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Pannella Marco - 15 giugno 1982
UN "MASSACRE INUTILE"? (4) Via Rasella, le terrorisme, la gauche, le fascisme
par Marco Pannella

SOMMAIRE: Au cours du XXI Congrès du Parti radical de 1979 (29, 30, 31 mars et 1, 2 avril 1979 - Rome) Marco Pannella reprit un des arguments mis depuis longtemps dans le collimateur de la polémique radicale contre la gauche italienne et le Parti communiste en particulier, le thème de Via Rasella, le sens historique de l'épisode de la Résistance, ses connexions surtout, avec le terrorisme contemporain. Un peu moins d'un an auparavant, l'affaire Moro avait déchiré la gauche, plaçant le PCI dans la zone de la "fermeté" tandis que le PR (et, avec d'autres tons et nuances, le PSI) choisissait une ligne d'ouverture d'un dialogue qui permît d'avoir recours à toute voie utile pour le sauvetage de l'homme d'Etat; renonçant au préalable, de toute façon, à tout comportement respectueux envers un Etat qui vienne proclamer hypocritement ses prérogatives intangibles au moment précis où les signes de son impuissance et de sa crise morale, politique et historique, étaient le plus manifestes et douloureux. Comment ne pas re

marquer, dans ce contexte de discussion, qu'au début précisément de la récente histoire communiste, outre que partisane et antifasciste, on allait jusqu'à mettre dans une position centrale l'épisode de Via Rasella, l'attentat de ce lointain mois de mars 1944, lorsqu'un petit groupe de partisans, faisant sauter une charge d'explosif dans le coeur du vieux Rome occupé par les allemands, provoqua une hécatombe dans une colonne de SS du Haut-Adige moyennant une trappe meurtrière? L'attentat - on le sait - déchaîna les représailles des allemands, qui s'abattirent sur 335 détenus de Regina Coeli, prisonniers politiques et de droit commun, massacré par des rafales de mitraillette dans l'obscurité de certaines carrières de pouzzolane abandonnées, le long de la Via Ardeatina. L'épisode était-il, ou n'était-il pas, un acte de terrorisme, de violence, inévitablement "matrice" du terrorisme et de la violence qui à nouveau prend de l'extension, quarante ans plus tard, dans le Pays?

Pannella fut sans équivoques. Si le terrorisme doit être dénoncé et attaqué, en même temps que le terrorisme d'aujourd'hui nous devons dénoncer, comme étant co-responsable, toute l'histoire de la violence de "gauche". Si Curcio est coupable, l'action de Via Rasella représente elle aussi une forme, condamnable, de violence homicide.

"Si les jeunes de l'action catholique sont des barbares et des assassins - avertissait Pannella - Curcio, qui sur la base de l'iconographie de Saint Gabriel et Saint Michel, écrase le démon du pied et devient justicier du dragon capitaliste (...), alors Carla Capponi aussi, notre Carla, médaille d'or de la Résistance pour l'avoir placée à Via Rasella, Antonello, Amendola et d'autres encore, doivent se souvenir de cette bombe. Nous devons dire que si nous avons un rapport d'"intimité" avec l'histoire fasciste, nous avons (...) le même rapport avec les pires bourreaux, avec mes camarades Togliatti et Curcio...". La réaction communiste à cette polémique fut de fureur. Le lendemain "L'Unità" donnait ce titre à l'exposé de l'Université: "La ligne Pannella: le PCI est un ennemi, Curcio un frère". La stratégie radicale était définie globalement comme "anticommuniste". Précédé par cet exposé, Pannella se rendait, dans la même matinée, au congrès du PCI. L'indignation et la rage des congressistes communistes explosai

t, provoquant aussi des attaques très dures de la part de Amendola et Lama. "Le discours fasciste de Pannella est une ignominie, ici il y a les médailles d'or de Via Rasella" c'était l'invective de Amendola; pour Lama "le parti des brigades Matteotti, de Sandro Pertini et de Riccardo Lombardi ne peut pas être confondu avec celui de Pannella". Le parterre sifflait longtemps le leader radical entré dans la salle en habit foncé, un loden bleu sur les épaules, presque un "vampire" ou un "Nosfératu", comme la presse du lendemain le rapportait, entre l'hostile, l'étonnement et l'ironie.

Dans ce livre ont été rassemblées, en plus des transcriptions des deux interventions de Marco Pannella au congrès, les opinions de ceux qui intervinrent dans le débat sur Via Rasella, la violence et le terrorisme.

("UN MASSACRE INUTILE ?") - De Via Rasella aux Fosses Ardéatines - par Angiolo Bandinelli et Valter Vecellio - Tullio Pironti Editeur, 1982, Naples)

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Via Rasella, le terrorisme, la gauche, le fascisme

par Marco Pannella

Camarades,

qui avait dit, qui continue à dire que dans l'Université de Rome et dans les autres universités italiennes la violence règne et que l'on empêche que la démocratie ait libre cours? Qui soutient que les "autonomes" (1) ou les violents veulent en tout cas empêcher que se célèbrent dans nos écoles des débats démocratiques?

Aujourd'hui nous sommes arrivés à la conclusion d'un congrès qui a duré cinq jours et qui s'est déroulé à l'intérieur de l'Université de Rome, à deux pas de Via dei Volsci (2) et de la Maison de l'Etudiant; nous n'avons eu aucun service d'ordre et nous avons toujours dit clairement quelle est notre opposition irrévocable à la violence, symbolisée de façon dramatique à Turin, avec Adelaide (3) parmi les jurés (nous qui sommes habitués à être accusés et mis en prison) et Curcio (4) et les camarades enfermés dans les cages des accusés.

Je n'ai pas répondu à tout cela.

Hier j'ai écouté, au congrès communiste, le camarade Imbeni (dont le langage porte la trace de son passage à travers 68) dénoncer que même dans la démocratique et très civile Bologne (lieu central de la démocratie, des partis de la classe ouvrière, de leur organisation) l'intolérance prenait de l'extension. Et nous avons entendu le maire Novelli défendre le fameux questionnaire, essayant d'expliquer que la délation de masse est une chose juste et un devoir, sans comprendre que - comme nous le croyons - lorsque l'on ne s'en remet pas à la recherche de l'indice ou de la preuve, lorsque l'on sort (et vous le faîtes camarade Novelli, vous qui croyez pouvoir parler contre nous au nom de l'Etat) des garanties du droit (peut-être même celles des codes Rocco (5)), lorsqu'on cherche le soupçon comme élément d'excitation et de la vérité, les dénonciations justes finissent par se noyer dans l'océan des délations de masse. Et ainsi (comme pour l'affaire Moro (6)) ceux qui, à partir de De Lorenzo, depuis l'époque du cent

re-gauche, nichés dans le coeur de Rome et des institutions, accueillent les partisans de la stratégie de la violence et du terrorisme, peuvent, dans un climat de délation de masse, mieux agir pour faire ce que le général Mengarelli et le Procureur de la République Pascoli ont fait sur les cadavres encore chauds des trois carabiniers de Peteano (7), c'est à dire pour troubler les eaux et éviter la recherche des assassins ("applaudissements").

Certains camarades du Parti communiste, habitués à se gouverner eux-mêmes à travers le centralisme bureaucratique, au moment où ils ont dû se poser le problème de l'administration pluraliste (comme ils l'appellent tandis que nous préférons l'appeler constitutionnelle et démocratique) de l'Etat, se sont révélés incapables d'en concevoir la différence avec le centralisme démocratique et bureaucratique, à travers lequel ils ont gouverné leur dissension et leurs erreurs pendant trente ans, et essayé d'imposer au Parlement et dans tous les moments de la vie de l'Etat la culture du centralisme démocratique et bureaucratique comme moyen de recherche de la justice et de la liberté.

Mais ce n'est pas possible, s'il est vrai (camarades du Manifesto (8)) que toute l'histoire du Parti communiste prouve que, même lorsque extérieurement les bonnes manières ont été apprises, quiconque n'est pas d'accord subit l'expulsion. Mais nous ne pouvons pas nous permettre le luxe d'expulser la dissension: c'est une terrible illusion qu'espérer pouvoir expulser ainsi le désespoir et ses produits hors de la société qui les a produit et de l'Etat qui les a nourrit.

Nous avons un élément de réflexion à fournir aux camarades Imbeni et Pecchioli (9) et à tous ceux qui font passer l'Université pour un lieu où l'on ne peut parler autre chose qu'un langage qui voudrait imposer les autonomes par la violence: et à ceux qui soutiennent que la seule façon qu'ont les autonomes de s'exprimer est toujours celle d'essayer d'empêcher à quiconque d'autre de manifester ses propres opinions.

S'auto-gérer pour auto-gérer la société

Nous pouvons dire ces choses-là parce que nous croyons à la ligne de la véritable autogestion. Mais, chers camarades, si l'on ne se gère pas soi-même, on ne peut auto-gérer l'Etat; si l'on a besoin d'un service d'ordre imposé, on ne peut créer un ordre démocratique fondé sur le consensus et sur la participation ("applaudissements"). Si l'on ne sait pas chercher dans l'effort la façon dont gérer nos états d'âme, nos différentes façons d'être, dans la vie politique de tous les jours et dans les structures d'un parti, on ne peut jamais arriver à donner corps aux technologies de l'autogestion, celles qui comprennent à l'intérieur d'elles-mêmes la nécessité de gouverner aussi le moment de la production à travers l'autogestion, le renversement des rapports de production actuels.

Je suis attendri par la pensée que Huguette et les camarades du PSU ont eu en me faisant cadeau de cette montre Lip. Car on leur a empêché pendant longtemps de savoir qui nous étions vraiment; les camarades du Psu ne savent pas, par exemple, que j'ai vécu pendant longtemps à Paris, lorsque j'étais journaliste et correspondant du "Giorno". Etant donné que c'est la nuit qu'il m'arrive de faire les choses les plus belles, et j'espère que ça vous arrive aussi, je me souviens que la nuit j'allais écrire sur les murs les lettres GAR, celles des camarades du PSU anti-terrorisme, anti OAS, pendant la guerre d'Algérie, alors que des dizaines et des dizaines d'arabes étaient torturés et jetés dans la Seine. Je passais ces nuits à sourire et à penser au journal "Il Giorno", étonnant les camarades du Psu qui, très jeunes, s'étonnaient du fait qu'un "vieux" de 29 ans allait risquer avec eux les ratonnades des policiers de la V République, à l'époque très souvent complices de l'OAS. Depuis ces nuits-là, la vie avec les ca

marades du Psu a été pour moi une règle et j'ai suivi avec plaisir leur grande lutte chez Lip. Je savais qu'ils avaient de gros problèmes et que de leur recherche ne pouvait certainement pas naître un modèle d'auto-gestion applicable pour tout le monde.

Mais il ne peut y avoir d'autogestion sans recherche appliquée, sans donner corps à tous les problèmes, à tous les conflits. Je me souviens des nuits terribles où les camarades de chez Lip se disputaient désespérément entre eux en s'accusant les uns les autres d'être des ramollis, même des traîtres. Ensuite je n'avais plus eu de nouvelles de Lip et je suis aussi reconnaissant à Huguette de m'avoir rappelé que l'auto-gestion de Lip continue, de la même façon que peut continuer quelque chose de solide désormais, une chose presque normale: et c'est quelque chose qui, fût-ce même pour un milliardième, informe aujourd'hui la réalité française et participe à une configuration différente de cette organisation de production.

Je ne veux pas vous affliger encore longtemps et je passe tout de suite à quelques observations.

Je vous informe tout de suite que ce matin nous avons dépensé plusieurs millions de notre financement public pour faire publier sur le "Messaggero" (10) et sur "Il Tempo" (11) l'annonce qu'aujourd'hui Radio Radicale diffusera intégralement par deux fois les discours du camarade Enrico Berlinguer (12), d'Amendola (13), de Lama (14), et de ce qu'ils ont appelé mes discours fascistes. Ainsi, tous les romains (communistes, démocrates-chrétiens, indépendants) pourront connaître exactement ce qui en est et tous les journalistes, au moment où une âpre bataille est sur le point d'éclater sur ces thèmes, pourront connaître et juger directement où ait été le fascisme, dans ces jours de congrès radical et de congrès communiste ("applaudissements").

Je tiens ensuite à remercier (même si je sais qu'il m'en voudra de ce remerciement public, comme d'habitude, dans sa qualité de camarade de toujours) Bruno Zevi (15) qui a donné corps et vie à Teleroma 56 (16), qui fera les mêmes choses en ce qui concerne les prises de vue. ("applaudissements").

Nous sommes associés à présent au travail et à la responsabilité de Zevi et nous devons offrir à tous la possibilité de comprendre aussi les difficultés d'Enrico Berlinguer et des camarades du Parti communiste, de comprendre de la meilleure façon possible, pour essayer de limiter les raisons de dissension et de consensus, car le dialogue est toujours dramatique lorsqu'il est sérieux et vrai (dans la vie publique comme dans la vie privée) mais il doit avoir lieu non pas sur la base de dénonciations et d'anathèmes, non pas en disant à des masses de camarades des mensonges de marque "goebbelsienne", qui peuvent sortir ici ou là mais toujours pour empêcher de connaître et de juger ce que les partis (aussi bien le parti radical que le parti communiste) ont le droit et le devoir de faire ou de ne pas faire.

Pannella: mi-vampire, mi-dracula?

Une autre observation. Hier, tous les collègues présents au congrès communiste m'ont vu - mi-vampire, mi-dracula, mi-Hamlet - me dresser vulgairement tout seul, tandis que l'insulte et l'excommunication enflammés étaient sauvagement et frénétiquement applaudis, serré dans un manteau noir, le visage pâle...! Ils l'ont tous écrit. Allez voir. De toute évidence, je suis tellement habile, démoniaque (ou angélique, si vous préférez), que hier je savais que je serais arrivé au moment précis où le camarade Lama était en train de parler et que, au moment même où je m'asseyais, il aurait prononcé ses menaces contre les socialistes et ses excommunications contre nous. Alors j'avais mis mon manteau noir, pour une meilleure mise en scène! Tous les journalistes l'ont écrit. Apparemment c'est une bagatelle, mais elle a sa signification. Le fait est que, depuis le mois de janvier (lorsqu'un soir je l'ai acheté à Trieste car j'avais l'impression de mourir de froid) la seule chose que je met toujours c'est ce loden bleu que

vous connaissez, celui que vous voyez là sur la table. Je pense que ce soit une conséquence des longues grèves de la faim, mais le fait est que depuis quelque temps il fait plutôt froid et l'autre soir aussi j'avais sur les épaules ce pardessus; je ne l'avais pas laissé au vestiaire: c'est vrai, les personnes bien élevées laissent leurs armes au vestiaire, mais je ne pensais pas qu'un pardessus serait devenu aussi une arme avec laquelle me frapper (applaudissements).

J'étais conscient, l'autre soir, d'ouvrir ici, dans de telles circonstances, un grave contentieux dramatique, mais j'étais aussi conscient du fait que cette année, 30 millions de personnes mourront de faim; des morts devant lesquels nous nous contentons désormais de dire "ah!", à cause d'une espèce de perversion qui fait que nous restons indifférents face à une extermination de masse pire que celle des nazis et des staliniens mises ensemble. Nous le considérons comme un message de la nature, uniquement parce que c'est une chose qui ne se passe pas juste sous nos yeux, même si la distance qui nous sépare du coeur de ces 30 millions de morts n'est pas - en termes de transport - supérieure à celle qui existait à l'époque de mes grands-parents entre Teramo et Rome: mais à l'époque déjà ce qui se passait dans ces deux villes était déjà considéré comme une réalité commune.

Touchant la réalité tragique de notre pays, les insuccès de toutes nos générations (de 16 à 80 ans), je savais bien qu'ils se seraient libérés des tabous, que plusieurs d'entre eux auraient été obligés de faire une introspection cruelle car authentique.

L'histoire de la violence doit être parcourue à nouveau et revue

Mais je voudrais rappeler qu'hier, en portant ces accusations et ces critiques aussi graves, j'ai toujours dit "nous qui faisons ces choses", "ces choses font partie de notre histoire". J'ai toujours dit "nous, pas "eux". J'ai dit "notre camarade médaille d'or de la Résistance Carla Capponi" (17). Que devais-je dire? Que devais-je dire, plus que "Carla Capponi", "camarade", "médaille d'or"? Je n'ai même pas dit "Trombadori" (18), j'ai dit "Antonello", du comité pour le désarmement et la paix, contre la faim". Et j'ai dit Giorgio Amendola, parce qu'il est évident que ceux qui connaissent l'histoire de Giovanni, de Giorgio, de Pietro Amendola, savent que c'est "notre" histoire aussi: ce n'est pas "leur" histoire ("applaudissements"). J'ai choisi ces noms dans leur diversité, mais j'ai aussi dit que, de même que certaines nécessités extrêmes sont la seule chose que je réussis à imaginer face à 30 millions de morts (fermeté, certitude de l'amour, de la défense du droit naturel et civil effectif) je considère aus

si qu'au moment où le terrorisme et la violence poussent au désespoir et sont le fruit d'une stratégie, toute l'histoire de la violence doit être parcourue à nouveau et revue. Mais qui peut penser qu'un seul d'entre nous, ayant les idées qu'il a aujourd'hui, étant un militant et non pas une personne quelconque, n'aurait pas pu être parmi ceux qui non seulement exécutaient, mais ordonnaient l'attentat de Via Rasella (19)? Personne ne veut avoir les mains propres de cette façon-là, de même que l'innocence dans la virginité n'existe pas nécessairement. Il y a l'innocence (et c'est quelque chose que l'on conquiert) et la virginité, qui est une chose différente et inutile. Ceux qui ont les mains propres ce sont ceux qui savent les laver même s'ils touchent la boue où ils doivent vivre, peut-être même la boue de l'échec des moments de désespoir, du mélange de larmes et de méchancetés des inadéquations fatales de la vie de chaque individu.

Celui-ci est un congrès de non-violents. Un congrès, que les camardes communistes me l'accordent, dans lequel, peut-être, pas uniquement par pur masochisme, il y a une "direction" de parti formée encore en 1979 à 7/10 par des citoyens en liberté provisoire, pas dans le sens où nous le sommes tous, mais des personnes qui ont été en prison dans les dernières années avec leurs idées, je ne dis pas à cause de leurs idées, et qui d'un autre côté vivent cette histoire des luttes non violentes et des grèves de la faim; des grèves de la faim qui sont quelque chose d'impondérable et pour lesquelles il existe peut-être, ou plutôt surement, une compensation si elles sont bien accomplies, si elles sont vraiment sans polémiques et faites uniquement de volonté créative et de proposition.

Certes, avec les grèves de la faim les tissus des cellules brûlent plus vite et on brûle par conséquent des années, mais d'autre part il y a comme une compensation. L'amour et le bonheur de ces luttes sont immenses. Certes, la grève de la faim est aussi cela, il y a un peu d'auto-phagie, le corps se nourrit et se dévore tout seul, les cellules brûlent plus vite et les cheveux deviennent blancs plus rapidement, mais le blanc était l'emblème de la force dans l'Ancien Testament ainsi que chez les meilleurs peintres de la Renaissance ("applaudissements"). Innocence, pureté; la colère de l'innocence appartenait à Moïse. Le troisième âge n'avait pas encore été atteint car il n'était pas apte aux processus de production de la société industrielle. Ils avaient l'idée de la force et de la conquête ("applaudissements"): on "va" vers l'innocence et la force; on ne les "a" pas derrière soi; on les perd; et il est nécessaire d'être affranchi d'un péché originel, sans quoi on est corrompu dès le premier instant et notre d

estin est la corruption. Alors que nous devons affronter le terrorisme, nous devons nous dire que le terrorisme fait partie de notre histoire. De notre histoire font partie Dostojevski et le nihilisme. Qu'est-ce-qu'un camarade brigadiste si ce n'est justement quelqu'un qui répète probablement aussi les tourments et les dialogues nocturnes - avec une organisation différente - qui nous ont été décrits dans les pages contemporaines de Dostojevski? Que signifie parler de la violence si ce n'est avant tout parler de notre illusion violente, qui nous accompagne minute après minute et uniquement de cette façon, avec une gifle dans un rapport d'amour, de couple ou autre chose? L'illusion que dans un moment de colère on réussira à surmonter et à obtenir ce qui semble nous échapper, lorsqu'on a peur. Mais lorsqu'on a peur qu'une chose nous échappe, nous l'avons déjà perdue, nous l'avons déjà tuée: la femme, l'homme, les deux hommes, les deux femmes.

Etre libertaires signifie continuer indomptés la recherche de cette libération et ne pas obtenir la libération à la banque; et pour en faire quoi? On ne peut pas vivre de rentes. Je ne veux pas dorer la pilule, je veux la préciser. Les lois militaires; combien de fois ai-je dit: gare à nous, camarades, nous sommes davantage une gauche clauswitzienne que marxienne, une gauche plus militaire: "avant-garde", "arrière-garde", "stratégie", "tactique"; tout un langage emprunté à l'art militaire et jamais au contraire à un langage laïque par rapport au langage militaire.

Organisation "militaire" ou "capitaliste": la prévision de Marx-Engels était vraiment exacte!

Marx et Engels avaient prévu qu'au moment où le capitalisme devient impérialisme, au moment où la société industrielle aurait était à son point culminant et les candidatures socialistes auraient été les candidatures du moment, ceux qui croient et voudront défendre du socialisme les mécanismes du bénéfice, de la plus-valeur et de l'organisation capitaliste, auront prêts pour la société toute entière les modules d'organisation militaire, les valeurs militaires, comme seule alternative à l'organisation socialiste. Cette prévision de Marx et de Engels était vraiment exacte!

Souvenons-nous que le terrorisme est dans notre histoire. Souvenons-nous en tant que non-violents qu'il est nécessaire de se libérer de l'éthique de notre sacrifice et de celui des autres, de la façon dont gagner la faveur des dieux et de laver nos mains en égorgeant l'agneau. Nous devons conquérir la conviction qu'il est nécessaire de ne pas croire qu'il existe une guerre sacrée et sainte et une autre qui ne l'est pas - croisade laïque ou pas - et que ce n'est qu'en tuant et détruisant l'ennemi que nous restons libres dans l'expansion de notre horizon.

Souvenons-nous - je l'ai écrit il y a désormais beaucoup, beaucoup d'années - que si nous regardons pour un instant l'ennemi tel qu'il nous apparait et que nous ôtons de nos yeux l'habitude de voir des démons à l'extérieur de nous-mêmes (qui après tout sont ceux que nous projetons et que nous collons sur le visage des autres), nous nous rendons compte que cet être là nous est nécessaire, car avec lui, jour et nuit, des dialogues sont possibles, des éclaircissements et tant de choses splendides pourraient être faites.

Condamner Via Rasella ne signifie pas insulter la Résistance

Dans ce contexte comment ne pas revendiquer à haute voix, non pas - Lietta Tornabuoni! - comme une insulte à la Résistance, mais comme cohérence de notre part, le droit de ne pas juger pouvoir crucifier Curcio uniquement parce qu'il transfère aujourd'hui dans son histoire catholique ses idées sur la guerre juste et sainte, comme celle que je rappelais, celle de Saint Gabriel, de Saint Michel et de Saint Georges qui armés chassent le démon du capitalisme, du mal, et qui par conséquent chassent le bien et le devoir de l'homme qui veut honorer sa foi, celle qu'il a dans son coeur; nous ne reconnaissons pas que Curcio soit cela, avec cette matrice et avec ce visage que le Parti communiste, et le Parti socialiste aussi, nous ont sommé de cesser de chercher dans les deux dernières années. En ce qui concerne les ministres et les Présidents du Conseil sur lesquels on exerce un chantage et sur lesquels on peut exercer un chantage, on a empêché la recherche de la vérité pendant quinze ans à n'importe quel niveau. Voil

à alors avec l'histoire de Curcio le dessein terroriste évident de la Rose des Vents, à propos duquel - Lietta Tornabuoni, je te le répète! - de l'"Unità" au "Secolo d'Italia", sept-huit ans après les faits et même dix ans, personne ne se lève pour demander aux juges tant dénigrés, lorsque l'on parle de la Banque d'Italie, ce qu'ils font dans cette instruction qui fait que Spiazzi, comme il est juste vu que les délais d'incarcération sont arrivés à échéance, est libre. On ne permet pas seulement la contamination de la vérité, mais on leur permet de poursuivre le dessein de la Rose des vents avec l'impunité d'un procès qui n'aura jamais lieu ou qui n'aurait jamais lieu sans nos dénonciations.

Rappeler que les jeunes de Via Rasella étaient originaires du Sud-Tyrol, est-ce insulter la Résistance? C'est rendre hommage à la tragédie sans pareille que des hommes surement non violents et non cruels vivaient s'ils décidaient d'accomplir cela: des communistes et des socialistes qui savent (c'est pour cette raison qu'ils sont devenus communistes et socialistes) que le peuple en armes, celui qui porte l'uniforme, est un frère comme moi qui dois porter l'uniforme. ("applaudissements").

... Et je dis (je ne l'ai pas dit hier mais je veux le dire aujourd'hui) que je voudrais pouvoir amener des fleurs sur les tombes de ces 40 garçons, dont le nom n'est écrit nulle part, si ce n'est dans notre conviction qu'il ne s'agissait pas de choses (comme quelqu'un semble croire) mais de personnes, d'hommes qui avaient des mères, des femmes, des enfants, qui étaient capable de penser, de sentir, d'embrasser.

Est-ce cela insulter la Résistance ou n'est-ce pas plutôt penser que cette action militaire devait être vécue comme une décision unanime? Ceux qui aiment la Résistance n'ont-ils pas peut-être le devoir de dire que Giorgio Amendola, Carla Capponi et tous les autres camarades du commando militaire de Rome se seront surement longtemps interrogés (je l'espère, ou plutôt je suis certain qu'il en a été ainsi) pour décider s'il n'était pas de leur devoir de faire ce que fit le pauvre carabinier Salvo, qui se livra pour se faire exécuter et essayer de sauver dix ou vingt personnes? ("applaudissements"). On dira peut-être qu'il existait de ce côté une conscience de l'organisation de classe que le carabinier n'avait pas, mais doit-on peut-être penser pour ça qu'il ne fut pas atroce de décider de placer cette bombe pour tuer ces garçons, en sachant qu'ensuite 400 otages auraient été exécutés? Et nous devons penser que la décision de ne pas se livrer ne fut pas un tourment? Est-ce une offense, un outrage à la Résistance

que dire que les 370 personnes des Fosses Ardéatines sont morts pour qu'il n'y ait plus jamais 400 garçons du Haut-Adige comme ceux qui ont été tués? Est-ce une offense que dire que ceux qui gisent dans les Fosses Ardéatines crient qu'ils ne veulent plus de morts? ("applaudissements"). Dans la tentative tragique et dramatique d'affirmer les grandes valeurs socialistes, nous pensâmes les affirmer aussi à Via Rasella. C'était alors la bonne façon, mais ce n'est pas un outrage que dire que pour demain les choses doivent être différentes, qu'il est absurde que ceux du Sud-Tyrol aujourd'hui déjà nous appellent policiers: ce n'est pas quelque chose qui divise en deux l'humanité, mais c'est quelque chose qui oppose l'humanité d'une part à la barbarie de l'autre.

Les paysans massacrés sur la Volga, pas au Vietnam...

Camarades communistes, vous avez réagi de façon telle que nous étions obligés, campagne électorale ou pas, de ne pas abandonner ces arguments, car c'est un point essentiel à éclaircir, si nous voulons que notre discours sur le futur de la société socialiste, et aussi sur notre façon de vivre ensemble, soit différent.

Collègues de l'"Unità", votre violence continue. Aujourd'hui aussi, sur votre journal, il y a un titre apparemment exact (pour lequel, je vous l'annonce, j'ai porté plainte contre l'"Unità" avec pleine faculté de preuve) mais qui montre combien il est triste de devoir avoir davantage confiance dans la justice bourgeoise, même celle des Infelisi et des Vitalone, sauf votre respect, que dans la capacité et l'honnêteté des camarades communistes.

Aujourd'hui on a écrit que Pannella défend Reder et Hess. Ça paraît presque vrai, mais que peut penser celui qui lit une chose comme celle là? Que, à la veille de la campagne électorale, Pannella pour gagner des voix, se met à défendre l'oeuvre de Hess et Reder. Ce titre ne peut signifier que ça, mais en fait je défendais autre chose. Ce qui m'effraie le plus c'est qu'il faut l'expliquer à des journalistes de l'"Unità" qui ont moins de quatre-vingts ans et même moins de quarante ans. Car - disons-le clairement - à la fin on a défendu des gens bien pires que Hess et que Reder, qui agissaient à l'intérieur de vos lois militaires, qui pour nous sont toutes barbares. On a défendu ceux qui tuent et torturent leurs meilleurs camarades, avec lesquels ils ont combattu pendant 40 ans, chacun formé de 365 jours et 365 nuits passées à discuter sur l'action du lendemain; on a défendu ceux qui ont donné en pâture aux procès, organisés avec des confessions arrachées avec des systèmes encore plus terribles que ceux de l'In

quisition, ceux qui ont dû passer aux yeux de leurs propres enfants et de leurs femmes, comme des traîtres ignobles et vendus; on a défendu ceux qui ont tout fait pour aller chercher Trotsky jusqu'au Mexique, enfermé farouchement à écrire, pour le faire exécuter par un tueur: et Vittorio Vidali, un camarade que j'aime, en sait quelque chose, lui qui, avec le passé qu'il a, était et est un grand camarade.

Comment peut-on dire que je défend Reder ou que nous sommes tous en train de le défendre, alors que vous appartenez à une culture, à un sentiment pour lesquels il s'agit d'histoires du passé, de péripéties de l'histoire, d'événements douloureux? Vous qui écoutiez tant les paysans du Vietnam qui mouraient, mais qui n'avez pas été capables d'écouter les millions, les millions et millions de paysans de la Volga et du Don exterminés bien davantage qu'au Vietnam. Dire cela, ça signifie être fascistes? Ça signifie insulter cette Lietta Tornabuoni qui, ayant lu l'"Unità", a cru ces choses-là, a essayé d'écrire un article tolérant comme celui d'aujourd'hui, mais qui a finit par écrire que nous insultons la Résistance. Comme si dans ce congrès il y avait quelqu'un qui pouvait insulter la Résistance: "nous ne lui userions pas de violence, mais il resterait seul avec sa défaite".

Nous le répétons: des "droits civils" pour Reder aussi

Nous insisterons sur cela, car nous devons défendre la démocratie. Personnellement j'affirme que partout où se trouve un homme enfermé pour toujours, jusqu'à ce que la mort arrive, partout où il y a des murs qui gardent un homme enfermé pour toute sa vie, ces murs ne sont que barbarie et fascisme, indépendamment de la personne qui y est enfermée. Camarades de l'"Unità", écrivez bien ce que je dis: nous voulons même (je répète même) enlever les Bastilles de Hess et de Reder, car si ces deux Bastilles étaient enlevées aussi, il n'y aurait plus, en aucun lieu, un homme qui aurait le droit de condamner à la prison à perpétuité. Ça, vous avez oublié de l'écrire. J'avais dit: "même Reder", et de cette façon c'est nous que je défendais, pas lui, car l'histoire est toujours faite de prisons. Les Bastilles doivent être abattues avant qu'elles ne soient vidées par la mort.

Nous devrions organiser un débat à la télévision... Mais de qui devrions-nous donc parler - pour créer des problèmes à Curcio - si ce n'est de ça? C'est de ça que nous devrions parler, mais pas sur le même ton que toi, Antonello Trombadori, un ton qui appartient au désespoir, et pas sur le même ton que toi, Giorgio Amendola, le ton de celui qui a des remords, qui refuse de parler, qui a peur.

Nous devrions aller dire: j'étais là et je considère un honneur d'avoir été présent. J'avais 14 ans à l'époque et je ne peux pas le dire, mais je voudrais pouvoir dire d'avoir été l'un d'entre vous, assassins par amour de leur pays, assassins contraints à être tels pour avoir accepté la logique de la guerre que nous acceptions tous, sauf quelques-uns, sauf les Capitini, les Calogero (20), les laïques; sans parler de la leçon solitaire que nous avons donné, nous solitaires du socialisme pacifiste, internationaliste, non violent, celui qui dans le passé a fourni aux socialismes scientifiques réels un patrimoine à gaspiller, celui qui a triomphé au début du siècle dans les campagnes et les usines de toute l'Europe, avec précisément l'amour libre, avec précisément la "paix pour tous", avec précisément la volonté de ne pas donner un sous pour aucune armée.

Si nous organisions un débat à la télévision à ce propos, nous pourrions peut-être débattre avec ceux qui, dans leur désespoir, devant être orthodoxes par rapport à certaines des églises principales de notre histoire, déclarent qu'un ennemi se combat et qu'à la violence on répond par la violence.

Ce grand débat est nécessaire - Diego Novelli! - à Turin, aussi (que le camarade Pietro Ingrao me le permette) pour une démocratie participée et associative qui finit par s'enraciner jusqu'au concierge, au responsable du bâtiment, celui que nous avions dans les années 30, quand le concierge était presque un officier public ("applaudissements"). Et il est étrange que ces camarades se fassent des illusions sur la délation de masse, c'est à dire sur la possibilité de faire justice à travers la masse, ces mêmes camarades qui ont constaté l'inanité du fascisme, contre ceux précisément qui n'ont fait que jouer la carte du concierge d'immeuble et du conseil d'usine, parce que ceux-là en général allaient raconter des histoires sur ceux qui leurs étaient antipathiques et non pas sur les révolutionnaires sérieux qui, en tant que tels, ne prêtaient à aucun soupçon, ne ressemblaient pas du tout à des criminels ou à des terroristes ("applaudissements").

Le discours sur Curcio passe aussi à travers le discours sur Togliatti (21).

Je ne suis pas en train de discuter avec les camarades autonomes ni, s'il y en a (et il y en a, comme Curcio) avec les camarades et les frères assassins et suicides. L'autre jour, je n'ai pas dit Mara Cagol, j'ai dit Mara. Et je leur demande si la vie que nous voulons nous construire doit être celle des centaines de personnes aujourd'hui en prison ou celle de Mara, c'est à dire celle qui est construite sur la mort du camarade- héroïque-combattant. Ceci me rappelle le modèle oléographique capitaliste par lequel on réussissait à nous amener tous à combattre: qu'elle était belle la mort dans les dessins de Beltrame sur la "Domenica del Corriere"!. De Andrè a été le premier à pouvoir utiliser la radio pour pousser à la réflexion, pour dire que ces deux ennemis étaient faits pour s'aimer: Benelli et italiens comme il faut permettant, parce qu'ils étaient deux camarades, deux hommes, mais qui étaient également faits pour s'aimer, faits pour s'échanger des caresses plutôt que pour se serrer la main mourante au mome

nt où ils s'étaient désormais entre-tués ("applaudissements").

Nous continuerons, parce que le discours sur Curcio passe aussi à travers le discours sur Togliatti. C'est comme ça, nous ne pouvons pas y renoncer, nous devons faire ce discours. Pensez à ce débat à la télévision: ils seraient tous là, même ceux qui parlent de "ces assassins de communistes et de maquisards qui devaient se livrer à Rome".

Mais nous les vaincrons, nous pourrions les convaincre qu'ils se trompent. Nous pouvons vaincre la droite faible de notre pays, parce que nous parlons aussi à tous ceux qui ont une fausse idée de l'ordre, de la justice, et qui croient peut-être que le général puisse être un bon ministre de la défense ou le banquier un bon ministre des finances, parce qu'on les a habitués à penser de cette façon. Nous pouvons aller leur dire que les meilleures lois sont celles qui existent, que nous devons donner de l'argent pour sauver ces gens-là, que l'objecteur de conscience est vraiment quelqu'un qui lutte aussi pour eux. Mais vous verrez, à ce propos il n'y aura pas de discussions ou elles seront très difficiles.

Essayons d'y voir clair jusqu'au fond: ce n'est pas à vous que nous en voulons, mais c'est à vos employeurs. Hier un ouvrier de la télévision, qui se trouvait ici, me disait qu'ils se sentent offensés lorsque je les attaque. J'ai répondu: "Excusez-moi, c'est comme si lorsque j'attaque Agnelli les ouvriers de chez Fiat se sentaient offensés, en réalité ils se frottent les mains" ("applaudissements"). Nous répétons que les Grassi, les Barbato, avec les structures actuelles de la télévision, sont des déstabilisateurs, et que leur terrorisme contre la vérité démocratique est telle que s'il y avait des places libres dans les prisons italiennes et que je devais décider si y enfermer Curcio, Vallanzasca et Concutelli (qui tuent mille démocrates) ou Grassi, Barbato et les autres, qui contribuent à tuer la démocratie, moi, étant malgré tout un libertaire qui ne justifie l'arrestation que comme prévention sociale, j'y enfermerais ces derniers ("applaudissements"). Et je ne dis pas ça pour insulter, mais parce que je s

uis convaincu qu'il s'agit de la réalité.

Vous remarquerez ensuite que ces jours-ci il y a eu peut- être davantage de marges dans les chaînes catholiques. Ces choses-là nous devons nous les dire jusqu'au fond, pour comprendre et faire comprendre d'autre choses incompréhensibles aux camarades plus jeunes. En 1948, les Ernesto Rossi (22), les Salvemini (23), les Einaudi, les Calosso, même les camarades anarchistes de Massa et de Carrara, semblèrent choisir, d'après les canons qui nous sont administrés, le capitalisme et l'Amérique contre le front populaire de Togliatti et de Nenni. Ils semblèrent même choisir non seulement la Démocratie Chrétienne mais même l'Eglise, qui à ce moment-là faisait pleuvoir des saints de tous les côtés, avec un fétichisme et une utilisation temporelle de la religion qui tuait la religiosité et les choses dont elle devrait être gardienne. Mais pourquoi accomplirent-ils ce choix?

Lorsqu'on attaque l'arrogance du pouvoir de la Dc, on oublie la façon dont on a trompé pendant des années et des années les lecteurs de l'"Unità" sur des événements historiquement vrais et la façon dont on est allé l'année dernière à la télévision pour réciter des mensonges sur la loi Reale (24) pour tromper les camarades communistes; des mensonges qu'aucun fasciste, pas même officiel, n'avait le courage de raconter. Mais celui qui met sous séquestre la vérité, tue la démocratie et le socialisme, et pas seulement le socialisme d'autogestion, mais le socialisme démocratique aussi. C'est pour cela que nous devons aller jusqu'au fond dans ce procès.

J'ai l'impression, camarades, que ce sera le Parti communiste qui essayera d'engager sa direction, par crainte de sa base, pour faire en sorte que les chaînes catholiques conservent le maximum de silence et de discrimination à notre égard, dans cette campagne électorale, de même que pour obtenir la réduction maximale des tribunes électorales. Cela parce que les méthodes d'organisation du consensus de la Démocratie Chrétienne ne passent pas à travers le silence sur les accusations que nous leur faisons, mais à travers mille autres mécanismes de classe beaucoup plus articulés. Mais le Parti communiste et les autres partis ouvriers se mobiliseront, car ils ont peur de la discussion sur la loi Reale, et même sur Via Rasella et sur Togliatti, car discuter du passé signifie aussi discuter du futur. Et un camarade avait raison de rappeler (il croyait en vous, mais en réalité en lui-même) qu'il ne faut jamais avoir d'idoles, car chaque idole porte en soi le destin de devenir, toujours et inévitablement, une idole br

isée; et ce sont leurs coeurs qui se brisent ensuite sur les idoles brisées ("applaudissements").

Les deux protagonistes: Le Parti Communiste et le Parti Radical

Cela signifie remettre les choses en discussion et j'ai vraiment l'impression que si nous défendrons les droits du Parti communiste et de tous les autres dans cette campagne électorale, les deux protagonistes de celle-ci se trouveront - comme il est juste qu'il soit dans le monde moderne - dans la gauche italienne, comme cela a déjà eu lieu lors des référendums. Si c'était vrai, les deux protagonistes seraient le Parti communiste et le Parti radical, avec leurs thèses qui se confrontent: la thèse basée, encore une fois, sur l'illusion de l'industrialisation, de la construction de l'Etat capable de résister au régime capitaliste, capable aussi de tuer la vérité (si ce n'est la vie de millions et de millions de paysans) pour pouvoir ensuite construire le socialisme; et la nôtre, plus robuste aujourd'hui grâce à ce qui s'est passé dans le monde, qui a prouvé que ce que l'on a conquis par l'assassinat, voulu et soutenu par Palmiro Togliatti, de millions de camarades et de paysans, ce n'est pas le socialisme, mai

s l'Etat de l'Union Soviétique d'aujourd'hui, celui qui avec les Etats-Unis dépense 400 mille milliards en armements, parce qu'il en a besoin pour sa politique extérieure ("applaudissements").

Nous avons dit qu'à gauche et de gauche se trouve la réponse aux problèmes de liberté. Ce sera une dure bataille, nous serons méconnaissables, comme Pasolini nous le demandait, non pas parce que nous ne voulons pas être reconnus mais parce que c'est ainsi que nous feront devenir les mensonges (d'aujourd'hui, d'hier et de demain aussi) auxquels sont damnés, tant que leur politique ne changera pas, les collègues de l'"Unità" et ceux qui détiennent le contrôle de la télévision et de la radio d'Etat. Tout cela obligera les gens à nous considérer tous un petit peu comme des monstres, des blasphémateurs, des dénigreurs du socialisme et de la Résistance.

On essayera de nous vaincre, ne fut-ce qu'en tuant notre identité, vu que pour l'instant nous n'avons pas encore raison de croire que nous sommes - mais nous le sommes probablement - dans le viseur des soi-disant brigades rouges et de celui qui les commande aujourd'hui - nous ne savons pas qui c'est, nous savons que ce n'est pas Curcio ("applaudissements"), il peut avoir des galons officiels aussi bien que des galons non officiels sur ses épaules ("applaudissements"). Nous savons - et c'est pourquoi nous sommes tranquilles, nous ne voulons pas d'escorte, nous ne voulons pas changer de vie - qu'il semble très souvent dans cette société - essayons de faire en sorte qu'il n'en soit pas ainsi - que le destin des non-violents soit celui de mourir assassinés, de Gandhi à Martin Luther King, à Pino Pinelli (25), le camarade anarchiste, non-violent lui aussi ("applaudissements").

Qu'ils sachent que si nous revendiquons Via Rasella comme faisant partie de notre histoire - et comme notre histoire, nous voulons la revoir, la dépasser et nous en faire riches et forts - notre histoire n'est pas celle - et nous la refusons - de ceux qui combattent de la même façon que combat et est en train de combattre trop souvent la direction du Parti communiste, comme Ugo Spagnoli à la télévision et comme toi, collègue, qui a écrit l'article de façon à ce que ton directeur puisse affirmer que Pannella et les radicaux défendent Reder et Hess.

Des méthodes dignes de Goebbels dans les campagnes de l'"Unità"!

C'est faux. Vous êtes responsables d'une campagne qui a des tons dignes de Goebbels et dont la matrice est stalinienne. Ce n'est pas parce que vous n'êtes pas armés d'autres armes que vous pouvez vous libérer de la responsabilité de ce qui peut arriver. A Rome, dans la ville des Fosses Ardéatines, on en vient à dire qu'au congrès radical Marco Pannella a insulté la Résistance et a fait l'apologie des nazis et des victimes nazies. Eh bien, comment peut-on à ce propos déclarer avoir fait la Résistance, en armant ensuite les mains et pas seulement l'esprit de quelqu'un qui n'en peut plus de la merde où est tombé l'espoir de la Résistance: et que ce dernier se mette à tirer... Ce que nous disons aux camarades communistes c'est qu'ils se trompent. Nous leur reprochons des responsabilités terribles du passé et tout en le faisant nous disons: les responsabilités que nous avions alors avec vous. Pour éviter toute équivoque, car la classe est quelque chose que l'on choisit, ce n'est pas si facile; ce sont aussi des c

lous que nous choisissons de prendre pour nous, pour être cloués à la milice de classe.

En janvier - n'est-ce-pas Marisa, Emma, Franco? - des centaines de lettres me parvenaient de toute l'Italie: c'était des lettres de personnes de la calligraphie desquelles on comprenait qu'il s'agissait surement de gens - comme on dirait, et ce n'est pas une valeur qui me concerne - "authentiques"; souvent des analphabètes.

Dans ces lettres on me disait que j'étais pire que les nazis, que j'étais un assassin de foetus. Devant ces lettres j'ai compris beaucoup de choses. A l'intérieur de moi-même je pensais à Benelli (26) et à Paul VI; ces hommes qui devraient être des hommes d'amour et de paix et qui de cette façon pensaient surement défendre la vie, la foi et la charité, et qui armaient nécessairement en perspective la main de quelqu'un. En effet, si j'étais vraiment un catholique qui croit au Pape et à Benelli, lui qui annonce que par notre faute dans les prochaines années il y aura plus de morts assassinés que pendant toute la guerre mondiale - et c'est ce que déclara le cardinal Benelli dans une homélie - si j'étais une personne simple et que je croyais en saint Paul qui avant de mourir a montré de nouveau que le démon existe dans ce monde; si je savais qu'on est sur le point de tuer des millions et des millions de personnes, celles qui sont le plus sans défenses, celles auxquelles ont tient le plus, celles qui n'ont même p

as vu la lumière, et si je voulais rendre honneur à ma foi, qu'est-ce-qui pourrait me retenir d'aller éteindre cette vie infâme et diabolique qui résume en elle toute la force et la capacité de tuer d'autres vies? C'est à dire celle de Pannella?

Soudain ces lettres ont presque cessé d'arriver. Cette recherche de rigueur de ma part et de la leur a été suffisante; il a suffit de rappeler à la fin janvier les enfants morts (ces 17 millions) pour que la pitié ou le doute pénètre peut-être dans ce groupe de fanatisés et de désespérés. Ce n'est peut-être plus de ce côté qu'une main peut éteindre celui qui "blasphème la vie".

Camarades communistes, la lutte sera très dure, mais faites attention: ceux que vous avez assassinés et torturés, ceux que j'ai nommé pendant si longtemps, vous les avez surtout torturés et assassinés lorsque vous avez prétendu d'eux qu'ils blasphèment la vérité, reconnaissant le bien-fondé des accusations pour lesquelles on les aurait condamnés à mort.

Dire que nous avons insulté, non-violents que nous sommes, la Résistance, le dire dans cet affrontement politique: qu'on le fasse. Camarades radicaux, je recueille, et c'est pour ça que j'y tiens personnellement, ce défi dans les Radios radicales, à la télévision - que le parti décide quand m'y envoyer - car j'entends répondre personnellement jusqu'au fond des blasphèmes dont on m'accuse, des espoirs dans le socialisme et dans l'humanité non militaire, dans l'organisation non militaire, non centraliste bureaucratique, de n'importe quelle phase de la révolution socialiste et donc de la vie d'une femme et d'un homme qui ont dans leur coeur, dans les mains, dans la tête cet espoir socialiste. C'est tout, camarades ("applaudissements"). Hier on disait: peut-être a-t-il récité de grands pontificaux; il n'y a rien de mal à ça. Je respecte profondément la religion et la religiosité, un peu moins les confessions et leurs organisations.

Je voudrais dire à Gigi De Marchi qu'il se trompe; je voudrais le lui dire avec toute la fraternité militante qui est la nôtre. Je demande que l'on intervienne cette année pour sauver au moins quelques centaines de milliers de personnes sur les millions de personnes qui sont sur le point d'être tuées. Je l'ai soutenu trop longtemps, Gigi, pour que tu puisses d'un coup avoir licitement des doutes.

De même que pour l'énergie la première ressource est l'économie d'énergie, pour la vie la première ressource est l'économie démographique. Mais on ne peut dire toutes les choses en même temps. Quand il s'agit de parler du Pacte de Varsovie, tu parles à ce sujet, tu interviendras ensuite contre le Pacte OTAN, et dans ton histoire il y a une unité; il ne doit pas y avoir une unité de prononciation de mots, d'ailleurs, ce n'est pas possible.

Par conséquent lorsqu'il y a un radical, il est clair qu'avec son histoire, sa personne et son visage celui-ci dit que l'on ne peut pas mettre au monde dans un pays 90% des existences qui ne demandent pas de venir au monde, et les assassiner ensuite mathématiquement le lendemain par la faim et les privations.

Sur la vie et le développement ne pas être des clercs impuissants

C'est certain, si nous sauvons un million de personnes, ça représentera un problème pour l'année prochaine, car il y aura davantage de bouches à nourrir, en plus de celles qui seront nées régulièrement. Gigi, comment peux-tu penser que je ne m'en rends pas compte? Mais le problème est un autre.

Au lieu de continuer, comme tu l'as fait, à répéter tes raisons, je veux me raccrocher à d'immenses événements de masse et à l'intérieur de ceux-ci faire exploser aussi tes raisons et les miennes. Sinon on devient des clercs de la vérité reichienne - et tu sais combien j'y crois - clercs de la vérité sur la démographie et sur les problèmes du développement dans le monde; des clercs qui finissent par célébrer, là où le pouvoir le permet, ces vérités, qui à ce point deviennent désarmées et fleur à la boutonnière du pouvoir: et non pas son élément de crise.

La même chose pour la crainte du charisme. Allons y doucement. En attendant je considère que tous les camarades qui ont ce problème soient eux-même les vieux et les véritables camarades sous le charisme de Pannella, car ceux qui ont toujours besoin de venir ici pour dire que l'on n'a pas dit non à Pannella, ce sont eux justement qui ont des problèmes. Les camarades sont libres de ne pas avoir le problème d'avoir dit oui ou non. C'est vous qui avez des problèmes avec moi, avec mon charisme ou non charisme.

L'insulte continuel: peuple lourdaud, même si radical; c'est le problème des psychodynamiques de groupe, mais nous avons une garantie dans le fait que nous sommes laïques: dans le laïcisme le jugement est définitivement séparé de la sentence et la sentence de la violence. Le laïque sait que juger est juste, car le jugement n'est plus une sentence et devient même ce que l'on doit à l'autre comme collaboration; ce n'est plus une annonce de mort. Le jugement pour le laïque - Antonello Trombadori, Amendola, et caetera - n'est pas une sentence.

Pour un laïque libertaire la sentence doit être armée de la vérité qui se trouve à l'intérieur de soi et non pas de l'épée de la soi-disant justice, de l'épée de l'Etat ou du parti.

Puis il y a les charismes. C'est un autre problème de la société socialiste. Il y a un camarade qui se trouve enrichi par la confiance des autres, privilégié par le silence, par l'attente à 2h 40 aujourd'hui, privilégié par la demande à chaque fois de se dépasser un peu lui-même, de réfléchir. A ce point je suis un peu la voix de tous; dans cette psychodynamique nous sommes un peu la voix de tous; un certain silence crée la voix de celui qui parle, d'autant plus que s'il y a un bourdonnement, celui qui parle dira d'autre mots; il ne pourra pas se concentrer. C'est un mystère, si vous voulez, comme tout ce qui est noblement théâtre. J'ai toujours affirmé que la démocratie est agora, c'est la place, c'est péripatétique; le dialogue, le trottoir, et caetera. Je l'ai affirmé, répété, j'en suis convaincu. C'est la dimension humaine. Je ne veux ni le solaire d'un certain type ni encore moins le nucléaire car je veux reconquérir la dimension du commun, de la liberté, de l'auto-gestion; la dimension humaine, où il s

oit possible de parler à son propre congrès régional ou communal et s'en foutre du congrès national, car petit à petit, dans ce cas, la nation ne représentera plus rien.

C'est le chemin vers lequel nous devons tendre. Un camarade me disait tout à l'heure que je ne suis pas paternaliste parce que je n'ai pas peur de gagner et de passer à la majorité; ça m'a fait plaisir, parce que la pire chose est celle justement de celui qui, se constituant en plus fort, reconnaît aux autres le fait d'être plus faibles et laisse aller, les "comprend", ne propose pas, ne s'oppose pas. Ça, ce serait du paternalisme. Mais nous, grâce encore à Gigi De Marchi, nous avons (j'ai) réfléchi trop longtemps dans les années où c'était important, sur la médiation reichienne, sur le risque que cela comporte d'être "foule". Mais camarades, il y a une différence: c'est ici que nous avons grandi quantitativement et qualitativement; et combien en vois-je! Chacun de nous, à travers les indignités qui lui sont attribuées justement, a vécu des recherches, des paroles, des tentatives, des caresses, des pensées qui font en sorte que l'identité de beaucoup d'entre nous soit réelle, forte, impossible à supprimer. C

elle-ci est une assemblée, c'est une "ecclésia" de gens vrais, plus qu'autre part. Certes, il y a toujours quelque chose de la "foule", de répression dans chacun de nous, qui se traduit en besoin de pouvoir, comme pour quiconque est impuissant ou dans ses périmètres d'impuissance; et il y a surement du plaisir à vous parler, pas seulement de l'amour, dans le fait d'être ensemble; il y a surement la pollution qui est aussi en quelque sorte pouvoir: le problème est ce que, dans tout cela, nous faisons dépérir ou grandir dans le fait d'être ensemble.

Je crois, camarades, que nous faisons dépérir la violence qui est en nous et que donc le socialisme, pour ce qu'il est en nous, est en train de progresser un petit peu (applaudissements vifs et prolongés").

("Intervention du 2 avril, CR n. 5-6")

N.B. - Cette transcription n'a pas été revue par l'auteur

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n.d.t.

1 - AUTONOME. Membre du mouvement politique d'extrême gauche Autonomie Ouvrière, actif dans la moitié des années 70. Ce mouvement atteignit le maximum de ses capacités en 1977, en 1979 il fut dénoncé pour connivence avec le terrorisme et certains de ses leaders subirent des procès. D'après ses théoriciens la classe ouvrière devait s'organiser en formes "autonomes" de l'Etat, son adversaire historique.

2 - VIA DEI VOLSCI - Une des rues près de l'Université de Rome où se trouvait le siège d'Autonomie Ouvrière.

3 - ADELAIDE AGLIETTA. (Turin 1940). Actuellement président du groupe des Verts au Parlement européen. Député à plusieurs reprises au Parlement italien, Secrétaire du Parti radical en 1977 et en 1978, l'année où elle fut tirée au sort pour faire partie du jury populaire au procès, qui s'est déroulé à Turin, contre les Brigades Rouges et contre Renato Curcio. Promotrice du CISA (Centre Italien pour la Stérilisation et l'Avortement) de Turin.

4 - CURCIO RENATO. (1941). Fondateur et leader des Brigades Rouges, d'une personnalité forte.

5 - ROCCO ALFREDO. (Naples 1875 - Rome 1935). Juriste et homme politique, d'abord radical il passa ensuite du côté des nationalistes, qui ont fini par confluer dans le parti fasciste. Ministre de la justice de 1925 à 1932, auteur du Code Pénal et du Code de Procédure Pénale promulgués entre 1930 et 1931. Les deux codes, malgré leur forte inspiration fasciste, sont restés pratiquement intacts pendant de longues années même après la chute du fascisme, et ce n'est que très récemment qu'ils ont été remplacés par des Codes plus modernes. Figure d'une importance exceptionnelle dans l'histoire institutionnelle de l'Italie moderne.

6 - MORO ALDO. (Maglie 1916 - Rome 1978). Homme politique italien. Secrétaire de la Démocratie chrétienne (1959-65), artisan de la politique de centre-gauche. Plusieurs fois ministre à partir de 1956. Président du Conseil (1963-68, 1974-76), à partir de 1976 président de la Démocratie chrétienne, il préconisa le rapprochement du Parti communiste italien (PCI) au gouvernement traçant l'hypothèse d'une soi-disant "troisième phase" (après celles du "centrisme" et du "centre-gauche") du système politique. Enlevé par les Brigades Rouges à Rome, le 16 mars 1978, il fut retrouvé mort le 9 mai de la même année.

7 - PETEANO. Petite ville du Frioul (Gorizia) où eut lieu en 1972 un attentat où moururent trois carabiniers. Des officiers des carabiniers et des services secrets subirent des procès et furent condamnés pour avoir empêché la découverte des vrais responsables du massacre. La vérité ne ressortit que lorsque l'extrémiste de droite Vincenzo Vinciguerra confessa d'avoir accompli l'attentat avec Carlo Cicuttini et Ivano Boccaccio.

8 - IL MANIFESTO. Mensuel (et mouvement politique) fondé en 1969 par des exposants du Parti communiste (A. Natoli, R. Rossanda, L. Pintor, L. Magri, etc) expulsés par la suite. En 1971 le périodique se transforma en quotidien de soutien à des formations extraparlementaires d'inspiration communiste.

9 - PECCHIOLI UGO. (Turin 1925). Sénateur, exposant du Parti communiste italien (PCI), Ministre de l'Intérieur dans le gouvernement-ombre. Responsable pendant longtemps pour son parti des questions relatives à la politique intérieure, indiqué par les radicaux comme co-responsable d'un bon nombre d'histoires obscures liées aux années de plomb.

10 - IL MESSAGGERO. Quotidien romain, diffusé surtout dans l'Italie centrale. Appartenu dans le passé à la famille d'industriels Perrone, acheté ensuite par la Montedison, il passa sous le contrôle de la Démocratie Chrétienne et du Parti Socialiste.

11 - IL TEMPO - Quotidien publié à Rome depuis 1944.

12 - BERLINGUER ENRICO. (Sassari 1922 - Padoue 1984). Homme politique italien. Député à partir de 1968, secrétaire général du Parti Communiste Italien (PCI) de 1979 à sa mort, après la crise et l'assassinat d'Allende il fut fauteur du "compromis historique", qui amena de 1976 à 1979 à la soi-disant "majorité du non-refus de confiance", la plus haute réalisation de la stratégie de Togliatti pour un accord organique avec la Démocratie Chrétienne. C'est à lui qu'appartînt le projet de donner vie au soi-disant "Eurocommunisme", une tentative de projeter en occident un réformisme qui ne reniât pas tout à fait l'expérience communiste.

13 - AMENDOLA GIORGIO. (Rome 1907 - 1980). Un des fondateurs du PCI (Parti communiste italien), considéré longtemps un dauphin de Togliatti. Partisan de l'entente avec les "forces productives saines" il conduisit l'aile réformiste, pragmatique, du parti. Il fut longtemps député. Il a laissé des mémoires de valeur.

14 - LAMA LUCIANO. (Gambettola, Forli 1921). Communiste, longtemps secrétaire de la CGIL, à partir de 1970, ensuite député et vice-président de la Chambre. Exposant du courant de droite ("meilleuristes").

15 - ZEVI BRUNO - Président d'Honneur du Parti radical. Membre de la Chambre des députés, Groupe Fédéraliste Européen. Historien de l'architecture de renommée mondiale, il est chargé de cours à l'Université de Venise et à celle de Rome. Depuis 1955, il tient une rubrique sur l'hebdomadaire "L'Espresso". Membre de prestige de la communauté israélite italienne. Il a participé à la lutte antifasciste dans le Parti d'Action.

16 - TELEROMA 56 et CANALE 66. Chaînes de télévision privées, qui opèrent dans la sphère du Parti Radical. Elles ont une diffusion régionale, surtout à Rome et dans le Latium, mais elles sont reliées au network "Rete Italia".

17 - CAPPONI CARLA. Exposant communiste dans la Résistance, elle participa activement à l'attentat de Via Rasella, à Rome, où perdirent la vie de nombreux soldats allemands provoquant les représailles allemandes dans lesquelles moururent plus de trois cent italiens, fusillés aux Fosses Ardéatines.

18 - TROMBADORI ANTONELLO. Exposant communiste romain, député, essayiste et écrivain.

19 - VIA RASELLA. Nom d'une rue du centre de Rome où un groupe de maquisards organisa le 23 mars 1944 un attentat à la dynamite contre une colonne de SS allemands. 33 soldats moururent dans l'attentat, et le Commandement militaire allemand et les SS ordonnèrent des représailles au cours desquelles 350 civils et militaires italiens, dont beaucoup de juifs, furent fusillés aux Fosses Ardéatines.

20 - CALOGERO GUIDO. (Rome 1904 - 1986). Philosophe, italien. Il développa une philosophie morale caractérisée par un fort engagement civique, basée sur le principe du "dialogue". "Leçons de philosophie" (1946-47), "Logo et dialogue" (1950) et de nombreux articles sur l'hebdomadaire "Il Mondo". Il fut parmi les fondateurs du Parti radical.

21 - TOGLIATTI PALMIRO. (Gênes 1893 - Yalta 1964). Collaborateur, à Turin, de A. Gramsci, parmi les fondateurs du Parti Communiste Italien, dont il fut secrétaire de 1927 à sa mort. En exil en Russie il fit partie du secrétariat du Komintern et eut un rôle important dans la guerre civile espagnole. Rentré en Italie en 1944, il lança une politique "nationale" à partir du vote sur les pactes de Latran, se heurtant aux forces laïques du pays. Au gouvernement de 1944 à 1947, comme ministre aussi. Après les élections de 1948, il monopolisa le rôle de l'opposition mais favorisa aussi de façon prioritaire le "dialogue" avec la Démocratie Chrétienne et le monde catholique, sans jamais rompre avec le Vatican. Le projet de "voie nationale au socialisme" n'atteignit pas son objectif de fond, et mena même le système politique dans une impasse, empêchant la gauche de conquérir une "alternance" de gouvernement à la Démocratie Chrétienne.

22 - ROSSI ERNESTO. (Caserta 1897 - Rome 1967). Homme politique et journaliste italien. Leader du mouvement "Justice et Liberté", arrêté et condamné en 1930 par le fascisme, il resta en prison ou en exil jusqu'à la fin de la guerre. Il écrivit avec A. Spinelli le "Manifeste de Ventotene" et fut à la tête du Mouvement Fédéraliste Européen et de la campagne pour l'Europe unie. Parmi les fondateurs du Parti radical. Essayiste et journaliste, il lança des colonnes du "Mondo" des campagnes très vives contre les ingérences cléricales dans la vie politique, contre les grands états économiques, contre le protectionnisme industriel et agraire, les concentrations de pouvoir privées et publiques, etc. Ses articles furent rassemblés dans des livres fameux ("Les maîtres de la vapeur", etc). Après la dissolution du Parti radical en 1962, et la rupture conséquente avec le directeur du "Mondo" M. Pannunzio, il fonda "L'Astrolabe" des colonnes duquel il continua ses polémiques. Dans ses dernières années il se rapprocha et s'

inscrivit au "nouveau" Parti radical avec lequel il lança, en 1967, l'"Année Anticléricale".

23 - SALVEMINI GAETANO. (Molfetta 1873 - Sorrento 1957). Historien et homme politique italien. Socialiste depuis 1893, méridionaliste, il fonda l'hebdomadaire "L'Unità", devenu très vite un lieu important de débats. En 1925, il fonda à Florence, avec les frères Rosselli, le périodique clandestin "Ne lâche pas". Il se réfugia ensuite à l'étranger (USA) où il lança des campagnes d'information antifascistes.

24 - LOI REALE. Une des lois d'exception pour la répression du terrorisme, qui prit le nom du ministre Oronzo Reale qui l'avait proposée.

25 - PINELLI GIUSEPPE. Anarchiste, italien. Accusé de l'attentat contre la Banque de l'agriculture de Milan, il mourut mystérieusement, en tombant d'une fenêtre de la Préfecture de Milan pendant un interrogatoire (1969). Le commissaire de police Luigi Calabresi fut accusé de sa mort, comme vrai exécuteur, et il fut tué à son tour dans un attentat terroriste pour venger la mort de Pinelli.

26 - BENELLI. Cardinal de Rome

 
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