de Marco PannellaSOMMAIRE: Des milliers de maires, soutenus par autant de prélats et de curés, ont présenté aux Chambres un projet de loi d'initiative populaire contre l'extermination par la faim qui révolutionne l'approche au problème, en engageant le Gouvernement non pas à des allocations plus élevées en faveur des pays sous-développés, mais à réaliser une intervention pilote dans une région déterminée en un temps déterminé, qui vise à assurer la survie d'au moins trois millions de personnes, destinées autrement à mourir certainement de faim, de soif, de maladie. Marco Pannella conduit la campagne en s'engageant dans une grève de la faim et de la soif, visant surtout à activer avec la plus grande urgence les volontés politiques des secrétaires des grands partis de gouvernement et d'opposition. Des centaines de citoyens soutiennent de façon différente, par des lettres, des télégrammes, d'autres formes concrètes de pression, l'action non-violente de Pannella; ce dernier rencontre, entre autres, le secrétaire du Parti communi
ste Berlinguer, lequel déclare "l'accord du Pci avec les lignes fondamentales du projet des maires et l'engagement afin que ce projet soit approuvé dans les plus courts délais". Dans l'article qui suit, Marco Pannella fait le point sur son action non-violente et sur les résultats obtenus par la grève de la faim entreprise par Negri, Spadaccia et Vecellio qui visait à de précises réponses d'information ayant trait à la campagne "Survie 1982".
(LA GAZZETTA DEL MEZZOGIORNO, 13 juillet 1982)
(Nous recevons et nous publions volontiers)
Il existe un droit à la propre identité, à la propre histoire, à la propre vie, qui devrait être inaliénable en démocratie.
J'ai mis en place l'arme extrême de la non-violence face au risque aggravé de l'extermination en cours de dizaines de millions de personnes, non pas par polémique envers quiconque, non pas pour convaincre qui a d'autres convictions, mais pour soutenir de cette façon, les nombreux espoirs et intentions prévalants du monde politique institutionnel italien en syntonie et concorde avec des ministres de l'Etat, des ministres de l'Eglise, ainsi que les 80 prix Nobel, la très grande majorité des parlementaires européens, les maires italiens qui présentèrent le projet de loi d'initiative populaire.
J'ai dit, répété, cherché à crier cette simple vérité: c'est pour contribuer à renforcer moralement, dans les heures décisives, ce puissant, inédit et prestigieux front de la vie, contre les dangers d'une politique déshabituée à espérer et à croire en elle-même, que j'ai accompli et que j'accomplis mon devoir de non-violent et de radical. Les médias ont réussi encore une fois à renverser le sens de cette action et de ce message, qui - d'une façon différente - était le même que celui de Spadaccia, Vecellio, Negri (1).
Spadaccia et Vecellio ont réussi à s'accrocher au coeur même du problème; les institutions devaient réussir à respecter les intentions et les annonces faites tant de fois, dans un cahier d'échéances de décisions finalement précisé et acquis. Sans leur lutte, la mienne n'aurait pas même été possible à tenter.
Giovanni Negri a - quant à lui - réussi à réaliser une action d'une extraordinaire valeur politique et civile: le front qui a uni et unit ces jours ci la commission parlementaire de vigilance (c'est à dire le Parlement), le conseil d'administration de la Rai-Tv (2), une partie importante des journalistes et opérateurs de la radiotélévision des plus différentes familles politiques, dans une prise de conscience sans précédent des limites et des dangers qui pesaient sur le fonctionnement du service d'Etat de l'information de la radiotélévision, doit beaucoup à son initiative de dialogue, de collaboration, d'un choix quotidien désarmé de confiance active et d'espoir envers ceux qui depuis toujours n'apparaissaient que comme des adversaires et des ennemis.
Cette action a donné au moins les résultats suivants:
1. On a isolé le milieu, restreint même si très puissant, de ceux qui érigent un mur délibéré entre Pays et politique démocratique, entre le droit à la connaissance comme fondement du jeu démocratique et la violence systématique de la tromperie; ce milieu a réagi presque avec une détermination désespérée à violer la loi, les règlements, tout principe moral et professionnel;
2. On a obtenu que dans des marges significatives et consistantes de l'information, et en grande partie de celle radiophonique, circule une information inédite sur les luttes contre l'extermination par la faim dans le monde, précieuse pour ces moments là.
Et, enfin, on a obtenu que la théorie et la pratique des luttes non-violentes radicales fassent un précieux pas en avant, pour lequel je le remercie de façon particulière, comme je remercie tous et chacun des incomparables compagnons du Parti radical, ceux qui sont en train de permettre plus que jamais à cette organisation d'un peu plus de 1550 citoyens européens de donner corps, littéralement, à une politique de paix, de vie et d'espoir.
Mais il était et il est nécessaire, vital, en ces heures toujours dramatiques et d'une extraordinaire expérience, rappeler et demander le droit à la propre identité, qui m'est semblé cruellement renversé en ce qui concerne Negri et moi-même, et nié aux parlementaires et aux militants qui ont ces jours-ci (et nous devrons bientôt revenir sur ce point) travaillé et travaillent avec force, intelligence et dévouement infatigables, censurés et abrogés par la presse écrite et parlée.
A quelques heures de la reprise de mon jeûne, qu'ils sachent que de force et d'amour pour la vie et nos idéaux ils me donnent et je leur dois.
Nous sommes désormais sur le point de réussir; des millions de personnes déjà inscrites à l'état civil de l'extermination sont sur le point de vivre.
Ce sera encore extrêmement difficile, mais nous y arriverons, nous devons y arriver.
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Berlinguer (3) promet le "oui" à la loi
ROME - Marco Pannella a rencontré hier le secrétaire du PCI (4), pour analyser la situation politique et parlementaire par rapport à l'initiative des maires contre la faim dans le monde. Pour le PCI, il y avait Mario Pochetti, pour le groupe radical, Emma Bonino et Marcello Crivellini. L'entrevue a duré près d'une heure et demi. Après la rencontre Berlinguer a relâché une déclaration à Radio Radicale: "Nous avons confirmé l'accord du PCI avec les lignes fondamentales du projet de loi des maires et notre engagement afin que ce projet soit approuvé dans les plus courts délais de façon extraordinaire par le Parlement".
"Les actions du député Pannella pour une initiative immédiate sur la faim dans le monde méritent beaucoup de respect, surtout pour le contenu humanitaire qu'elles tendent à réaffirmer", a déclaré de son côté le député Costa, sous-secrétaire aux Affaires Etrangères, libéral.
Après s'être plaint des carences du "réseau extérieur de notre administration publique" le sous-secrétaire Costa a souligné que "ce ne sera pas seulement des problèmes de la coopération avec les pays en voie de développement que le Gouvernement et le Parlement devront s'occuper pour une meilleure explicitation externe de notre pays."
"Il suffit de penser à la nécessité de l'engagement, à relancer en grande partie, pour élargir le marché de nos produits à l'étranger, ou bien celui pour mieux protéger la collectivité d'émigrants, ou pour résoudre les conditions malheureuses des enseignants précaires à l'étranger, souvent contraints à vivre avec des salaires misérables."
"Une présence plus efficace de l'Etat italien à l'étranger, même en ce qui concerne la faim dans le monde - a conclus Costa - ne sera possible que par une dotation plus rationnelle de moyens et de ressources qui favorisent en premier lieu un meilleur professionnalisme des agents destinés à utiliser, aussi, des technologies plus adéquates".
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N.d.T:
(1) Spadaccia, Vecellio, Negri: exposants du PR qui faisaient la grève de la faim pour une meilleure "information" sur la Campagne "Survie 1982".
(2) RAI: Radio-Télévision italienne.
(3) Enrico Berlinguer: (1922-1984) homme politique italien. Secrétaire de la Fédération de la jeunesse communiste (1949-1956), député en 1968, secrétaire général du PCI, le Parti communiste italien, de 1972 à 1984.
(4) PCI: Parti communiste italien.