains salies par sang et l'argent.
Je rappelle tout cela pour que l'on ne continue pas à essayer ponctuellement de frapper en nous, comme le dernier des Gabrio Lombardi et des monseigneurs ou des bureaucrates du PCI, les démons qui appartiennent au contraire à leur histoire interne et qu'ils doivent exorciser bien autrement.
Nous sommes aussi accusés même, me semble-t-il, par les très chers camarades qui écrivent "Lotta Continua" (4), outre que par ceux qui écrivent le "Manifesto" (5) (même ci ces derniers le font de façon plus élégante, car il s'agit, comme je l'ai toujours dit, du seul journal de "grande classe" que nous avons dans la "gauche") ("applaudissements")... Je vous avertis que vos sourires, vos rires seront considérés demain comme des manifestations plébéiennes devant Marco le cabotin, qui vient vous parler, car eux fournissent des manifestations communautaires d'orgasme chaque fois qu'ils entendent une analyse "correcte", mise à jour sur la dernière Chine, sur le dernier Chili, sur le dernier Vietnam, sur la dernière chose qui se passe dans le monde, en général le contraire de ce qu'ils avaient prévu lors de la précédente "analyse correcte"!
Un congrès électoraliste?
Nous sommes entre autre accusés de tenir un congrès électoraliste, parce que nous nous occupons de questions électorales. Mais je souligne que celui-ci est le 21ème, le 21ème!, Congrès du parti radical: le 20ème s'est déroulé il y a cinq mois à peine à Bari et il fut accusé (même si à tort, tellement que nous avons dû nous en plaindre) d'être expression de la monomanie référendaire des radicaux. Aujourd'hui - au contraire - nous sommes électoralistes, moi je suis toujours un cabotin, vous - même s'ils ne le vous disent pas clairement - vous n'êtes pas des prolétaires mais des plébéiens, ou une petite classe moyenne frustrée, prêts à vous agréger pour nos exhibitions, qui sont normalement fournies - ainsi semble-t-il - par nos congrès radicaux.
Pour ceux-là notre pensée, notre histoire, ne comptent rien. La durée intérieure - qui, je le répète, car c'est important, est la forme réelle de toutes choses - de même que celle extérieure, existent effectivement parmi les radicaux, camarades de Lotta Continua. Nous avons toujours été et nous sommes humbles, mais ne confondons pas l'humilité franciscaine avec cette vertu lugubre qu'est la modestie: nous avons au contraire toujours été "immodestes", dans nos objectifs, nos espoirs, nos amours, dans notre façon d'imaginer les affrontements auxquels nous pouvions - camarades des directions révolutionnaires! - vous inviter, camarades qui très souvent ne vous aperceviez pas - vous! - qu'autour des tables (que sont les sections radicales) placées dans les rues, finalement, en 1975, les camarades du Manifesto, ceux de Lotta Continua, ceux de Democrazia Proletaria, les militants de la base trouvaient quelque chose à faire, autre chose que les cortèges martiaux ou les logomachies idéologiques et vous censuriez leur
présence car elle ne rentrait pas dans la tactique établie par les directions de vos partis ou de vos journaux respectifs; et pourtant, cela permettait d'importants succès et peut-être aussi des formes d'unité, conséquentes à l'"immodestie" de l'imagination et aussi de la discipline radicale.
Si nous nous réunissons aussi souvent - camarades des directions "révolutionnaires"! - c'est parce que nous sommes habitués à agir sans le filtre de vos délégués qui se comptent; nous, exposés aux vents, certaines fois au bora ou aussi au sirocco suffoquant et mauvais de présences non appréciables, nous sommes habitués à décider ensemble, collectivement, en communion - comme d'autres diraient - car nos décisions doivent répondre non seulement à l'actualité que nous avons essayé d'imposer à la lutte politique, mais aux actualités que la lutte politique à réussi à nous imposer.
Il est donc sérieux, nécessaire, démocratique, de discuter d'élections sous les élections, de même qu'il est certainement démocratique de discuter sous les élections du bilan de la période entre une élection et l'autre. Il est démocratique de ne pas faire de l'électoralisme, mais ça c'est nous qui devons vous le rappeler. Electoraliste, en réalité, est celui qui change, ne fut-ce que d'une virgule, le discours qu'il tenait le jour avant l'annonce d'élections probables, dans le but de s'introduire dans le moment électoral ("applaudissements"); et c'est vous, pas nous, qui le faites!; on ne se réunit pas pour essayer de trouver un angle technique approprié pour défendre même la dernière virgule de son discours intact dans le moment électoral.
Je n'aime pas me donner bonne conscience à bon marché, mais j'aime tant - et les camarades savent combien, car ils l'ont prouvé les années passées - dire aux Marco Boato, et aux autres camarades qui ont parlé ici, de faire très attention en ébauchant à notre égard le soupçon de léninisme ou d'électoralisme. Nous avons mieux à faire que de nous disputer avec vous, que d'éplucher vos comportements; nous devons lutter sur le front démocratique de classe de l'alternative et de la défense de la vie. S'il n'en était pas ainsi, nous pourrions en dire des belles, même si douloureuses.
Camarades de Democrazia Proletaria, camarades du PDUP (6), camarades de l'"aire" (mais s'il y a toujours quelqu'un qui parle d'"aire", mieux vaut que vous le vous fassiez ce mouvement organisé, car au moins vous seriez responsables quant à son organisation) ("applaudissements"): que ceux qui ces jours-ci sont en anxieuse recherche électoraliste (même compréhensible, car on se rend compte de combien peu de responsabilité il y avait dans les comportements tenus hier encore), cherchant de calibrer à nouveau les langages, de proposer à nouveau des points de vue unitaires d'espoir là où il y avait séparatisme, désespoir et amertume, sachent que nous sommes ici pour dire que nous voulons une fois de plus que ceux qui le 10 juin auront voté radical ou auront réfléchi avec les radicaux pour voter de façon différente, se retrouvent, le lendemain mais aussi un an plus tard, plein d'optimisme et d'espoir car les raisons pour lesquelles ils ont voté radical, toutes modestes qu'elles soient, auront été respectées et n'au
ront pas produit les Corvisieri, les divisions ou toutes les choses qui ont un goût d'amertume et d'échec ("applaudissements").
Hier le camarade Rodotà (7) soulignait à juste titre que notre soi-disant proposition technique-électorale est une proposition politique à tous les effets. Mais là où la proclamation idéologique et celle politique sont des hémorragies contre la moralité politique (ce qui signifie faire suivre les paroles par des actes), nous nous chargeons de sauvegarder, dans les moments déterminants, les raisons de chacun, les grandes perspectives et les grands espoirs, pour offrir dans sa nudité (qui est belle elle aussi) l'instrument technique, le chas de l'aiguille à travers lequel doit passer l'espoir d'un jour meilleur (3 ou 11 juin que ce soit). La nôtre est donc une proposition technique mais pas une proposition de technocrates; c'est un conseil technique: nous avons la responsabilité de proposer les instruments à ces ouvriers de la révolution manquée. Il faut aussi rappeler, en effet, que la grandeur ouvrière dans l'histoire réside aussi dans le fait que l'on passe de la confrontation imprécise de la plèbe, des chô
meurs, du petit peuple, avec les moments de l'exploitation, à la confrontation précise de l'ouvrier qui a de la familiarité et un contact obligé avec des processus et des instruments précis, avec des lieux et des faits déterminés. C'est ainsi que la grève devient imaginable en tant que grande lutte révolutionnaire, à la place des émeutes ou de l'attente de l'embuscade à tendre au gendarme, au percepteur des impôts ou recruteur.
Voici notre centralité
Donc, une proposition pleinement politique, mais aussi une proposition qui, sans triomphalismes et avec sens de responsabilité, doit correspondre à la conscience de notre centralité; que nous n'avons pas souhaité, mais qui est désormais évidente. Nous avions toujours souhaité de vivre pour un court laps de temps, pour nous dissoudre non pas dans le triste "cupio dissolvi" des seringues ou des P38 (8), mais pour nous dissoudre le plus vite possible dans des formes plus amples d'unité organisée de la gauche socialiste et libertaire. Nous étions radicaux pour finir vite - le plus vite possible - en tant que radicaux dans l'organisation du protagoniste socialiste. Nous avions et nous avons, donc, le devoir de nous rendre compte de notre centralité entre le PDUP et DP (9), de la possibilité de dialogue et de responsabilité, qui est passée et qui passe à travers la centralité de l'initiative radicale. La possibilité pour les camarades de Lotta Continua de rapporter leur journal à ce qu'il fut, qualitativement et q
uantitativement, dans la saison du référendum, il y a un ou deux ans, en le sauvant du désastre qualitatif et quantitatif d'aujourd'hui, passe aussi à travers la centralité, sans complexes et sans triomphalismes, du dialogue auquel nous radicaux devons contraindre tous ces camarades sans les différentes "Licola" qu'ils retrouvent soudainement sur leur chemin lorsqu'ils découvrent, excusez du peu!, le corps, la musique, et tant d'autres choses: et pourtant, ils font en sorte que ces découvertes soient réduites à un nouvel abîme où précipiter et se noyer.
Dans le Sud-Tyrol une gauche alternative détruite, rendue catholique, pleurnicharde, pleine d'évasions, de marginalisations, douloureuses; avec Alex Langer qui était sur le point de quitter non seulement Rome mais peut-être aussi l'Italie: avec les autres camarades ennemis d'eux-mêmes et des autres, comme lorsqu'on ne se rend pas compte (car, en tant que petites églises et sectes telles que l'on devient, on s'enferme dans la haine et les pleurs), que l'on est battu par l'ennemi, et l'on va toujours au contraire chercher la responsabilité du voisin; là, dans le Sud-Tyrol, nous sommes allés consciemment pour reconstruire notre parti sur le plan électoral et pour contribuer au sauvetage de la grande richesse humaine représentée par les camarades qui avaient représenté dans cette région, dans les années qui vont de 1965 à 1970, pas nous mais ce que nous représentions ailleurs.
Et la centralité radicale est telle qu'elle ne tolère pas l'erreur de revendiquer ou de défendre l'appartenance prétendue des radicaux - que le "Quotidien des Travailleurs" découvre aussi à l'improviste - à l'"aire", au "mouvement". Ni il est possible d'accepter cette histoire de l'unité avec le mécanisme suivant: il y aurait une opération sociale, DP, et une opposition démocratique-bourgeoise progressiste des bourgeois honnêtes que nous serions. Et dans les moments difficiles - disent-ils - il faut bien s'unir, tout révolutionner, en unissant la gauche sociale, la gauche de classe, des phénomènes sociaux et la sinistre politique démocratique-bourgeoise constitutionnelle qui fait partie malgré tout - on s'en souvient quelque fois - du "patrimoine de classe". On le dit. Mais, hélas, il n'en est pas ainsi! Si j'étais en effet convaincu que la camarade Gorla ou le camarade Capanna (pour ainsi dire le meilleur dans ses activités dans les institutions) représentaient la gauche sociale, la gauche de classe, je ser
ais à leur côté, et pas ici, car je ne crois pas que Tocqueville, Bertrando Spaventa, toute la grande pensée bourgeoise de la droite historique, de l'état de droit, puissent être étayés par autre chose, comme le pensait Gobetti (10), que la gauche de classe. Mais dîtes moi alors pourquoi depuis vingt ans la bureaucratie intolérante (surtout contre les communistes, contre les socialistes, contre les camarades) paye un traitement et neutralise dans des fonctions de cadre Antonio Lettieri, Elio Giovannini? Comme s'ils pouvaient parler, à eux seuls, en termes sociaux, de la classe, et plus que nous! C'est absurde, n'est-ce-pas? Au cas où, ils représentent la ramification, peut-être l'expression la plus digne de la contradiction subalterne de la bureaucratie du syndicat, qui a intérêt à avoir ce moment de couverture au sommet au lieu qu'à la base.
Cette caricature d'unité, donc, ne nous émeut pas. Ou nous la réalisons aussi en chacun de nous, dans notre façon d'être quotidienne, ou nous aurons une gauche de classe incapable de se poser comme préfiguration de l'ordre nouveau de l'Etat. Mais une gauche qui n'a pas cette capacité est destinée à être battue, comme toujours; de même que cette gauche bourgeoise et libérale qui penserait pouvoir réaliser l'alternative de l'Etat de droit, de la loi égale pour tous, de l'égalité des points de départ, du respect des droits de conscience, mais sans effectuer le choix "gobettien" de classe. Elle serait encore une fois elle aussi vaincue ou elle devrait se transformer en "indépendants de gauche", pour avoir, en échange de l'échec, les moments de légitimation pour rester là où on l'on célèbre tous les jours le procès et la messe socialiste et communiste de légitimation de ceux qui ne sont pas tels, pour fournir une couverture aux bureaucrates bourgeois, très bourgeois, qui dominent historiquement le mouvement démoc
ratique de classe. On a réussi ainsi à effacer du syndicalisme italien celle qui était après tout une caractéristique des travaillistes anglais d'un temps, celle des Trade Unions, celle grâce à laquelle les syndicats et les partis peuvent fournir ensemble une alternative démocratique de classe! Seul les syndicats et les partis unis, même du point de vue de l'organisation, avec malgré tout des autonomies spécifiques, peuvent proposer une organisation démocratique du monde du travail, fondée sur la lutte des classes, contre l'organisation démocratique et fondée sur la lutte des classes (mais favorable à la collaboration entre classes sociales dans sa couverture) du monde de la production capitaliste qui agit à travers des structures de clientèle et bureaucratiques.
Ne pas répéter le massacre de 1972
Vittorio Foa, Lelio Basso, Tonino Lettieri (lorsqu'il écrivait à propos d'idéologie et non pas des circulaires), tous reconnaissaient le caractère nécessairement de classe, sous peine de mort, des idéaux bourgeois de la révolution française. Nous ne pouvons donc accepter cette mise en scène: on s'insulte jusqu'à la veille , puis on se rencontre, on s'auto-gratifie comme gauche de classe, on fait une courbette à celui qui "doit" être démocrate-bourgeois: "Enchanté, honoré de faire un bout de chemin ensemble!". ("applaudissements"). Je crois que la gauche de classe soit déjà ici - pas ailleurs -, et c'est justement pour ça que notre proposition technique devient une proposition politique. Nous disons que, soit qu'ils aient tort ou que nous ayons tort, que ce soit demain que naissent de notre sein les Corvisieri ou que naissent de leur sein les Emma Bonino, il n'y a pas de problème: pour nous pas un seul vote ne doit être amené au massacre de 1972, auquel ils se préparent à nouveau. En ce qui me concerne je con
firme que, si Mimmo Pinto (11), Marco Boato, ou d'autres, sans avertissement, sans organisation, malgré les mauvaises habitudes de Marco qui ressortent dans ces moments désespérés, le voudront, nous pourrions leur assurer d'être prêts à donner un coup de main aux camarades de Lotta Continua qui restent, si de cette façon on réussit à freiner la course de leur désespoir, et sauver un potentiel énorme de "propreté". Nous voulons leur donner, comme à Alex Langer à Bolzano ou à Sandro Boato à Trente, la possibilité de nous dire, le 11 juin, "au revoir et merci"; nous avons été élus avec vous mais à présent, vu que nous sommes à nouveau armés de quelque chose, nous recommençons à organiser le mouvement, le parti, l'aire; ce qu'ils voudront!. C'est une richesse à ne pas perdre. Je ressens comme une perte pour le parti radical et pour le protagoniste socialiste le passage de quiconque de l'espoir au désespoir, de l'optimisme de la volonté à la résignation ou au cynisme ("applaudissements"). Notre centralité est la
vôtre, camarades, lorsque nous sommes réunis comme ce matin, c'est une centralité qui ne concerne pas la donnée un peu raciste de ceux qui sont âgés de vingt ou vingt-cinq ans (même si nous sommes arrivés à ceux âgés de trente-cinq ans de la période qui va de 68 à 77). Il y a toujours eu, même dans les choix des moyens de lutte, un racisme féroce, bien qu'instinctif et non conscient, dans les soi-disant révolutionnaires de 1968-77: un choix de lutte qui marginalisait le troisième âge, tout au moins parce que l'on exigeait que l'on fut au moins capables de courir dans la rue ou de résister pendant dix heures dans les assemblées.
Cela empêchait la sortie de la mort civile de tous ceux qui ont été condamnés par le système capitaliste à être à un certain point rayés du processus de production pour le seul fait d'être titulaires de cette vieille conquête de la classe ouvrière qui s'appelait pension, mais qui est devenue aujourd'hui un élément de malédiction, de peur, ayant été réabsorbée par le peu de conscience de classe, par le peu de conscience que l'on ne peut être de classe si l'on ne pense pas, si l'on ne sait pas, si l'on ne considère pas avec amour le corps, le lit, tout; l'âge aussi est de classe et là se trouve le front sur lequel nous devons nous défendre et gagner, pour les adversaires aussi, au nom de l'espoir d'une classe qui est légitimée - mais non par les idéologies - pour être un point de référence obligé.
L'histoire prouve qu'il n'est absolument pas vrai que le plus grand nombre ait toujours été porteur du meilleur. Seul celui qui le sait peut avoir confiance dans le plus grand nombre et ne pas s'abandonner à des populismes et des démagogies.
Ce type de classe dirigeante, qui considère le socialisme uniquement comme une occupation de la classe du socialisme, continuera à mettre en relief des personnages comme Palmiro Togliatti (12), pour en placer d'autres dans l'ombre, peut-être même au niveau européen, comme Jean Jaurès ou même Turatti et d'autres sociaux-
démocrates qui étaient, pour leur humanité tout au moins, socialistes et qui jamais, pour aucun motif, pour aucune raison de parti, pour aucune crainte, ne se seraient transformés en bourreaux et assassins des camarades avec lesquels ils avaient vécu toute leur vie ("applaudissements").
Le troisième âge, lorsque la vie est affreuse...
La nôtre, donc, est une centralité par rapport au troisième âge, de même qu'elle est centralité par rapport à la femme italienne prolétaire et sous-prolétaire, à chaque femme, même de classe moyenne, qui ait été maintenue pendant toute son existence dans des conditions prolétaires et sous-prolétaires. Elle est centralité par rapport à cette femme qui avait la foi comme seule concession, la possibilité de croire: lorsque tout s'écroule autour de toi, lorsque la vie est affreuse, lorsqu'il ne reste qu'à se suicider et tuer ou se résigner ou espérer dans l'au-delà. Le jour où la grand-mère, âgée de soixante-dix ans et toujours exploitée, qui a toujours voté "démocratie", c'est à dire Démocratie Chrétienne (13), comprendra ces choses-là, la femme aura gagné sa bataille historique contre ceux qui ont massacré la religiosité, la femme, la classe ("applaudissements").
La nôtre est l'union des mains ouvertes, de ces mains qui serrent la plume seulement de façon occasionnelle, lorsqu'elles signent sur les trottoirs pour les référendums. Les mains de celles qui viennent signer après qu'on leur ait appris que de cette façon elles peuvent vraiment être des femmes ou gagner leur bataille pour l'amour (elles veulent dire par cela: pour le mariage) sont des mains pauvres, même lorsqu'elles sont trop vernies; ou alors il y a les mains vernies comme pour l'amour, celles des mamans pendant leur jour de congé une fois par semaine. Ce sont des mains ouvrières, mais pas de celles qui sont représentées sur des affiches qui se ressemblent dangereusement, au niveau du style, dans le réalisme fasciste ou socialiste ("applaudissements"). Ou ce sont des mains solides et dures, jamais tordues, celles de ceux qui (il y en a encore) furent pêcheurs et qui sont abîmées par l'arthrite et qui votèrent elles aussi très souvent "démocratie", Démocratie Chrétienne. Ou ce sont des mains rendues roses
par la lessive, même à présent qu'il y a des machines à laver: maintenant il suffit d'un contact minimum avec les super-savons pour réduire les mains dans le même état que celles qui s'usaient pendant tellement d'heures passées à laver le linge avec la vieille "lessive".
La centralité radicale est aussi cette intuition que nos adversaires ont eu avant nous, avec la recherche conséquente de nous bâillonner, de nous défigurer et d'empêcher que les gens nous connaissent et nous jugent pour ce que nous sommes effectivement: j'ai toujours plus la présomption de croire que, quel que soit notre aspect extérieur, de celui de Mario Appignani à celui de Jean Fabre, les gens, s'ils nous connaissaient, sauraient nous reconnaître, et se reconnaître en nous.
Ce problème de l'information honnête comme condition de la démocratie est un problème fondamental. Certes, en cela nous sommes "bourgeois", par nos idéaux. Mais nous sommes ensuite et avant tout socialistes et socialistes "romantiques", c'est à dire les seuls "scientifiques" du début du siècle, celui des certitudes historiques et non pas des vérités absolues. Pour nous il n'est pas possible qu'il ait une démocratie qui ne soit pas fondée sur le savoir du plus grand nombre et de tous, sur l'information pour tous, sur la possibilité que tout le monde juge tout le monde, d'Almirante à Pannella ("applaudissements"). Si le Pays avait su, comme il avait le droit de savoir, grâce à un livre contradictoire, ce qu'étaient Almirante et le MSI (14) (et c'était avant tout le droit d'Almirante (15)), en 1964, en 1965, en 1966, il ne leur aurait pas été possible de faire l'apologie qu'Almirante, le MSI, les paléofascistes faisaient alors du code Rocco (16), des lois fascistes, du corporatisme.
Et cela n'aurait pas permis à la gauche traditionnelle sa politique de défense des lois fascistes et des codes Rocco, des codes Reale (17), des tribunaux militaires, des lois immondes sur l'avortement d'état de Giovanni et Enrico Berlinguer (18) et du cardinal Benelli. Avec Almirante à la télévision, le pays aurait mieux compris ce qu'a été le fascisme et ce qu'a été l'antifascisme. Mis à part le fait que l'"antifascisme" féroce contre Almirante n'existait pas contre Michelini (19): c'est que Michelini est un fils d'art, il sait parler beaucoup mieux qu'eux et par conséquent ils en avaient et ils en ont peur.
Oui, il y eut une dignité du fascisme
Mais qui a jeté Almirante dans la poussière? Ceux qui ont eu besoin de ne pas faire savoir qu'à Bologne - il y a quelque temps - une Cour d'Appel, a acquitté en cinq minutes Almirante de l'accusation d'avoir été un fusilleur, après avoir fait tant de démagogie, pendant cinq ou six ans? Ça c'est passé il y a un mois, mais vous n'en savez rien: sur la base de jugements précédents de la magistrature on avait dit qu'Almirante était un fusilleur, mais cette Cour d'Appel de Bologne a donné raison à Almirante en cinq minutes. Et nous savons qu'à Bologne personne ne peut être en désaccord radical avec le pouvoir des Zangheri: pensez donc si une Cour d'Appel pourrait ne pas entendre le rappel de cette organisation implacable de la ville, de la région, des classes sociales. Si cette Cour d'Appel avait eu tort tous les journaux auraient écrit à propos de ce jugement. Au contraire, personne n'a rien su.
Mais - disais-je - qui a donc vraiment "consommé" Almirante? Qui a réussi à faire de lui une caricature, c'est à dire ce qu'il est? Car il n'est pas une épave fasciste: le fascisme est quelque chose d'une dignité bien supérieure et bien plus terrible. Giorgio Almirante n'a rien à voir avec ça. Les exécuteurs, les killers, les instigateurs, ne sont pas le fascisme d'aujourd'hui. Répétons le jusqu'à l'ennui: le fascisme est Oronzo Reale à la place d'Alfredo Rocco, c'est Pedini à la place de Giovanni Gentile (20). Almirante serait-il fasciste? Non, Moro (21) est fasciste ainsi qu'une personne de la gauche historique que j'aime beaucoup - je dois avoir le courage ces jours-ci de répéter ce que j'ai écrit il y a dix ans - comme Ugo La Malfa (22). Ugo La Malfa, Giuseppe Saragat (23), sans le vouloir et sans le savoir, ont au cas où la dignité historique d'avoir imposé et proposé, dans les vingt dernières années, un processus de crucifixion, par réalisme politique, de notre République, de notre âme, des fils qui vi
endront, aux lois de Giovanni Gentile et de Rocco, qui ont été de plus rendues immondes au niveau technique aussi.
A droite aussi il y a des bouffons, des cabotins: nous ne devons pas penser que le cabotin soit uniquement de gauche uniquement parce que Dario Fo nous l'a appris. Quand ce cabotin, celui qui se présentait et qui était présenté comme l'héritier de Benito Mussolini, est allé faire le zouave pontifical à l'occasion du référendum sur le divorce et que la moitié de son électorat (qui en 1972, deux ans auparavant l'avait plébiscité) l'abandonne pour venir voter avec nous; quand ce cabotin en est réduit à présent à demander aux femmes du MSI de faire le "féminisme national" ("applaudissements"), cela prouve encore notre centralité et il le prouve lui aussi. Car la nôtre est une centralité de classe, avant tout pour celui qui a voté communiste, mais aussi pour celui qui a voté Démocratie Chrétienne et pour celui qui, induisant alors en grave erreur les camarades de Lotta continua et Adriano Sofri (24), se faisait commander à Reggio Calabria, dans la révolte populaire, par Ciccio Franco (25); et pour celui qui votai
t pour ceux qui ensuite les auraient historiquement et nécessairement exploités, et jetés dans le désespoir, comme Lauro, qu'ils votaient parce qu'ils l'aimaient.
Le Mouvement nous accuse: "ultraléninistes!"
Telle est notre centralité, que nous le voulions ou pas. Mais nous devons la vouloir, camarades! Nous devons nous dissuader, nous pouvons éviter de nous inquiéter d'être accusés d'"ultraléninisme": je comprend qu'il soit gênant d'avoir chaque jour à quoi faire avec ces accusations et ces soupçons à notre égard, des accusations qui nous viennent de l"aire" et qui vont de "bourgeois" à "exhibitionniste". Que voulez-vous y faire, chacun a sa croix et nous sommes attachés à ces camarades! Personnellement, je suis un "repris de justice" car il y a dix ans j'ai été, sans rien demander, directeur de Lotta Continua lorsque personne ne voulait le faire. Je n'ai pas de passeport, car tout étant député de la République j'ai refusé d'avoir un passeport sans avoir la certitude que les 60 autres camarades incriminés comme moi en tant que Lotta Continua auraient récupéré eux aussi leur passeport. C'est mon provincialisme, raison pour laquelle vous me verrez difficilement à Varsovie ou ailleurs, sauf dans les pays du MEC. T
out ça parce que j'ai été marqué comme un membre de Lotta Continua, un des organisateurs des tueries de Trente ou de chose de ce genre-là. Et ça jusqu'aux trente millions prêtés l'autre jour à L.C. Je suis - certaines fois - comme ces enfants gâtés qui pensent que tout leur est dû mais qui, dans un rapport d'haine-amour, reprochent aussi à papa et maman de leur avoir trop donné: d'une part ils exigent, mais de l'autre ils ont honte d'avoir trop reçu. La centralité doit être conséquente à notre dessein alternatif statutaire démocratique de classe. Mais selon vous est-il possible que malgré le fait que 43% des italiens aient voté "Oui", nous nous consacrerions à la rapine des camarades militants non radicaux qui comme nous ont recueilli les signatures du référendum.
Mais comment: si nous n'étions pas là pour dire (bien qu'ils nous couvrent de merde et qu'ils nous disent qu'il s'agissait d'une alliance radical-fasciste), encore à présent, que nous défendons tout le monde, tous ces "Oui" (sans aller compter avec une lanterne ceux qui sont "bons" et ceux qui sont "mauvais", le sport préféré de ceux qui ne sauvent même pas le 23% qui a voté contre la loi Reale), que devrait-on dire du 60% qui vota pour le divorce en 1974? Alors aussi le PDUP (alors Manifesto) était en partie contre les référendums. Mais nous devons présenter et reconnaître les choses telles qu'elles sont, nous devons reconnaître que nous devons ces victoires à ceux qui n'étant pas de gauche ont tout de même voté avec nous, afin que d'autres se coalisent aussi autour du drapeau des droits civils et de classe.
Dans le message à notre congrès, écrit le jour où il fut tué, il y a une très belle page de Pasolini (26), où il dit: méfiez-vous de la récupération que feront les intellectuels communistes et marxistes, les petits groupes, etc., parce qu'alors elles ne vaudront plus un sou. Les droits civils pour celui qui est camarade, c'est à dire pour nous? D'accord. Mais pour l'"autre"? Je ne connais qu'un "autre": le fasciste; puisque l'antifascisme est la quintessence de l'activisme radical, à tous les niveaux. Je pense que les Ernesto Rossi (27) et Terracini (28) ont lutté précisément pour qu'il n'y ait plus de Rossi, de Terracini ou même de gamins mis en prison parce qu'ils lisaient Nietzsche il y a dix ans, aujourd'hui Cacciari ou Evola. Ils avaient peut-être même acheté "Mein Kampf" à un bouquiniste mais ils ne pouvaient pas le lire, sans aller en prison ou sans être criminalisés, ils ne pouvaient pas avoir leurs frémissements, leur compensation de ce que le hasard leur avait offert.
Nous sommes tous fascistes, sept fois par jour
Donc, notre "autre" est le fasciste; à mieux dire: "je pense que chacun de nous soit fasciste sept fois par jour, c'est à dire qu'il ait des comportements fascistes". Notre "autre", chers camarades de l'"Unità" (29), le fasciste par le comportement, aujourd'hui - par exemple - c'est vous! ("applaudissements"). Quel est le "fascisme" qui nous fait peur? Celui de Pino Rauti? Quelle est, en Italie, la force "fasciste"? Gianni Agnelli (30), le grand capitaliste, Baffi, Infelisi? Nous radicaux répondons que non; mais alors nous disons aussi qu'aujourd'hui on ne meurt pas de "fascisme". Nous savons que le fascisme est une chose grave; le fascisme est la guerre, le fascisme est l'impérialisme, le fascisme c'est être macho. Mais le fascisme est aussi le pouvoir qui ne fait pas donner un relief journalistique à certaines nouvelles par autocensure (comme cela arrivait sous le fascisme), comme pour certaines nouvelles arrivées d'Amérique à propos de la centrale nucléaire. Je n'ai pas vu les articles des grands journali
stes, ni celui de Di Bella, ni celui d'Afeltra, mais je sais que s'ils avaient agi en journalistes ils auraient consacré toute la première page non pas aux trois heures de Berlinguer brûlées par la télévision (car entre la radio et la télévision, toutes les trois heures ont été diffusées à 50 millions d'italiens), mais à cet événement, que la télévision d'Etat n'a repris qu'ici et là; car aujourd'hui il faut mourir pour l'Enel (31), au lieu qu'en Libye et en Albanie! ("applaudissements").
Camarades non radicaux qui êtes ici présents: allez leur dire que nous n'insultons pas les camarades! Car, lorsqu'ils nous accusaient pour cela d'être des vers dans la coalition de gauche, nous avons toujours dit que pour nous personne n'était un ver et qu'il n'y avait pas de rats à refouler dans les égouts. Mais il y avait simplement les "autres" et les autres n'étaient pas les antifascistes, mais les fascistes. Nous avons même refusé d'injurier les "missini" (32); pour ne pas les injurier, outre que pour ne pas caricaturer le fascisme. Ce n'est pas par colère, ce n'est pas par manque d'amour en tant que camarades, que nous sentons aujourd'hui que vous aussi vous êtes le "fascisme". Car fascisme sont les lois fascistes, les organisations économiques nationales et internationales fascistes. Si la participation à l'association est le paramètre de la démocratie d'aujourd'hui, de cette démocratie nous avons déjà le grand juriste, le grand homme politique, le grand syndicaliste (dans cette grande démocratie part
icipée: et sans que cela déplaise au camarade Ingrao, parce que je ne me réfère pas à lui) qui s'appellent Alfredo Rocco, Rossoni, Bottai.
Ils n'ont aucun travail à faire, tant et si bien que lorsque Giovanni Berlinguer (fantastique camarade de Médecine démocratique, jusqu'au moment où l'on découvre la démocratie d'association et participée) devient législateur sur le problème de l'avortement, il fonde son "compromis" sur la récupération culturelle d'une notion qui dans l'histoire italienne peut être retrouvée uniquement dans les positions de Nicola Pende, de Gedda et du Père Gemelli (conception d'un matérialisme grossier qui fait peur au vrai matérialiste et à tout humanisme: pensez donc à celui communiste libertaire, marxien) pour affirmer, avec une partie minoritaire de l'Eglise (avec Saint Basile contre Saint Augustin), qu'au moment où se déclenche un processus biochimique on a déjà l'homme, toute la personne, dans sa dignité, et que donc la loi est faite pour protéger cet homme et non la femme victime des lois fascistes encore en vigueur ("applaudissements").
Mais quand on arrive à de telles dimensions culturelles, scientifiques, intellectuelles, il n'y a aucune différence avec les raisons pour lesquelles le communiste et antifasciste Togliatti (33) devint, de 1936 à 1940, le bourreau de la mémoire et de l'humanité de Trotzky, de Bukarin et de tous ses camarades communistes, devenant ainsi, pour une raison d'Etat, de parti et de communisme, complice du bourreau.
Le camarade Berlinguer doit faire attention à ces choses-là. Je ne pense jamais que ceux qui sont différents de moi soient pires que moi. Cette histoire de Benito Mussolini qui devient fasciste uniquement parce que l'Ambassade de France l'achète à la veille de la guerre... Il aura même reçu de l'argent! Mais on n'a pas été longtemps le fils d'un maréchal-ferrant et d'une institutrice romagnole, exilé, pauvre, emprisonné dans la moitié de l'Europe; on n'a pas été acclamé en tant que camarade charismatique du grand parti unitaire socialiste italien, dont on est désigné pour diriger pour l'"Avanti", bien que contre les réformistes, pour quatre sous de l'Ambassade de France, sans trouver aussi une continuité réelle de ce passé en 1935, lorsqu'il disait que l'Italie était la grande prolétaire qui appelait à elle, contre la démoploutocratie internationale, capitaliste et impérialiste, la solidarité des pauvres et des peuples pour la "mission de civilisation" en faveur des noirs "exploités" par le colonialisme d'Al
bion la perfide. Non, tout cela ne s'explique par quatre sous: d'autres louches affaires internes, d'autres difficultés doivent faire en sorte que nous fassions attention. Et nous, précisément parce que nous sommes radicaux, nous savons bien que même la pire des lois vaut énormément plus que la loi de la jungle, que la loi de la violence (même la loi barbare du talion est meilleure), justement parce qu'à partir de ce moment-là on devient sujets possibles et pas uniquement objets d'autres lois, parce qu'on pousse le pouvoir à reconnaître qu'il existe une norme qu'il doit lui aussi respecter.
Rendre le protagonisme socialiste à 80% des communistes, des socialistes, des radicaux
Si nous tenons compte de cela, nous nous rendons bien compte de comment la centralité radicale doit aujourd'hui se proposer la récupération de la croissance du protagonisme socialiste pour 80% des communistes italiens, pour 80% des socialistes italiens, pour 80% des radicaux italiens. Chacun de nous est attendu sur ce terrain pour se confronter. Alors camarade Landolfi, allons voir ensemble le discours de hier du camarade Berlinguer. Le "black-out" antiradical dont tu as parlé était obligé: on ne pouvait pas parler des radicaux, pour deux raisons. Avant tout car en parler confirmant la médiocrité "togliattienne" et stalinienne de la Thèse de congrès numéro soixante-dix (ou un autre numéro quelconque: c'est celle où nous sommes accusés de radicalfascisme et qui n'a pas été amendée), c'était au fond un peu difficile, il fallait beaucoup de courage pour le faire devant toutes les télévisions. Pensez donc au beau ricanement de 80% des camarades du PCI qui ont voté avec nous l'année dernière contre leur parti, s'
ils avaient entendu venant d'Enrico Berlinguer celle qui de toute façon est sur le point de devenir une décision officielle du parti et qui fait de nous des radicalfascistes pestiférés et dangereux.
L'autre raison est que, malgré le fait que Berlinguer ait parlé pendant trois heures, il n'a pas parlé du 11 juin, il n'a pas parlé de toute l'année dernière. Pourquoi? C'est la logique des Barbato, de la télévision: si on commence à avoir besoin d'abroger les radicaux, on doit alors abroger au moins un an d'histoire italienne, camarade Berlinguer! Et tu ne peux pas aller dire ce qui s'est passé le 11 juin, ce qui s'est passé à Trieste et à Bolzano, tu ne peux pas parler de notre solidarité avec les cheminots, avec ceux qui luttaient dans les hôpitaux. Tu ne pouvais pas le faire sans rappeler la honte de Ugo Spagnoli qui allait dire à la télévision, avec des mensonges dignes de Goebbels, que voter pour l'abrogation de la loi Reale signifiait remettre Curcio (34), Vallanzasca (35) et Concutelli en liberté. Ces choses-là furent dites pour tromper les communistes, les socialistes, les démocrates! A un certain point, le camarade Berlinguer a déclaré: je ne peux pas parler ici de la façon dont nous sommes parvenu
s, en novembre ou en décembre, à la conviction que l'on aurait dû venir faire ce cinéma de congrès.
Je le crois, camarade Berlinguer: tu as dû le faire parce que ton camarade fonctionnaire Celso Ghini avait fait, au début du mois de novembre, un sondage dont le résultat montrait un "décollement" électoral de 14% dans les centres ouvriers: pensez donc dans les autres! ("applaudissements"). Et tu l'as fait parce qu'il y avait eu ces événements (les référendums, Trente, Trieste et Bolzano, les syndicalistes, les cheminots) et que le printemps des revendications syndicales s'annonçait dans le secteur public (et de cette façon, à part un peu de cinéma, il s'est perdu en cours de route).
Mais un chef (parce qu'il semble qu'il s'agit de cela, s'il peut impunément ne pas rendre compte de certaines choses au congrès) qui a besoin d'abroger l'analyse, l'existence d'années de lutte politique, quel chef est-il donc? Quelqu'un qui ne parle pas de ce qui s'est passé dans la centrale nucléaire américaine, qui dit qu'il faut lutter pour la société socialiste mais qui ne dit rien sur le choix des communistes français et sur la société au plutonium! Au moins, les communistes français sont encore - formellement - contre l'OTAN, mais comment Enrico Berlinguer pouvait-il hurler contre le plutonium, s'il a expliqué que c'est uniquement sous le parapluie de l'OTAN que l'on peut mieux lutter pour réaliser le socialisme dans notre pays? ("applaudissements").
Une logique infernale, le centralisme PCI
Non seulement on ne parle pas de l'année dernière, mais on a besoin du fascisme à la télévision, des mafias, des recycleurs de l'argent des Sindona (36) et des autres qui se financent avec les lois sur l'édition, que nous avons eu l'honneur de bloquer: et les journalistes qui censurent aujourd'hui les radicaux car ils les considèrent excessifs viendront pleurer demain pour la façon dont ils sont traités - dans un an ou deux - s'ils voudront continuer à être communistes ou socialistes dans leurs journaux; et ils nous diront: vous aviez raison; mais le réalisme les plie aujourd'hui: une tête en plus ou en moins, qu'est-ce-que ça compte?
Il est facile d'abroger le passé; mais le problème c'est que de cette façon il faut éviter aussi tout discours sur le vrai avenir. On nous a reproché (je ne sais pas si c'est l'"Unità" ou quelque autre "sous-Unità", le "Quotidiano", "La Sinistra") que de ce congrès aurait été totalement absent toute référence aux données réelles de la "classe" (le travail, le pain, etc). Mais - un peu de patience! - pour cette organisation de la vie sociale, salariale, il y a les Chambres du Travail et vous y êtes vous-mêmes: aujourd'hui il est de toute façon difficile de s'exprimer, d'essayer de communiquer malgré nos "baillons" si triviaux, si plébéiens, si cabotins (mais sans lesquels "Democrazia Proletaria" n'aurait pas obtenu un quotient pas même en 1976). Aujourd'hui vous êtes en train de vous déchirer pour les élections, tandis que nous nous déchirons avec les Selva, avec la DC, avec les communistes, pour gagner pour vous aussi un peu de vérité, pour nous sauver mais surtout pour vous sauver. Pour vous, au contraire,
le sport préféré de ces jours-ci est encore un petit coup de dents au radical, comme ça, en passant ("applaudissements").
Je disais que tel est le problème, pour Bettino Craxi (37) (nous viendrons à lui aussi) de même que pour Enrico Berlinguer: comment peut-on protester contre le plutonium lorsque l'on est pour l'OTAN, peut-être même avec les communistes d'hier contraires à l'OTAN mais favorables au choix nucléaire? Comment peut-on parler de socialisme sans tenir compte que ceci est le moment des choix des technologies de demain, qui contiennent déjà en eux-mêmes le destin de l'autogestion ou du supercapitalisme!
La lutte de classe est aussi technologie "douce"
L'autogestion n'est pas un "flatus vocis", un espoir ou un rêve; c'est un fait technique, comme celui du petit accord, électoral, inhérent à une technologie, exclus au contraire dans une autre. Lutte de classe signifie donc aussi chercher d'imposer une technologie à la place d'une autre, choisissant celle qu'on définit douce, alternative. Mais après tout ce n'est pas une raison pour venir dire, comme à Gênes, que les radicaux, les Amis de la Terre (qui font ces batailles) sont des "ennemis" de classe. Moi, par exemple, je peux être en faveur ou aussi contre l'énergie solaire, vu qu'il est possible, en l'espace de six ou sept ans, de concevoir et de réaliser un satellite capable de brûler quinze kilomètres carrés de terre sur son passage.
Et tel est aussi le problème du petit artisan, celui de Trastevere et de Testaccio (38), celui de la Rome du pape qui est allé chez les socialistes ou chez les républicains. C'était celui du plaisir du travail, du rapport créatif avec un certain tissu social et qui finit par être récupéré à l'extrême droite, par le corporatisme contre le collectivisme. Et ce n'est qu'avec l'énergie solaire que l'on peut recréer le plaisir et la dimension du travail artisanal, peut-être même celui du traitement énergétique de son jardin ou de ceux du voisinage, qui verse de l'énergie dans les réseaux de cet Enel qui devrait être banque de l'énergie et non pas monopole de la dépense énergétique incontrôlée.
Sur ces choses, concrètes et cohérentes, devra avoir lieu l'affrontement et devra être accompli le choix, pour notre vie à tous, pour la vie des partis, pour la vie du parti communiste, du Parlement.
Nous radicaux sommes surtout sérieux et responsables en économie: nous sommes le parti de l'économie, nous faisons économie de l'économie, nous ne la dépensons pas continuellement. Nous nous occupons des faits fondamentaux, de l'attitude favorable à la collaboration entre classes sociales, de l'ENI, de l'Immobilier, de l'assistance, de la 167, nous nous occupons du secteur de l'énergie: au congrès communiste ils discuteront des rencontres entre catholiques et communistes mais pas de ça, pas de la réforme des codes, par exemple. Le parti communiste, camarade Berlinguer, a accepté, au mois de septembre, que le Parlement italien renvoie une énième fois la réalisation de ce Code de procédure pénale qui était déjà prêt depuis un an et que le camarade Ingrao (39), violant le règlement, ne m'a pas permis de présenter effectivement à la Chambre (même si par la suite, nous l'avons de toute façon présenté). Et cela parce que l'approbation de ce Code de procédure pénale est incompatible avec le choix commun de Pecchiol
i (40) et de Cossiga (41), de remettre l'espoir de l'ordre en Italie à une ultérieure littérature narrative réactionnaire - quatre autres décrets - incompatible à son tour avec le Code de procédure pénale déjà élaboré par une de leurs commissions.
Donc, on ne parle pas de tout cela; mais alors, de quoi parle-t-on? La vie semble très facile et, au fond, nous serions même ceux de l'isolement irresponsable. Ils reconnaissent que nous sommes des gens de lutte, peut-être même négligée, cabotine, mais quand bien même lutte, mais certainement pas des gens de gouvernement. Moi je crois au contraire que le parti radical soit et ait été pendant toutes ces années parti de gouvernement (ainsi que nous avons du le manifester au Parlement), gouvernement des situations, gouvernement des sentiments pour lesquels cette société est en train de tomber dans le chaos, gouvernement de ceux qui se gouvernent avec leur propre responsabilité et qui tendent au pouvoir non pas sur les autres mais avec les autres... Alors, il y a à gouverner, semble-t-il... Le camarade Berlinguer n'a pas eu honte - chacun a ses analphabétismes - de reparler de "paix religieuse" à garantir en Italie! Une chose qui dans les classes primaires de 1932-34, lorsque Mussolini essayait de l'expliquer, é
tait abordée avec plus de pudeur, car elle était improposable ("applaudissements").
En définitive, nous ne nous chargerions pas de ce genre de rencontre entre communistes, socialistes et catholiques.
Camarades, j'ai à ce propos une proposition à avancer. Après le grand nombre de propositions pour l'unité des croyants en autre chose que dans le pouvoir ou l'argent, je revendique au fait d'être l'un de vous le fait que depuis le mois de janvier le carnage de la religiosité catholique (comme de notre vie civile) qui consistait à agiter des embryons et des zygotes aux yeux de tous, en hurlant et en s'arrachant les cheveux, est terminé!
Il a suffit d'évoquer l'enfant qui meurt vraiment assassiné, pour que nous parvienne un message de la part de quelqu'un à qui nuit le fait que les médias de masse n'en ont pas encore compris la profonde intelligence innovatrice et qui se déverse chaque jour sur nous uniquement comme celle d'un journaliste et politologue.
Gianni Baget-Bozzo (42), en fait don Baget-Bozzo, est l'un des thomistes les plus engagés en Italie, c'est un homme qui affirme clairement pouvoir comprendre et pratiquer la vie politique italienne parce que les référents et les références qu'il a acquis à sa culture en tant que théologien lui servent pour mieux lire aussi la réalité des idéologies et de la sociologie de notre pays. Sur "Arguments radicaux" de cette semaine, si j'ai bien compris, Gianni Baget-Bozzo ne se limite pas, comme Angelo Panebianco et lui savent le faire, de nous expliquer à nous-mêmes. Il ne se limite pas à cela, mais il adresse un appel aux radicaux pour cette bataille en défense de la vie, dont il nous offre lui-même toutes les pièces théologiques à l'appui, car ce que vous trouverez sur "Arguments radicaux" c'est un article de théologie. C'était précisément ce que je demandais il y a quatre mois! Face à ceux qui nous disaient - et c'était vrai - que la théologie avait trouvé dans son histoire l'excommunication "latae sententiae"
pour ceux qui pratiquaient l'avortement, c'est à dire l'excommunication "in re", j'adressais un appel aux théologiens catholiques afin qu'il trouvassent, pour l'honneur de leur théologie et de leur religion, dans leur théologie aussi la "latae sententiae" contre les assassins (voleurs de 400 mille milliards dépensés en armements) de peut-être un demi milliard d'hommes et de femmes en dix ans ("applaudissements").
Sur "Arguments radicaux" Gianni Baget-Bozzo nous propose que le mouvement radical pour la vie et la paix et le mouvement de la vie de Benelli se rencontrent et se confrontent. Ça peut sembler scandaleux, mais, camarades, souvenez-vous toujours de Pasolini: "soyez toujours méconnaissables! Vous n'avez peur ni du publicain ni du pharisien, ni du fasciste, et c'est tout dire!".
Je propose aux catholiques une rencontre sur les valeurs...
Je ne m'approprie pas de cet appel par respect pour celui qui le lance mais je m'en fais intermédiaire et porte-parole pour le cardinal Benelli, pour le Mouvement pour la vie, aux cléricaux et aux catholiques italiens, adhérant en ce qui me concerne à l'appel de Baget-Bozzo afin qu'ils se rencontrent et se confrontent dans ce travail qui est sûrement aussi (n'en déplaise à Franzoni, en ce qui nous concerne il ne lie personne), comme le dit Salvatore Sechi, une bataille anti-impérialiste, socialiste, anti-militariste, démocratique de classe, qui nous unit tous ("applaudissements").
Camarade Berlinguer, c'est sur les valeurs que l'on peut unir l'homme de foi catholique, socialiste ou communiste! Sur les batailles pour la vie, pas sur les lois Reale, par sur les diplomaties de l'OTAN! Camarade Berlinguer, voilà ce qu'est la gauche! ("applaudissements intenses et prolongés").
Il y a peut-être quelqu'un parmi vous - pas tous - qui peut douter à raison, parce que nous vivons ensemble ou que nous nous sommes côtoyés ces jours-ci, que mon bonheur de pouvoir attendre le bonheur de vivre ne soit pas seulement tourné en dérision mais qu'il soit total. Jamais comme à présent, camarades de Lotta Continua, je n'ai senti d'être nourri aussi par l'histoire des Wolf et des Tristan, du grand nombre de prolétaires comme eux et du grand nombre de jeunes des amphétamines, dont nous n'avons pas réussi à empêcher le sacrifice - mais nous avons au moins essayé en quelque sorte de vivre avec eux, nuit et jour aux mêmes endroits et dans les mêmes rues.
Je répète ici la proposition politique, le projet de partie, socialiste, communiste, chrétien, du 2%, le projet du droit de refuser comme étant fatale l'extermination de dizaines de millions de personnes. Car si un monde se dégrade au point de pouvoir considérer comme étant normal dans son présent et dans son futur l'assassinat de dizaines de millions de personnes, ce n'est pas que je n'ai plus envie de le vivre ce monde, mais c'est ce monde qui me tue ou qui me tuera, parce qu'il y existe tellement de façons de s'en aller lorsqu'on n'a plus envie de rester.
Je répète ici que j'attache et que j'entends garder attachée à mon existence, au moins celle de centaines de milliers d'autres personnes. La leur et la mienne, parce qu'il est nécessaire de payer ce prix fondé sur la lutte des classes et raciste, car certains agiront pour en sauver un, peut-être. Je défendrai avec acharnement mon droit et leur droit à la vie! Je le ferai, camarades du "Quotidiano", du "Manifesto", de "Lotta Continua", de l'"Unità", en vous rappelant qu'être camarade est avant tout une façon de vivre et pas une façon de remplir vos journaux de discours sur les élections et sur la proposition de Pannella, après que depuis neuf mois vous avez abrogé cette bataille de votre existence d'hommes et de femmes de la gauche de classe! ("applaudissements").
Je propose au comité, au camarade Terracini, à Emma, à vous tous, que le jour de Pâques - il est loin, mais nous devrons y arriver tous sans exception - pas avec la tête ou autre chose couverte de cendres, mais avec toute notre vie et nos raisons, on parte de Porta Pia, après une veille - je ne sais pas si à partir du vendredi saint ou à partir du samedi - laïque, notre, militante, même de marche (à partir des Fosses Ardéatines ou d'ailleurs).
J'ouvre une parenthèse: Bien, camarades du PCI, allons même jusqu'à la délation de masse, irresponsables et stupides comme vous êtes aujourd'hui, pour combattre les Brigades Rouges, mais alors préparez un autre tas d'insultes contre celui qui vous parle et contre les autres. Si l'on ne refuse pas les lois barbares de la guerre rendez nous compte - si vous êtes aussi féroces contre les Curcio, leur erreur et leur désespoir - des 44 jeunes du Haut-Adige faits sauter en l'air à Via Rasella uniquement parce qu'ils portaient un autre uniforme, et que par conséquent sont morts par la suite les camarades de G.L. et les juifs aux Fosses Ardéatines! Nous ne pouvons pas faire l'histoire sans ces déchirements intérieurs et sans dire que l'on est barbares et assassins, ce n'est pas le fait que la cause soit juste ou pas qui peut nous affranchir.
Si les jeunes de l'action catholique sont des barbares et des assassins, Curcio qui, sur la base de l'iconographie de Saint Gabriel et Saint Michel - ils écrasent le démon du pied et deviennent justiciers du dragon capitaliste et eux aussi en tant que justiciers tuent, massacrent et s'immolent - alors Carla Capponi, "notre" Carla, médaille d'or de la Résistance pour l'avoir placée à Via Rasella, Antonello, Amendola et d'autres encore, doivent se souvenir de cette bombe.
Nous devons dire que si nous avons un rapport d'intimité avec l'histoire fasciste, nous avons (et j'ai à cause du rapport objectif auquel la classe me contraint), le même rapport avec les pires bourreaux, avec mes camarades Togliatti et Curcio ("applaudissements").
Ayant fermé cette parenthèse, je propose sur le plan d'une vraie unité pour la vie que le jour de Pâques toutes nos organisations sortent avec leurs tables. Les élections pourraient ne pas avoir lieu. Redécouvrons la beauté et la valeur de la table sur les trottoirs pour recueillir les signatures. Nous ne sommes pas radicaux sans cet instrument. Nous ne sommes pas nouveaux et nous ne nous renouvelons pas sans cette façon différente de servir les autres et nous-mêmes.
Le jour de Pâques, pour ce 2% et pour ces centaines de milliers de personnes dont je fais partie, nous devrions partir de Porta Pia - qu'il faut reprendre à des cardinaux abusifs et à des maires abusifs - avec nos roses et nos rameaux d'olivier, après avoir invité à cette unité les catholiques socialistes et communistes, le Parti communiste, les sections communistes, les députés, le maire Argan; nous partirons de Porta Pia pour arriver nous aussi sur la Place Saint Pierre avec nos pancartes une heure avant la bénédiction "urbi et orbi" de Pâques, en suppliant laïquement Jean-Paul II de dire à cette occasion, où toutes les télévisions sont pointées sur lui, non pas que l'Eglise pleure la mort comme elle le fait depuis toujours, mais qu'elle se coalise avec ceux qui cette année veulent intervenir pour qu'au moins quelques uns parmi ces centaines de millions d'assassinés soient sauvés. C'est ce que nous demanderons et c'est ce que nous devrons savoir demander sur les places aussi.
Camarades, cela ne paraîtra pas sur les journaux de demain. Pensez donc! ("applaudissements"). Si aujourd'hui Gianfranco était allé chez Selva, les directeurs des journaux auraient eu beau jeu! Ils auraient pu déplacer un peu les projectifs sur Selva au lieu que sur cette intervention. Il n'y a rien qui les distraie aujourd'hui, et Mario Appignani n'a pas fait le con et donc il ne leur a pas trop fourni l'occasion...
...et à la DC (et au PCI) un pacte constitutionnel
Personnellement je propose aux camarades non pas une chose, mais la reconnaissance d'un fait; et je l'annonce, amis journalistes, de cette tribune.
Je propose un pacte constitutionnel à la Démocratie Chrétienne. Je parle très sérieusement. Nous irons aux élections avec une offre de pacte constitutionnel. Je vois que les camarades rient, mais ils ont raison, car ils savent probablement qu'en réalité, nous l'avons toujours fait. Seulement que la presse ne s'en est pas aperçue. Comme un rameau d'olivier pré-pascal, contre les insultes des thèses communistes, nous avançons cette proposition de pacte constitutionnel à la fois à la DC et au PCI: que voulez-vous, l'attitude favorable à la collaboration entre classes sociales les unit et donc nous devons le faire!
Nous proposons que, quiconque gagne les élections, le gouvernement (de droite ou de centre qu'il sera) ait comme devoir - et il devra être libre de l'accomplir; l'opposition ne devra pas l'embêter) - celui de promulguer des lois de réalisation de la Constitution.
Nous sommes ici. La Constitution conquise par les maquisards catholiques, communistes et socialistes, tous réunis... etc, la grande unité populaire... etc, etc, qu'il ne faut pas détruire dans les moments graves où le terrorisme menace... etc, etc. ("applaudissements").
Certes, camarades! Que Giulio Andreotti (43), Fanfani (44) et les autres sachent alors sérieusement qu'il y a peut-être un nouvel ascaris à l'horizon outre que ceux traditionnels de la politique et de la gauche italienne! Il y a encore l'ascaris radical!
Nous sommes prêts, s'ils iront au gouvernement et s'ils diront non à la politique fidèle à Ingrao et Berlinguer de l'association de participation (avec le fauteuil non seulement de la banque mais aussi du ministère), à ne pas les embêter, si ce n'est s'ils allaient contre la Constitution! Mais dans ce cas (n'est-ce-pas camarade Berlinguer?) comme on l'a dit en 53 et en 60, non seulement on fait de l'obstructionnisme à la Chambre, mais on va même jusqu'à descendre sur les places!
Croyez-vous que sur la réforme - la vraie - de la Commission d'Enquête (45) les électeurs démocrates-chrétiens, les honnêtes qui ont toujours discuté et voté en tant que chrétiens, seraient avec la DC et pas avec nous?
Pensez à ce qui serait arrivé ces années-ci si nous avions réussi à faire passer la thèse selon laquelle, comme le dit la Constitution, la Commission d'Enquête aurait le droit légitime de soustraire au magistrat uniquement les ministres en charge et non pas les ex-ministres!
Depuis ce congrès nous adressons à Benelli l'invitation formelle, humble, sincère, et confiante, de la proposition de Baget-Bozzo. Mais qui voudra la recueillir? Fanfani? Les Fanfani d'aujourd'hui ne sont pas ceux d'hier! Après le 13 mai, Fanfani n'est plus Fanfani Fanfani, mais un Fanfani à moitié ("il y a des rires"). Fanfani qui faisait peur jouait des cartes arrogantes et difficiles, tandis qu'aujourd'hui il me semble qu'il ait compris et à certains moments le garantisme du Président du Sénat a sûrement été supérieur à celui du Président de la Chambre.
Je dois dire aussi que le camarade Berlinguer parle peu avec les gens, il est trop renfermé, il écrit les choses. Mais comment peut-il affirmer avec ce ton que tout ce qu'il reproche à la DC c'est son arrogance? Excusez moi, camarades, mais peut-il le dire avec ce ton, après que le parti ait dit aux travailleurs des hôpitaux et à tous les camarades dans les sections de se taire, parce qu'ils ne comprenaient rien, et de ne pas déranger le conducteur? Après leur arrogance, après l'arrogance de leur journal qui fait qu'Umberto Terracini n'existe que lorsque quelque journal bourgeois va lui demander une déclaration et n'existe jamais pour l'"Unità"?
L'arrogance vous unit et nous vous battrons dans l'arrogance, camarade Berlinguer! Vous serez battus à cause de votre arrogance commune ("applaudissements").
Il n'y a pas de socialisme sans bouleverser les rapports de production
Notre proposition de nouvelle unité est importante et nous pouvons continuer, camarades, communistes et socialistes, mais à condition que nous éclaircissions nos problèmes de vie et de mort, qui sont aussi les vôtres. Nous faisons partie de la politique. Heureusement qu'à présent les attaques ne viendront plus de la gauche si je dirai que mon inquiétude est que le parti risque de perdre. Pas parce qu'il le veut, mais parce que sur ce front l'affrontement est terrible. La bataille qui lui appartient, est une bataille qui doit être continue, sur la drogue, sur la sexualité, sur la mort, sur le suicide, sur l'avortement, sur les non-voyants (nous devons recommencer à dire: "aveugles", car avec le terme non-voyants nous nous libérons à bon marché), sur les estropiés que nous sommes (pas sur les handicapés; renvoyons leur ce mot!). C'est de cela que nous devons nous inquiéter, mais il doit y avoir beaucoup plus d'inscrits, mais à la Chambre et au Sénat aussi, car faites attention, nous pouvons peut-être gagner la
bataille contre l'OTAN et les grandes choses, mais là où nous risquons de ne pas passer si nous ne sommes pas vingt ou trente c'est sur ces choses qui apparemment ne sont rien: sur le "braille" dans lequel est traduite la culture et non pas la non-culture, le triste catéchisme, comme c'est le cas aujourd'hui. Pour ces libérations nous devons être nombreux!
C'est ça notre socialisme. Les rapports de production doivent être changés et bouleversés. Il n'y a pas de socialisme hormis celui-ci. Aujourd'hui nous devons conquérir les technologies alternatives, non pas la proclamation de classe avec un "k".
Jean (46) rappelait justement, dans son excellente relation, que la saut de qualité socialiste de la révolution bolchevique est lorsque, à l'équation soviet + électricité = révolution et société socialiste, par "réalisme" politique et de parti Lénin est le premier à accepter de mettre entre parenthèses le soviet, pour en faire un "objectif". C'est ainsi que règne l'impératif de l'électrification à n'importe quel prix et Stalin obéit, car si l'impératif est celui de l'industrialisation et de l'électrification érigé à unique et premier objectif et moyen, alors le programme des revenus de Stalin avait besoin de faire mourir de faim les millions et les millions de paysans du Volga-Don et d'exterminer ensuite et tuer ceux qui se rebellaient contre la mort des autres par la faim.
Tel est le problème! Mais comment le dire? Nous, nous ne pouvons pas, car qui donc nous permettra jamais d'entrer en contact et de nous confronter avec Enrico Berlinguer et même avec Bettino Craxi sur ces choses, alors que tout l'impérialisme du monde, tout le complexe industriel et militaire, tout le capitalisme italien a intérêt que le régime nous empêche justement de discuter de ça avec Enrico Berlinguer? S'il y avait une confrontation à la télévision à ce propos, alors le masque devrait être abaissé, car aujourd'hui le socialisme est précisément soviet + électrification; ce sont les énergies alternatives. Ça signifie autogestion, différents rapports de production, etc. Tout cela signifie mettre en crise la technologie militaire; pas nécessairement les militaires, mais la technologie militaire existante, qui a justement besoin de ce genre d'oeuvre.
Si c'est sur cela que nous devons arriver à la confrontation, je crois, camarades, qu'il devient toujours plus essentiel de réfléchir sur le fait que votre force est dans la conscience que la violence de classe et la violence de la guerre représentent le terrain privilégié sur lequel ils veulent nous amener. Voilà la non-violence!
S'il était ici et s'il pouvait nous écouter je demanderais à Curcio, à ces frères désespérés qui ont choisi de devenir assassins pour les choses qu'ils aiment et pour lesquelles ils se font peut-être même des illusions pour nous, s'il n'est peut-être pas préférable de risquer de vivre, comme je le fais, comme le fait Paolo Carotta et comme ont toujours fait ceux qui ont été à cette table, par un jeûne, qui au moins met de toute façon en lumière le fait que la violence est ailleurs, qu'elle est dans l'interlocuteur, plutôt que mourir comme Mara et comme tous les camarades qui vivent comme toi, Curcio mon frère, là dedans avec des centaines d'autres.
Sur cela nous lançons le défi. Nous nous chargeons, camarade Curcio et camarades de l'"Autonomia" (47) de Rome et de Via dei Volsci, de dire que la nôtre est une indication de lutte et une centralité différente. Pas la vôtre; nous ne pouvons pas, sous peine de devenir semblables à tous nos adversaires, ne pas faire aussi la bataille du "deux pour cent" et ne pas rappeler aux "nouveaux philosophes" (en français dans le texte - ndt) ou aux vieux traîtres ou renégats bourgeois, qu'aujourd'hui plus que jamais la lecture du Manifesto de 1848 peut être instructive et d'une évidence qui aveugle. Il y a, il y a, il y a... le prolétariat, le sous-prolétariat; il y a ceux qui exploitent, ceux qui meurent, ceux qui n'ont pas même le droit à la vie et ceux qui ont le devoir de se laisser poursuivre par la mort par obésité pour nourrir les mêmes mécanismes de développement et de bénéfice qui d'un autre côté veulent qu'il y ait la mort pour des dizaines de millions de personnes...
Le P.R. vit s'il vit dans les réalités sociales, morales, culturelles...
Camarades, j'aurais certainement beaucoup d'autres choses à vous dire, mais je considère même comme un privilège le seul fait de considérer d'avoir le droit de toutes les dire; et il serait peut-être excessif d'espérer que je puisse même m'en souvenir; mais il en existe quelques-unes que je ne peux pas ne pas aborder.
Par exemple, celle qui pour moi est sûrement une nouvelle bataille radicale, qui m'a été imposée par les congrès du parti qui - à mon avis sans trop de précision - l'ont rappelée: le soi-disant problème de la régionalisation du parti radical. Ce problème n'existe pas. Le parti radical, camarades, ne se régionalise pas au moment où à cinq nous nous voyons à Teramo, au lieu de faire venir continuellement ces cinq camarades à Rome. A la limite, je considère que si ces cinq camarades continuent à être nomades et à avoir un contact continu avec la croissance des idées et du travail de Rome, ils seront plus armés lorsqu'ils reviendront à Teramo pour conduire une action politique en syntonie avec les autres camarades.
A cinq il n'y a pas de parti de la diversité, il n'y a pas même d'antagoniste radical; pensez donc s'il y a un protagoniste! C'est une vie triste, terrible, une erreur. On devient peut-être même des doux sectaires, car je pense qu'il soit difficile que nous soyons, comme modèles, des révolutionnaires jacobins féroces. On peut être doux, mais aussi sectaires dans la réalité, se constituer en secte et vivre ensuite de façon sectaire à l'intérieur de soi-même.
La régionalisation signifie lutte politique pour exalter dans leur diversité, mais aussi dans leur réalité, les histoires de l'endroit où nous vivons et de l'endroit d'où nous venons.
L'alliance avec les régionalistes qui sont déjà radicaux et socialistes est l'alliance avec nous-mêmes; c'est l'alliance d'une secte divisée par des opportunismes différents, car eux sont comme nous, peut-être même plus réalistes ou opportunistes et ils mènent le mouvement "Friuli" ou la liste pour Trieste, ou je ne sais quoi d'autre. Ça ne sert à rien, le problème est un autre. Régionalisation signifie faire ce que nous avons fait avec les femmes cléricales et catholiques et avec les autres, dans la bataille pour l'avortement ou contre l'avortement. Dans leurs diversités elles ne comprenaient pas, mais c'est dans les faits qu'elles se sont unies. Il y a régionalisation lorsqu'elle vit dans la conscience de la Région, pas quand on l'impose continuellement dans la conscience des "dirigeants nationaux" du parti radical, comme condition de conflit contre le centralisme et la centralité.
Le Parti radical existe là où, comme à Rome avec la bataille contre Petrucci (48) e l'"Immobiliare", nous nous installâmes dans notre spécificité et dans les concrètes réalités sociales, morales et culturelles de cette ville.
On n'y arrive même pas à travers une lecture érudite des traditions populaires spécifiques de l'endroit. Ceci est une autre voie pour se perdre et être ensuite annexés, en tant qu'érudits, au schéma national de classe qui existe. Les chemins de l'intégration nationale sont infinis; entre autre, sa propre activité, les modules et les modèles d'action. Le problème est que nous devons nous assumer la responsabilité d'une confrontation quotidienne avec les listes et les réalités locales alors que ces dernières sont encore ambiguës et contradictoires, c'est à dire vivantes; mais lorsqu'il y a 30-40% d'une ville, comme à Trieste, où l'on donne des votes pour des causes très justes à une liste qui est pour moitié constituée, et peut-être même à 80%, d'antifascistes et d'un certain genre de personnes, ma tentative doit être celle de sauver cette liste dans sa contradiction et dans son unité, tandis que le jeu du régime est de l'avaler tout doucement, de se la partager avec les partis des amoncellements. Ils sont là
comme des corbeaux pour lui ôter sa caractéristique populaire de lutte.
C'est un thème grave. Aux camarades plus réalistes et plus politiques il semblait très facile - et en effet ils n'ont pas beaucoup discuté sur ce point - que la liste de Trieste entrât, en tant que telle, dans la liste radicale. Il s'agissait pour moi d'un objectif et non d'une certitude et je soutenais par conséquent que le problème était celui d'amener l'aile droite dans la liste, le catholique de la liste pour Trieste, c'est à dire celui qui empêche que les votes qui jusqu'à l'année dernière étaient démocrates-chrétiens, "missini", libéraux ou je ne sais quoi, reviennent à la DC, au MSI, aux libéraux ou je ne sais quoi d'autre: cet homme qui a résolu l'année dernière ses problèmes de conscience, qui a été pendant toute sa vie démocrate-chrétien, social-démocrate, libéral ou je ne sais quoi d'autre, et qui rompt pour la défense du Carso (49) et est condamné à pratiquer pendant un an l'alliance avec les radicaux, celui-ci est l'homme de la juste unité populaire.
La "diversité" doit être contradiction au système
Car le problème n'est pas celui d'aller voir si celui qui mène avec nous la bataille pour l'avortement soit aussi antimilitariste, ainsi que le voudraient certaines camarades féministes qui aiment faire du féminisme pour rester seules. Sur le divorce nous avons réussi à agréger dans une lutte démocratique de classe des gens puissants du MSI et de tous les genres. Si par la suite ils s'en sont allés, c'est un autre discours, mais nous avons ôté des votes à Almirante et à Fanfani, et pas le contraire. Nous ne nous les sommes pas fait ôter comme l'ont fait les gauches ces dernières années, en changeant, eux et pas nous, leur drapeau ("applaudissements").
Personne ne peut nous reprocher d'avoir oublié ne fut-ce que pour un instant ou fait oublier notre diversité. Nous disions que quiconque eut pris notre carte représentait une contradiction, pas de notre part mais la sienne. Nous devons respecter cette réalité et nous devons être non sectaires. Nous devons exalter la diversité qui choisit fondamentalement la bonne voie pour nous. Ce qui nous intéresse, camarades, c'est - comme je l'ai dit auparavant - d'amener dans la liste, par exemple de Trieste, aussi l'aile droite des listes locales. Pas "seulement" celle-là; si seulement la Droite "sardiste" (50) était là, mais elle n'existe plus. Elle n'est plus là parce qu'elle a été avalée, parce qu'elle risque de l'être, elle est tout à fait et uniquement "droite", car lorsqu'on est transformés et liés et contraints au char électoral du PCI, du PRI, du PSDI et ainsi de suite, on est morts en tant que force autonome et de gauche, on est "droite" et on n'a plus rien à voir avec Lussu (51) et avec un certain sardisme.
Le vrai problème, camarades, c'est que celui qui rompt à droite pour faire la liste de Trieste, celui qui rompt avec la DC, même avec l'Eglise locale, celui qui rompt avec les libéraux ou avec les sociaux-démocrates, est sûrement aussi quelqu'un qui croit en quelque chose d'autre que le pouvoir ou les hommes de pouvoir.
Je crois que c'est dans ces croyants en bonne foi que résident les contradictions explosives de la bourgeoisie. Ceux qui continuent à croire en bonne foi que nous voulons obliger la femme à écraser le zygote et à devenir assassine et qui ne comprennent pas que nous sommes les seuls à pouvoir désarmer César dans son immonde avortement d'Etat et hisser haut le drapeau de la liberté et de la responsabilité d'administrer et de vivre son propre corps dans la maternité et la paternité, peuvent être et sont déjà en partie des femmes et des hommes avec lesquels un long chemin sur beaucoup de choses peut être parcouru, tandis qu'on ne peut pas le parcourir avec les "hommes politiques", avec ceux des "idéologies", avec les "réalistes" démocrates; car ceux-là sont désormais aliénés par la politique de classe et favorable à la collaboration entre classes sociales.
LE P.R. parti "omnibus" des autonomies
Ce sera dur, mais je pense qu'à l'occasion de ces élections nous devons être la tête de pont, comme nous l'avons été à Bolzano et à Trente, des camarades de Lotta continua que j'ai nommé, ou anciennement de Lotta Continua, pour qu'ils viennent à Rome, pas en tant qu'ascaris ou en tant que clients. Avec les autonomismes, pour les sauver. Sans cette tête de pont, sans les obliger, sans les agréger et les faire élire au Parlement, ils seront détruits et réabsorbés avec le vieux jeu de la bourgeoisie ou d'une certaine bourgeoisie qui a fait naître les Lauro et les Giannini, car elle savait qu'à travers ces protestations sans solidité culturelle et nationale il aurait été facile par la suite de les réabsorber progressivement avec l'attitude favorable à la collaboration entre classes sociales de la part de la gauche catholique et de la grande droite du Parti communiste et du syndicat lui aussi favorable à la collaboration et corporatiste.
Camarades, suis-je trop dur sur ce point? Non, il est vrai au contraire qu'il n'y a pas de grand parti qui ne soit aussi potentiellement gros, qui ne soit pas omnibus; il n'y a pas de grand parti dans l'histoire qui ne se prêterait pas à l'accusation des petits scribes "révolutionnaires" d'être favorables à la collaboration entre classes sociales.
Le Parti communiste, camarades et amis, n'est pas grand dans sa politique d'aujourd'hui, non pas parce qu'il y a, comme il est juste et souhaitable, des petits aristocrates ou des familles aristocrates ou de la très haute bourgeoisie représentées presque en majorité dans sa direction et partout, non pas parce qu'il a une situation sociale correspondant, comme une coupe, à la société civile italienne. Ce n'est pas ça. Ce qui fait le caractère de classe ou favorable à la collaboration entre classes sociales d'un mouvement ce sont les batailles qu'il mène, les intérêts qu'il défend, les alliances qu'il pratique, les objectifs qu'il impose et gagne. Je considère que si l'on ne comprend pas cela, on comprend bien peu du grand potentiel socialiste et démocratique.
Ne pas céder une virgule de ses objectifs; mais sur cette virgule, au moment où elle est acceptée, quiconque l'accepte doit être notre allié dans la politique démocratique alternative de classe, pleins d'espoirs de gagner, comme on nous reconnait, dans le quotidien, année après année, dans toutes les batailles que nous menons. Ce que je propose et propose à nouveau au congrès, est sur la ligne - comme tout ce que j'ai dit - de l'excellente relation, vraiment unanime, du camarade Jean Fabre. Vous aussi l'avez écouté, et devant les hésitations, les accents et les erreurs, j'étais ému par la réaction du congrès. Les sourires et l'attention auraient facilement perdus de leur épaisseur; mais tous ceux qui étaient là ont écouté le secrétaire national sans être distraits par son accent, intéressés et entraînés par la parole et la proposition ("applaudissements").
Camarades, on parlait de congrès qui ne sont pas des congrès et de secrétaires nationaux qui ne sont pas tels, du charisme de Pannella qui décline et d'autres choses de ce genre-là. Chers camarades, je ne crois pas du tout que nous sommes en train de mûrir autre chose que l'intuition du statut libertaire.
Camarades de l'"aire", camarades, nous avons toujours été un parti! Nous avons dit tant de fois - vous l'avez oublié - que nous considérions avoir surement aujourd'hui dans notre statut le plus haut segment en Europe de théorie politique de la pratique et de l'organisation ("applaudissements"). Nous y croyions. C'est pour ça que vous ne nous aviez pas compris, et que nous avons résisté, lorsque vous nous accusiez de nous ouvrir à Plèbe. Nous voulions simplement ne pas nous fermer, pas même à la plèbe car la plèbe qui s'organise devient alors prolétariat. Nous ne nous sommes pas fermés et Plèbe n'est pas entré.
Ils nous ont accusé de nous ouvrir aux fascistes, ils nous ont accusé d'être des infiltrés. Il est vrai qu'il existe des pathologies qui font que l'on préfère regarder par le trou de la serrure ce que l'on pourrait voir à portes ouvertes et il est vrai par conséquent que l'on tend à interpréter la réalité du parti radical à travers le voyeurisme du trou de la serrure de sa propre histoire, mais nous ne savons qu'y faire... le seul problème c'est que ce statut était et est impropre pour un "petit parti". C'était et c'est la proposition de la théorie de la pratique, de l'organisation, au protagoniste socialiste italien et européen.
Alors, voudriez-vous vraiment, camarades qui nous accusez de triomphalisme et de léninisme, que nous renoncions non pas à la clarté, mais à la tâche qui nous réussit toujours plus, de vous garder et de nous garder cette croissance, dans le désespoir des écroulements qui vont de celui du Parti d'action à ceux d'unité populaire, à ceux du PSIUP, à ceux du Manifesto et à tous les autres, alors que nous avons ici un témoignage de potentialité et de force...? Au contraire, à cette occasion, nous vous disons encore de prendre aussi la carte radicale en attendant que vous nous offriez aussi la possibilité de prendre d'autres cartes. Si seulement, camarades, vous vouliez nous offrir certaines fois l'occasion d'être exploités par vous, de prendre vos cartes ("applaudissements").
Donc, parti "grand" et contre la collaboration entre classes sociales. Voilà, avec les mots traditionnels du socialisme français, du grand socialisme réformateur (vaincu lui aussi par le socialisme scientifique outre que par ses propres limites et par la trop grande ambition de faire la révolution du monde, une nouvelle société, un nouvel homme et une nouvelle femme en quatre-vingt ou cent ans, une chose impossible), nous affirmons un petit nombre de choses simples: un oui laïque aux dialogues, aux confrontations, à l'unité avec tous dans les valeurs pour la vie, pour la paix, pour la politique de paix avec tous ("applaudissements"). C'est un souhait, un auspice que celui qui est différent de nous, le clérical, l'homme d'église autoritaire, le fasciste, le républicain, le social-démocrate, le jacobin, nous propose à un certain point sa supériorité dans nos contradictions, pour affirmer lui-même une valeur de vie! Mais non, camarade Berlinguer, camarade qui écrira demain pour l'"Unità": non à la collaboration
organique de classe ("applaudissements"): cette vieille chose qui est tout le socialisme proudhonien, marxiste, marxien, craxien, et tout ce que vous voulez... voilà pourquoi on fait passer les choses anciennes pour de vieilles choses et qu'on est chaque jour à la recherche d'un nouveau nom pour une politique pourrie et pré-socialiste dans le temps, celle choisie par Togliatti et reverdie à l'automne de sa politique et de la nôtre, lorsqu'elle a voulu s'appeler compromis historique. Maintenant déjà il y a une juste pudeur: en trois heures il ne l'a prononcé qu'une seule fois.
Cher Terracini, avoir raison est un terrible péché!
Terracini le payera cher: il sera toujours plus censuré car avoir raison dans certains partis est un terrible péché. Comme quand il était en prison avec Gramsci et qu'il n'était pas d'accord avec Togliatti, le communiste était Terracini, le socialiste était Terracini, c'était Gramsci, pas l'exil organisé à Moscou ou à Prague. Et en effet Gramsci et Terracini ont été battus et mis de côté.
Ces camarades, ces camarades ouvriers, ont raison, ils avaient raison, avec leurs suffrages ils nous disent quelque chose. Femmes et hommes, des radicaux qui demandaient de le devenir, comme j'espère moi aussi le devenir toujours plus. Les camarades ouvriers nous ont appris quelque chose, pas les derniers arrivés pour diriger le PCI à Turin. Il y a là le dernier rejeton d'une famille libérale, celle de Mario Ferrara (52), que j'ai beaucoup aimé, mais qui était certainement de la haute bourgeoisie; et celui-ci est en train de faire des délations sur "La Repubblica"; Giuliano Ferrara, c'est lui qui représente le PCI là-bas, à Turin. Le prolétaire de classe, devant choisir entre l'homme d'ordre Giovanni - le lapsus pour celui qui est au courant est compréhensible - Giuliano Ferrara et nous...; ce ne sont pas les derniers arrivés, ce ne sont pas les jeunes camarades ouvriers - combien tu nous manques Pasolini ou peut-être comment as-tu eu le temps de t'en aller! - mais les vieux et les vieilles camarades ouvrièr
es de Turin qui nous ont choisi; ils ont eu raison lorsque le 11 juin de l'année dernière, pour défendre la vérité de leurs existences et des nôtres, ils ont voté oui, ils ont voté radical disant non aux mensonges du parti et au syndicat qui, par terrorisme idéologique, voulait les contraindre à voter pour les lois fascistes. Ces femmes et ces hommes ont raison! Ces raisons, camarades, sont terriblement importantes dans l'humilité de nos mécanismes et de nos réflexions.
Nous disons aux camarades du parti socialiste: n'ayez pas peur! Ayez plutôt peur de vous-mêmes! Nous ferons ce que vous aurez voulu! Antonio Landolfi, vieux et patient camarade Antonio, auquel ils déléguent uniquement depuis tant d'années la tâche de venir de venir les représenter ici, où il n'y a pas de puissants mais des camarades, et qu'ils envoient rarement représenter le Parti socialiste dans les autres congrès; si tu as dit vrai, non pas parce que je doute de ta sincérité, mais si ta prévision est exacte, nous confirmons et nous confirmerons notre proposition d'un accord substantiel dans beaucoup de régions d'Italie, même au Sénat, avec les camarades socialistes ("applaudissements").
Le "socialiste" président de la Rai-Tv (53) a la responsabilité tragique d'avoir donné corps au plus fasciste et terroriste des journaux télévisés italiens: le "socialiste" JT2, même si justement par la suite ce corps a disparu: d'autres avaient plus d'"argent" que vous! Même si vous portez cette terrible responsabilité de représenter avec vos hommes le moment le plus grave et le plus dangereux pour la démocratie italienne...
Curcio peut tuer mille démocrates, Concutelli peut tuer mille démocrates, Vallanzasca peut tuer mille, dix mille ou cent mille personnes, mais Grassi, Barbato, ces gens-là tuent chaque jour la démocratie et remettent l'Italie aux massacres... Si dans notre Italie il n'y avait que trois places en prison, nous devrions libérer les bêtes féroces - devenues bêtes féroces - comme les frères Curcio, les camarades et les autres, nous devrions libérer ces bêtes féroces car pour la démocratie et pour notre société les terroristes les plus dangereux, les vrais fascistes sont avant tout ceux que j'ai nommé auparavant et qu'en partie non sans hasard Pasolini justement nommait souvent ("comme Barbato..." etc) dans ses derniers mois de colère, d'indignation, de douleur, d'impossibilité de se reconnaître dans ces autres, qu'il considérait assassins...
Landolfi, vous n'avez pas daigné nous rencontrer pendant des mois. A quoi vaut notre ancien amour, peut être réel, avec Bettino (Craxi - ndr), nos vingt cinq ans de conviction qu'au fond nous voulons peut-être les mêmes choses, si ensuite cette confiance de fond réciproque (j'ai toujours dit à ceux que j'aime que l'amour est plus activité que sentiment tout court; si c'est du sentiment tout court, c'est de la consommation et non pas de la création) nous devons la nourrir de séparation quotidienne, et le pauvre Bettino est continuellement prostré, frustré et anéanti par les ballets des rencontres avec tous sauf avec les radicaux?
Antonio Landolfi, je veux terminer en t'assurant ceci: si nous irons aux élections ayant sur nous cette solitude et ces difficultés, si nous ne brûlerons pas les bulletins et si tous nous ne le ferons pas, en ce qui me concerne, pendant la campagne électorale, mais surtout après la campagne électorale, notre premier engagement sera de lancer le processus de constitution du grand parti italien de l'alternative socialiste ("applaudissements") pour tous ceux qui l'attendent, chrétiens, catholiques et communistes. Un grand parti de l'alternative à la société choisie, dans sa fatigue et dans son déclin, par Willy Brandt et même par Olaf Palme.
Evitez de choisir, après la subalternité au Pci et à la DC celle à la social-démocratie qui a choisi en Europe de se suicider elle-même dans les prochaines années en devenant le gérant de la politique OTAN, de la politique du plutonium et de la politique du non au "2 pour cent" à tout niveau! Voilà en quoi consiste mon engagement.
Camarades, ce discours a-t-il été électoraliste? Il a été électoral, il a aussi été pascal, tenant compte du fait que les emblèmes religieux réduits à leur vérité ne sont jamais étrangers à l'histoire de chacun de nous et de l'humanité. Par conséquent, nous proposerons et nous proposons au service d'Etat de la radio-télévision de ne pas diffuser au cas où de la musique classique - de toute façon à la limite elle aussi est belle et joyeuse, lorsqu'elle n'est pas mal diffusée par Radio Radicale - uniquement le vendredi saint, mais pendant toute la semaine sainte, pour souligner la passion des ces cent mille, femmes et hommes, qui mourront le vendredi et le samedi saint et qui ne ressusciteront pas dimanche matin
("applaudissements").
Nous demanderons et nous demanderons ensemble que le service d'Etat de la radiotélévision organise une semaine pour la vie, pour la paix, pour le désarmement. Alors ensemble, nomades et pèlerins de toujours comme toujours nous l'avons été, mais des itinéraires intérieurs à nos doutes, nous pourrons dire que depuis Porta Pia jusqu'à la Place Saint Pierre est passée une fois de plus la civilisation et un message d'amour ("applaudissements très intenses et prolongés").
("Intervention du 31 mars, Cahiers Radicaux n. 5-6")
N.B. - Cette transcription n'a pas été revue par l'auteur
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n.d.t.
1 - de GRAMSCI ANTONIO. (Ales, Cagliari 1891 - Rome 1937). Penseur et homme politique, au début socialiste, directeur de la revue "Ordre Nouveau" et promoteur de l'expérience des "Conseils d'usine"; en 1921, il fut l'un des fondateurs du Parti communiste italien (PCI) dont il fut nommé secrétaire général en 1924. Député, il fut condamné par le fascisme à 20 ans de prison, où il mourut. Ses "Cahiers de la prison" représentent une contribution originale à l'élaboration théorique du marxisme au sens occidental. Il fonda aussi "L'Unità", l'organe du Parti communiste.
2 - BONINO EMMA. (Bra 1948). Président du Parti radical, membre à plusieurs reprises du parlement européen, plusieurs fois député italien à partir de 1976. Parmi les promoteurs du Cisa (Centre Information sur la Stérilisation et l'Avortement), et militante active dans la bataille contre l'avortement clandestin, elle subit un procès à Florence et fut acquittée. Elle a participé à la conduction, même au niveau international, de la campagne sur la Faim dans le Monde. Parmi les membres fondateurs de "Food and Disarmament International", elle s'est occupée de la diffusion du Manifeste des Prix Nobel.
3 - FACCIO ADELE. (Pontebba 1920). Protagoniste des batailles pour l'avortement; pour l'affirmation de ce droit de la femme, elle a subi la prison, mais elle a été acquittée lors du procès. Président du Parti radical en 1975-76. Député dans les listes radicales en 1976, 1979, 1983. Animalière et environnementaliste, promotrice des listes "Verts Arc-En-Ciel" dans lesquelles elle fut présentée au parlement européen en 1989. Ecrivain et traductrice. Grande connaisseuse de l'histoire d'Espagne et en particulier de la Catalogne.
4 - LOTTA CONTINUA (Lutte continue). Un des mouvements politiques de l'extrême gauche italienne les plus importants et les répandus, fondé à Turin en 1969. En 1971, il créa le journal du même nom, qui eut tout de suite une ample diffusion. Il sépara la gauche extraparlementaire de la préjudicielle ouvrière, pénétrant dans le monde de la jeunesse et des étudiants, parmi les appelés au contingent, dans les prisons, etc. Parmi ses leaders, le journaliste et écrivain Adriano Sofri se distingua.
5 - IL MANIFESTO. Mensuel (et mouvement politique) fondé en 1969 par des exposants du Parti communiste (A. Natoli, R. Rossanda, L. Pintor, L. Magri, etc) expulsés par la suite. En 1971 le périodique se transforma en quotidien de soutien à des formations extraparlementaires d'inspiration communiste.
6 - PDUP. Parti d'Unité Prolétaire, fondé en 1973 grâce à la fusion du groupe communiste "Il Manifesto" avec des exposants du PSIUP (né à son tour d'une scission du Parti socialiste).
7 - RODOTA' STEFANO. (Cosenza 1933). Juriste, homme politique. Formé dans l'associationnisme estudiantin italien, parmi les fondateurs du Parti radical, il fut élu au Parlement en 1979 avec le soutien du Parti Communiste, devenant président de la Gauche Indépendante. Puis, nommé président du Parti Démocrate de la Gauche (PDS), il fut réélu aussi en 1992. Essayiste, collaborateur de "La Repubblica".
8 - P38. Nom du pistolet largement utilisé par des terroristes et des extraparlementaires violents pendant les "années de plomb". Le nom est passé à désigner toute la culture de la violence.
9 - DEMOCRATIE PROLETAIRE (DP). Parti politique fondé en 1976, qui reprend le nom de l'alliance électorale constituée en 1975 entre le PDUP, "Avanguardia Operaia" (Avant-garde Ouvrière) et "Movimento dei Lavoratori per il socialismo" (Mouvement des Travailleurs pour le socialisme).
10 - de GOBETTI PIERO. (Turin 1901 - Paris 1926). Il publia très jeune une revue célèbre, "La révolution libérale", amorçant une révision du libéralisme, pour l'ouvrir à la compréhension du monde ouvrier. En 1926, poursuivi par le fascisme, il émigra en France où il mourut cependant. Il fonda aussi la revue "Il Baretti" et publia le premier recueil de poésies de Montale.
11 - PINTO MIMMO. (Portici, Naples 1948). Militant de "Lotta Continua" et leader du mouvement des chômeurs de Naples, élu au Parlement en 1979, dans les listes radicales.
12 - TOGLIATTI PALMIRO. (Gênes 1893 - Yalta 1964). Collaborateur, à Turin, de A. Gramsci, parmi les fondateurs du Parti Communiste Italien, dont il fut secrétaire de 1927 à sa mort. En exil en Russie il fit partie du secrétariat du Komintern et eut un rôle important dans la guerre civile espagnole. Rentré en Italie en 1944, il lança une politique "nationale" à partir du vote sur les pactes de Latran, se heurtant aux forces laïques du pays. Au gouvernement de 1944 à 1947, comme ministre aussi. Après les élections de 1948, il monopolisa le rôle de l'opposition mais favorisa aussi de façon prioritaire le "dialogue" avec la Démocratie Chrétienne et le monde catholique, sans jamais rompre avec le Vatican. Le projet de "voie nationale au socialisme" n'atteignit pas son objectif de fond, et mena même le système politique dans une impasse, empêchant la gauche de conquérir une "alternance" de gouvernement à la Démocratie Chrétienne.
13 - DEMOCRATIE CHRETIENNE (DC). Parti italien d'inspiration chrétienne/catholique. Constitué sous ce nom dans l'après-guerre recueillant l'héritage du Parti Populaire, né dans le premier après-guerre par l'oeuvre d'un prêtre sicilien, don Luigi Sturzo. Après les élections de 1948, dans le climat de la guerre froide, il devint le parti de majorité, s'approchant certaines fois de la majorité absolue. Composant central de tout gouvernement, il détient le pouvoir sans interruptions depuis un demi siècle conditionnant fortement en sens modéré le développement de la société italienne. Aux élections de 1992, pour la première fois, il descend sous la barre des 30% des suffrages.
14 - MOUVEMENT SOCIAL ITALIEN (MSI). Parti fondé en 1946 par quelques ex-fascistes, actifs surtout durant la République Sociale Italienne, qui s'opposa aux forces alliées et au gouvernement légitime en collaborant avec les allemands (1943-45). En 1972 il absorba le Parti d'Union Monarchiste (PDIUM) et changea son nom en MSI-Droite Nationale. Secrétaires: Giorgio Almirante (1946-50 et ensuite à partir de 1969), A. De Marsanich (1950-1954), A. Michelini (1954-1969), Pino Rauti et, actuellement, Gianfranco Fini.
15 - ALMIRANTE GIORGIO. (Salsomaggiore 1914 - Rome 1988). Secrétaire du MSI, Mouvement Social Italien (le parti de droite qui se considère héritier du fascisme) de 1969 à 1987.
16 - ROCCO ALFREDO. (Naples 1875 - Rome 1935). Juriste et homme politique, d'abord radical il passa ensuite aux nationalistes, qui ont fini par confluer dans le parti fasciste. Ministre de la justice de 1925 à 1932, auteur du Code Pénal et du Code de Procédure Pénale promulgués entre 1930 et 1931. Les deux codes, malgré leur forte inspiration fasciste, sont restés pratiquement intacts pendant de longues années même après la tombée du fascisme, et ce n'est que très récemment qu'ils ont été remplacés par des Codes plus modernes. Figure d'une importance exceptionnelle dans l'histoire institutionnelle de l'Italie moderne.
17 - REALE ORONZO. (Lecce 1902 - Rome 1988). Un des fondateurs du Parti d'Action (1942), secrétaire du parti républicain (1949-1964), député, ministre de la justice à plusieurs reprises. La "Loi Reale" est une loi d'urgence qui confère des pouvoirs spéciaux aux forces de police, qu'il a présenté pour combattre le terrorisme (1975). Dans le référendum de 1988 organisé par le Parti radical pour abroger la "Loi Reale" 76% de ceux qui avaient voté se déclarèrent favorables au maintien de la loi.
18 - BERLINGUER ENRICO. (Sassari 1922 - Padoue 1984). Homme politique italien. Député à partir de 1968, secrétaire général du Parti Communiste Italien (PCI) de 1979 à sa mort, après la crise et l'assassinat d'Allende il fut fauteur du "compromis historique", qui amena de 1976 à 1979 à la soi-disant "majorité du non-refus de confiance", la plus haute réalisation de la stratégie de Togliatti pour un accord organique avec la Démocratie Chrétienne. C'est à lui qu'appartînt le projet de donner vie au soi-disant "Eurocommunisme", une tentative de projeter en occident un réformisme qui ne reniât pas tout à fait l'expérience communiste.
19 - A. MICHELINI. Secrétaire du MSI de 1954 à 1969.
20 - GENTILE GIOVANNI. (Castelvetrano 1875 - Florence 1944). Philosophe, il élabora avec Benedetto Croce la théorie du néo-idéalisme hégélien contribuant à la renaissance philosophique italienne. Il adhéra au fascisme, fournissant des bases idéologiques au régime. Il recouvra des charges importantes jusqu'à la moitié des années 30. C'est à lui qu'on doit une fameuse réforme de l'enseignement. Il fut tué par des maquisards pendant la Résistance.
21 - MORO ALDO. (Maglie 1916 - Rome 1978). Homme politique italien. Secrétaire de la Démocratie chrétienne (1959-65), artisan de la politique de centre-gauche. Plusieurs fois ministre à partir de 1956. Président du Conseil (1963-68, 1974-76), à partir de 1976 président de la Démocratie chrétienne, il préconisa le rapprochement du Parti communiste italien (PCI) au gouvernement traçant l'hypothèse d'une soi-disant "troisième phase" (après celles du "centrisme" et du "centre-gauche") du système politique. Enlevé par les Brigades Rouges à Rome, le 16 mars 1978, il fut retrouvé mort le 9 mai de la même année.
22 - LA MALFA UGO. (Palerme 1903 - Rome 1979). Homme politique, italien. Parmi les fondateurs du Parti d'Action (1942), il adhéra ensuite au Parti républicain (1948) en transformant sa physionomie, pour essayer d'en faire le parti libéral moderne lié aux forces de production. Il fut son secrétaire de 1965 à 1975, et ensuite président. Plusieurs fois ministre et vice-président du Conseil (1974-76). Un des pères de la libéralisation du commerce dans l'après-guerre.
23 - SARAGAT GIUSEPPE. (Turin 1898 - Rome 1988). Socialiste, exilé en Autriche sous le fascisme. Ministre dans le premier gouvernement Bonomi de 1944, président de l'Assemblée Constituante en 1946. En 1947 il dirigea la scission de l'aile droite du Parti socialiste italien (PSI) fondant le PSLI (Parti socialiste des travailleurs italiens), ensuite PSDI (Parti socialiste démocrate italien). Vice-président du Conseil et Président de la République de 1964 à 1971.
24 - SOFRI ADRIANO. (1942). Leader du mouvement extraparlementaire italien "Lotta Continua". Journaliste, écrivain. Jugé et condamné à vingt ans comme co-responsable présumé de l'assassinat du commissaire de police Calabresi. Mémorialiste lucide et désabusé.
25 - CICCIO FRANCO. Acteur de films comiques.
26 - PASOLINI PIERPAOLO. (Bologne 1922 - Rome 1975). Ecrivain et metteur en scène, italien. Romans ("Ragazzi di vita", 1955; "Una vita violenta", 1959), poésie ("Les cendres de Gramsci", 1957, etc), théâtre, cinéma ("Accattone", 1961, "Il Vangelo secondo Matteo", 1964, etc), mais surtout formidable polémiste et moraliste, il dénonça les méfaits de la "bourgeoisie", et critiqua âprement la gauche italienne pour ses incapacités. Sympathisant du Parti radical, sur lequel il a écrit de très belles pages, le jour de sa mort il aurait dû aller à Florence, pour une intervention au Congrès de ce parti.
27 - ROSSI ERNESTO. (Caserta 1897 - Rome 1967). Homme politique et journaliste italien. Leader du mouvement "Justice et Liberté", arrêté et condamné en 1930 par le fascisme, il resta en prison ou en exil jusqu'à la fin de la guerre. Il écrivit avec A. Spinelli le "Manifeste de Ventotene" et fut à la tête du Mouvement Fédéraliste Européen et de la campagne pour l'Europe unie. Parmi les fondateurs du Parti radical. Essayiste et journaliste, il lança des colonnes du "Mondo" des campagnes très vives contre les ingérences cléricales dans la vie politique, contre les grands états économiques, contre le protectionnisme industriel et agraire, les concentrations de pouvoir privées et publiques, etc. Ses articles furent rassemblés dans des livres fameux ("Les maîtres de la vapeur", etc). Après la dissolution du Parti radical en 1962, et la rupture conséquente avec le directeur du "Mondo" M. Pannunzio, il fonda "L'Astrolabe" des colonnes duquel il continua ses polémiques. Dans ses dernières années il se rapprocha et s'
inscrivit au "nouveau" Parti radical avec lequel il lança, en 1967, l'"Année Anticléricale".
28 - TERRACINI UMBERTO. (Gênes 1895 - Rome 1983). Homme politique italien. Il fut parmi les fondateurs du Parti Communiste Italien (PCI). Emprisonné sous le fascisme entre 1926 et 1943, il fit partie de l'aile non stalinienne et pour cette raison il fut longtemps considéré comme suspect par ses camarades. Dans l'après-guerre il fut l'expression des meilleures tendances libérales du parti, et gagna l'estime générale comme Président de l'Assemblée Constituante (1947-48).
29 - L'UNITA'. Quotidien officiel du Parti communiste, fondé à Turin en 1924 par Antonio Gramsci.
30 - AGNELLI. Famille d'industriels italiens de l'automobile. Turinois, Giovanni (1866-1945) fut le fondateur de la FIAT. Son neveu Giovanni - mieux connu comme Gianni (1921) - est actuellement président de la société, tandis que son frère Umberto (1934) en est le vice-président. Entre 1974 et 1976, Gianni fut aussi président de la Confindustria, l'association syndicale des industriels, tandis que Umberto a été sénateur de 1976 à 1979. Gianni Agnelli a été nommé sénateur à vie en 1991 par le Président de la République Francesco Cossiga.
31 - ENEL: Société italienne pour l'énergie électrique, fondée en 1962 suite à la nationalisation de l'industrie électrique italienne. L'ENEL, sauf quelques rares exceptions, détient le monopole de l'énergie électrique et dépend du ministère de l'industrie.
32 - "Missini". Sympathisants du MSI.
33 - de TOGLIATTI (voir note 12)
34 - CURCIO RENATO. (1941). Fondateur et leader des Brigades Rouges, d'une forte personnalité.
35 - VALLANZASCA. Chef d'une bande de malfaiteurs dans les années 70.
36 - SINDONA MICHELE. (Patti 1920 - Voghera 1986). Financier italien. Entre 1969 et 1974 il érigea un empire financier. Impliqué dans des opération peu claires et compromis avec des secteurs du monde politique, il eut une première crise suite à laquelle il se réfugia aux Etats-Unis. Impliqué dans un nouveau crack, il fut arrêté et condamné. Il mourut en prison, dans des circonstances peu claires.
37 - CRAXI BETTINO. (Milan 1934). Homme politique italien. Socialiste, député depuis 1968. Devenu secrétaire du Parti socialiste italien (PSI) en 1976, il a profondément changé la physionomie du parti, le faisant devenir l'axe d'un ample projet de réformes même institutionnelles et d'unité des forces socialistes.
38 - Trastevere et Testaccio: deux parmi les plus vieux quartiers de Rome.
39 - INGRAO PIETRO. (Lenola 1915). Pendant de longues années exposant de premier plan du Parti Communiste Italien. Provenant des organisations universitaires fascistes, leader de la "gauche" du parti ouverte au soi-disant "dialogue avec les catholiques" et à une conception mouvementiste de la politique, vue comme lutte des "masses" contre l'exploitation capitaliste au niveau mondial. Président de la Chambre des Députés de 1976 à 1979, c'est à dire à l'époque du "compromis historique" et de l'"unité nationale".
40 - PECCHIOLI UGO. (Turin 1925). Sénateur, exposant du Parti communiste italien (PCI), Ministre de l'Intérieur dans le gouvernement-ombre. Responsable pendant longtemps pour son parti des questions relatives à la politique intérieure, indiqué par les radicaux comme co-responsable d'un bon nombre d'histoires obscures liées aux années de plomb.
41 - COSSIGA FRANCESCO. (Sassari 1928). Président de la République Italienne à partir de 1985, il a donné ses démissions le 28 avril 1992. Député depuis 1958, il a été successivement sous-secrétaire (1966) et Ministre (1974). Ministre de l'Intérieur (1976-78) à l'époque de l'enlèvement d'Aldo Moro, il se démit quand on découvrit le corps de l'homme d'état assassiné. Chef du Gouvernement (1979-80). Comme Président de la République, dans la seconde partie de son mandat, il s'est engagé en première personne pour la changement de la Constitution italienne, s'abandonnant à de féroces polémiques avec la plupart des exposants politiques et dépassant les limites établies par le système constitutionnel. C'est pour ces raisons que Marco Pannella a porté plainte contre lui, en août 1991, pour le crime d'attentat à la Constitution.
42 - BAGET BOZZO GIANNI. (Savona 1925). Prêtre, politologue, écrivain. Editorialiste de "La Repubblica", auteur de nombreuses oeuvres qui eurent un succès considérable. Député au Parlement européen pour le Parti socialiste italien (PSI).
43 - ANDREOTTI GIULIO. (Rome 1919). Exposant de la Démocratie Chrétienne. Secrétaire de A. De Gasperi, il commença très tôt, comme Sous-secrétaire à la Présidence du Conseil, une carrière ministérielle ininterrompue: Intérieur (1954), Finances (1955-58), Trésor (1958-59), Défense (1959-66), Industrie (1966-68), Budget (1974-76). Président du Conseil de 1972 à 1973, puis de 1976 à 1979, et de 1990 à aujourd'hui.
44 - FANFANI AMINTORE. (Arezzo 1908). Homme politique italien, professeur d'histoire de l'économie, personnalité éminente de la démocratie chrétienne, dont il fut secrétaire de 1954 à 1959 et ensuite de 1973 à 1975 en lui imprimant une forte empreinte corporative avec l'utilisation de l'industrie publique comme volant du développement économique. Chef du gouvernement (1958-59); 1960-62; 1982-83), ministre des Affaires étrangères à plusieurs reprises, président du Sénat de 1958 à 1973 et ensuite de 1976 à 1982.
45 - COMMISSION D'ENQUETE. Formée par dix députés et dix sénateurs, elle est appelée à se prononcer sur les actes d'importance pénale éventuellement commis par le Président de la République ou par des Ministres. Elle jouit des mêmes droits que le magistrat. Elle renvoie à la Cour Constitutionnelle les actes de son enquête pour la mise en état d'accusation ou pour l'acquittement. En 1977 et en 1986 le Parti radical a organisé deux référendums pour l'abolir. Dans le référendum convoqué en 1989 la majorité des électeurs italiens vota pour son abrogation. En 1989 elle a été remplacée par le Comité pour les procédures d'accusation constitué par les Juntes pour les autorisations à poursuivre de la Chambre et du Sénat.
46 - JEAN FABRE. Ancien Secrétaire du Parti radical. De nationalité française.
47 - AUTONOMIE OUVRIERE. Mouvement politique d'extrême gauche, actif dans la moitié des années 70. Il atteignit le maximum de ses capacités en 1977, en 1979 il fut dénoncé pour connivence avec le terrorisme et certains de ses leaders subirent des procès. D'après ses théoriciens la classe ouvrière devait s'organiser en formes "autonomes" de l'Etat, son adversaire historique.
48 - AMERIGO PETRUCCI. Ancien maire de Rome
49 - Pour régler les différends restés en suspens entre l'Italie et la Yougoslavie depuis l'après-guerre un traité fut signé en 1976. Le traité fut contesté par les radicaux dans sa partie économique qui prévoyait la constitution d'une "zone franche industrielle" sur le Carso.
50 - "Sardiste" - pro-Sardaigne
51 - EMILIO LUSSU. Fondateur avec Carlo Rosselli, Alberto Cainca, Gaetano SAlvemini du mouvement antifasciste "Justice et Liberté" d'inspiration libérale-socialiste.
52 - MARIO FERRARA. Avocat, exposant du meilleur libéralisme et radicalisme italien entre les deux guerres.
53 - R.A.I. Sigle de la Radiotélévision Italienne.